WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'art du désert - Etude des peintures aborigènes contemporaines du désert central d'Australie dans le contexte de la culture aborigène et du marché de l'art.

( Télécharger le fichier original )
par Amandine Dooms
Université Libre de Bruxelles - Histoire de l'Art et Archéologie. Civilisations non-européennes 2001
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.3.2 Fonctionnement des communautés

Une grande partie du désert a été juridiquement reconquise par les Aborigènes. Ces territoires sont désormais gérés par les Aborigènes eux-mêmes, souvent par le conseil d'anciens de la communauté. Il faut, pour pénétrer sur ces terres, un permis que l'on obtient auprès de ce conseil. Beaucoup de communautés interdisent la présence d'alcool sur leur territoire, car l'alcool a causé et cause

toujours énormément de problèmes aux Aborigènes2. Lors du retour sur leurs terres, les Aborigènes ont souvent installé des sortes de petits villages sur les lieux de signification mythologique. D'autres sont restés dans les centres de regroupements de la période d'assimilation car beaucoup d'Aborigènes y ont été conçus et y sont nés ce qui donne une importance particulière à ces lieux dans la pensée aborigène (Kimber 1993, 229-30).

1.3.2.1 Composition du village

La description suivante est basée sur les observations que j'ai pu faire lors de mon voyage en Australie en juillet-août 2001. Georges Petitjean, un spécialiste de l'art du Désert qui a visité bien plus de communautés que moi, a accepté de vérifier si ces observations pouvaient être généralisées.

Les communautés ont le plus souvent sur leur grand territoire une sorte de petit village composé d'une trentaine de maisons en béton ou en préfabriqué, chacune accompagnée par une cour extérieure. Il est assez étonnant de constater que la plupart de ces maisons sont équipées de climatisation. Un magasin où on trouve tous les produits de base (essence, vêtements, outils, nourriture ...), une école, un hôpital et très souvent une église3 forment dans la plupart des cas l'ensemble des établissements collectifs. On trouve aussi de plus en plus souvent un bâtiment réservé aux artistes (ILL.5).

2 Des Australiens proches des Aborigènes m'ont expliqué ce problème d'alcoolisme par la tradition aborigène qui consiste à toujours boire jusqu'à plus soif dans ce pays où l'eau est difficile à trouver. Une telle attitude face à l'alcool ne peut mener qu`à l'alcoolisme. Mais il est clair que la principale cause de l'alcoolisme est la même que chez nous : le désespoir, causé ici par le choc de la colonisation encore très présent dans les esprits.

3 Les Aborigènes sont très croyants envers leur propre religion mais également envers les religions importées par les missionnaires. D'ailleurs, de nombreux centres de regroupement

du désert, vestiges de la colonisation sont construits autour d'une mission, par exemple Hermannsburg et Ernabella.

Les Aborigènes vivent néanmoins toujours à l'extérieur, leurs maisons sont très peu entretenues et servent plus d'entrepôts que d'habitat. La cour est le lieu principal de l'activité : on y cuisine et on y mange, on y passe le temps, on y peint aussi parfois, tout comme certains y dorment. Je suppose que les habitations servent un peu plus en été pour s'abriter des grandes chaleurs, ou sinon, pourquoi la climatisation ? L'alimentation reste très traditionnelle, chaque cour a son foyer où cuisent, sous les cendres, les tubercules sauvages trouvés dans le désert. Les vêtements occidentaux se sont imposés à presque tous. Ils ne sont que rarement lavés. Les chaussures par contre sont très rares, on voit parfois de simples tongs mais aucune chaussure fermée. Le besoin de rester en contact avec la terre qui leur est si chère est encore trop fort. Ceux qui ne vivent pas dans les villages, installent parfois des campements où les seuls abris sont des tôles, plantées dans la terre pour protéger du vent et faire un peu d'ombre. De nombreuses couvertures protègent du froid pendant la nuit mais rien de plus en guise de literie. J'ai pu voir, dans un tel petit campement, une répartition spatiale où les plus âgés étaient très nettement séparés des autres. On peut penser que c'est là une tradition liée à l'importance donnée aux anciens qui dirigent la communauté et sont maîtres des connaissances.

Les voitures sont très demandées dans les communautés. Souvent l'ensemble de la communauté se regroupe pour acheter un véhicule qui leur permettra d'aller à Alice Spring ou dans les centres comme Lajamanu, Yuendumu ou Papunya, ou encore pour se rendre sur les lieux sacrés pour les cérémonies parfois situés à plus d'un millier de kilomètres (Glowczewski 1996, 308). Quand on sillonne les chemins de terre rouge du désert, on croise fréquemment des voitures abandonnées le long de la route, faute d'essence. Parfois leurs propriétaires

reviendront avec un bidon d'essence après avoir parcouru des dizaines de kilomètres à pied, d'autres fois elles resteront là, définitivement abandonnées. Chez les Aborigènes, le rapport à l'argent est très différent du nôtre : ils vivent au jour le jour et utilisent l'argent en conséquence. Ils reçoivent de l'argent de la sécurité sociale australienne, bénéficient des droits sur les exploitations de leurs terres (les fermes, les mines et les sites touristiques) et pratiquent la vente d'art et d'artisanat. Georges Petitjean estime qu'ils gagnent en moyenne probablement plus que l'Australien non-aborigène moyen, mais l'argent gagné est redistribué aux membres de la famille et très vite dépensé. Par exemple, le grand artiste aborigène Clifford Possum Tjapaljarri gagnait à une période de sa vie à peu près 40000 $ australiens (environ 25000 euros) par semaine mais mendiait à la fin de la semaine sans le sou après avoir distribué une grande part de cet argent à ses parents et avoir flambé le reste dans les casinos et dans l'alcool...(Communication personnelle : Georges Petitjean 2002)

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"