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Le stress au travail

( Télécharger le fichier original )
par Lucas Chazot
ISEM - Master 2 management 2012
  

Disponible en mode multipage

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Université Montpellier 1

Institut des Sciences de l'Entreprise et du Management

Master Mention Marketing & Vente

 

2ère année

 

Parcours négociation et direction d'équipes

commerciales

Mémoire Professionnel

Le stress au travail

Le management en question

Lucas CHAZOT

Stage effectué dans l'entreprise : eCare

Directeur du mémoire : Marie Françoise Moguet

Année universitaire 2011-2012

Remerciements:

Je tiens à remercier les personnes suivantes :

Tout d'abord Marie Françoise Moguet ma tutrice à l'ISEM. Pour ses conseils avisés, son écoute et son aide.

Je souhaite ensuite remercier Guilhem Decoux mon tuteur en entreprise pour son suivi, ses conseils et pour sa confiance tout au long du stage.

Je tiens à remercier tout particulièrement Mme Julie Auché, psychologue du travail pour m'avoir reçu et pour les conseils qu'elle m'a donné.

Je souhaite aussi remercier tous les managers et commerciaux qui ont accepté de participer à cette étude.

Plus précisément :

· Le manager et le commercial d'une grande entreprise du domaine énergétique

· La manager et la commerciale d'une grande entreprise du secteur bancaire

· La chef de rayon d'un grand groupe de distribution

· Le chef d'entreprise spécialisé dans la gestion de l'eau.

Par mesure de confidentialité les noms des personnes et de leurs entreprises ne seront pas dévoilés.

Enfin tous les professeurs de l'ISEM pour leur disponibilité et l'enseignement dispensé.

Resume

Le stress au travail est un mal nouveau qui ronge les salariés. Dans ce mémoire la question du management sera la pierre angulaire de l'analyse. Il existe un réel problème de management qui entraine de la souffrance. Le management par le stress est aujourd'hui monnaie courante, concurrence forte entre les individus, pouvoir centralisé, objectifs inadaptés, surveillance accrue sont autant d'éléments source de stress. Toutefois le stress n'est pas une fatalité, les entreprises doivent prendre le problème à bras le corps afin de trouver des solutions pour le limiter. Dans l'intérêt commun il est capital de faire des efforts.

Mots cles :

n Management

n Stress

n Souffrance

n Motivation

n Reconnaissance

Table des illustrations Table des figures :

Figure 1 : Les trois phases du modèle de Seyle

Figure 2 : Le modèle demande autonomie de Karasek Figure 3: Balance effort- récompense du modèle de Siergrist Figure 4 : schéma du modèle de Mackay et Cooper

Table des tableaux :

Tableau 1: Analyse des résultats de l'enquête

Liste des abréviations :

OSHA : Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail TMS : Troubles musculo-squelettiques

INRS : Institut national de la recherche scientifique

IFAS : Institut de formation pour les aides soignant

OMS : Organisation mondiale de la santé

AFNOR : Association française de normalisation

SCOP : Société ouvrière de production

Introduction

Travail et valeur morales

« Le travail tend à être une valeur morale ». Les mots sont lâchés, le travail est considéré aujourd'hui par les politiques comme une valeur morale, mis au même rang que le respect, la tolérance, la justice ou le don de soi. Le manager a donc le métier le plus facile et le plus vertueux du monde puisqu'il aide ses salariés à acquérir une valeur morale.

Malheureusement travail et valeur morale ne font pas bon ménage, c'est ce que nous explique Mr Sponville dans une conférence à SUB de CO Nantes.

Le travail n'est pas une valeur morale pour deux raisons principales :

· Tout travail entraine salaire, la valeur morale ne donne pas droit à une rétribution financière. En effet prenons un exemple simple, si je suis tolérent envers les personnes qui m'entourent je ne dois en aucun cas être rémunéré.

· Le travail donne droit à des congés payés, il existe même une fête du travail, pendant laquelle bizarrement on ne travaille pas. Le respect, la justice ou toute autre valeur morale sont des processus continu, je n'ai pas droit à 5 semaines par ans pendant lesquelles j'ai le droit d'être irrespectueux. La justice ne s'octroie pas de congés.

Pour le salarié, le travail n'est donc pas une valeur morale, ni une fin en soit, ni un objectif de vie, ni un choix librement consenti, par conséquent il vat être vécu non pas comme une vocation ou un plaisir mais comme une contrainte.

La complexité immédiatement émergente réside à imposer à un individu d'effectuer des taches par la contrainte, c'est la difficulté majeure et le premier défi du manager. Faire travailler les autres est complexe surtout quand les autres préféreraient ne pas travailler. Le salarié va chercher son bonheur et le manager va lui proposer du travail, les deux intérêts de sont pas forcément concordants. L'objectif du manager sera donc de faire en sorte que bonheur et travail ne soit pas deux notions antinomiques.

Dans sa conférence Mr Sponville met en avant un autre problème majeur : L'entreprise ne cherche pas le travail pour le travail, le patriotisme économique n'est qu'une vaste blague inventée par les politiques, l'entreprise a pour seul but de créer de la richesse, de faire du profit. En somme, les salariés cherchent le bonheur et l'entreprise le profil. Personne ne recherche le travail pour le travail. Donc comment donner un sens au travail si personne ne le cherche vraiment en tant que tel ? Là réside la problématique, l'entreprise et les salariés ont une vision divergente et ce constat entraine des conséquences inévitables

Un constat alarmant

Aujourd'hui il existe un malaise réel dans le monde du travail. Le travail n'est pas associé au bonheur comme il devrait l'être. Aujourd'hui le mot travail à un nouvel acolyte, un nouveau synonyme : la souffrance.

La souffrance au travail est depuis quelques années déjà un fait avéré. De nombreuses études menées sur le sujet permettent de cerner les tenants et aboutissants de ce nouveau fléau.

Aujourd'hui le stress tue, les chiffres ne sont pas précis en la matière mais on recense entre 300 et 500 suicides par ans en lien avec les conditions de travail au sein de leur entreprise. Plus d'un mort par jour.

En France en 2007 on recensait plus de 720 000 accidents du travail. (Insee 2007) La dépression au travail est aujourd'hui quelque chose de coutumier, en effet la France est même le troisième pays enregistrant le plus de dépressions liées au travail. Ces chiffres sont préoccupants, la situation actuelle semble complexe toutefois des solutions existent.

Un sujet d'actualitéLe stress tue et rend malade tel est le constat sans appel que je souhaite démontrer

dans ce mémoire, aujourd'hui ce sujet d'actualité est au centre des préoccupations. Nous sommes à un moment charnière ; la prise de conscience est réelle, tout le monde s'accorde à dire qu'il existe un réel problème de fond et que des mesures doivent être entreprises.

Aujourd'hui le stress est un des enjeux majeurs et les pouvoirs publics l'ont bien compris. De nombreux rapports et analyses sont venus corroborer le fait que le stress au travail entraine des conséquences dévastatrices, que les risques psychosociaux sont bien réels et à prendre au sérieux.

En 2009 Xavier Darcos alors ministre du travail annonce un plan d'urgence pour la prévention du stress au travail (« prévenir le stress au travail », MEDEF), un site internet : http://www.travailler-mieux.gouv.fr/ à même était ouvert preuve en est que les choses bougent et qu'une prise de conscience générale sur le sujet est en train d'avoir lieu.

Choix du sujet

Aujourd'hui tout l'intérêt de se mémoire est de participer à cette prise de conscience en prouvant que de réelles solutions existent.

Il est important d'identifier nos faiblesses et de démontrer que la tendance actuelle tend à trop valoriser des notions secondaires. Les entreprises se préoccupent du comment alors que tout l'intérêt de la réflexion réside dans le pourquoi. Pourquoi cette dépression, pourquoi ce suicide, pourquoi cette maladie, pourquoi cette mauvaise ambiance ? Il existe des réponses à ces questions qu'on ne peut plus désormais occulter.

Ce sujet est à mon sens au coeur de l'actualité, nous sommes en pleine campagne présidentielle et de nombreux sujets sont décryptés, à mon sens celui du stress et de la souffrance au travail ne l'est pas assez. C'est un problème majeur, un salarié passe en moyenne 7 heures par jour au travail, lequel génère parfois de la pénibilité et du stress pouvant se prolonger au delà du temps de travail.

Ce sujet me touche sur un plan personnel car je n'arrive pas à comprendre comment il est possible aujourd'hui avec toutes les inventions technologiques et toutes les réflexions des chercheurs que l'on n'ait pas trouvé un moyen de rendre les salariés plus heureux. Améliorer le bien être au travail et comprendre enfin qu'un salarié qui va travailler avec le sourire sera bien plus efficace que celui qui oeuvre avec le coeur lourd. Ce constat je n'ai pas eu besoin de recherches poussées pour l'identifier. Ma simple expérience de stagiaire à été suffisante, comment ce fait t'il qu'encore aujourd'hui le bonheur de ses propres salariés ne soit pas au centre des préoccupations de l'entreprise. Voici la question toute simple que je me suis posé, je souhaitais obtenir des réponses et en faire part. Ce mémoire est donc l'occasion opportune de le faire.

Avant de rentrer dans le vif du sujet il semble important de bien définir certaines notions.

Nous allons commencer par le management qui sera la pierre angulaire de ce mémoire. Le management est un terme complexe.

Etymologiquement il vient du verbe Anglais « to manage » On lui a attribué le terme Français « mesnage » Qui signifiait : « l'art de gérer les affaires du ménage ». Cette notion a très rapidement évolué vers : "une gestion des relations à autrui réfléchie et pondérée ". Ce qui a donné naissance au terme « ménager » et « ménagement » ce qui signifiait « traiter avec égard, prendre soin ». (Oxford English dictionary)

Aujourd'hui le management est un terme vague que tout le monde utilise à tord et à travers, on a vu apparaître le management des ressources humaines, le management des processus, le management de la qualité etc...

Sur ce mémoire nous nous concentrerons sur le management des hommes et des organisations, ainsi la définition que j'ai retenue comme étant la plus adaptée à cette étude est celle de Peter Drucker: « Activité visant à obtenir des hommes un résultat collectif en leur donnant un but commun, des valeurs communes, une organisation convenable et la formation nécessaire pour qu'ils soient performants et puissent s'adapter au changement ».

Cette définition met au centre du débat l'idée de collaboration entre les hommes pour arriver ensemble à un but commun.

Henri Fayol à quand à lui émis une tout autre définition, d'après lui le management se résume à 5 mots : « prévoir, organiser, commander, coordonner, maintenir sous contrôle ». Cette vision du management semble dépassée et ne prend pas en compte les attentes de ses propres salariés. On retrouve l'idée du management à l'ancienne, celui là même qui à influencé le taylorisme et contribué à l'évolution du concept.

Le second terme important de ce mémoire, va être le stress, mais avant de le définir il est important de parler de la souffrance qui est la forme du stress qui va retenir le plus notre attention.

Souffrance et travail sont deux notions que l'on associe de plus en plus ces derniers temps.

Selon C.Dejours, « La souffrance au travail, c'est le vécu qui surgit lorsque le sujet se heurte à des obstacles insurmontables et durables, après avoir épuisé toutes ses ressources pour améliorer l'organisation réelle de son travail vis-à-vis de la qualité et de la sécurité. En d'autres termes la souffrance pathogène commence lorsque le rapport du sujet à l'organisation du travail est bloqué ». La souffrance au travail est donc un état dans lequel l'individu se retrouve sans solution, c'est le nouveau mal cette souffrance est singulière car on ne l'assimilait pas au travail.

Travail et souffrance ont eu un destin commun au temps de l'esclavage ou le travail était contraint et punitif, avant la révolution industrielle le travail était aussi synonyme de souffrance mais on parlait alors uniquement de souffrance physique. Aujourd'hui les conditions de travail se sont considérablement améliorées mais la souffrance à muté, elle est psychique.

Aujourd'hui cette souffrance à un nom, elle est appelée « stress ». Nos sociétés actuelles sont envahies par le stress comme un virus qui contamine une population. Ce mot est sur toutes les lèvres.

Il est défini par l'OSHA : « Le stress est ressenti lorsqu'un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigé de la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces exigences. »

Il est important de bien mettre en avant le déséquilibre entre ressources et exigences. Le stress a de nombreuses causes et conséquences dont certaines sont connues, je tenterais d'en donner un aperçu dans ma première partie.

Le problème

Aujourd'hui il semble y avoir un déséquilibre clair entre les attentes des salariés et celles des entreprises. Les deux parties ont des difficultés à se comprendre mutuellement ce qui pose un problème majeur pour bon nombre d'entreprises.

La société a changé, le travail c'est transformé, mais pourtant le management des ressources humaines dans la plupart des entreprises n'a quand à lui pas changé. Les entreprises dépensent des sommes conséquentes dans le marketing afin d'appréhender au mieux l'approche de leurs clients ; mais font preuve par ailleurs d'une certaine carence pour cerner les complexités liées à la compréhension de leurs salariés, privilégiant fréquemment la productivité comme seul concept prioritaire.

Aujourd'hui le management est une science il est enseigné dans toutes les grandes écoles de commerces et pourtant la plupart des entreprises fonctionnent encore comme il y' a 30 ans. Le modèle Fordiste encore dans les esprits des managers doit être revu. Le problème du mal être au travail est bien plus profond qu'il n'y parait, le régler suppose dans un premier temps une remise en cause du modèle économique classique qui consiste à rechercher la maximisation du profit.

Une telle remise en question suppose la mise en place d'un nouveau modèle économique orienté vers un aspect plus social, plus participatif, plus attentif aux conditions de vie au sein de l'entreprise.

Mais ce changement suppose une remise en question totale de plusieurs éléments:

- Rendre à l'homme sa capacité d'accomplissement dans le travail, aujourd'hui les métiers ont été remplacés par des fonctions, il faut redonner au métier ses lettres de noblesse pour que le savoir faire reste un élément fondamental dans la vie professionnelle.

- Mettre fin à la concurrence entre les salarié, cette dernière à détruit toute forme de solidarité et d'esprit d'entreprise pour faire place à un individualisme qui est la principale source de la souffrance au travail. Enlever cette concurrence et remettre au gout du jour la solidarité sont un des éléments les plus importants.

- Remettre au gout du jour la dimension collective du travail, la vente d'un produit n'est pas le fruit du talent de plusieurs individualité il est le résultat d'un travail de groupe. (Allouche, Bardelli, p.18)

L'entreprise à donc une part de responsabilité dans le stress au travail, pourtant le sujet semble taboue et est bien souvent occulté par les entreprises elles même.

Problématique

Le problème évoqué soulève de nombreuses questions auxquelles je tenterais d'apporter des réponses :

Ce mémoire aura pour objectif de traiter le lien qu'il existe entre le stress au travail et la mise en place d'un nouveau type de management. En somme nous pouvons aujourd'hui affirmer que le stress a un impact nocif sur le salarié qui se traduit par la souffrance au travail et par des impacts conséquents en termes d'efficacité générant des conséquences financières néfastes pour les entreprises qui doivent convenir que cette variable devient récurrente.

La question principale sera de savoir si le stress au travail va entrainer ou non un remaniement du management actuel ?

Plus précisément :

Le management tel qu'il est conçu actuellement est-il un élément source de stress ? Est-il aujourd'hui possible d'introduire dans le management moderne des éléments

éthiques et participatifs pouvant être en concordance avec les objectifs de rentabilitéde l'entreprise ?

Ce mémoire à pour objectif principal d'étudier les relations commerciales au sein de l'entreprise par conséquent la question de recherche sera orientée vers et pour la gestion de la force de vente.

Afin de répondre au mieux à cette question de recherche nous étudierons dans une première partie les tenants et aboutissants du mal être au travail. Pour cela une étude des causes et des conséquences du stress au travail sera développée, nous étudierons chaque élément pour l'individu mais aussi pour l'organisation.

Nous étudierons aussi les grandes théories autour du stress au travail.

Il sera par la suite question d'évaluer le lien qu'il existe entre le stress au travail et les modèles économiques du passé fondés sur le culte du profil et de la flexibilité et leur impact sur le management actuel.

Enfin nous étudierons les dérives du management actuel, qui sont aujourd'hui une source de stress conséquente

Dans une seconde partie je traiterais les hypothèses de travail ainsi que la méthodologie utilisée.

Nous étudierons par la suite les résultats de l'étude quantitative avant d'en tirer des conclusions.

Méthodologie

L'objectif étant de pouvoir analyser le problème énoncé sur le terrain. J'ai décidé pour traiter la question de recherche de me concentrer exclusivement sur une enquête qualitative.

Cette enquête aura pour objectif d'être la plus représentative possible de par la diversité des personnes interrogées.

Toutefois compte tenu de la contrainte de temps elle ne pourra pas être faite sur un échantillon très important et ne sera pas non plus complétée d'une enquête quantitative.

Cette enquête se fera sur un échantillon de commerciaux ainsi que de managers d'âge et de sexes différents afin d'avoir une variété de réponse et de pouvoir étudier les choses de manière la plus complète possible.

L'enquête portera aussi sur des personnes spécialisées dans les questions de stress et de souffrance au travail tel que des psychologues du travail afin d'avoir un avis de spécialiste sur la question.

L'échantillon sera composé de :

· 2 commerciaux

· 2 managers

· 1 chef d'entreprise

· 1 psychologue du travail

Chaque personne interrogée sera rencontrée lors d'un entretien semi directif. L'objectif de l'entretien semi directif est de laisser les personnes s'exprimer tout en pouvant orienter la discutions vers les sujets important pour le traitement de ma question de recherche.

Par la suite une analyse thématique sera réalisée sur les entretiens, cette analyse suivra les grands thèmes développés dans le guide d'entretiens.

Sommaire

Partie I : Stress et management : deux notions liées. 13

I. Etat des lieux du stress au travail 13

A. Le Stress : une réalité 13

1.

Témoignage « la mise a mort du travail » 13

2. Le stress comme première manifestation de la souffrance 15

3. Les chiffres de la souffrance au travail 16

A. les différentes théories du stress au travail 17

1. Le modèle de Selye 17

2. Le modèle demande/ autonomie de Karasek 19

3. Le modèle Déséquilibre/ effort / récompense de Siegrist 20

B. Les répercutions individuelles et collectives du stress au travail 22

1. La santé du salarié mis en péril 22

a) Les Troubles musculo- squelettiques 22

b) Le burnout 23

c) Les maladies psychologiques : 23

2. L'entreprise touchée de plein fouet 24

a) le stress impacte directement le travail 24

b) une question d'image 25

II. La genèse de la souffrance au travail : un management vieillissant 26

A. L'influence du passé 26

1. Le taylorisme et la division du travail 26

2. Le Fordisme et la rationalisation du travail 27

3. Le toyotisme et la règle des 5 zéro 28

4. Les principes du management d'Henri Fayol 30

B. Les principes et dérives du management actuels 30

1. La mise en concurrence des salariés 30

2. Le pouvoir centralisé 31

a)

La gestion pyramidale 31

b)

L'incompréhension générale 32

3. La gestion basée sur les objectifs. 32

4. Les récompenses inadaptées 33

Partie II : Etude de la souffrance au travail auprès de professionnels du management et de la vente 35

Préambule : 35

La norme ISO 26 000 35

La SCOP ou entreprise participative 36

I. Hypothèses et questions de recherche 37

A. Question de recherche 37

B. Hypothèses de travail 38

1. Le management actuel est inadapté 38

2. La compréhension mutuelle. 39

II. La mise en place de l'étude 40

A. L'entretien semi directif 40

1.

Objectifs de l'entretien 40

2. La préparation de l'entretien. 41

3. La réalisation de l'entretien 43

B. L'échantillon de personnes interrogées 43

1.

La constitution de l'échantillon 43

2. Les différents profils rencontrés 44

III. Résultats et analyse 46

A. Synthèse des entretiens 47

B.

1.

2.

Analyse des résultats

50

50

51

L'organisation pyramidale en question.

L'isolement comme pierre angulaire de la souffrance.

 

3.

Les sources de stress.

52

 
 

a) Les objectifs non adaptés

53

 
 

b) La charge de travail

53

 
 

c) Les pressions morales

54

 

4.

La motivation au travail

55

C.

 

Les préconisations ou moyens d'action

56

 

1.

Une organisation participative

56

 

2.

Prévenir vaut mieux que guérir

57

 

3.

Rendre le travail humain

58

 

Partie I : Stress et management : deux notions liées.

I. Etat des lieux du stress au travail

A. Le Stress : une réalité

1. Témoignage « la mise a mort du travail »

Avant d'aborder le coeur du sujet et de montrer les tenants et aboutissants de la souffrance au travail je pense nécessaire d'évoquer leurs impacts, sur les salariés mais aussi sur l'organisation toute entière.

Quand le travail rend malade il y a des mots, des attitudes et des éléments qui touchent et qui sont l'expression d'un ressenti profond des salariés. Certains ont honte d'avouer leurs faiblesses, une fois que la souffrance les imprègne. Le sentiment d'incompétence émerge alors souvent accompagné par une forte culpabilité ; le salarié devient alors particulièrement vulnérable.

En France aujourd'hui de nombreux centres dédié à la souffrance au travail ont vu le jour. Le reportage diffusé sur France 3 « la mise à mort du travail » réalisé par Jean-Robert Viallet met en avant ce nouveau mal qui touche la France. Voici quelques témoignages d'hommes et de femmes :

Ce reportage montre des consultations réalisées par Mme Pezé, on assiste à des témoignages d'hommes et des femmes qui se confient, on retrouve chez tous un dénominateur commun : la souffrance face à un monde du travail cruel qui est décrit de manière bien plus abrupte et certainement plus véridique que dans les images traditionnellement diffusées par les médias.

On y voit une jeune femme (véronique caissière dans un hypermarché) qui affirme aimer travailler :

« J'aime être utile dans la société donc c'est une joie en retour de voir que les clients et le patron sont satisfaits et même si je n'obtiens aucune gratification particulière au final, cela me procure de la fierté. » Cette caissière a passé 7 années de bons et loyaux services jusqu'au jour où lui apparurent ces douleurs au bras droit qui en quelques mois devinrent insupportables, « c'était au niveau du coude, c'était constamment que ça me tirait, à force je me suis rendu compte que quelque chose n'allait pas, j'ai décidé de consulter le médecin » cette jeune femme est victime de ce mal en pleine explosion ; les TMS, (troubles musculo squelettiques) qui touchent 1 salariés français sur 8. La vie de cette jeune femme a basculé sans accidents ni la moindre maladie, elle se retrouve malade de son travail et mis à l'écart.

Cette autre salarié raconte : « nous étions dans une usine dans laquelle nous devions fabriquer et contrôler la qualité des rouges à lèvres, c'était un travail très aliénant mais nous étions une famille, il y avait une réelle solidarité entre nous. Un réel esprit d'équipe on faisait des repas toutes ensembles, ça nous permettait d'aller au travail malgré les conditions difficiles. Puis un jour la société à été rachetée par des américains et là c'est devenu « marche ou crève », on a réduit les effectifs et on nous à demandé de doubler notre productivité » cette jeune femme prenait de la

morphine pour calmer ses douleurs, car le travail pour elle avait une importance capitale.

Marie Claude cadre supérieur dans une société d'import export, « comment voulez vous faire 17% de plus chaque année quand lors de l'exercice précédant vous avez atteint l'objectif miraculeusement, réaliser tous les ans des résultats à la hausse perpétuelle relève de l'exploit difficile à atteindre. Pour y arriver les groupes rachètent d'autres entreprises, donc il faut faire face à une masse de nouvelles informations administratives à assimiler, produits nouveaux etc.... l'ensemble présentant des différences importantes avec vos habitudes de travail à assimiler et normaliser rapidement le tout se cumulant avec la gestion du travail habituel ce qui génère bien évidemment un volume de mission en augmentation sensible. Ces réorganisations s'accompagnent bien entendu de nouveaux concepts de restructurations avec leurs cortèges de licenciement en toile de fond. Au final j'étais toute seule dans la structure à faire face à mes missions, au lieu de m'adjoindre un collaborateur, on a nommé et positionné une personne au dessus de moi. On m'a contrôlé, retiré des responsabilités et comme mon patron avait une attitude de plus en plus dure et un regard insatisfait à mon égard je me sentais totalement dévalorisée, c'était le néant total, donc je me suis dit que le seul moyen d'en finir c'était de chercher un moyen imparable ... se jeter sous un train, un jour au plus mal je suis rentré vers chez moi, j'ai attendu ce train mais il n'est pas venu, je suis repartie en me disant c'est pas difficile je reviendrai ».

Cette femme a aujourd'hui renoncé et ne pense qu'à se soigner. Mais son témoignage est prenant, on ressent toute la détresse de cette personne qui à cause de son travail a pensé à mettre fin à ses jours. Le suicide est l'expression la plus extrême des nouvelles souffrances.

Pour finir ce reportage montre une enquête effectuée sur l'ensemble d'une société pendant trois années consécutives. Cette enquête de terrain met en avant les profondes distorsions qu'il existe aujourd'hui entre le chef d'entreprise, les cadres et les employés en centre d'appel ainsi que ceux en contact direct avec la clientèle.

Il s'agit de l'entreprise Carglass, entreprise qui souhaite véhiculer l'image d'une firme dynamique préoccupée par la satisfaction de sa clientèle. Sur le papier tout semble parfais, les primes ne sont pas attribuées en fonction du chiffres réalisé mais de la satisfaction de la clientèle. La communication est axée volontairement sur l'image d'une société dotée d'un management moderne où le bien être des salariés est valorisé, et où la satisfaction du personnel apparait comme le point d'orgue de la stratégie.

Cette image véhiculée par son patron est totalement erronée, dans les centres d'appels les salariés sont contrôlés, mis sous écoute, des scripts précis doivent être respectés à la lettre, l'homme se transforme en robot, aucune personnalité différente ne peut s'exprimer.

Dans les centres Carglass les managers chargés des points de vente doivent composer avec un effectif réduit. Tout est mis en place pour maximiser le profit en dissimulant la vérité.

Lors d'un congrès où toute l'entreprise est réunie c'est un langage de bois étonnant
tenu par le PDG ; qui le pousse dans son discourt à dissimuler la vérité à ses propres
salariés sous prétexte de la satisfaction du client. Mais en réalité la notion de client

roi est un piège. Le raisonnement des managers consiste à valoriser le fait d'être N° 1, donc d'apparaitre de fait comme incontournable pour les clients potentiels. Le but ultime de toute entreprise est le profit, et cela passe par la standardisation du service et la productivité des salariés, rien à voir avec le client roi, par contre pour obtenir la productivité maximale la notion de satisfaction est l'arme parfaite.

« Le salarié ne peut contester ce qu'il est lui-même dans sa vie quotidienne... un consommateur donc un client. Pour le salarié ne pas satisfaire un client serait se renier lui-même, c'est là que les managers gagnent la bataille de la productivité, les salariés ne se sentent plus au service de l'actionnaire mais à celui du client roi. Ils ne se soumettent plus, ils adhèrent aux taches standardisées. »

Ce reportage montre de manière surprenante comment l'on dissimule la vérité, comment sous l'égérie de la satisfaction du client on se permet de demander toujours plus sans la moindre contrepartie. La seule chose réellement importante pour cette entreprise est la satisfaction de ses actionnaires qui n'ont que faire du bien être des salariés, ayant pour seul intérêt la perception de dividendes.

Une fois ce reportage terminé on ressent un profond malaise, et un énorme sentiment d'injustice. C'est des dizaines de milliers de salariés qui sont oppressés et exploités dans le seul et unique but de satisfaire des actionnaires. L'organisation du travail aujourd'hui est ainsi faite. La qualité totale s'arrête là ou la marge baisse. Le bien être du salarié est une illusion que les chefs d'entreprises cherchent à mettre en avant pour se donner bonne conscience.

Le problème de fond est réel, il est capital de le résoudre, aujourd'hui cette situation conduit à une réelle souffrance, qui se manifeste dans un premier temps par le stress.

2. Le stress comme première manifestation de la souffrance

La première question que l'on est en droit de se poser coule de source. Qu'est ce que le stress ?

Une définition est donnée par l'OSHA (European agency for safety and health at work):

« Le stress est ressenti lorsqu'un déséquilibre est perçu entre ce qui est exigéde la personne et les ressources dont elle dispose pour répondre à ces
exigences. »

Une autre définition proposée par l'INRS (institut national de la recherche scientifique) nous permet d'apporter quelques compléments à la définition de L'OSHA :

Ici Le stress « survient lorsqu'il y a déséquilibre entre la perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face. Bien que le processus d'évaluation des contraintes et des ressources soit d'ordre psychologique, les effets du stress ne sont pas uniquement de nature psychologique. Il affecte également la santé physique, le bien-être et la productivité ».

Le stress est une réaction normale à un stimuli, il est capital pour le bon fonctionnement humain. Gagner au loto, préparer un repas important, une remarque déplacée de son supérieur vont tous engendrer une forme de stress toutefois elle n'aura pas le même impact sur l'individu. Une surexposition à ce type de stimuli

entraîne des conséquences négatives sur l'individu. Cette définition met en avant les risques psychosociaux du stress qui sont certainement la forme la plus dangereuse.

L'INRS explique parfaitement cet apriori répandu au sein de la société laissant à penser qu'il existerait un bon stress permettant au salarié d'être particulièrement performant et un mauvais stress qui rendrait malade :

Il n'existe ni bon ni mauvais stress, en revanche l'INRS nous invite à distinguer le « stress aigu » du « stress chronique » :

Le stress aigu : « correspond aux réactions de notre organisme quand nous faisons face à une menace ou un enjeu ponctuel (prise de parole en public, changement de poste, situation inattendue...). Quand la situation prend fin, les symptômes de stress s'arrêtent peu après. » Ce stress là n'est pas dangereux à proprement parler, il s'avère même positif dans certaines conditions. Là ou le bât blesse c'est lorsque l'on voit apparaître ce que l'INRS appelle le stress chronique :

D'après L'INRS le stress chronique « est une réponse de notre corps à une situation de stress qui s'installe dans la durée : tous les jours au travail, nous avons ainsi l'impression que ce que l'on nous demande dans le cadre professionnel excède nos capacités. Le stress chronique a toujours des effets néfastes pour la santé. » Là apparait le stress qui rend malade, qui a les effets négatifs évoqués par les témoins du reportage de Mr Viallet. Lors de ce mémoire je vais étudier les méfaits du stress chronique qui est la voie directe vers la souffrance au travail.

3. Les chiffres de la souffrance au travail

Le stress aujourd'hui est étudié dans sa globalité et scientifiquement, les chercheurs théoriciens, hommes politiques, chefs d'entreprises, tout le monde s'y intéresse et en parle.

Un chiffre fait particulièrement frémir, le conseil économique, social et environnemental estime le nombre de suicides liés au travail à près de 300 ou 400 décès par ans. Ce chiffre ne peut être déterminé avec exactitude car il est complexe à mesurer. Autre exemple frappant, chez France TELECOM en moins de 2 ans 25 salariés se sont donné la mort, et immanquablement les amis, collègues ou les lettres laissées évoquent la souffrance au travail.

Dans un article intitulé « Suicides liés au travail: lettre ouverte à Xavier Bertrand » et publié dans l'express en avril 2011, Jean-Claudes Delguenès met en avant des chiffres qui cernent l'ampleur de la situation. « La France a le triste privilège de se classer parmi les pays qui affichent la plus forte mortalité par suicide. Quoique stabilisé, aux alentours de 11 000 à 12 000 décès par an depuis 1993, le chiffre reste élevé : il est supérieur au nombre des victimes du sida ou de la circulation routière. Fait aggravant, une victime sur deux a moins de 50 ans. Fait troublant, les catégories professionnelles les moins touchées - taux de suicide inférieur à 20 pour 100 000 - sont toujours les mêmes depuis 1945 : les cadres, les professions libérales et intellectuelles. »

Le stress touche tout le monde, 1 salarié sur 3 est concerné par des troubles liés au mal être au travail, 8 % des salariés, principalement des femmes prennent des psychotropes dans l'unique but de tenir au travail.

Dans une étude intitulée « stress au travail : les faits et les chiffres » publiée en 2004 dans les échos l'IFAS souligne l'inégalité par rapport au stress :


· Les femmes sont plus touchées que les hommes : 34% évoquent ressentir un « sur stress » contre 20 % des hommes.

· Les non cadres souffrent eux aussi d'avantage, 25 % des non managers ressentent un « sur stress » contre 20 % des managers

· L'âge est lui aussi discriminant, à partir de 40 ans les risquent de « sur stress » sont décuplés.

· On retrouve aussi la difficulté de concilier vie professionnelle et vie personnelle, 50 % des femmes sont concernées par ce problème contre 41% pour les hommes.

D'après le reportage diffusé sur France 3 « la mise à mort du travail », la France est au troisième rang en terme de productivité horaire derrière la Norvège et les USA, chose curieuse et tenue secrète à l'heure du « travailler plus pour gagner plus ».

En France un million de personnes sont touchées par des accidents au travail ou sur le trajet pour s'y rendre, et par des maladies professionnelles, se traduisant par un coût considérable, une fortune à l'échelle de l'Europe, chaque pays de l'Union européenne y consacre entre 3 et 4% de son PIB.

Le stress et la souffrance au travail sont donc des éléments à prendre en considération urgemment en raison de leur gravité mais aussi de leur impact sur l'économie entière. Aujourd'hui aucun pays n'y échappe, la France comme les autres pays doit prendre la mesure de cette tendance lourde afin d'élaborer des plans d'action. Pour cela il va être capital de bien en comprendre les tenants et aboutissants de ce fléau afin de pouvoir l'étudier et par la suite de trouver des solutions efficaces et surtout applicables.

A. les différentes théories du stress au travail

Comme nous venons de le voir le stress est une condition sine-qua-non à la survie de l'individu, ce dernier y est très souvent confronté parfois sans même s'en rendre compte. Il apparait par contre qu'il peut aussi être dangereux ; nous étudierons donc différentes théories à ce sujet.

1. Le modèle de Selye

Hans Selye est un des pionniers de l'étude du stress, il a élaboré une théorie sur le syndrome général d'adaptation.

D'après Selye le stress « est la réponse non spécifique de l'organisme à toute demande qui lui est faite. A cet effet les réponses physiologiques provoquées par une demande de l'environnement sont semblables et ce peu importe la nature de la demande, d'où la notion de réponses non spécifiques » (Aubé Caroline, Morin Estelle, p.147).

En somme après avoir subi une période de stress notre organisme va chercher à retrouver un équilibre (ou homéostasie).

a) description du modèle

La théorie de Selye se décompose en trois phases majeures décrites sur ce graphique : (figure 1)

Phase I : la phase d'alarme : il s'agit de la première phase après le stress, ce que Selye décrit comme une phase « de mobilisation des ressources hormonales », on constate durant cette phase que le niveau de stress descend sous le niveau normal, tout simplement car l'organisme réagit à l'agent stressant et va préparer une réponse psychomotrice comme par exemple la fuite ou le combat. L'agent stressant peut être de tout type (objet, personne animal, évènement etc...), il va demander à la personne de s'adapter à cet évènement, ce qui va la fragiliser et la rendre vulnérable.

Durant cette première phase la personne est particulièrement exposée, mais une réponse de l'organisme va lui permettre de reprendre le dessus, ce qui nous emmène à la seconde phase.

Phase II : La phase d'adaptation ou de résistance au stress : Durant cette phase les résistances de la personne vont passer largement au dessus du seuil normal, c'est un phénomène de compensation. L'individu résiste à l'agent stressant, cette phase va dépendre de la durée d'exposition à l'agent stressant ainsi que de la capacité individuelle de résistance. La personne qui reste dans cette phase maitrise son sujet mais perd de l'énergie, ce qui contribue à l'usure de l'organisme.

Phase III : La phase d'épuisement : il s'agit du moment à partir duquel les ressources biologiques et psychologiques deviennent insuffisantes. Le niveau de résistance de l'individu tombe inexorablement sous le seuil normal. Cette phase à lieu lorsque l'agent stressant persiste par sa durée ainsi que par son intensité et que la personne s'obstine à y faire face. L'individu doit puiser une énergie considérable dans ses réserves profondes pour y faire face et s'en suit des dommages irréparables tel que la dépression ou différentes maladies psychosomatiques, cette étape peut conduire jusqu'à la mort à partir du moment ou toutes les réserves sont épuisées.

b) Conclusion

D'après Selye le stress est toutefois nécessaire il s'agit même d'un agent capital dans la motivation, le développement ainsi que le changement. Ce modèle met en évidence les différentes étapes qui mènent à la situation irréversible, le stress avant d'être une maladie est une réponse à un stimuli qui permet à l'individu de se surpasser. Cette analyse à souvent été mal interprétée, tout du moins déformée, on a eu tendance à penser que le stress est une condition capitale, que la mise sous tension des salariés est un facteur de performance économique.

Cette théorie reste critiquable car elle suppose une réponse à un stimuli précis et ne prend pas en compte les éléments relatifs aux relations entre les individus euxmêmes. Ce modèle est plus adapté à une vision du travail dans lequel la souffrance est avant tout physique. Aujourd'hui les choses ont évolué et nous sommes plus dans une souffrance psychologique qu'une souffrance physique.

2. Le modèle demande/ autonomie de Karasek

Ce modèle s'intéresse à la mesure du stress au travail, ainsi qu'à la recherche des conditions qui favorisent le stress au travail. Ce modèle a été inventé par le Sociologue et psychologue Robert Karasek en 1979.

a) description du modèle

Pour mesurer le stress Karasek va prendre en compte 2 facteurs qui d'après lui ont un impact sur le stress :

Le niveau de demande et d'exigences psychologiques : à savoir la quantité de travail ainsi que les exigences intellectuelles

Le niveau d'autonomie décisionnelle : à savoir le degré de contrôle et l'autonomie en termes de décisions

Le modèle peut se résumer avec le graphique ci-dessous (figure2):

 

20

 

Le stress serait donc dépendant d'une trop grande quantité d'effort, a partir du moment où cette balance n'est pas à l'équilibre l'individu ressentira du stress.

Par exemple un individu qui ne compte pas ses heures dans l'espoir d'obtenir une promotion qui tarde à venir sera soumis à du stress.

b) conclusion

Ce déséquilibre exprimé par Siegrist serait un des éléments qui entrainerait bon nombres de maladies ainsi que de l'absentéisme. On retrouve ici une notion de frustration vis-à-vis de son travail.

Le stress lié à un déséquilibre entre les efforts et les récompenses serait vécu de manière amplifiée pour ce que Siegrist appelle les « overcommitment » à savoir « les individus qui ont tendance à sous estimer les demandes provenant du travail et à surestimer leurs capacités personnelles. » (Aubé Caroline, M.Morin Estelle, p.159).

4. L'approche transactionnelle de Mackay and Cooper

Le modèle de Mackay et Cooper à pour objectif d'expliquer le stress ressenti en fonction d'un déséquilibre qu'il existerait entre les Demandes et les ressources.

On distinguera :

Les demandes externes, comme par exemple les exigences de production ou de qualité des demandes internes telles que l'ambition ou la rigueur.

Les ressources externes comme les machines, les outils de travail des ressources internes telles que la capacité physique ou intellectuelle ou l'expérience.

a) Description du modèle

Le schéma ci-dessous met en avant le noeud du problème (figure 4):

Ce schéma montre que l'évaluation cognitive est à la base du mécanisme puisqu'elle
conduit au déséquilibre, au stress et au mécanisme de coping (plan d'action mis en
place pour lutter contre le stress). Ce coping va quand à lui avoir un impact

psychologique voire sur la santé de l'individu. Il va aussi influencer par rétroaction l'évaluation cognitive ainsi que la réévaluation des demandes et ressources externes.

Ce modèle est intéressant à étudier dans la mesure où il met en avant la manière dont ressources, demandes, stress et santé vont interagir au cours du temps.

b) conclusion

Plusieurs éléments sont à considérer pour bien comprendre ce modèle : L'inadéquation entre les exigences de l'environnement de travail et la capacité de l'individu (aptitudes, ressources) à combler ces exigences. C'est ce déséquilibre qui va dans la majorité des cas générer du stress.

Le déséquilibre entre les demandes internes et les ressources fournies par l'entreprise. Une personne dotée d'une grande ambition mais qui n'a pas les moyens nécessaires fournis par l'entreprise va ressentir du stress.

Dans cette approche ce n'est pas l'agent stressant qui est au centre du jeu mais bien l'évaluation personnelle du moment qui va être source ou non de stress. Avec ce modèle une même situation sera vécue de manière différente en fonction des ressources intrinsèques et extrinsèques dont dispose l'individu.

B. Les répercutions individuelles et collectives du stress au travail

Aujourd'hui le stress a clairement des conséquences à la fois sur les individus mais aussi sur l'organisation, il est intéressant de se pencher sur les éléments concrets afin de cerner l'ampleur du problème.

1. La santé du salarié mis en péril

Il y à un siècle, la principale préoccupation en matière de santé était liée à l'environnement physique ainsi qu'à la pénibilité du travail. De nos jours, les conditions de travail ont profondément évoluées, pour autant la souffrance des individus n'a pas disparue, pire elle c'est amplifiée, ou tout du moins déportée vers un mal nouveau : l'aspect psychologique.

L'objectif est de faire un rapide tour d'horizon des conséquences du stress sur la santé des individus.

a) Les Troubles musculo- squelettiques

Les Troubles musculo-squelettiques ou TMS sont une conséquence directe des dérives liées aux conditions de travail.

Une définition des TMS nous ait donné : « les TMS, lésions multi factorielles d'origine professionnelle sont des pathologies péri-articulaires des membres supérieurs et inférieurs répertoriées au tableau 57 des maladies professionnelles du régime général d'assurance maladie des travailleurs salariés ».(Citeau, Barel, p 224)

Ces TMS sont souvent liés à la pratique d'un geste répétitif les plus touchées sont les femmes ouvrières ou employées souvent peu qualifiées.

Aujourd'hui les TMS représentent 80% des maladies professionnelles déclarées, ces maladies sont en perpétuelle augmentation et la tendance n'est pas à l'amélioration comme nous l'indique JP citeau dans son ouvrage :


· Tout d'abord on constate un recul du départ de l'âge à la retraite, aujourd'hui on doit travailler jusqu'à 65 ans, à cet âge les risques de TMS sont bien plus importants surtout si aucune disposition sur les conditions de travail n'est prise dans le même temps.

· Le développement du service à la personne qui prend de plus en plus d'importance. Il s'agit de métiers à forte pénibilité avec des exigences élevées dans lequel il est complexe d'effectuer des rotations de postes.

Le stress au travail augmente considérablement les risques d'exposition des salariés à ce type de maladie, ce qui engendre un cout important à la fois pour la société mais aussi pour l'entreprise.

b) Le burnout

Le burnout à été mis en avant dès les années 1970, il était directement lié au professions d'aide (médecins, pompiers etc..) qui confrontées à une dure réalité était souvent victime de ce mal. Aujourd'hui le concept de burnout c'est étendu à toutes les professions.

Le burnout est défini comme : « des états de fatigue physique, émotionnelle et intellectuelle, se traduisant généralement par un affaiblissement physique, une exténuation émotionnelle, des sentiments d'impuissance et de désespoir, ainsi que par le développement chez le sujet d'une attitude négative aussi bien vis-à-vis de luimême que de son travail. » (Pines, Aaronson et Kafry, 1981)

Une explication de ce concept à été proposée par Maslach et Jackson en 1981 et reprise par Claude louche dans son ouvrage intitulé « RH : les apports de la psychologie du travail p.320 »

Le burnout est décrit par trois dimensions différentes :

· L'épuisement émotionnel : sentiment d'être vidé de ses ressources émotionnelles, il s'agit d'un signal de détresse face aux exigences émotionnelles du travail.

· La dépersonnalisation : qui correspond au développement d'une attitude négative indifférente froide et très distante, on constate un sentiment de culpabilité exacerbé (Guerrero, et al, p.273)

· La diminution de l'accomplissement professionnel au travail : correspond à un sentiment d'inefficacité.

Le burnout a des conséquences négatives sur l'individu qui ne se retrouve plus dans son travail et qui n'est plus en mesure de s'investir comme il devrait le faire. Il s'agit d'une conséquence en lien direct avec le stress.

c) Les maladies psychologiques :

Le stress est source de maladies psychologiques très complexes à résoudre. Elles vont de l'anxiété jusqu'à la dépression.

« L'anxiété est caractérisée par un sentiment d'appréhension, de tension, de malaise, de terreur face à un péril de nature indéterminée. Elle est souvent exprimée par le patient sous les termes de nervosité ou de soucis. L'anxiété doit être distinguée de la peur qui répond à une situation menaçante réelle. » (Encyclopédie médicale)

L'anxiété deviens problématique à partir du moment où l'on constate un réel problème d'adaptation chez l'individu, son comportement est modifié par des troubles

tel que des difficultés de concentration, des troubles de panique, des addictions voire des phobies.

L'anxiété poussée à son paroxysme est source d'un mal qui se repend de plus en plus dans nos sociétés : la dépression.

« La dépression ou dépression nerveuse se caractérise par un état pathologique avec une humeur triste et douloureuse associée à une réduction de l'activité psychologique et physique. La personne atteinte de dépression se sent impuissante et la maladie est souvent accompagnée d'autres symptômes comme l'anxiété ou l'insomnie »(cérapharma)

La dépression est un mal nouveau qui est aujourd'hui considéré comme une maladie professionnelle à part entière.

L'OMS a estimé que la dépression était une des trois maladies existante qui dégradait le plus la vie des individus. « Les troubles dépressifs seront en 2005 les maladies touchant le plus de victimes dans le monde » (Légeron, 2001)

La dépression entraine un réel détachement de l'individu qui très rapidement s'isole et se retrouve piégé. Le mal être n'est bien entendu pas ressenti uniquement sur le lieu de travail, il se prolonge dans la sphère privée. L'individu se retrouve sans repères et sans solutions, bon nombres de dépressions conduisent à des actes irréversibles.

Voici donc trois exemples de conséquences du stress sur la santé des individus, bien entendu cette liste n'est pas exhaustive, le stress entraine des dégâts considérables sur l'organisme par l'isolement et la vulnérabilité. Le stress entraine un effet de domino, les soucis récurrents liés à l'activité professionnelle conduisent à une dégradation de la vie au quotidien, ce qui a un impact nocif sur la sphère privée, accentuant de fait ce sentiment d'isolement et d'incompétence.

Freudenberger en (1987) présente une analyse imagée particulièrement adaptée: "La vie ressemble à une balançoire à la seule différence que nos dépressions deviennent plus sévères à chaque descente et que nous devons payer un prix plus élevé pour nos expériences à chaque remontée »(Marmara)

Le stress est d'autant plus complexe à gérer lorsque les situations dans lesquelles il se manifeste se reproduisent fréquemment. Ce sortir d'une dépression est quelque chose de long et qui laisse des traces, parvenir à sortir d'une seconde dépression est quelques chose de doublement plus difficile.

2. L'entreprise touchée de plein fouet

Nous venons de l'identifier, l'individu est donc touché de plein fouet par le stress et les maladies qui en découlent sont d'une gravité préoccupante. Mais si les salariés sont les premiers impactés par la souffrance, les répercutions n'épargnent pas les entreprises.

a) le stress impacte directement le travail

Dans son ouvrage intitulé « au delà de la souffrance au travail », Olivier Tirmarche met en évidence le lien direct entre stress et certains facteurs néfastes pour l'entreprise : « une équipe Anglaise à examiné de façon précise les liens statistiques entre exposition aux facteurs de stress et comportement au sein de l'organisation,

des corrélations claires ont été relevées entre d'une part l'exposition à certains des facteurs et d'autre part les taux d'absentéisme, les taux de rotation de la main d'oeuvre, les intentions de départ ou encore la capacité a atteindre les objectifs quantitatifs imposés par la hiérarchie. »

Les arrêts de travail causés par une surexposition au stress ont un impact direct sur l'activité d'une entreprise, l'assurance maladie des risques professionnels estime que près de 30% des arrêts de travail supérieurs à deux mois sont directement liés au stress. Le stress serait la cause de près de la moitié de l'absentéisme en France. Mais il convient de prendre aussi en considération, le volume conséquent de personnes en activité plus ou moins affectées par des pathologies intimement liées au stress.

Ces personnes sont certes en activité mais leur rendement est moindre et leur efficacité en berne.

Ces salariés plus ou moins déconnectés de la vie de l'entreprise sont qui plus ait générateurs de perturbation sur l'ambiance générale de travail, avec un risque de contagion sur une partie du personnel pouvant tendre à une sorte de désengagement d'équipe.

Tous ces éléments ont un cout considérable pour les entreprises, on estime, que le stress coute 3 à 4 % du PIB. Les désorganisations qu'il entraine sont un aspect à prendre en considération par les entreprises. Il serait probablement stratégique d'élaborer des plans d'écoute structurés et d'inciter les salariés à y participer, si des résultats probants se concrétisent par la suite, ils seront forcément générateurs d'économies.

Certes l'évaluation est difficile à quantifier, néanmoins un postulat simple semble s'imposer : Un salarié heureux dans son travail est un salarié présent et impliqué par conséquent rentable. Ne serait-t-il pas judicieux de contribuer à rendre son salarié heureux et par conséquent de tendre d'avantage vers une entreprise sereine et rentable avec un bien être des salariés accentué.

b) une question d'image

Mais le stress et notamment les suicides qui en découle engendre un énorme déficit en terme d'image pour les entreprises.

Récemment, les suicides à répétition chez France Télécom ont été fortement médiatisés, occultant fortement l'offre commerciale et écornant la réputation sociale de cette entreprise emblématique. C'est donc une image dégradée qui est véhiculée à ses propres salariés mais aussi à l'ensemble de ses clients. Quelle crédibilité accorder à une société ou semble se nouer de tels drames ?

Dans les échos Stéphane Richard nouveau PDG de France télécom est interrogé par un journaliste ; la majorité des questions tourne autour de cette vague de suicide et des plans d'actions que l'entreprise met en place. Aujourd'hui cette entreprise est un exemple patent des problématiques d'images engendré par une mauvaise gestion des salariés.

II. La genèse de la souffrance au travail : un management vieillissant

Le stress et la souffrance sont aujourd'hui des phénomènes répandus dans notre société. L'intérêt est de cerner leur nature. D'où provient ce stress ? Comment apparaît-il ? Nous étudierons au cours de cette partie que les schémas hérités du passés ont une influence non négligeable.

A. L'influence du passé

1. Le taylorisme et la division du travail

Avant le XIX eme siècle l'organisation du travail était bien différente de celle que nous connaissons actuellement. Les ouvriers disposaient de réelles compétences techniques, ils étaient pluridisciplinaires et très compétents dans leur métier. Ces ouvriers bien que soumis à l'autorité de leurs contremaitres disposaient d'une liberté et d'une autonomie somme toute assez importante.

La révolution industrielle du XIX e siècle va entrainer un bouleversement total de cette organisation avec notamment l'apparition des ingénieurs ce qui va largement contribuer à l'émergence du Taylorisme.

C'est aux alentours de 1880 que l'ingénieur Frederick Taylor va mettre en place « l'organisation scientifique du travail ». Taylor souhaitait rationaliser l'activité et instaurer la paix sociale au sein de l'entreprise grâce à la convergence des intérêts des individus.

L'objectif de cette organisation scientifique du travail était de lutter contre ce que Taylor appelait la « flânerie systémique », il considère que pour améliorer la rentabilité des entreprises il faut améliorer la productivité de ses salariés.

Pour se faire Taylor va reprendre le concept de spécialisation des tâches de David Ricardo et le renommer division horizontale. Il souhaite éradiquer tous les temps morts des ouvriers pour les rendre plus productifs, pour cela il va parcelliser les tâches au niveau de la production. Les ouvriers vont devoir réaliser des gestes simples et répétitifs à longueur de journée. La seconde division du travail il l'empruntera à Allan Smith, et la nommera division verticale. Elle consiste à diviser le travail en 2 catégories :

- D'un coté les penseurs, qui sont les dirigeants et qui décident

de la marche à suivre au sein de l'entreprise

- D'un autre coté les exécutants, à savoir les ouvriers qui ont pour seul rôle d'obéir aux directives des penseurs.

Ces divisions du travail vont être capitales dans la compréhension du stress au travail. Il s'agit là du premier élément qui va conduire à la souffrance au travail. Taylor par la division verticale du travail vient tout simplement de détruire le concept de métier. L'ouvrier en est réduit à réaliser tout au long de sa vie les mêmes tâches abrutissantes qui vont conduire à son isolement, il n'y a aucune valorisation sociale dans son métier, plus de savoir faire particulier. L'ouvrier en est réduit à effectuer toujours les mêmes gestes, toujours plus vite dans un unique but de productivité. La compétence qu'il pouvait avoir n'existe plus et sa seule valeur ajoutée sera liée à sa vitesse d'exécution. Cette destruction du métier a encore aujourd'hui des

conséquences terribles, Taylor a enlevé à l'ouvrier toutes notions de contrôle et de conception pour le cantonner à une vulgaire tâche d'exécution génératrice de souffrance.

Mais ce n'est pas fini Taylor va aussi mettre en place « la maîtrise des temps opératoires » qui consiste à chronométrer chaque tâche et déterminer le temps minimum nécessaire à sa réalisation. S'ajoute également un contrôle de l'ouvrier sur l'exécution de son travail. L'ouvrier est donc piégé, contrôlé, il n'a pour seule solution que la soumission ou la démission. On retrouve ici l'idée d'un témoignage que nous avons évoqué en tout début de mémoire : « marche ou crève » telle est la nouvelle devise du monde du travail.

L'ouvrier en est réduit à réaliser une tâche sans la moindre possibilité de se différencier des autres, ni d'exceller dans son travail, et tout simplement sans la moindre possibilité de penser son travail. Plus aucune autonomie, un contrôle permanant, une tension constante, un travail abrutissant. Le salarié n'est en aucun cas gagnant dans ces conditions. Taylor va alors mettre en place quelque chose de révolutionnaire. Le salaire de l'ouvrier sera augmenté, en fonction de son rendement individuel. L'objectif est clair, pour faire adhérer le salarié et le soumettre pleinement à cette organisation on lui promet une vie meilleure et plus d'argent. Par conséquent le salarié travaille dur, n'a pas la moindre autonomie, n'est pas invité à réfléchir sur son travail mais il gagne plus d'argent.

Aujourd'hui les choses n'ont guère changées, on retrouve toujours les principes de Taylor, relayé par la classe politique comme un nouvel élan que l'on souhaite donner au pays, le « travailler plus pour gagner plus » exprimé par Mr Sarkozy en 2007 est en fait une formule fortement imprégnée du Taylorisme. Aujourd'hui la base de l'organisation du travail est la même que celle que Taylor à mise en place. Le salarié n'est pas heureux dans son travail mais il est plus riche qu'avant, et en travaillant plus il peut même être encore plus riche. Cette « carotte » que la majorité des employeurs agitent à la moindre occasion est un des éléments qui contribue à la souffrance au travail et à ce cercle pernicieux qu'est celui de la souffrance.

2. Le Fordisme et la rationalisation du travail

Henry Ford est le fondateur de l'entreprise qui porte son nom « Ford ». Célèbre homme d'affaire américain il va être considéré comme un des hommes ayant révolutionné l'organisation du travail. Ford va tout simplement reprendre et améliorer le concept de Taylorisme que nous venons d'évoquer.

Henry Ford reprend donc les principes de divisions horizontale et verticale du travail de Taylor mais y rajoute plusieurs éléments.

Le travail à la chaine dans lequel la machine complète l'homme. Ford met en place dans son entreprise un convoyeur de pièces. Les différentes pièces circulent devant les ouvriers qui doivent les assembler, ici la machine va dicter à l'homme son rythme de travail. Bien entendu cela permet de produire de manière continue. C'est un élément capital qui va amplifier l'impact sur la souffrance au travail. Dans ces conditions le salarié va se voir totalement déqualifié, le taylorisme lui avait enlevé toute autonomie, mais avec le Fordisme un pallier est franchi dans le phénomène d'abrutissement. Dans ce système l'homme obéit à une machine et doit se comporter comme une machine, il est encore plus isolé dans son travail et ne bénéficie

d'aucune reconnaissance sociale. A cette époque le concept de souffrance morale n'était pas encore rependu, la souffrance physique prédominait.

Le fordisme correspond aussi à l'émergence de la production de masse. Avec la standardisation des biens de production et la possibilité de produire de grandes séries. Comme pour le Taylorisme le système de rémunération est avantageux « five dollar a day » ici en plus de stimuler la motivation du salarié on touche à la demande. Le salarié est plus riche et peut donc se permettre de consommer plus, ce qui va conduire à une période de prospérité économique.

Le taylorisme et le fordisme aujourd'hui restent des modèles bien encrés dans nos sociétés. Bien entendu ils ont évolués et des pratiques managériales de ce genre n'existent plus. Aujourd'hui on parle de Post fordisme, dans lequel le rôle du manager est de réduire les temps morts pour améliorer la rentabilité des capitaux investis. Dans cette organisation post-fordienne la pression sur les salariés provient de leur autonomie, ce que l'on qualifie de flexibilité aujourd'hui. Le contrôle se fait de manière indirecte via l'évaluation individuelle. C'est ainsi que le modèle de gestion par le stress a vu le jour, « habile combinaison de réalisation des tâches et sectorisation des responsabilités cassant ainsi les solidarités » (P. Bardelli, J.Allouche).

Ces théories peuvent sembler incongrues on ne penserait pas aujourd'hui les appliquer au sein d'une entreprise, toutefois leurs principes de bases restent aujourd'hui très rependus et sont à l'origine de la souffrance au travail. Difficile d'imaginer qu'au 21 eme siècle l'organisation du travail puisse encore reposer sur les bases de ces théories ancestrales ?

Ces deux théories relativement proches l'une de l'autre ne sont pas les seules qui ont eu des conséquences et des répercutions à long termes à la fois sur l'organisation du travail mais aussi sur la souffrance qui en découle.

3. Le toyotisme et la règle des 5 zéro

Le fordisme et le taylorisme ont petit à petit disparu, une des raisons se trouve dans l'avènement du Toyotisme. Le Toyotisme est une nouvelle organisation du travail apparu dans les années 1960 au Japon. Son inventeur, Taiichi Ono, l'appliquera dans un premier temps au sein de l'entreprise Toyota au japon. L'objectif était de redonner au japon ses lettres de noblesses, après une défaite cuisante lors de la seconde guerre mondiale le pays tout entier c'est mobilisé pour rester parmi les plus grandes puissances mondiales, c'est cette volonté qui à fait naitre le Toyotisme.

Le principe de cette organisation est simple, et peut se résumer par la règle des 5 zéros :

Zéro stocks / zéro délais / zéro papier / zéro panne / zéro défaut.

Le toyotisme révolutionne l'organisation du travail, on va partir de la demande pour produire, cela permet de fonctionner en flux tendus.

Trois éléments vont alors être mis en place :


· Le kaizen : « Développer et soutenir dans toute l'organisation une culture d'amélioration continue. Le kaizen mise sur l'intégration d'une structure d'amélioration à l'intérieur du processus de gestion quotidienne. Cette approche fait appel à la participation de tous pour diminuer et éliminer les

causes de pertes dans les processus et dans l'organisation. » (Lexique du management), ce concept va permettre d'améliorer la qualité totale tout en réduisant les couts.

· Le Kanban : qui est un simple système d'étiquettes qui indique le nombre de pièces qui doivent être produites et livrées.

· Les cercles de qualité : il s'agit d'un groupe de travail composé de toutes les parties prenantes de l'entreprise dans l'optique d'amélioration continue.

Le toyotisme va donc via les cercles de qualité faire entrer une nouvelle notion : la reconnaissance psychologique. En effet pour la première fois l'ouvrier pourra donner son avis, qui sera pris en compte par l'entreprise dans un but d'amélioration continue. On va responsabiliser le salarié et le décloisonner de sa simple fonction d'exécution.

A première vue ce système semble parfait, tout le monde s'implique pour faire prospérer l'entreprise et tous les salariés peuvent apporter leur pierre à l'édifice. On valorise pour la première fois l'idée de reconnaissance et le salarié n'est plus simplement considéré comme une machine.

Malheureusement cette organisation du travail n'est parfaite que sur le papier, sans même évoquer les spécificités culturelles du japon qui la rendent inutilisable à l'échelle mondiale le toyotisme est une organisation qui générera une souffrance psychologique bien plus importante qu'on ne pouvait imaginer.

Le toyotisme demande en effet la participation de ses salariés pour l'amélioration continue, mais bien entendu l'objectif premier reste la productivité. Une des premières conséquences de ces cercles de qualité est l'intensification du travail. Ces cercles de qualité sont surtout un prétexte pour améliorer l'implication du salarié et le pousser à donner toujours plus. Les salariés sont donc instrumentalisés. Mais ils sont surtout abusés. Ils pensent participer aux décisions mais ceci n'est qu'un mirage dans la mesure où ce modèle n'a pas pour but d'améliorer leurs conditions de travail mais uniquement la rentabilité de l'entreprise.

L'entreprise va se servir de l'amélioration continue et de cette pseudo participation aux décisions pour les faire travailler plus tout en les faisant adhérer car ce sont eux qui auront aidé à ce perfectionnement.

Au début de ce mémoire j'ai évoqué l'exemple de l'entreprise Carglass qui utilisait un peu le même système, l'amélioration continue du Toyotisme peut être comparée à la satisfaction de cette entreprise Carglass. La direction instrumentalise ses salariés et leur ment pour servir ses propres intérêts.

Cette idée est à mon sens très présente dans l'organisation du travail actuelle, elle est à la source de la souffrance au travail. Le salarié se sent obligé d'adhérer au projet global de l'entreprise. Il souffre, mais il ne peut sortir du rang car il se sent responsable et redevable de quelque chose. Il est simplement trompé, il ne peut pas exprimer sa souffrance et cela conduit parfois à des gestes irréparables.

4. Les principes du management d'Henri Fayol

Henry Fayol (1841-1925) est un ingénieur français qui à lui aussi travaillé sur la question du management et de la division du travail. La fayolisme souvent rapproché à tors du taylorisme a vu le jour en voici les principes :

Fayol émet l'hypothèse selon laquelle il est capital de faire évoluer les fonctions de commandement au sein des entreprises, mais aussi de mettre en avant les qualités de leadership des managers.

A travers son ouvrage « administrations individuelles et générales » publié en 1916 il met en avant cinq fonctions essentielles au management :

Prévoir : « supputer l'avenir et le préparer » par un « programme d'actions ».

· Organiser : « munir l'entreprise de tout ce qui est utile à son fonctionnement »

· Commander : « faire fonctionner le corps social »

· Coordonner : « mettre l'harmonie entre tous les actes de l'entreprise ».

· Contrôler : « vérifier que tout se passe conformément au programme d'actions adopté, aux ordres donnés, et aux principes admis dans le but de signaler les fautes et les erreurs afin qu'on puisse les réparer et en éviter le retour ».

Henri Fayol reprend les idées de Taylor concernant la centralisation du pouvoir ainsi que la division du travail mais il se différencie d'eux en démontrant que la spécialisation poussée à l'extrême n'est pas forcément pertinente.

Fayol met aussi en avant le fait que la motivation ne dépend pas uniquement du salaire et rajoute que les notions d'équités d'initiative et de solidarité sont aussi importantes.

Fayol va donc plus loin que Taylor et pose les base d'un management plus moderne.

B. Les principes et dérives du management actuels

Nous venons de le voir, les schémas et les organisations du travail héritées du passé sont encore bien présentes dans nos sociétés actuelles, il va être intéressant de se pencher sur les dérives du management actuel. Voici un bref aperçu des éléments qui favorisent le stress au travail.

1. La mise en concurrence des salariés

Concurrence : « l'âme du commerce ». Voici comment Flaubert décrivait ce terme dès 1913. La concurrence est un élément central de notre économie capitaliste. Les hommes sont faits ainsi, ils cherchent à être meilleurs que l'autre. Dans notre économie concurrence et performances sont deux termes étroitement liés. Le management actuel a pour fondement la concurrence entre individus. Quoi de plus simple pour un manager que de mettre ses commerciaux en concurrence, de les classer en fonctions du chiffre qu'ils réalisent. Le résultat est sans appel, l'homme est fait ainsi et aime la compétition, logiquement il cherche donc à s'imposer aux autres, à se différencier, à s'extraire de la concurrence en se dépassant et ainsi rechercher les faveurs, tout du moins la reconnaissance de ses supérieurs. La concurrence est donc clairement source d'efficacité, elle peut même être considéré comme « l'un des principes constitutifs du modèle flexible, complètent ceux d'autonomie et multi compétence des opérateurs » (pierre Bardelli).

Mais la compétition entre les individus est aussi une des sources principale du stress. Peut-on affirmer qu'une personne seule est plus efficace qu'un groupe de personnes ? Une des premières conséquences de la concurrence est l'isolement et l'individualisme exacerbé. Pourquoi soutenir une personne avec qui la concurrence est vive ? Il n'y en a aucune. Le résultat est simple, il n'y a aucune entraide entre les individus qui ont pour seul objectif de se démarquer. Get isolement et la disparition de la solidarité entre membres d'une même organisation est une des sources principale du stress au travail, comme l'indique j. Allouche et P. Bardelli dans leur ouvrage, « la restauration des solidarités constitue un des moyen pour vaincre la souffrance au travail ».

La concurrence en plus de désolidariser les organisations est source de stress pour les individus. Ges derniers cherchent l'efficacité, tout du moins ils essayent d'être meilleur que l'autre et s'ils n'y parviennent pas ils entrent dans le cercles vicieux du stress, ce sentiment d'incompétence qui les renferme petit à petit sur eux même et leur fait perdre toutes confiance en eux.

Gette idée de concurrence créatrice de stress est soutenue par Sekiou dans son ouvrage « gestion des ressources humaines » : « le stress a besoin d'harmonie dans son milieu de travail. Le manque d'harmonie est une des causes principales du stress ; il rend le travail malsain et nuisible jusqu'au blocage des efforts de création et de réalisation. »

On retrouve ici cette idée selon laquelle une forte concurrence au sein des entreprises est source de mal être au travail. Bien entendu c'est le rôle du manager d'exercer un leadership adapté à la situation. Mais le mal est bien perceptible en tout cas sous jacent, Tous les salariés devront un jour faire face à une situation de concurrence, la conjoncture économique n'arrange pas les choses, aujourd'hui on lutte pour conserver son emploi. Get état d'esprit est assez malsain. Dans leur ouvrage sur la responsabilité de l'entreprise P. Bardelli et J. Allouche pensent qu'il est capital de « mettre un terme à la concurrence entre les travailleurs ».

2. Le pouvoir centralisé

a) La gestion pyramidale

Un autre élément est source de stress pour l'ensemble des travailleurs, il s'agit de la centralisation du pouvoir.

Aujourd'hui la grande majorité des entreprises ont une culture pyramidale. Gette culture se traduit par la centralisation du pouvoir. La base de la pyramide ne fait qu'exécuter les consignes dispensées par le sommet. Les décisions sont prises par une poignée d'individus faisant autorité au sein de l'entreprise.

Dans bon nombres d'entreprises, émergent des railleries systématiques, laissant à penser que les décideurs sont trop déconnectés de la réalité du terrain opérationnel, et que les décisions sont bien souvent inadaptées à la réalité du travail à produire. Gette fracture existante entre la base et le sommet est un mal profond qui ronge depuis bien des années nos entreprises sans que l'on ne s'en préoccupe outre mesure.

Les salariés ont l'impression d'être de simples pions que l'on déplace de temps à
autres pour de sombres raisons, ils ont le sentiment d'être manipulés par une

direction qui est bien éloignée de ce fameux « terrain » que seuls eux connaissent et peuvent décrire. Ce mal est bien entendu présent dans les très grosses entreprises dans lesquelles la ligne hiérarchique est particulièrement développée. Ce pouvoir centralisé est avant tout une source d'incompétence ; Il est complexe d'être réactifs et performants lorsque toutes les décisions doivent passer par le sommet

b) L'incompréhension générale

Aujourd'hui l'homme est un « élément anonyme et interchangeable » Sérieyx 2007. Hervé Sérieyx décrit bien cette idée de mal profond qui existe, les salariés ont longtemps pensé qu'en travaillant pour l'entreprise ils travaillaient aussi pour eux. D'après lui les salariés se comportent comme un « Catoblépas, animal mythique qui se dévorait lui-même les pieds, plus ils travaillent fort et plus ils encourageront l'appétit à court terme d'actionnaires volatils et itinérants et donc plus ils fragiliseront à long terme leur outil de travail. »

Pour contrôler leurs salariés ces entreprises sont dans l'obligation de tout planifier, les budgets, la demande, l'organisation. Tout est planifié pour rentrer dans des cases inamovibles. Mais ces prévisions n'ont aucun sens dans la mesure où nous n'évoluons pas dans un monde linéaire, le mouvement est perpétuel, et évolue rapidement en fonction de la conjoncture, mais les prévisions elles ne bougent pas peu importe la conjoncture.

Ce pouvoir centralisé divise l'entreprise mais surtout désengage les salariés de la base. Ces derniers n'ont aucun intérêt à pleinement s'investir dans leurs organisations puisqu'ils ne sont pas écoutés, pire ils ont le sentiment qu'il est totalement inutile de faire des propositions d'amélioration puisque cela nécessite des démarches administratives lourdes.

On se retrouve donc avec une fracture sociale nette entre d'un coté la base et d'un autre le sommet, et aucune des deux parties n'est capable de comprendre l'autre, c'est ce langage de sourd qui induit aujourd'hui une crise de confiance entre les salariés et leur direction.

Dans un article intitulé « relation employeurs-salariés : la crise de confiance » paru dans les échos en 2009, seuls 42% des salariés déclarent avoir confiance dans leurs dirigeants. Seul 38% des salariés jugent que la différence de salaire avec la direction est justifiée. D'après l'auteur de cet article il y a un réel désinvestissement collectif qui conduit à un repli individualiste.

Il existe une crise managériale claire, dans laquelle il y a une forte incompréhension, et dans laquelle personne ne trouve son compte. Le stress à bien entendu une importance dans cette crise dans la mesure où cette incompréhension et ce sentiment de solitude face à sa hiérarchie est un facteur qui conditionne la souffrance au travail

3. La gestion basée sur les objectifs.

Aujourd'hui le management par objectif est le plus rependu dans nos sociétés. Chaque individu se voit fixé par sa direction des objectifs en tout genre. On retrouve bien souvent des objectifs de chiffres d'affaires, de marges, de qualité. En somme on est confronté à des objectif quantitatifs fixés par la direction et qu'il est capital d'atteindre. Cette logique de résultat à tout prix et d'excellence est d'autant plus

importante dans les grosses entreprises cotées en Bourses. Les actionnaires et ou les apporteurs de capitaux recherchent la rentabilité financière avant toute chose.

Par conséquent la direction de l'entreprise va fixer des objectifs en fonction des attentes de ses actionnaires. Car il ne faut pas se méprendre aujourd'hui la bourse est l'élément central, les actionnaires font la pluie et le beau temps et sont en quelque sorte une épée de Damoclès au dessus de la tête de chaque entreprise. Ils apportent l'argent donc détiennent tous les pouvoirs.

La gestion par objectif est malheureusement totalement inadaptée et conduit à des dérives graves qui sont sources de souffrances.

Les objectifs sont chiffrés, il est capital de traduire les activités humaines en données mesurables ce qui contribue à exclure tout ce qui n'est pas quantifiable. Or tout ce qui n'est pas mesurable c'est bien souvent ce à quoi les personnes sont attachées. Vincent de Gauléjac décrit cette gestion par objectif comme un élément qui ordonne à chacun de « faire mieux avec moins », «On vous fixe un objectif à 100, on

vous demande de faire 110 ou 120 et l'année d'après, ce que vous avez réaliséredevient 100.» il y a une perte de sens du travail, les objectifs sont chaque année

revus à la hausse dans l'unique but de satisfaire l'appétit des actionnaires. Les salariés ne comprennent pas mais surtout sentent que plus ils font d'efforts pour atteindre et dépasser ces objectifs et plus ceux de l'année suivantes seront élevés. C'est un des problèmes majeurs qui conduit au stress, l'homme n'est plus considéré comme une personne à part entière mais comme une machine au service de la production et de la rentabilité financière. L'aspect humain n'a pas sa place dans ce mode de gestion, l'homme qui n'atteint pas ces objectifs est considéré comme improductif et il est donc rejeté. Cette gestion peut sembler archaïque mais elle existe et elle est même répandue dans la quasi totalités des grandes entreprises.

Les salariés ne se sentent pas considéré comme des êtres humains, les objectifs ne sont pas de nature à les inciter à avoir une meilleure vision de l'entreprise. Il y a un désengagement naturel face de ces objectifs totalement inadaptés. Ce que l'on ressent c'est avant tout du stress et de la souffrance qui émane de ce sentiment d'incompréhension. Au début de ce mémoire j'ai évoqué le cas d'une cadre qui ressentait un profond sentiment d'incompétence en grande partie lié au fait qu'elle n'était plus en mesure de remplir les objectifs fixés par ses supérieurs. Ce n'est bien entendu pas un cas isolé et de nombreux travailleurs souffrent de cette situation.

4. Les récompenses inadaptées

La récompense en entreprise est le levier permettant de motiver ses salariés. Or elles sont aujourd'hui de plus en plus complexes à attribuer, le salaire, les primes ou autres promotions ne sont plus source de satisfaction. Les gratifications sont bien souvent totalement inadaptées et peuvent parfois être source de mal être voire de souffrance.

La récompense va être attribué aux salariés qui auront atteint voire dépassé les objectifs quantitatifs de la direction, on assiste donc à une sélection entre ceux qui sont récompensés et ceux qui ne le sont pas. Cette différenciation est un gage de souffrance considérable, la personne non rétribuée ne sera pas considérée comme un bon élément. C'est une pénalité douloureuse qui lui est infligée et qui ne reflète en rien son investissement dans son travail. Le salarié n'ayant pas été récompensé se

sentira automatiquement dévalorisé et inférieur à celui qui l'a été générant une certaine souffrance.

La récompense est un élément central, il permet au salarié de se sentir valorisé dans son travail, aujourd'hui il existe un problème majeur exprimé par un sondage réalisé en 2007 par la TNS Sofres ; « 45% des Français, le manque de reconnaissance est le problème le plus difficile à supporter dans le travail »

« La reconnaissance c'est un jugement. Un jugement exprimé, (pas seulement écrêté) ressenti, vécu par les différents acteurs-sujets en milieu de travail. Un jugement qui doit porter sur le travail réel accompli et ce qu'il implique (connaissances, savoir-faire théoriques et pratiques, résultat) ainsi que sur l'investissement subjectif contenu dans tout travail." (Marie-Claire Carpentier Roy, université de Montréal).

La reconnaissance est donc d'après l'étude TNS Sofres un élément capital dans la satisfaction des salariés. Or aujourd'hui les récompenses ne sont pas orientées vers cette reconnaissance, l'aspect financier est trop prégnant. La gratitude pourrait s'exprimer différemment ; simplement souligner que le travail a été bien fait ou consulter des salariés avant une décision importante sont des actes extrêmement générateurs de valorisation.

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L'absence de reconnaissance dans le travail peut conduire à des formes de dépressions, l'individu ne se sent pas considérés, les efforts qu'il fournit ne sont jamais mis en avant et le travail perd alors tout son sens.

Il est important de noter qu'aujourd'hui les grandes majorités des récompenses sont matérielles, la places des récompenses symboliques est encore aujourd'hui clairement insuffisante.

Le management actuel est en eau trouble, nous venons de voir quelques éléments qui sont sources de souffrance et de stress mais bien entendu la liste n'est pas exhaustive et tout est lié. En réalité c'est tout un système archaïque qui souffre et qui montre ses limites.

Toutefois certaines avancées émergent en matière de stress au travail, avant de nous concentrer sur l'étude empirique menée auprès de professionnels du secteur commercial nous allons détailler certains d'entre elles afin de prouver qu'il existe bien des solutions qui ont déjà été mises en place.

Partie II : Etude de la souffrance au travail auprès de
professionnels du management et de la vente.

Préambule :

Nous venons d'étudier le stress au travail et la responsabilité du management dans le développement du stress, toutefois certaines avancées sont sources d'espoir, avant d'entrer dans le vif de l'étude il me semble intéressant d'étudier deux exemples d'évolution positive :

La norme ISO 26 000

La vague de suicide dans de nombreux grands groupes ont emmené les pouvoirs publics à s'interroger sur la responsabilité sociale de l'entreprise et plus précisément sur son lien avec la souffrance au travail.

Comme nous l'indique l'AFNOR, « Ce projet de norme ISO a été initié en 2001 par des organisations de consommateurs inquiets face aux pratiques de certaines multinationales et des conséquences que cela pouvait avoir sur les conditions de travail et de vie des populations. »

La Norme ISO 26 000 à donc vu le jour. Pour bien la comprendre il convient de définir ses tenants et aboutissants, l'AFNOR nous permet d'y voir plus clair : « L'ISO 26000 présente des lignes directrices pour tout type d'organisation cherchant à assumer la responsabilité des impacts des ses décisions et activités et en rendre compte. »

Ces principaux objectifs sont :

· D'apporter une aide aux organisations dans la prise en charge des responsabilités sociétales.

· Prendre en compte les attentes des parties prenantes

· Ne plus assimiler le travail à une marchandise

· Améliorer la confiance et la satisfaction des clients.

Cette norme est intéressante en matière de stress au travail dans la mesure où elle possède un volet « relation et conditions de travail »

Comme nous l'indique Pierre Bardelli et José Allouche dans leur ouvrage « la souffrance au travail, quelle responsabilité de l'entreprise, » la norme ISO 26000 possède cinq domaines d'actions dans sa partie relation et conditions de travail :

· L'emploi et les relations employeurs/employés.

· Les conditions de travail et la protection sociale.

· Le dialogue social.

· La santé et la sécurité au travail.

· Le développement du capital humain.

Pour chaque domaine la norme ISO 26000 précise les actions et attentes associées, il serait bien trop long de les développer.

Cette norme est une avancée considérable puisqu'elle « pose le travailleur en finalité, en même temps qu'elle reconnait qu'il puisse y avoir une divergence entre les intérêts des travailleurs et ceux de l'entreprise » (Bardelli, Allouche p.53).

Cette norme est une avancée élaborée par les pouvoirs publics pour mettre en place au sein des entreprises un management plus éthique dans lequel l'individu n'est pas considéré comme une simple machine au service de l'organisation. Elle permet de poser des principes et des valeurs essentielles au travail. Cette norme servira certainement d'avantage de texte de référence lors des dialogues entre les parties prenantes.

La SCOP ou entreprise participative

Les SCOP ou société ouvrière de production sont aujourd'hui un mode d'organisation permettant de réduire bon nombre d'éléments déclencheurs de stress et de souffrance au travail.

La SCOP peut se définir comme une entreprise « Soumises à l'impératif de profitabilité comme toute entreprise, elles bénéficient d'une gouvernance démocratique et d'une répartition des résultats prioritairement affectée à la pérennité des emplois et du projet d'entreprise » (les scop.coop).

Plusieurs éléments font des SCOP des entreprises particulières :

· Les salariés sont des associés majoritaires, ils participent donc aux décisions.

· Le dirigeant d'une SCOP est élu par les salariés

· Le profit est partagé équitablement :

· Une part pour les salariés (participation, intéressement)

· Une part pour les associés (dividendes)

· Une part pour les réserves de l'entreprise.

Ainsi cette forme de société est très avantageuse pour les salariés, ces derniers vont participer à son développement et vont rechercher la pérennité de leurs propres emplois. Les salariés sont bien plus investis que dans une entreprise traditionnelle dans la mesure où ils sont décisionnaires.

Ces entreprises sont sources de motivations et d'entraide, il n'y a pas de concurrence malsaine dans la mesure où la finalité est la même pour tous, il s'agit de faire progresser l'entreprise.

Dans ce type d'entreprise tout le monde à la même importance puisque le principe de un vote= une voix est appliqué, par conséquent il n'y a pas d'un coté ceux qui ont le pouvoir et d'un autre ceux qui doivent appliquer les décisions mais bien un ensemble d'individus qui doivent progresser ensemble vers un but commun.

Ce type d'entreprise est un facteur important de stabilité et de cohésion sociale.

« L'indépendance et la pérennité de l'entreprise plutôt que la rémunération du capital sont au coeur de l'esprit des Scop. »(Lopez, l'Express) Une vision à long terme est privilégiée contrairement à une entreprise classique dont l'objectif premier reste souvent la rentabilité sur le court terme.

Ces entreprises sont un moyen efficace de réduire le stress dans la mesure où il n'y a plus cette idée de concurrence et de court terme, ici on tente de progresser ensemble vers un objectif commun de long terme, de plus le lien social fort qui en découle permet d'éviter le phénomène d'isolement qui est bien souvent un des premiers pas vers la souffrance.

Ces deux éléments prouvent que des solutions existent pour envisager la gestion du stress de manière différente. Dès à présent il va être intéressant de se pencher sur l'étude empirique auprès de professionnels du management.

I. Hypothèses et questions de recherche A. Question de recherche

Les questions de recherches présentée ci-dessous sont issus des questionnements ayant fait suite à la revue de littérature. Le management actuel est clairement source de stress et de souffrance au travail, il va être intéressant de prendre en compte cette donnée afin d'étudier la possibilité d'une nouvelle organisation du travail dans laquelle l'humain serait au centre des préoccupations.

Le travail tel qu'il est conçu actuellement est source de stress et n'ait clairement plus adapté aux besoins des salariés. L'objectif de cette recherche est de mieux comprendre les sources de stress afin de les identifier et d'évaluer s'il existe une possibilité d'action.

La question de recherche va se concentrer sur ces deux aspects du stress. Il va être intéressant de se demander si le management tel qu'il est conçu actuellement est un élément moteur dans l'apparition du stress au travail. Et quelles solutions managériales peuvent permettre d'améliorer la situation actuelle. Il est donc capital de déterminer quels sont ces nouveaux besoins afin de trouver une organisation du travail capable de les prendre en compte pour obtenir une relation gagnant-gagnant. Il est de plus primordial de déterminer si il existe un intérêt de revoir les principes de l'organisation du travail actuelle pour s'orienter vers un concept tourné vers la prise en compte de l'individu en temps qu'être humain.

Pour cela nous étudierons les résultats obtenus au cours d'une étude exploratoire menée auprès de professionnels de la vente et du management. Cette étude nous emmène à emmètre deux hypothèses de travail

B. Hypothèses de travail

1. Le management actuel est inadapté

La présente recherche a pour objectif de comprendre les bases de l'organisation actuelle du travail et ses conséquences sur le stress. Nous avons développé dans la première partie l'idée selon laquelle le taylorisme qui est une organisation du travail datant du 19 e siècle inspirerait encore aujourd'hui les entreprises.

En effet dans le taylorisme nous retrouvons des principes qui aujourd'hui font encore office de vérité absolue en termes de management, on pense bien entendu à la productivité à tout prix, la destruction du métier au profil de fonctions le contrôle des opérateurs, le manque d'autonomie, la motivation par le salaire. Tous ces éléments sont encore bien présents dans l'inconscient collectif. Or nous l'avons vu, ces principes désuets sont aujourd'hui source de stress et de souffrance au travail.

Il est donc fondamental de prendre d'autres orientations, afin de mettre en avant un nouveau management. Plus centré sur l'humain et la volonté de rechercher des objectifs communs. Faire entrer l'éthique au coeur même de la stratégie. L'objectif est de comprendre qu'il est possible de créer un lien entre la prise en compte de l'individu en tant qu'être humain et l'efficacité économique.

Le stress aujourd'hui n'est pas quelque chose d'anodin à occulter sans cesse. Le management tel qu'il est conçu actuellement n'est pas exempt de tout reproche. Aujourd'hui tout est contrôlé et dirigé par des financiers, qui ont tout pouvoir, les pratiques managériales sont liées au bon vouloir des actionnaires. Le culte de l'excellence, la mise en concurrence, la fixation d'objectifs quantitatifs inatteignables, la pression constante exercée sur les salariés sont autant de conséquences d'un management dicté par une poignée d'individu dont la seule préoccupation s'appelle « dividende ».

Il est important de remettre en questions les principes même de notre organisation afin d'injecter du sang neuf dans un monde du travail qui souffre. En effet la complexité est avérée, difficile d'imaginer l'émergence d'évolutions positives sur des bases d'organisation du travail obsolètes. On ne peut simplement panser notre organisation actuelle pour laisser croire que tout est en ordre alors qu'elle produit tant de souffrance et engendrant des conséquences négatives à la fois sur l'individu mais aussi sur l'organisation tout entière.

En réalité tout est lié, lorsque les salariés d'une entreprise sont soumis à trop de stress c'est toute l'entreprise qui en subit les conséquences. Il est donc intéressant de se pencher sur le moyen d'éviter cette souffrance et d'introduire de nouvelles valeurs au travail, plus orientées vers le bonheur des salariés. La prospérité économique d'une entreprise n'est pas contradictoire avec l'amélioration des conditions de travail.

Par conséquent nous pouvons en déduire la première hypothèse : Le management tel qu'il est conçu actuellement à un impact négatif sur le stress au travail.

2. La compréhension mutuelle.

Ici nous allons développer l'idée selon laquelle la prise en compte des besoins des individus est un élément déterminant dans la réussite d'une entreprise.

Nous partons d'un constat simple : les individus souffrent au travail et ne sont pas heureux. En parallèle, les entreprises ont développé des outils marketing leur permettant de connaître les besoins exacts de leurs clients. Ils ont ainsi la capacité de leur proposer des produits ou des solutions adaptées à leurs besoins.

Les entreprises investissent des dizaines de milliers d'euros dans la connaissance des besoins de leurs clients mais sont incapables de satisfaire leurs propres employés. On comprend bien qu'il s'agit là avant tout d'un signe de mauvaise volonté. Pourquoi arrive t'on à connaître des inconnus alors que dans un même temps on est incapable de rendre heureux ses propres collaborateurs ?

La question peut prêter sourire mais elle est à mon sens essentielle pour comprendre qu'il existe des leviers d'actions.

Contrairement à ce que pensaient Ford et Taylor tous les individus ne sont pas motivés par leur soif d'argent. Le salaire n'est pas le seul levier de motivation. Il faut bien comprendre que pour conserver les meilleurs éléments il est capital de les rendre heureux. Le salaire n'est pas un élément suffisant, la motivation qu'il suscite est parfois dérisoire.

André compte Sponville évoque ainsi cette idée de marketing managérial, qui est un mélange de marketing et de management. L'idée de départ est de considérer ses propres collaborateurs de la même manière que ses clients, c'est-à-dire de comprendre leurs besoins et motivations afin de pouvoir leur proposer un mode de travail adapté.

D'après lui « Le meilleur moyen d'avoir et de conserver les meilleurs clients, c'est d'avoir et de garder les meilleurs salariés, et le meilleur moyen d'avoir et de garder les bons éléments c'est de créer des conditions telles que nos collaborateurs seront plus heureux chez nous que chez le concurrent. Le management sera réussi lorsque vos collaborateurs qui ne travaillent pas par amour pour le travail mais pour l'argent prendrons plaisir à travailler. »

Tout est donc lié, l'intérêt de toute entreprise est de rendre heureux ses salariés, cela peut se concrétiser par l'ambiance au travail, l'utilité sociale, la capacité d'évolution, le sentiment de travailler en adéquation avec des valeurs morales personnelles, de la reconnaissance, du respect. En fait c'est la mise place de concepts forts pas forcément associés à la rémunération qui va permettre aux salariés d'aimer leur travail.

Nous pouvons donc en déduire la seconde hypothèse : La prise en compte des besoins de l'individu a un impact positif sur le stress au travail

II. La mise en place de l'étude

Afin de pouvoir répondre à cette question de recherche une enquête qualitative à été réalisée auprès de professionnels afin d'avoir un avis objectif de la situation du stress en entreprise.

Pour mieux comprendre les mécanismes et essayer d'apporter une réponse à nos hypothèses et questions de recherche il sera intéressant de constater la réalité du terrain.

A. L'entretien semi directif.

Pour ce mémoire, j'ai choisi une étude qualitative car le stress est un sujet complexe à traiter, il n'est pas véritablement mesurable, il n'existe que très peu de statistiques sur le sujet car on évoque avant tout d'un état psychologique et non d'un élément mesurable via des données chiffrées. Afin de mesurer son ampleur il est important de pouvoir le comprendre, tout ceci n'est possible qu'avec une étude qualitative. L'objectif est de comprendre le ressenti des individus face au stress et face à la souffrance.

Cette étude quantitative sera réalisé via des entretiens semi directifs.il est définit par Jean marc Mehu dans « l'encyclopédie du marketing » comme une « Collecte d'informations reposant sur le principe de l'entretien directif, mais agrémentée de la possibilité éventuelle pour le répondant de détailler tel ou tel point lui semblant important. »

Cette méthode est un bon compromis entre l'entretien directif et le non directif, il permet d'orienter la personne sur des thèmes précis tout en ayant une possibilité d'adaptation, mais aussi d'exploration. Dans cette étude l'entretien semi directif est adapté à la situation dans la mesure où nous avons besoins de réponses construites à des questions précises. La possibilité d'orienter l'interviewé vers des thèmes prédéfinis à l'avance est un moyen simple et efficace pour obtenir des réponses complètes en lien direct avec notre problématique, tout en concevant une liberté d'adaptation en fonction des spécificités de chacun.

1. Objectifs de l'entretien

· Le premier objectif est d'obtenir des ressentis, des éléments concrets et personnels sur le stress au travail.

· Le second objectif est de comprendre comment les interviewés perçoivent le stress au travail.

· Le troisième objectif est d'apporter une réponse concrète à la question de recherche qui nous intéresse.

Ces objectifs sont importants et ambitieux, afin de pouvoir les valider nous allons détailler avec précisions les éléments de la construction des entretiens semi directifs. Nous procéderons donc en trois étapes.

2. La préparation de l'entretien.

Nous avons défini les objectifs de l'entretien. Toutefois il est capital de bien les préparer en rédigeant un guide d'entretien. Il s'agit d'une feuille de route à suivre comprenant tous les thèmes à évoquer pour remplir les objectifs fixés.

Pour rédiger ce guide d'entretien il va être intéressant de s'inspirer d'éléments existants sur le sujet du stress au travail. Ainsi le questionnaire « Technologia » mis en ligne par France Telecom permet d'avoir un aperçu des thèmes importants à développer durant ces entretiens.

Le guide d'entretien va être composé de plusieurs thèmes dit « principaux », ces thèmes seront eux même divisés en sous thèmes, afin d'obtenir un maximum d'informations sur les éléments importants relatifs au sujet.

Il est de plus important de s'intéresser à l'âge, au poste, au sexe, au secteur d'activité, à la situation familiale et au passé des personnes interrogées afin de pouvoir comprendre certains points de vue et d' apporter des explications .

Voici les différents thèmes du guide d'entretiens :

Thème 1 : Présentation

L'objectif de ce premier thème est de mettre en confiance la personne, on ne rentre pas directement dans le sujet, on va lui demander de parler d'elle, de son expérience, de son passé, des entreprises qu'elle a côtoyées, des études qu'elle a réalisées. L'objectif est d'obtenir toutes les informations nécessaires concernant les caractéristiques individuelles des interviewés.

Thème 2 : La politique de l'entreprise

Cette partie a pour objectif d'évoquer la politique managériale globale de l'entreprise à laquelle la personne appartient. On va traiter ici tous les éléments qui concerne la fixation des objectifs, la rémunération, les sources de pouvoir. Cette partie est importante car elle permet de rentrer dans le sujet tout en mettant en confiance l'interviewée dans la mesure où elle ne parle pas d'elle mais a juste à décrire son entreprise.

Thème 3 : les conditions de travail

Cette partie à pour objectif d'évaluer la manière dont l'individu perçoit les conditions de travail de l'entreprise et ainsi d'avoir une première idée quand à sa satisfaction vis-à-vis de son travail ; mais aussi d'évoquer la vie au sein de l'entreprise et ses relations avec les autres.

Thème 4 : Le stress au travail

Cette partie rentre au coeur du sujet, l'interviewé étant en confiance, nous allons étudier sa relation vis-à-vis du stress au travail. L'objectif est de comprendre comment se manifeste le stress chez lui, et d'évaluer quelles sont les causes et les conséquences du stress développé.

Thème 5 : les sources de motivation

Ce thème à pour objectif d'identifier les éléments qui conditionnent sa motivation à travailler et sa capacité de dépassement professionnel. Cette partie est directement liée à la précédente dans la mesure où l'objectif est de comprendre comment l'entreprise pourrait l'aider à sortir de situations stressantes en le motivant. On va

aborder les thèmes autour de la reconnaissance, des responsabilités, du sens du travail afin de cerner ses motivations professionnelles, mais aussi les leviers d'action importants pour atténuer son stress.

Thème 6 : Les moyens d'action

Cette partie vise à cerner sa perception du stress, après ses confidences. Il est important d'identifier ici son avis général sur la question, et de cerner les procédés lui permettant de lutter contre le stress globalement.

Voici le guide d'entretiens avec les thèmes et les sous thèmes :

Thème 1 : Présentation

Présentation personnelle, parcours, âge, situation familiale, secteur d'activité, études réalisées

Présentation entreprise, son poste actuel, son entreprise.

Thème 2 : La politique de l'entreprise

Fixation des objectifs

Système de rémunération

Répartition du pouvoir (centralisé, décentralisé ?) Autonomie, marge de manoeuvre

Organisation du travail, organigramme de son entreprise.

Thème 3 : les conditions de travail

L'ambiance de travail, la convivialité, le plaisir à aller travailler.

Les relations avec les autres membres de l'entreprise (collègues, supérieurs) L'importance qu'il accorde à l'ambiance

Les conditions générales de travail, le lieu de travail, les horaires,

Thème 4 : Le stress au travail

Quels sont les facteurs déclencheurs de stress chez lui Sensation de stress

Manifestation du stress

Pression ? Quantité de travail ?

Conséquences sur sa santé

Thème 5 : Les sources de motivation Confiance

Reconnaissance, sous quelle forme ? Facteurs de motivations

Sens du travail

Thème 6 : Les moyens d'action : Causes et conséquences générales Responsabilité du management Moyens pour lutter contre le stress

Amélioration à proposer à son entreprise.

3. La réalisation de l'entretien

Lors de l'entretien plusieurs éléments sont à prendre en compte et certaines règles sont capitales :

La mise en confiance de l'interviewé :

Pour que la personne interrogée soit en confiance et puisse se confier sur des éléments personnels il est capital de la mettre en confiance. Le lieu doit donc être choisit par l'interviewé, tout comme l'heure et la date. Il est important d'expliquer clairement le thème général, ainsi que le cadre avant l'entretien afin que la personne ne soit pas prise au dépourvue. Il faut informer l'individu sur le fait qu'un compte rendu lui sera communiqué. L'objectif est d'obtenir son accord sur le fonctionnement proposé.

La conduite de l'entretien

L'entretien doit respecter les étapes énoncées dans le guide d'entretien, faire des allers retour entre les thèmes risque de poser problème aux deux parties. Par conséquent un entretien bien conduis doit respecter le schéma prévu. Il est important de recadrer la personne si elle s'éloigne du sujet traité. Il est important de commencer avec des questions ouvertes afin d'aider la personne à rentrer dans l'entretiens, la parole est le meilleur moyen pour cela, on en revient à la mise en confiance évoquée précédemment.

Il est donc fondamental tout au long de l'entretien de maintenir la concentration de l'interviewé, des récapitulatifs des propos avancés devront être réalisés régulièrement.

L'attitude à adopter

Il est capital de ne pas prendre parti ni d'avancer une opinion personnelle afin de ne pas influencer la personne. La neutralité s'impose, et toute forme de jugement est à bannir, ce sont des attitudes fondamentales à adopter face à une personne qui se dévoile sur des sujets très personnels, néanmoins on se doit discrètement de l'encourager à se confier et à parler.

La synthèse de l'entretien

Nécessairement, l'entretien ne doit pas excéder deux heures, à la fin, une synthèse récapitulative doit être effectué avec l'interviewé afin d'obtenir son avis sur le résumé et lui permettre de corriger éventuellement ses propos.

Un compte rendu lui sera envoyé suite à l'entretien. Il est aussi important de rappeler la suite qui va être donnée à sa contribution.

B. L'échantillon de personnes interrogées

Pour mener à bien cette étude le choix de l'échantillon est un élément capital afin d'obtenir des résultats pouvant mener à une analyse pertinente

1. La constitution de l'échantillon

L'échantillon sélectionné doit être diversifié afin d'obtenir une palette de réponses couvrant la question de recherche.

Pour se faire l'étude va analyser le stress au travail auprès d'une population de professionnels du secteur commercial. Ce secteur est l'un des plus touché par le stress professionnel, il est donc intéressant d'examiner les comportements à la fois des commerciaux mais aussi celui des managers.

Pour ce faire l'échantillon sera composé des deux parties. L'objectif est d'étudier leurs perceptions du stress.

Le choix des entreprises va être important. Dans le cas présent l'étude va se concentrer sur trois entreprises différentes dans des secteurs d'activités distincts :

La première entreprise sera dans le secteur bancaire. Il s'agit d'une grande entreprise mondiale particulièrement touchée par le stress au travail, nous étudierons l'avis d'une ancienne directrice d'agence aujourd'hui manager dans un autre domaine ainsi que celui d'un commercial.

La seconde entreprise est leader incontestée sur le marché de l'énergie en France qui a la particularité d'être passée du statut d'entreprise publique à celui d'entreprise privée depuis 2004. Il est donc intéressant de se pencher sur l'impact de se changement de statut sur le stress au travail. Pour cette entreprise, un manager ainsi qu'un commercial sous sa direction seront interrogés.

La troisième entreprise étudiée est un grand groupe de distribution en France. La dernière entreprise étudiée sera une PME locale spécialisée dans l'eau dans laquelle nous interrogerons directement le dirigeant de l'entreprise.

Il est pertinent d'étudier la manière dont le stress est vécu dans chacune de ses entreprises qui ont des profils différents. Cet échantillon permet d'évaluer s'il existe des similitudes face au stress professionnel. L'entreprise bancaire, celle spécialisé dans l'énergie et le distributeur sont trois grands groupes, l'intérêt est de comparer les sources de stress afin de déterminer s'il existe des similitudes concernant le stress en général.

La parité sera respectée dans la mesure où trois hommes et trois femmes seront interrogés. Nous avons vu en première partie que les femmes était plus touchées par le stress au travail il était donc important d'avoir cette parité.

La population interrogée est constitué de personnes de 28 à 55 ans, afin d'avoir une large palette au niveau de l'âge.

2. Les différents profils rencontrés

Au cours de cette étude plusieurs personnes de profils différents ont été

interviewées, voici un aperçu de l'échantillon :

Manager des ventes EDF : Homme

Ce manager de 46 ans travaille depuis 20 ans pour l'entreprise EDF. C'est un exemple de promotion interne assez intéressant. Il est entré dans l'entreprise à 25 ans en tant que commercial dans un centre d'appel. Il a par la suite évolué vers un poste de technico commercial qu'il a occupé pendant 15 ans avant d'être promu manager. Il gère une équipe de 7 commerciaux sur la région du Languedoc Roussillon. Son profil technique est très apprécié, il a très vite su se faire une place par sa connaissance pointue du terrain. L'entreprise EDF est un des plus grand groupe Français spécialiste dans l'énergie, sa fonction est orientée vers les

particuliers et principalement sur la vente d'un service appelé « objectif travaux ». Sa principale mission est de faire le lien entre la direction régionale et les technico commerciaux.

Commercial entreprise dans l'énergie : Homme

Ce commercial de 34 ans travaille depuis 12 ans dans une entreprise du secteur énergétique. Après un BTS il entre dans l'entreprise en tant que commercial dans un centre d'appel. Il évolue sur un poste de technico commercial qu'il occupe depuis 9 ans et suis une formation pour évoluer vers un poste de responsable d'équipe. Il suit le même parcours que le manager que nous venons de voir. Son ancienneté et ses bons résultats font de lui un des éléments moteur de l'équipe. Il a à plusieurs reprise fait parti des meilleurs commerciaux de l'entreprise sur la vente du service « objectif travaux ».

Ces deux profils ont permis d'avoir une vision à la fois du manager mais aussi d'un des commerciaux sous sa direction. Nous pourrons donc faire un comparatif entre les deux afin d'identifier les convergences et divergences dans le discourt.

Chef de rayon : Femme

Cette jeune femme de 28 ans est chef de rayon depuis 3 ans dans un Intermarché. Avant cela elle a occupée de nombreux petits boulots. Diplômé d'un BTS action commerciale elle n'a jamais réussi à trouver un travail stable avant celui-ci. Toutefois depuis 6 mois un nouveau gérant à repris le magasin et elle et toute son équipe vivent un enfer au quotidien. C'est des petites phrases méchantes, des attaques personnelles et une pression au quotidien. Actuellement en arrêt maladie pendant 20 jours elle à accepté de nous expliquer ce qu'elle ressentait face à cette pression constante

Manager banque : Femme

Ce manager de 55 ans travaille pour la banque crédit agricole depuis 30 ans. Elle est cadre depuis ses débuts, et responsable de management auprès des particuliers depuis 13 ans. Elle a travaillé dans de nombreux domaines, le marketing, l'audit, le contrôle de gestion, la communication, en agence, et sur le mutualisme. Elle à un profil complet qui lui permet d'évoluer sur de nombreux postes. Son témoignage est intéressant dans la mesure où elle à fait un burn-out lié au stress il y a 3 ans alors qu'elle était responsable d'une agence avec à sa charge 3 commerciaux. Le choix de la banque n'est pas anodin, ces dernières années le secteur bancaire est dans la tourmente. La crise qui a lieu depuis 2008 a peut être des répercutions directes sur les salariés évoluant dans le secteur bancaire.

Commercial banque : femme

Cette jeune commerciale de 30 ans est un pur produit de l'entreprise. Elle a fait ses études en alternance dans la banque crédit agricole et a intégré l'entreprise à l'âge de 23 ans à l'accueil. Elle a par la suite évolué vers un poste de conseillé clientèle à l'âge de 26 ans. Elle n'a connu qu'une seule entreprise mais plusieurs directeurs d'agence dont un en particulier avec qui elle a eu des soucis. Ce directeur d'agence a exercé une forte pression sur toute son équipe. Après deux ans difficiles pendant lesquels elle a fait beaucoup d'efforts elle a fini par s'effondrer avec à la clef un arrêt de maladie d'un mois. Depuis un an, une nouvelle directrice d'agence est arrivée et les problèmes de stress se sont atténués.

Chef d'entreprise : Homme

Ce chef d'entreprise de 53 ans dirige depuis 10 ans une entreprise spécialisée dans l'eau. Il à quatre collaborateurs qui sont aujourd'hui ses amis avec qui ils travaillent depuis quelques années. Avant de se lancer dans ce projet il travaillait comme conducteur de travaux dans une grande entreprise de BTP. Aujourd'hui il reconnaît que la pression vis-à-vis du stress est différente. D'après lui une petite structure permet un meilleur dialogue, c'est ce qu'il essaye de mettre en place dans son entreprise. Le stress est lié chez lui à la charge de travail parfois trop importante ainsi qu'à la pression vis-à-vis des résultats.

Psychologue du travail

Cette psychologue du travail installé en libéral a deux activités principales la première concerne la gestion du stress, elle intervient directement en entreprise auprès des managers pour mettre en place des programmes de prise en compte du stress et des risques psychosociaux. La seconde activité concerne la mise en place de bilan de compétences. Il a été intéressant d'interroger cette professionnelle du stress au travail dans la mesure où elle intervient directement auprès des entreprises. C'est une professionnelle qui connait le stress, et qui est confrontée à ce sujet au quotidien. Son travail principal s'effectue auprès de manager ce qui présente un plus pour répondre à la problématique de cette étude.

III. Résultats et analyse

Suite à cette étude qualitative et ces entretiens réalisés il est nécessaire d'identifier une méthode d'analyse permettant d'extraire les éléments fondamentaux.

La méthode retenue est l'analyse de contenu qui s'avère la plus adaptée pour expliciter les éléments recueillis dans les enquêtes qualitatives.

Pour analyser au mieux le contenu nous effectuerons une analyse thématique des entretiens Stéphane Beaud et florence Weber ont décri cette analyse : « l'analyse thématique défait en quelque sorte la singularité du discours et découpe transversalement ce qui, d'un entretiens à l'autre se réfère au même thème ».

Par conséquent par mesure de clarté dans l'analyse nous étudierons les résultats par thèmes retenus dans le guide d'entretiens. Pour rappel il y a 6 thèmes :

· Présentation

· La politique de l'entreprise

· Les conditions de travail

· Le stress au travail

· Les sources de motivation

· Les moyens d'action

Une comparaison des discours pour chaque thème sera donc réalisée. De plus, figure en annexe, le résumé des entretiens ; la retranscription intégrale n'y figure pas mais les éléments principaux de chaque discours sont présents.

On distinguera, l'entretien de la psychologue du travail car il traite l'aspect général du stress dans une optique différente.

Afin de faciliter la lecture des résultats les entretiens seront résumés grâce à un tableau synthétique :

A. Synthèse des entretiens (Tableau 1)

Thèmes Fonction

Présentation

Politique de l'entreprise

Pouvoir

Communication

Type de

management

Manager EDF

Homme 46 ans

Centralisé mais

possibilité de faire remonter des éléments

importants

Réunions d'équipes tous les mois +
réunion de tous les commerciaux

méditerranée une
fois par semestre

Management humain, mais qui

n'est pas en

adéquation avec
les objectifs.

Commercial EDF

Homme 34 ans

Tout se passe au
siège, très peu de
possibilité d'action

et une certaine
incompréhension avec la direction

Beaucoup de

réunion, des

propositions sont

faites mais peu
sont retenues

Convivial mais

manque d'écoute.

Manager crédit

agricole

Femme 55 ans

Organisation pyramidale. Il y a
une délégation de tâches en fonction

des domaines

d'intervention et

des niveaux

hiérarchiques.

Possibilité de faire

remonter les

informations via

des réunions et

participation au plan moyen terme pour les 5 prochaines années

Directif

Chef de

rayon Intermarché

Femme 28 ans

Tout se passe en haut. Nous on ne décide de rien

Manque de

cohérence et

d'unité au niveau

de la
communication.

Directif

Commercial crédit

agricole

Femme 30 ans

Tout se passe au siège, nous avons peu de possibilité d'action. Toutefois en local nous

sommes proches

du directeur

d'agence qui peut faire remonter certains éléments

Réunions.

Toutes les

semaines on fait

une réunion avec toute l'agence pour faire le point, outre cela il existe la participation pour le plan d'avenir.

Directif, mais tout

dépend du
directeur

d'agence. J'ai

connu le meilleur comme le pire en 10 ans

Chef d'entreprise

Homme 52 ans

Je suis le patron,
mais tout le monde

participe aux

décisions en

fonctions de leurs compétences

C'est au quotidien

on se voit tout les

jours. On essaye

de faire des

réunions chaque
semaine

Participatif. Mon

objectif c'est que

tout le monde puisse dire ce qu'il veut

Psychologue

du travail,

installé en

libéral

Femme

Le pouvoir est bien souvent centralisé avec des
organisations

pyramidales

Effectué bien

souvent via des

réunions ou groupes de travail, mais aussi de plus en plus via la formation.

Inadapté, mais de plus en plus d'entreprises

intègrent la

dimension bien

être au travail.

Thèmes Fonction

Conditions de travail

Le stress au travail

Ambiance au travail

Conditions matérielles

Manager EDF

Bonne ambiance

générale, très important

pour qu'une équipe

fonctionne bien.

Manque de budget pour pouvoir mener des actions d'envergures et remplir les objectifs. Doit bien souvent faire avec les moyens du bord.

Stress assez fréquent lié à la pression de
la direction pour l'atteinte des objectifs,

mais aussi à l'incompréhension des

commerciaux face aux objectifs trop
élevés.

Charge de travail importante, forte

disponibilité capitale ce qui est parfois
complexe à gérer

Commercial EDF

Ambiance conviviale,

mais parfois tendue entre certains membres de l'équipe

Bureau spacieux et

locaux agréables, mais manque cruel de moyens, très compliqué de faire son travail dans ces conditions.

Objectifs pas du tout adaptés, bien trop élevés ce qui est source de pression. Sentiment d'agacement lié au manque de moyen mais stress peu présent.

Manager crédit

agricole

Les salariés sont inquiets
et préoccupés s'agissant
en plus d'une banque

dans le contexte actuel
de crise.

Bureau trop petit.

5 personnes dans le

même bureau.

Arrêt de travail il y a 2 ans pour un burn out.

« Une pression trop forte de mon

manager, des circonstances difficiles dans mon équipe. j'ai du prendre en charge plusieurs postes avec en plus la pression hiérarchique et un caractère trop perfectionniste et trop investit. »

Chef de rayon

Intermarché

Il y a une ambiance

malsaine, les directeur se comportent mal avec nous, mais nous sommes soudés.

On a ce qu'il faut pour

travailler

Je suis actuellement en arrêt maladie (20 jours) pour cause de harcèlement moral. C'est des petites phrases, on est en tension permanente. Toute la journée on est critiqué, souvent personnellement c'est très dur sur le long terme.

Commercial crédit agricole

Conviviale, nous sommes
soudés il y'a une bonne

équipe, on se côtoie

parfois en dehors du

travail

L'agence est petite on se marche un peu sur les pieds.

Il y a 3 ans j'ai connu un directeur

d'agence qui nous mettais énormément de pression. J'ai serré les dents pendant 2 ans, mais j'ai fini par prendre un arrêt de travail pendant 1 mois car j'étais au bout du rouleau

Chef d'entreprise

Plutôt bonne, avec le

temps nous sommes

devenu proches, mes

collaborateurs sont des

amis, on se retrouve souvent le weekend, on part quelques fois en vacances ensemble

J'essaye de leur donner les moyens de faire leur travail correctement

J'ai un stress permanant, je gère une

entreprise. A la fin du mois si je n'ai pas l'argent pour payer mes employés je paye de ma poche. C'est impensable de me séparer d'un collaborateur, c'est un travail au quotidien et une pression importante.

Psychologue du travail, installé en libéral

L'ambiance au travail est
primordiale. Il est

important de l'entretenir

via une bonne

communication. Ecoute observations, des gestes simples

Les conditions

matérielles doivent être

en adéquations avec

les objectifs de

l'entreprise

Le management à un rôle clef dans la gestion du stress au travail.

On retrouve souvent les mêmes

problématiques : manque de

reconnaissance, mauvaise organisation

du travail, problème dans la répartition des tâches, une surcharge de travail. Le manager n'a pas les ressources nécessaire ce qui peut se traduire par des problèmes relationnels source de stress.

Thèmes Fonction

Source de motivation

Bilan général

Bilan du stress

Moyens d'action

Manager EDF

Rémunération secondaire.

Aspect humain bien plus important, reconnaissance des supérieurs mais aussi des commerciaux est un élément capital : « j'aime mon travail, c'est ma principale source de motivation »

Le stress est lié à la

pression et à un manque d'écoute et de communication au sein des entreprises. C'est un sujet important

Ecoute active, car « les

mieux placés pour parler de ce qu'il se passe sur le terrain c'est ceux qui y sont tous les jours. »

Commercial EDF

Le salaire est primordial, les

challenges sont aussi une

source de motivation. « un

commercial cherche à être meilleur que les autres, c'est ce qui le motive »

Sujet d'actualité. De plus en
plus utilisé par les

entreprises mais au finale peu d'effort sont faits. Il y a de belles paroles mais les actes ne suivent pas

Il faudrait que les personnes qui fixent les objectifs et les décisions stratégiques aient occupé un poste de terrain.

Manager crédit

agricole

« Le plaisir de travail dans un domaine qui me plait. Le contact avec les autres dans l'entreprise et aussi et surtout en dehors de l'entreprise... et aussi la reconnaissance »

Il y a un manque d'écoute,
une individualisation

générale, beaucoup de

managers voient leur

progression professionnelle

avant le reste. C'est un problème de société qui est accentué par la crise.

L'écoute, le dialogue,

l'ouverture .... et faire passer le collectif avant le personnel

Chef de rayon Intermarché

Je cherche une chose c'est de pouvoir aller au travail avec le sentiment que je vais passer une bonne journée.

Actuellement ce n'est pas le cas mais j'ai besoin de gagner ma vie, donc pour l'heure le salaire est la carotte qui me fait avancer

C'est quelque chose de

présent, il existe un

problème de fond, la direction ne regarde que les résultats mais se préoccupe peu de ses salariés il faut que ça change.

Que les DG sortent de leur bureau pour venir voir ce qu'il se passe sur le terrain. On ne les voit jamais, par contre les ordres et les objectifs viennent d'eux.

Commercial crédit agricole

J'aime venir travailler dans une équipe dans laquelle il y a une bonne ambiance. Je n'ai que 30 ans, ce qui me motive c'est de pouvoir un jour évoluer. La reconnaissance est aussi capitale.

Lié à la pression que

certains managers ne

savent pas contenir et

déportent sur leurs

employés. Il est important
d'installer un dialogue

Il faudrait des personnes de
l'entreprise à qui l'on puisse
parler de ce genre de

problèmes. Le plus difficile

c'est de se confier, on a

toujours un sentiment de
culpabilité

Chef d'entreprise

Ma seule source de motivation
c'est la prospérité de mon

entreprise et le bien être de
mes employés

Le stress est différent dans les grosses sociétés, on a plus à faire à des pressions morales et ça c'est un scandale

Que les gens se parlent

entre eux. On est tous des êtres humains capables de comprendre que quelque chose ne va pas.

Psychologue du

travail, installé en libéral

La reconnaissance passe bien souvent avant le salaire.

Il y a un vrai problème au niveau du management. Nombre de managers ne prennent pas encore en

compte cette dimension sociale. Mais les problèmes viennent souvent d'en haut ou la direction est au final assez peu attentive au bien être de ses collaborateurs.

Ce n'est pas une refonte

totale, la prise en compte du
stress est en route et les

entreprises sont en train
d'agir. Le premier moyen de
lutte contre le stress c'est

des petits gestes simples,

de la reconnaissance, la capacité de dire quand les choses sont bien faites.

Ce tableau nous donne une idée globale de la vision du stress au travail par les interviewés. Tous sont conscients qu'il existe un réel problème autour du stress au travail. Mais l'égalité n'est pas de mise face au stress. Trois personnes ont constaté des répercutions sur leur santé directement liées au stress au travail. Les témoignages montrent que la problématique stress est bien identifiée.

On constate aussi que les managers ne sont pas plus épargnés que les commerciaux, d'après les propos de la psychologue du travail ; en effet l'acte de manager est complexe, la pression est incessante, exercée à la fois par la direction mais aussi par les commerciaux.

On observe une similitude entre les avis du manager et du commercial du secteur de l'énergie qui évoquent tout les deux l'idée selon laquelle les décideurs ne connaissent pas le terrain et fixent des objectifs sans vraiment prendre en compte la réalité.

C'est un élément très présent dans leurs discours qui illustre un certain isolement mais aussi un sentiment d'impuissance et d'incompréhension face aux décisions. Le manque d'écoute, revient de façon récurrente dans de nombreux discours de commerciaux et de managers le tout confirmé par la psychologue du travail. Cette problématique semble centrale. Il existe clairement un déficit d'échange réel accompagné de fait d'absence de retour positif. C'est un élément tangible dans le documentaire « de la mise à mort du travail » et de l'entreprise CARGLASS qu'on perçoit fortement à nouveau dans les discours des managers et commerciaux des grands groupes. Les paroles sont rarement suivies par des actes, la psychologue du travail le confirme, aujourd'hui des politiques sociales sont instaurées par les entreprises mais dans les faits peu d'avancées sont réellement appliquées.

On constate que tous les agents interrogés sont bien conscients de la logique comptable et de l'impératif de résultat, mais la qualité de vie au travail est un élément primordial dans la rentabilité de l'entreprise. Un travail exercé dans des conditions de stress pose clairement problème, un manager stressé répercute ses préoccupations sur le reste de son équipe et toute la machine s'enraye. Le manager en banque ayant fait un burn out il y a deux ans confirme que pendant les moments ou elle était sous pression elle travaillait plus pour combler les attentes de sa direction, générant aussi des répercutions sur son équipe. Un climat de travail serein est plus rentable, cela devrait interpeller les entreprises et les inciter à faire des efforts sur le bien être au travail.

B. Analyse des résultats

1. L'organisation pyramidale en question.

Un élément revient avec insistance, il s'agit de l'organisation pyramidale qui est une source de souffrance. Tout le pouvoir est entre les mains de quelques individus qui prennent la majorité des décisions. Dans des entreprises comme celle du secteur bancaire le lien entre la direction et la base est complexe à réaliser, le manager exprime bien cette idée : « L'organisation est pyramidale selon un organigramme partant d'un directeur général, des directeurs adjoints, sous directeurs et responsable d'unité (ceci est vrai à la fois pour les métiers des sièges et pour les métiers en agence) » Plus une entreprise compte de salariés et plus il y a de lignes hiérarchiques. C'est un schéma classique, dans la PME il n'existe pas d'intermédiaire ou de lignes hiérarchiques, les informations circulent donc bien plus vite. La directrice d'agence décrit bien cette idée selon laquelle toutes ces lignes hiérarchiques sont un

problème : « plus il y a de lignes hiérarchiques et plus mon métier est divisé, j'ai de moins en moins d'autonomie et de pouvoir, certaines décisions que je prenais avant pour mon agence ne sont aujourd'hui plus de mon ressort je pense qu'on perd petit à petit en compétence ».

Cette réduction du pouvoir et de l'autonomie dans les décisions contribuent à développer du stress, on est passé d'un métier complet à une simple fonction de plus en plus étriquée.

En somme cette vision est confirmée par les salariés de l'entreprise du secteur de l'énergie pour qui la centralisation du pouvoir pose un réel problème de fond. Le commercial de l'entreprise à des mots assez dur : « il y a les cerveaux tout en haut qui réfléchissent et nous pondent des projets invraisemblables enrobées de jolis mots indigestes et nous sommes « les dindons de la farce » qui obéissons bien gentiment car nous n'avons pas le choix. »

Le gérant de la PME spécialisée dans la maitrise de l'eau a lui aussi exprimé cette idée selon laquelle la relation hiérarchique n'est pas la même dans une PME que dans une grande multinationale et que cela pouvait poser des problèmes de souffrance. « Dans une grosse entreprise quand tu a un problème avec un de tes supérieurs, il te faut prendre un rendez-vous au moins une semaine à l'avance pour espérer pouvoir avoir un entretien, qu'il te vaut mieux préparer, justifier et réussir. Chez moi, si un collaborateur a un souci, on règle ça dans l'heure avec une vraie discutions sincère, cela évite tout malentendu et pour lutter contre le stress il n'y a rien de mieux ».

Ce système pyramidal reste toutefois bien encré dans notre organisation, les salariés sont bien souvent conscients qu'il n'est pas parfait mais ils l'acceptent, comme le manager de l'entreprise spécialisée dans l'énergie nous l'indique « je trouve le système médiocre mais je fais avec car je n'ai pas vraiment le choix », toutefois on constate clairement que cette organisation reste un problème majeur.

2. L'isolement comme pierre angulaire de la souffrance.

La souffrance au travail à de nombreux facteurs, mais un revient avec insistance. Il s'agit de l'isolement. Le problème est que le stress entraine en premier lieu un sentiment de culpabilité. Le manager interrogé évoque bien cette idée :

« Au début je me sentais responsable, on me mettait la pression donc je travaillais plus, je n'avais aucun soutien de la part de mes supérieurs ».

Le problème est bien là il y a une certaine négation de la souffrance au travail, que ce soit les collègues de travail ou la direction on considère bien souvent la situation comme normale. Cela à une conséquence directe, les salariés se sentent automatiquement responsable de ce qui leur arrive. Ils se mettent à travailler plus pour compenser et s'isolent petit à petit dans une souffrance dont ils n'osent pas parler. Le manque de réaction des collègues est aussi un problème majeur, le chargé de clientèle explique bien cette idée :

« Lorsque vous n'êtes pas bien il ne faut pas le montrer, aujourd'hui il faut savoir encaisser pour progresser »

On retrouve cette perte de solidarité source de souffrance. Aujourd'hui difficile de compter sur ses collègues de travail, encore moins sur sa direction il faut être capable de subir, le travail est perçu comme un combat dans lequel seuls les plus résistants évolueront. Le contexte actuel n'arrange en rien les choses, la crise économique fait rage et le travail se fait rare. Il est capital de conserver son travail,

cette idée est assez présente principalement chez les plus âgés. Le manager du crédit agricole le montre assez bien :

« J'avais 52 ans, on était en pleine crise je ne pouvais pas me permettre de perdre mon travail, j'ai pris sur moi ».

Cette situation pose un réel problème pour les plus âgés et conduit à un isolement encore plus prononcé, le manager de l'entreprise du secteur énergétique confirme cette idée :

« Je pense qu'à partir de 50 ans les choses sont différentes, tu n'as plus la même énergie qu'au début et tu ne peux pas te permettre de perdre ton emploi ».

Le gérant de la PME nous explique

« Pour conserver leur emploi certains sont prêts à tout et font tout ce qu'on leur demande même si c'est contre leur nature. Ce n'est pas étonnant de voir le harcèlement et la pression devenir monnaie courante. Il y a 20 ans tu pouvais te permettre de démissionner, aujourd'hui c'est compliqué, il faut faire avec, mais ce n'est pas normal. »

La question de l'isolement est centrale, elle est directement liée à la perte de solidarité qui est une idée évoquée lors de la première partie. La concurrence pose un problème de fond car elle empêche de créer des liens entre les individus, ce même lien qui permet de se sentir soutenu par ses collègues de travail.

Le manager en banque met en avant un problème de fond :

« Les causes sont liées à un manque d'écoute et de discernement donc on ne privilégie pas l'essentiel pour favoriser les ambitions personnelles de certains managers qui veulent progresser dans l'entreprise quel qu'en soit le prix. »

Les ambitions personnelles posent un problème primordial, pour progresser certains managers sont prêt à tout pour satisfaire les attentes de la direction, une des conséquences première c'est de mettre sa propre équipe sous pression. La commerciale en banque confirme cette idée

« J'ai connu un jeune manager qui avait une ambition démesurée, il exerçait sur notre équipe une pression constante pour améliorer l'efficacité du service, au bout de deux ans, il est parti car il avait enregistré d'excellents résultats, mais aucun membre de l'équipe ne le regrette, depuis nous travaillons plus sereinement »

Aujourd'hui le travail est capital pour pouvoir vivre, les circonstances actuelles font qu'il est bien souvent complexe de changer de travail. Certains pour ne pas le perdre sont prêts à souffrir.

3. Les sources de stress.

Suite à ses entretiens il existe un constat implacable : peu importe les entreprises, peu importe l'âge ou le sexe tout le monde a déjà connu le stress. Toutefois on perçoit bien qu'il ne s'exprime pas de la même manière chez tout le monde.

Il existe toutefois trois sources de stress majoritaire :

a) Les objectifs non adaptés

Nous avions développé cette idée en première partie. Le stress découle souvent d'objectifs inadaptés. On retrouve ce constat dans les discours. Principalement chez les membres de l'entreprise spécialisée dans l'énergie.

Ainsi le commercial explique bien que « les objectifs sont mal pensés et trop élevés, chaque année le prévisionnel est revu à la hausse, c'est extrêmement compliqué à gérer, atteindre le but toujours réévalué dans le même sens tient souvent du miracle ».Le manager nous explique lui aussi que ces objectifs lui posent un vrai problème : « ces objectifs me sont imposés, je les trouve moi aussi clairement abusifs, mais face à mes commerciaux, je suis obligé de positiver pour qu'ils les acceptent ».

Il existe un réel problème à ce niveau là. La volonté affichée de croissance pousse les entreprises à demander toujours plus sans se rendre compte que les objectifs demandés sont exagérés.

Il existe clairement cette idée selon laquelle la pression lié aux objectifs est aujourd'hui bien présente. « Lors des réunions les résultats de chacun sont affichés, ce qui peut parfois mettre mal à l'aise » le commercial dans le secteur énergétique déplore cette méthode. Les objectifs sont un très bon moyen de pénaliser et de viser une personne en particulier sans même avoir à le désigner les chiffres parlent d'eux même. Cette situation conduit au stress comme nous l'indique le commercial « on craint d'être jugé par les autres membres de l'équipe et d'être considéré comme un mauvais élément ». En réalité le regard des autres semblent important, ce n'est pas tant la non réalisation des objectifs qui est source de stress mais bel est bien la réaction des tiers dans l'entreprise. Pour un commercial être reconnu comme étant un bon élément est fondamental, c'est tout simplement de la reconnaissance.

b) La charge de travail

La charge de travail trop importante est un réel problème. Lorsque nous travaillons trop c'est tout notre corps qui se fatigue et qui s'épuise petit à petit.

C'est ce qui a conduit le manager en banque vers le burn out, qui est une des conséquences d'un stress trop élevé que nous avons développé en première partie. L'élément déclencheur a été le licenciement d'une de ses collaboratrices pour faute grave, cette dernière n'a pas été remplacée. Dans le même temps les exigences n'ont pas diminué par conséquent la manager à été poussé à s'épuiser. Les conséquences ont été désastreuses comme elle nous l'indique : « Je restais dans mon agence de 6h30 à 7h le matin jusqu'au soir très tard. J'y restais le Weekend. Au final j'ai eu des problèmes de santé, j'avais aussi des problèmes dans ma vie personnelle car je n'était plus assez présente pour ma famille ». C'est seulement après qu'elle a décidé de tout arrêter et de se mettre en congé maladie, seule issus à une situation invivable.

Aujourd'hui ce type de situation est malheureusement très fréquent, on demande une charge de travail bien trop importante aux salariés, la réduction du temps de travail à 35 heures a été un problème majeur comme nous l'indique Mr Darcos dans un article « les 35 heures ont généré du stress pour les salariés qui devaient faire en 35 heures ce qu'ils devaient faire avant en 39 heures ».

L'augmentation de la charge de travail est souvent liée à une diminution des effectifs
ou à une réorganisation de l'entreprise. Dans tous les cas de stress liés à la

surcharge de travail on demande aux personnes de faire plus avec moins de moyens.

Dans la PME la charge de travail est aussi source de stress, le dirigeant nous explique bien que c'est parfois difficile de faire autrement : « nous avons un pic d'activité vers avril, pendant cette période nous travaillons tous bien plus que ce que nous devrions, c'est très fatigant nerveusement. Nous sommes tous stressés, ce qui nous permet de tenir c'est que l'on sait que ça ne dure que quelques mois. »

c) Les pressions morales

On retrouve l'idée celons laquelle le stress provient de pressions ou de harcèlements moraux dans deux entretiens.

Le premier cas, concerne la commerciale dans la banque qui nous indique avoir subi de fortes pressions dans le passé de la par d'un directeur d'agence peu scrupuleux. « Je travaillais en permanence avec la peur au ventre. Les petites réflexions répétées sont difficilement supportables, c'est épuisant ». Durant deux années elle a été dirigée par un manager qui ne protégeait pas son équipe et qui l'exposait directement. Ils étaient poussés à bout pour remplir les objectifs avec des heures de travail exponentielles comme elle nous l'indique. « Certaines semaines, je quittais mon bureau à 21 heures. A force, j'ai flanché et j'ai consulté une psychologue qui m'a prescrit un arrêt de travail ». Suite au départ de ce manager tout est rentré dans l'ordre.

L'entretien du chef de rayon nous prouve comment le comportement d'un manager peut totalement déstabiliser un employé. « Je n'ai plus aucune confiance en moi, aujourd'hui je ne suis plus aussi performant qu'il y a deux ans, je me suis sentie responsable » après de longs mois de pression, cette jeune femme a elle aussi décidé de parler de sa situation. Un gérant trop exigeant, mais surtout qui humilie ses employés en permanence « tous les jours, il me fait comprendre que j'étais nulle, a force, je m'en suis persuadée », elle préfère maintenant ironiser sur sa situation « je n'ai qu'un BTS, mais un bac +8 en stress, il m'a fallu un an et demi avant de pouvoir en parler, c'est une collègue de travail qui m'a conseillé un psychologue qu'elle consultait elle aussi ».

Cette situation est complexe, pendant un an et demi elle a subi des petites phrases désobligeantes au quotidien, parfois son patron allait plus loin « petit à petit ce n'était plus des réflexions sur mon travail mais sur mon intelligence, des jugements vexants sur ma personne », à partir de cet instant il y a une réaction, mais qui est certainement arrivée trop tard. Cette personne aujourd'hui est en arrêt de maladie et son état de santé psychologique est préoccupant. Avec cet entretien, on prend vraiment la mesure de la gravité de la situation. Ce genre de harcèlements se développe, mais rien n'est fait en prévention. Cette jeune femme me le confirmait « aujourd'hui le mal est fait, je m'en veux de ne pas avoir pris conscience des choses avant ».

Au vu de ces éléments nous pouvons donc valider la première hypothèse. L'organisation du travail telle qu'elle est conçue aujourd'hui est source de stress. Plusieurs éléments de nôtre organisation du travail le corroborent :

· L'organisation pyramidale et la centralisation du pouvoir

· L'isolement et la perte de lien social en lien direct avec la conjoncture et la concurrence.


· Les objectifs inadaptés qui entrainent incompréhension, désengagement et augmentation de la charge de travail

4. La motivation au travail

La motivation a fait couler beaucoup d'encre, conserver des salariés motivés et impliqués dans leur travail est certainement la mission la plus complexe du manager. Dans cette enquête nous nous sommes intéressés aux facteurs de motivation. L'objectif était de connaître les leviers de motivation, à leurs époques Taylor et Ford ont mis en avant l'idée celons laquelle le salaire était l'élément principal en terme de motivation.

Mme Auché psychologue du travail nous explique bien que « le salaire est un acquis, il s'agit d'un élément important mais pas déterminant. ».

Toutes les personnes interrogées s'accordent à dire que le salaire aujourd'hui n'est pas ce qui les motive à travailler. Sur les 6 entretiens de commerciaux et managers seul un commercial a décrit le salaire comme la première source de motivation, toutefois on remarque que cette personne cherche avant tout à évoluer et n'est pas satisfaite de son travail actuel. Le salaire serait pour lui un moyen d'arriver à ses fins, plus il sera élevé et plus il témoignera de sa performance, laquelle est liée à une volonté de promotion en interne.

Pour tous les autres entretiens aucun ne cite le salaire parmi les éléments principaux de motivation. On retrouve pour deux managers la même idée selon laquelle ce qui prédomine avant tout c'est le plaisir de travailler dans un domaine plaisant. La directrice d'agence met en avant « le contact avec mon équipe et le plaisir. Tous les matins je me lève en me disant que je vais retrouver des collègues de travail que j'apprécie ».

La reconnaissance occupe une part importante, sur les 6 interviewés 4 la cite comme un levier de motivation. Ainsi la commercial en banque met en avant « la reconnaissance, lorsque l'on a fait des efforts voir son manager vous féliciter c'est un geste simple mais qui fait vraiment plaisir ».

Comme l'évoque la psychologue du travail, « c'est avec des gestes simples que l'on résout bien des problèmes ». Le manque de motivation est bien souvent lié à un manque de reconnaissance. Cette même reconnaissance qui est négligée par bon nombre de managers qui pensent encore aujourd'hui qu'on obtient plus de quelqu'un en le mettant sous pression.

Ainsi nous pouvons d'ores et déjà valider la seconde hypothèse dans la mesure où tous les interviewés sont unanimes sur le fait que la motivation passe par des éléments tels que la reconnaissance au travail, le bien être au travail est une notion bien présente dans de nombreux discours. Le plaisir de travailler est quelque chose qui pour tous les interviewés revêt un caractère essentiel. Comme l'évoque le chef d'entreprise : « on passe 40 ans voire plus à travailler, ce qui me permet de me lever le matin c'est de me dire que je fais quelque chose que j'aime. »

C. Les préconisations ou moyens d'action

L'enquête que nous avons réalisée nous a permis de valider nos hypothèses de travail. En effet le management aujourd'hui comporte un certain nombre de dérives et tel qu'il est conçu actuellement il est néfaste pour la santé. De plus, le bien être au travail occupe une place de plus en plus importante. La reconnaissance, l'écoute, l'autonomie, la responsabilisation sont des éléments qui comptent. Nous allons donc maintenant faire des préconisations d'action.

1. Une organisation participative

Nous l'avons mis en évidence, l'organisation pyramidale du travail telle qu'elle est conçue aujourd'hui pose clairement un problème de fond, cette dernière conduit à des situations de stress ainsi qu'à un déficit d'écoute. Toutefois nous ne pouvons pas dire que la centralisation du pouvoir est totalement néfaste, il est important que perdurent des sources de pouvoir comme nous l'indique le gérant de la PME « il est capital d'avoir quelqu'un capable de donner des directives claires sans quoi plus rien n'a de sens. Toutefois donner du pouvoir à quelqu'un ne veux pas dire que cette personne à toujours raison, il faut un échange. »

Le commercial de l'entreprise spécialisé dans l'énergie va aussi dans ce sens « avoir des directives claires c'est important, mais être capable d'écouter ceux qui connaissent le terrain c'est tout aussi essentiel ».

Aujourd'hui ce qui est fondamental c'est d'être épaulé dans son travail, le manager doit être comme l'indique Mr Sponville dans sa conférence « un professionnel du désir de l'autre ».

Marie Parker Follett a développé dans son article « Essentials of leadership » l'idée selon laquelle nous avons aujourd'hui besoin de leadership. Lequel n'est pas forcément réservé aux dirigeants. Pour Marie Parker Follett plus une personne a une position élevée dans la hiérarchie et plus la qualité de leadership doit être marquée. L'objectif étant de ne plus considérer les personnes qui travaillent sous ses ordres comme de simples subordonnés mais comme des collaborateurs. Le leader doit avant tout être un accompagnateur qui orientera ses collaborateurs de manière à ce qu'ils lui apportent l'efficience optimale nécessaire à la bonne réalisation de missions déterminées ; elle va même plus loin en exprimant son incompréhension face aux entreprises dans lesquelles les ordres ne viennent que du haut de la hiérarchie.

Une préconisation serait d'introduire un concept inventé par Hersey et Blanchard. Le leadership situationnel.

Ces deux auteurs ont mis en avant le fait que le style de management devait être différent en fonction de la compétence et de la motivation au travail des individus. Ces deux auteurs ont mis en place quatre types de management à adopter en fonction de différentes situations :

Directif : prise de décisions et surveillance des résultats

Persuasif : Prise de décision après concertation. Possibilité de discutions Participatif : le subordonné prend des décisions avec l'appui du leader. Délégatif : le subordonné prend les décisions a la place du leader.

Ainsi lorsque les collaborateurs sont peu compétents et peu motivés le leadership devra être directif. Dans le cas ou le collaborateur est motivé mais peu compétent on mettre en place un management persuasif. Lorsque le collaborateur est peu motivé mais compétent on tendra vers un management participatif. Enfin lorsqu'un collaborateur est compétent et motivé on pourra utiliser un management délégatif.

Toutefois, il semble qu'aujourd'hui le management participatif soit le plus adapté pour lutter contre le stress. En effet ce type de management permettra d'impliquer les équipes en insistant sur l'importance de la participation de chacun. Il s'agit de partir d'un constat simple et d'affirmer que personne ne maitrise une globalité de compétence l'exonérant de consulter ses collaborateurs. Ce type de management participatif a pour objectif d'engager le salarié auprès de l'entreprise. Ce dernier va se sentir plus investi et sera de fait plus efficace.

Une haute autorité doit bien entendu être présente mais il doit y avoir un réel échange au sein de l'entreprise.

Cette notion d'échange nous la retrouvons dans la quasi totalité des entretiens effectués. Il existe un réel problème de communication, de discutions, de prises en compte du bien être du salarié. Mais tout ceci doit se faire en amont.

2. Prévenir vaut mieux que guérir

Autre élément qui revient avec insistance dans les entretiens c'est la prévention. Le stress est bien souvent traité une fois qu'il est déclenché et qu'il impacte déjà nocivement l'entreprise et l'individu. La psychologue du travail nous indique qu'en matière de prévention tout se joue sur des gestes simples à faire au quotidien et

faciles mettre en oeuvre

Ainsi plusieurs gestes simples sont à appliquer :

· Dire bonjour à ses collaborateurs, geste qui peut sembler dérisoire mais il s'agit d'une marque de politesse, le pouvoir et la position hiérarchique n'exemptent pas d'appliquer les règles élémentaires de savoir vivre.

· Savoir dire merci ou tout simplement reconnaître un bon travail. On pense bien souvent à tord qu'il est inopportun de renouveler des remerciements. Au contraire, si vous souhaitez que vos salariés se sentent bien dans leur entreprise et s'impliquent dans leur travail, il est important de les gratifier à minima d'un simple merci.


·

Demander « comment allez-vous ? » C'est chercher les désirs de l'autre, lesquels sont satisfaits et lesquels ne le sont pas. C'est quelque chose que les managers font peu dans la mesure où bien souvent beaucoup de choses ne vont pas. Alors on fait comme si tout allais bien sans chercher plus loin.

Savoir dire non. Cela peut sembler simple mais les salariés ont besoin d'un cadre, ils ont besoin d'être entourés, d'avoir des directives claires. Le non est la marque du pouvoir.

Toutefois le premier élément de prévention nous est décrit par l'ANACT (agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail). Il s'agit de « l'engagement fort et durable de la direction est la première condition de la démarche de prévention.

Toutefois dans les grandes entreprises de nouveaux postes voient le jour, ainsi la société Danone a recruté un psychologue spécialisé dans le traitement des problématiques liées au stress. L'objectif est d'éviter l'isolement ainsi que de traiter et d'atténuer l'éventuel sentiment de culpabilité ressenti. Permettre à tous les employés d'évoquer leurs problèmes auprès d'une personne indépendante en lien direct avec la direction générale peut être un élément de prévention important à mettre en place dans les structures les plus importantes.

3. Rendre le travail humain

Au cours de ces entretiens une constatation s'est petit à petit mise en place. Lorsque les individus sont bien dans leur travail ils cherchent plus facilement à donner le meilleur d'eux même. C'est ce que nous confirme le manager de l'entreprise spécialisé dans l'énergie « lorsque les commerciaux sont bien traités ils travaillent mieux ». En somme il semble au final qu'il existe un lien entre l'implication du salarié dans l'entreprise et le plaisir qu'il prend à travailler. Un salarié qui participe et qui se sent écouté et plus impliqué et plus heureux dans son travail. Ainsi il se retrouve moins assujetti au stress.

Remettre l'humain au centre du débat est aujourd'hui quelque chose de primordial, nous avons pu voir que les relations entre collègues et plus généralement l'ambiance au travail avait une importance capitale. La solidarité apparait donc comme un des éléments centraux dans la lutte contre le stress. Nous l'avons vu les mieux placés pour comprendre la détresse des personnes qui souffrent sont les collègues de travail. Réduire le stress passe donc par la remise en place de la solidarité et de l'entraide au centre du débat. Il ne faut pas considérer l'autre comme un concurrent mais bel et bien comme un collègue de travail avec lequel on partage des objectifs communs dans le but d'atteindre la prospérité de l'entreprise. Cette idée est renforcée par le chef de rayon « Ce qui m'a permis de m'en sortir c'est la solidarité qu'i régnait dans mon équipe », le manager ajoute même « l'ambiance dans un groupe est primordiale. Chacun a ses atouts et ses faiblesses, le jour où on comprendra qu'en travaillant les uns avec les autres on sera plus performant qu'en oeuvrant chacun de notre coté les performances s'amélioreront automatiquement ».

Le commercial dans le domaine bancaire soulève un problème majeur « il y a un
énorme « turn-over » dans les agences, soit disant pour le bien des clients Moi je

crois que c'est uniquement pour éviter une trop grande proximité entre les employés et les clients, la direction apprécie modérément ce rapprochement ». Cette idée est très présente et pose un problème de fond. Remettre en place la solidarité passe par une ambiance de travail cordiale voire amicale pour améliorer le soutien social en entreprise.

Conclusion.

Objectif du mémoire.

L'objectif de ce mémoire était d'étudier le stress au travail sous l'angle managérial. C'est un sujet vaste qui pouvait être abordé de différentes manières. Dans un premier temps il était intéressant de faire un bilan du stress au travail pour se rendre compte que c'est un sujet d'actualité qui doit aujourd'hui être au centre des préoccupations.

Nous avons vu que le stress avait divers tenants et aboutissants entrainant dans son expression la plus extrême la mort. C'est un sujet à appréhender avec la plus grande attention car il impacte toute la population sous différentes formes.

Dans ce mémoire nous avons étudié les dérives du management et plus généralement de l'organisation du travail.

La question du management était l'axe central de cette recherche dans la mesure où à l'heure actuelle il existe un réel problème de fond.

L'objectif était donc d'étudier le lien qui existe entre les dérives du management actuel et la souffrance au travail.

Nous avons pu constater qu'il existait un lien bien identifié entre ces deux éléments. Aujourd'hui on parle de management par le stress, qui est censé accroitre la productivité de chacun, et tirer le meilleur de ses salariés par une mise sous pression. En clair on utilise le stress comme un vecteur de productivité et d'efficacité. Le travail devient un monde où les intérêts d'une minorité sont relayés comme une expression unique sans se préoccuper de ceux qui souffrent de ces cadences infernales.

Ce type de management devient problématique et sensible car il déstabilise de nombreux individus. En effet le stress poussé à l'extrême génère des effets néfastes sur la rentabilité, entre arrêt de travail, déficit d'image, ambiance exécrable c'est toute une organisation qui souffre et qui subit les conséquences directes du manque d'empathie de certains dirigeants.

Dans ces conditions d'insatisfaction générale, il est capital de réagir pour permettre à l'individu d'émerger de cette spirale infernale où le travail devient une corvée à laquelle il doit s'astreindre sept heures par jour en moyenne. Mais aussi pour l'entreprise qui subit directement les répercutions de cette gangrène généralisée.

La question fondamentale est d'identifier les moyens de s'extraire de cette situation.

Nous avons vu qu'il était en effet possible de limiter le stress au travail mais que cela nécessite une vraie réflexion sur le fond du problème. C'est avant tout une prise de conscience collective qu'il est nécessaire d'ordonner avec comme postulat que la rentabilité financière ne doit pas s'opérer au détriment de l'individu. C'est une prise de conscience managériale qu'il faut stimuler pour imposer progressivement la notion qu'une équipe soudé est bien plus efficace qu'un ensemble d'individus isolés mis en concurrence les uns avec les autres dont le seul leitmotiv est l'atteinte d'objectifs parfois contradictoires et au final improductifs. C'est enfin une prise de conscience individuelle afin de comprendre que le stress n'est pas anodin mais bel et bien une des principales causes de souffrance au travail.

Il existe une réelle réflexion sur ce sujet, de nombreux auteurs se penchent sur le sujet, plus récemment la politique se mêle à la fête en prenant à bras le corps le sujet. Une réaction est attendue mais elle nécessite un réel effort.

La méthodologie

Dans un premier temps l'objectif était de répondre à une question de recherche et d'infirmer ou d'affirmer les hypothèses qui en ont découlé. La question de recherche a pour objectif de se demander si le management tel qu'il est conçu actuellement est un élément moteur dans l'apparition du stress au travail. Et quelles solutions managériales peuvent permettre d'améliorer la situation actuelle.

De cette question on découlé deux hypothèses de travail :

La première hypothèse H1 : Le management tel qu'il est conçu actuellement à un impact négatif sur le stress au travail.

La seconde hypothèse H2 : La prise en compte des besoins de l'individu a un impact positif sur le stress au travail

Pour répondre à ce sujet il était capital d'obtenir des témoignages mais aussi l'avis de personnes qui chaque jour sur le terrain sont confrontées à cette problématique. Ainsi nous nous sommes penchés sur une étude portant sur les services commerciaux. Le commercial et le manager sont deux des métiers les plus touchés par le stress au travail, il était donc intéressant d'étudier ces profils spécifiques.

Pour réaliser cette étude une enquête qualitative a été réalisée. Ainsi deux managers, trois commerciaux, un chef d'entreprise et une psychologue du travail ont été interrogés au cours d'entretiens semi directifs.

Il était important d'obtenir de réelles informations de toutes les parties prenantes venant d'horizons variés.

L'échantillon est composé de quatre femmes et de trois hommes, venant de secteurs différents. Sont représentés le secteur bancaire, le secteur de l'énergie ainsi que celui de la grande distribution.

Pour réaliser cette étude des entretiens semi directifs ont été réalisés afin d'obtenir un maximum d'informations sur le public concerné. L'entretien semi directif est apparu choix le plus pertinent dans la mesure où l'objet d'étude est avant tout un ressenti, un état psychologique qu'il est complexe d'étudier.

Ces entretiens ont été réalisés en suivant un guide d'entretiens lui-même inspiré de différentes étude. Ce guide d'entretiens a été scindé en cinq thèmes majeurs permettant une vue d'ensemble du sujet que nous souhaitions traiter.

Par la suite une fois les entretiens réalisés il était important de trouver une méthode d'analyse pertinente permettant de faire émerger les points centraux du sujet.

Pour cela une analyse thématique a été réalisée afin d'avoir l'avis de chaque personne interrogée sur chacun des thèmes décrits dans le guide d'entretiens.

Les principaux résultats

Suite à cette étude plusieurs éléments sont à relever. Le premier est l'omniprésence du stress dans les relations commerciales aujourd'hui. On le constate il touche absolument tout le monde. Sur les sept personnes aucune nous a confié ne jamais avoir ressenti de stress et ne pas ressentir de mal être lié à sa manifestation prégnante. Tout le monde est donc concerné mais pas de la même manière.

Ainsi on a constaté différentes conséquences allant du simple agacement ou d'une simple démotivation jusqu' au burn-out et à l'arrêt de travail pour harcèlement moral. Ce qui est vraiment notable pour les personnes en souffrance c'est ce sentiment de culpabilité générant l'isolement qui contribue à s'enfermer dans un silence dévastateur.

Nous avons pu faire plusieurs constatations en lien direct avec notre problématique et ainsi valider nos deux hypothèses de travail.

Tout d'abord en ce qui concerne la première hypothèse à savoir l'impact négatif de l'organisation du travail plusieurs éléments permettent de la confirmer.

Tout d'abord, l'aspect pyramidal des organisations du travail, qui centralise le pouvoir entre une poignée d'individu. Il n'existe pas de réel échange, la hiérarchie est bien trop éloignée des problématiques de terrain et cela pose un réel problème de fond dans la mesure où trop d'orientations stratégiques sont élaborées par des individus qui ne sont pas forcément en phase avec la réalité fonctionnelle de l'entreprise.

Un second élément a attiré notre attention, il s'agit de l'isolement ressenti par les personnes stressées. Ce phénomène est manifestement accentué par la crise économique actuelle. La peur de perdre son emploi est manifeste et conduit à accentuer les comportements individualistes. L'isolement est aussi lié à la concurrence entre les individus, qui conduit à une perte de solidarité et d'entraide capitale pour le bon fonctionnement d'une équipe. Cette notion d'équipe n'est pas assez valorisée stratégiquement, la mise en place accentuée d'objectifs collectifs est certes en route mais encore insuffisamment pour insuffler une réelle dynamique de groupe. Subsiste un réel problème de lien social à clarifier. L'ambiance au travail est décrite comme étant un élément capital ; néanmoins peu de concepts novateurs sont élaborés pour amener des améliorations sensibles. Depuis des années les entreprises tendent plutôt à dégrader ce lien social sans se rendre compte qu'il est un des moteurs de la performance économique. Le meilleur moyen de réduire le stress au travail réside dans la prévention des risques ; s'appuyer sur une équipe soudée où le lien social est valorisé reste un des moyen de lutte les plus efficace. Le changement est donc fondamental, la concurrence au sein même d'une entreprise doit être appréhendée avec parcimonie, et des valeurs différentes telles que l'entraide et l'écoute d'avantage privilégiées.

Cela peut sembler totalement utopiste comme vision des choses mais c'est bien là qu'est le noeud du problème. La prise en compte de l'individu comme un être humain au service d'un collectif. Je vais prendre une image simple pour résumer la situation. Un footballeur aussi talentueux soit t'il ne sera jamais aussi performant qu'au sein d'un collectif bien huilé. C'est exactement la même chose pour les entreprises, l'individu performant le sera d'avantage s'il travaille avec et pour les autres. Cela demande un changement de mentalité, une prise de conscience s'impose et il est temps de conceptualiser de nouvelles stratégies susceptibles d'apporter des avancées significatives.

Enfin nous avons remarqué un réel problème lié aux objectifs qui sont bien souvent inadaptés à la situation car jugés trop élevés et qualifiés d'inatteignables. Il existe clairement un écart entre ce qui est demandé et ce qu'il est possible de faire. Tous ces éléments sont bien entendus étroitement liés les uns avec les autres.

Les implications managériales

Cette étude nous a permis de pointer bon nombres de points à améliorer.

Le premier élément est la mise en place de gestes simples, nous l'avons vu la motivation au travail ne passe pas uniquement par un salaire élevé complété de primes. Ceci à bien entendu son importance, mais le plaisir du travail est un élément capital bien au-delà du salaire qui en découle. Nous avons pu constater que la

reconnaissance au travail était capitale et bien souvent négligée. La psychologue du travail nous a indiqué que les petits gestes simples du quotidien, le fait de féliciter ses collaborateurs lorsque le travail est bien effectué sont un premier pas et constituent les bases d'une amélioration. En somme il est capital de remettre l'individu au centre des préoccupations. L'ambiance de travail doit devenir une des préoccupations majeures, tout comme la création de lien social et de solidarité comme nous l'avons vu précédemment.

Il est capital de faire un travail en amont dans la mesure où la prévention doit devenir une priorité ; d'où la nécessité de mettre en place des mesures permettant de prévenir le stress au travail. La prévention passe bien entendu par un management plus humain, par la prise en compte des besoins de l'individu avant de considérer ceux de l'entreprise.

Toutefois comme nous l'avons vu cela passe par une reconsidération de l'organisation du travail actuelle. Il semble judicieux de mettre en place un management participatif dans l'optique d'impliquer au maximum les salariés dans les décisions. Cette organisation est déjà pratiquée dans bon nombre d'entreprise, toutefois les paroles sont rarement suivies d'actes. Il est fondamental de clarifier les mesures avec une réalité et un changement constaté sur le terrain et non pas seulement par la direction qui bien souvent se targue d'impliquer ses salariés dans de longs discours alors que le constat réel est beaucoup plus mitigé.

L'objectif est de revoir l'organisation pyramidale qui est totalement archaïque et qui dans sa conception actuelle est un château en ruine que le management participatif doit rénover pour créer du lien entre la direction et le terrain.

Les limites de l'étude

Cette étude comporte toutefois des limites :

La première limite concerne la taille de l'échantillon interrogé, pour des raisons de temps et de délai il était complexe de travailler su un échantillon plus important. Toutefois je pense qu'il aurait était intéressant d'interroger une plus grande variété de professionnels. Il aurait été intéressant d'obtenir un entretien avec un dirigeant d'une grande entreprise afin de comparer son discours avec la réalité du terrain. De plus une palette plus large de professionnel du stress aurait pu apporter un choix plus large pour étudier les solutions existantes pour améliorer la situation.

La seconde limite concerne l'aspect qualitatif qui permet de poser les bases mais ne permet pas de tirer de réelles conclusions. Cette étude aurais pu être complétée d'une étude quantitative via un questionnaire afin d'obtenir des statistiques sur un panel plus large.

Prolongement de l'étude

Cette étude sur le stress à mis en avant certains éléments intéressant concernant la motivation. Je pense qu'un prolongement possible serait d'étudier les méthodes de motivation permettant de réduire le stress. La question de la reconnaissance est centrale mais elle reste difficile à cerner, il serait intéressant de se pencher sur des méthodes permettant de mettre la reconnaissance au coeur du système de récompense.

Actuellement elle occupe un rôle frontière mais il est clair qu'il existe des stratégies pour la rendre capitale.

Lutter contre le stress c'est avant tout prendre en compte les besoins de ses propres subordonnés, il serait donc intéressant d'étudier ceux qui reviennent le plus afin de les intégrer dans le système de manière plus officielle.

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Table des matières

Remerciements . 3

Résumé

 
 

4

 
 

Introduction

. 5

 
 
 
 

Sommaire 11

Partie I : Stress et management : deux notions liées. 13

I. Etat des lieux du stress au travail 13

A. Le Stress : une réalité 13

1. Témoignage « la mise a mort du travail » 13

2. Le stress comme première manifestation de la souffrance 15

3. Les chiffres de la souffrance au travail 16

A. les différentes théories du stress au travail 17

1. Le modèle de Selye 17

2. Le modèle demande/ autonomie de Karasek 19

3. Le modèle Déséquilibre/ effort / récompense de Siegrist 20

B. Les répercutions individuelles et collectives du stress au travail 22

1. La santé du salarié mis en péril 22

a) Les Troubles musculo- squelettiques 22

b) Le burnout 23

c) Les maladies psychologiques : 23

2. L'entreprise touchée de plein fouet 24

a) le stress impacte directement le travail 24

b) une question d'image 25

II. La genèse de la souffrance au travail : un management vieillissant 26

A. L'influence du passé 26

1. Le taylorisme et la division du travail 26

2. Le Fordisme et la rationalisation du travail 27

3. Le toyotisme et la règle des 5 zéro 28

4. Les principes du management d'Henri Fayol 30

B. Les principes et dérives du management actuels 30

1. La mise en concurrence des salariés 30

2. Le pouvoir centralisé 31

a) La gestion pyramidale 31

b) L'incompréhension générale 32

3. La gestion basée sur les objectifs. 32

4. Les récompenses inadaptées 33

Partie II : Etude de la souffrance au travail auprès de professionnels du

management et de la vente 35

Préambule : 35

La norme ISO 26 000 35

La SCOP ou entreprise participative 36

I. Hypothèses et questions de recherche 37

A. Question de recherche 37

B. Hypothèses de travail 38

1. Le management actuel est inadapté 38

2. La compréhension mutuelle. 39

II. La mise en place de l'étude 40

A. L'entretien semi directif 40

1. Objectifs de l'entretien 40

2. La préparation de l'entretien. 41

3. La réalisation de l'entretien 43

B. L'échantillon de personnes interrogées 43

1. La constitution de l'échantillon 43

2. Les différents profils rencontrés 44

III. Résultats et analyse 46

A. Synthèse des entretiens 47

B. Analyse des résultats 50

1. L'organisation pyramidale en question 50

2. L'isolement comme pierre angulaire de la souffrance. 51

3. Les sources de stress. 52

a) Les objectifs non adaptés 53

b) La charge de travail 53

c) Les pressions morales 54

4. La motivation au travail 55

C. Les préconisations ou moyens d'action 56

1. Une organisation participative 56

2. Prévenir vaut mieux que guérir 57

3. Rendre le travail humain 58

Conclusion : 60

Bibliographie : 65

Table des matières 68

Annexes : 70

Annexes

Retranscription des

notes des entretiens :

Manager secteur de l'énergie Homme 46 ans

Thème 1 : Présentation

Ce manager de 46 ans travaille depuis 20 ans pour l'entreprise. C'est un exemple de promotion interne assez intéressant. Il est entré dans l'entreprise à 25 ans en tant que commercial dans un centre d'appel. Il a par la suite évolué vers un poste de technico commercial qu'il a occupé pendant 15 ans avant d'être promu manager. Il gère une équipe de 7 commerciaux sur la région du Languedoc Roussillon. Son profil technique est très apprécié, il a très vite su se faire une place par sa connaissance pointue du terrain. L'entreprise dans laquelle il exerce est un des plus grand groupe Français spécialiste dans l'énergie, sa fonction est orientée vers les particuliers et principalement sur la vente d'un service appelé « objectif travaux ». Sa principale mission est de faire le lien entre la direction régionale et les technico-commerciaux.

Thème 2 : La politique de l'entreprise

Fixation des objectifs

Fixés par la direction qui se trouve au siège sur Paris, peu de possibilités d'interventions, & objectifs souvent inadaptés.

Répartition des objectifs par catégorie de produits, tous les semestres certains produits sont mis en avant plus que d'autres en fonction des attentes de la direction. Système de rémunération

Primes variables liées aux collectifs en fonction des résultats d'équipe + fixe + challenges

Répartition du pouvoir (centralisé, décentralisé ?)

Centralisé mais possibilité de faire remonter des éléments importants

« Je trouve le système médiocre mais je fais avec car je n'ai pas vraiment le choix ». Il y'a la direction de la zone méditerranée située à Marseille avec son directeur général. La zone « Med » est répartie en trois sous zones, chacune dirigée par un manager d'équipe.

Autonomie, marge de manoeuvre

« Très complexe de prendre des décisions, tout est contrôlé et tout est très lent » Réunions d'équipes tous les mois + réunion de tous les commerciaux Méditerranée une fois par semestre

Management humain, mais qui n'est pas en adéquation avec les objectifs.

Thème 3 : les conditions de travail

L'ambiance de travail, la convivialité, le plaisir à aller travailler.

Bonne ambiance générale, très important pour qu'une équipe fonctionne bien. Les conditions générales de travail, le lieu de travail, les horaires,

Manque de budget pour pouvoir mener des actions d'envergures et remplir les objectifs.

Thème 4 : Le stress au travail

Quels sont les facteurs déclencheurs de stress chez lui

« Je pense qu'à partir de 50 ans les choses sont différentes, tu n'a plus la même énergie qu'au début et tu ne peux pas te permettre de perdre ton emploi ».

Stress assez fréquent lié à la pression de la direction pour l'atteinte des objectifs, mais aussi à l'incompréhension des commerciaux face aux objectifs trop élevés.

« Ces objectifs me sont imposés, je les trouve moi aussi clairement abusif mais devant mes commerciaux je suis obligé de positiver pour qu'il les acceptent ».

Rémunération secondaire. Aspect humain bien plus important, reconnaissance des supérieurs mais aussi des commerciaux est un élément capital : « j'aime mon travail, c'est ma principale source de motivation ».

Thème 6 : Les moyens d'action :

C'est un sujet important .Ecoute active, car « les mieux placés pour parler de ce qui se passe sur le terrain c'est ceux qui y sont tous les jours. »

« Lorsque les commerciaux sont bien traités ils travaillent mieux »

Commercial secteur de l'énergie Homme 34 ans

Thème 1 : Présentation

Ce commercial de 34 ans travaille depuis 12 ans dans une entreprise du secteur de l'énergie. Après un BTS il entre dans l'entreprise en tant que commercial dans un centre d'appel. Il évolue sur un poste de technico commercial. Il occupe actuellement ce poste depuis 9 ans et suis une formation pour évoluer vers un poste de responsable d'équipe. Il suit le même parcours que le manager que nous venons de voir. Son ancienneté et ses bons résultats font de lui un des éléments moteur de l'équipe. Il a à plusieurs reprise fait parti des meilleurs commerciaux de l'entreprise sur la vente du service « objectif travaux ».

Thème 2 : La politique de l'entreprise

Fixation des objectifs

Les objectifs sont fixés par semestre, chaque semestre il faut vendre un certain nombre de produits dans chaque catégorie. « Cela change en fonction des décisions d'en haut, un jour on doit vendre du gaz, l'autre de l'OTX, on est un peu dépassés » « Les objectifs sont mal pensés et trop élevés, chaque année on nous en met plus c'est extrêmement compliqué à gérer. On a de plus en plus de mal à les atteindres et pourtant ça augmente toujours ».

Système de rémunération

Objectifs collectifs 30% & objectifs individuels 70% + challenges

Répartition du pouvoir (centralisé, décentralisé ?)

Tout se passe au siège, très peu de possibilités d'action et une certaine incompréhension avec la direction. Beaucoup de réunions, des propositions sont faites mais peu sont retenues

« Il y a les cerveaux tout en haut qui réfléchissent et nous pondent des projets invraisemblables enrobées de jolis mots indigestes et nous les dindons de la farce qui obéissons bien gentiment car nous n'avons pas le choix. »

Thème 3 : les conditions de travail

L'ambiance de travail, la convivialité, le plaisir à aller travailler. Convivial mais manque d'écoute.

Les relations avec les autres membres de l'entreprise (collègues, supérieurs) Ambiance conviviale, mais parfois tendue entre certains membres de l'équipe, sentiment que certains en font moins que d'autres ce qui parfois engendre des tensions

Les conditions générales de travail, le lieu de travail, les horaires,

Bureau spacieux et locaux agréables, mais manque cruel de moyens, très compliqué de faire son travail dans ces conditions

Thème 4 : Le stress au travail

Quels sont les facteurs déclencheurs de stress chez lui

Objectifs pas du tout adaptés, bien trop élevé ce qui est source de pression. Sentiment d'agacement lié au manque de moyen mais stress peu présent. Tout se passe lors des réunions, le commercial est assez mal à l'aise avec le fait que « Lors des réunions les résultats de chacun sont affichés, ce qui peut parfois mettre mal à l'aise, on a peur d'être jugé par les autres membres de l'équipe et d'être considéré comme un mauvais élément »

Le salaire est primordial, les challenges sont aussi une source de motivation. « Un commercial cherche à être meilleur que les autres, c'est ce qui le motive »

Sens du travail

Thème 6 : Les moyens d'action :

Sujet d'actualité. De plus en plus utilisé par les entreprises mais au finale peu d'effort sont faits. Il y a de belles paroles mais les actes ne suivent pas. Il faudrait que les personnes qui fixent les objectifs et les décisions stratégiques aient occupé un poste de terrain.

Il serait bien d'avoir plus de marges de manoeuvre, la structure fait que les décisions sont lentes.

Manager banque Thème 1 : Présentation

30 ans d'entreprise

Cadre depuis 30 ans et responsable de management depuis 13 ans Banque de particuliers

Domaines dans lesquels j'ai travaillés : Marketing, Audit, Contrôle de gestion, Communication, Agence, Mutualisme.

Thème 2 : La politique de l'entreprise

Fixation des objectifs

Ils sont fixés annuellement et font l'objet d'un suivi.

Ils prennent en compte les attentes clients et la qualité (clients au sens large puisque au niveau des postes administratifs dans les différents sièges il y a aussi des objectifs Qualité, Activité etc)

Les objectifs sont pour une part des objectifs COLLECTIFS d'une famille de collaborateurs et INDIVIDUELS.

Ils ont un impact sur la rémunération de l'ensemble des collaborateurs cadres managers ou pas

Rémunération

Pour 60% sur une atteinte collective des objectifs et 40% une atteinte personnelle

Répartition du pouvoir

Il y a une délégation de tâches en fonction des domaines d'intervention et des niveaux hiérarchiques.

L'organisation est pyramidale selon un organigramme partant d'un directeur général, des directeurs adjoints, sous directeurs et responsable d'unité (ceci est vrai à la fois pour les métiers des sièges et pour les métiers en agence)

Pour les métiers du réseau : Direction Commerciale, Direction de secteurs et direction d'agence. Cette répartition pose certains problèmes, plus il y a de lignes hiérarchiques et plus mon métier est divisé, j'ai de moins en moins d'autonomie et de pouvoir, certaines décisions que je prenais avant pour mon agence ne sont aujourd'hui plus de mon ressort je pense qu'on perd petit à petit en compétence. Participation des salariés

Les salariés ne participent pas aux décisions. Ils font remonter leurs idées dans les réunions de concertations sur l'activité et participent à l'élaboration d'un Plan Moyen terme pour l'entreprise qui se décline sur 5 ans.

Thème 3 : les conditions de travail

Ambiance au travail

Les salariés sont inquiets et préoccupés s'agissant en plus d'une banque étant donné le contexte actuel de crises.

Condition de travail

On a les moyens de faire ce qu'on nous demande Seul HIC : notre bureau est trop petit. Nous sommes 5 dans un tout petit espace ce qui ne facilite pas la concentration.

Thème 4 : Le stress au travail

« J'ai eu un arrêt de travail pour un burn out. »

Quelles en étaient les raisons ?

Une pression trop forte de mon manager, des circonstances difficiles dans mon équipe (licenciement pour faute grave, absences de collaborateurs liées à un congé maternité, liées à des formations (car tous étaient en filières pour progresser)). Ces absences n'ont pas été compensées et j'ai du prendre en charge plusieurs postes avec en plus la pression hiérarchique et un caractère trop perfectionniste et trop investi. « Au début je me sentais responsable, on me mettait la pression donc je travaillais plus, je n'avais aucun soutiens de la part de mes supérieurs ».

De plus, « J'avais 52 ans, on était en pleine crise je ne pouvais pas me permettre de perdre mon travail, j'ai pris sur moi ».

Quelles en étaient les manifestations & conséquences ?

Je restais dans mon agence de 6h30 à 7h le matin jusqu'au soir très tard. J'y restais le weekend , j'ai eu des problèmes de santé.

Conséquences sur la vie personnelle

« Oui car j'ai été malade il y a deux ans et aussi dans mon entourage il m'est reproché de trop m'investir. »

Prise en compte du stress

L'entreprise ne prend pas suffisamment en compte le stress car les réactions viennent souvent après que les problèmes aient fait des dégâts humains. Il y a une volonté de bien faire mais pas à tous les niveaux et souvent ce sont les niveaux hiérarchiques intermédiaires qui sont les plus en cause.

Causes et conséquences du stress

Les causes sont liées à un manque d'écoute et de discernement et la non priorisation de l'essentiel au détriment d'ambitions personnelles de certains managers qui veulent progresser dans l'entreprise quel qu'en soit le prix. Il y a aussi le contexte de crises c'est évident qui a beaucoup contribuer ces dernières années à faire progresser le stress

La quantité du travail peut ne pas être affectée (quelquefois oui) mais la qualité et les conséquences sont souvent dissimulées car visibles à moyen long terme.

Thème 5 : Les sources de motivation

« Le plaisir de travail dans un domaine qui me plait. Le contact avec les autres dans l'entreprise et aussi et surtout en dehors de l'entreprise. Et aussi la

reconnaissance »

Thème 6 : Les moyens d'action :

L'écoute, le dialogue, l'ouverture .... Et faire passer le collectif avant le personnel.

Chef de rayon

Thème 1 : Présentation

Diplômé, BAG 2 en comptabilité et commerce

Parcours atypique avec de nombreuses expériences professionnelles variées, usine, agriculture, banque, commerce de bricolage et commerce alimentaire.

Je travaille actuellement dans un Intermarché contact depuis avril 2008, moyenne structure moins de 15 salariés dont 4 à temps partiel, je gère en solo plusieurs rayons (boisson, surgelé, charcuterie, traiteur, boucherie, pâtisserie)

Thème 2 : La politique de l'entreprise Management inexistant

Fixation des objectifs

Pas d'objectifs propres, on n'a pas accès aux chiffres des rayons ni rien du tout, on doit remplir et satisfaire le client ça s'arrête là, pareil pour les chefs.

Si on devait vraiment parler d'objectifs c'est la règle des 3P, Propre, Plein avec des Prix Partout, Mais aucuns objectifs chiffrés.

Rémunération

Gonformément a la convention collective du commerce a prédominance alimentaire, donc un peu plus que le smic, rémunération sur 36h75, 35h de travail + 1h75 de pause.

Pas de primes.

Répartition du pouvoir

Il y a le patron qui est là en permanence et 2 chefs en surface qui passent plusieurs fois par semaine. Enfin il y `a un chef boucher

Le chef boucher est responsable uniquement de la boucherie traditionnelle et du 2ème boucher qui est sous ses ordres

Pour les 2 chefs en surface, les rôles sont mal définis, elles s'empiètent l'une sur l'autre

Participation aux décisions

« Non, on nous écoute quand on râle, on dit qu'on va avoir ça et rien n'est fait »

Thème 3 : les conditions de travail Ambiance au travail

Relation avec les collègues assez sympa, beaucoup moins avec les 2 chefs de surface qui ne communiquent pas entre elles, ça donne des ordres et contre ordres

toute la journée.

Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire, mais en gros l'une va passer me demander de faire quelque chose et l'autre m'engueulera ensuite de l'avoir fait. Aucune notion de priorité si ce n'est la priorité au copinage et pas ou peu d'organisation dans le magasin. Les chefs sont assez dures avec nous, on essaye de faire bloc mais ce n'est pas simple.

Mais au final l'ambiance est détestable au plus haut point, pas un jour sans embrouilles.

Conditions de travail

le chiffre augmente bien donc beaucoup plus de travail et forcement moins de temps pour le faire. Une semaine sur 2 je travaille 7j/7, fatiguant Pour la marge de manoeuvre. Je gère moi même le rayon de la commande à l'assortiment donc ça va. Quand il y a beaucoup de clients et beaucoup de boulot il faut aussi aller en caisse en même temps et gérer les passages de commande en temps et en heure, ingérable certains jours.

Thème 4 : Le stress au travail

J'ai un bac +8 en stress

Je suis actuellement en arrêt maladie (20 jours) pour cause de harcèlement moral. C'est des petites phrases, on est en tension permanente. Toute la journée on est critiqués, souvent personnellement c'est très dur sur le long terme.

Petit à petit ce n'était plus des réflexions sur mon travail mais sur mon intelligence, des jugements vexants sur ma personne. Tous les jours elle me fait comprendre que je suis nulle, à force j'en suis persuadée.

Quelle en était les raisons ?

Trop de travail, manque d'effectif, manque de soutien, trop de remarques blessantes injustifiées

Quelles en était les manifestations & conséquences ?

Un ras le bol général, des tensions récurrentes, j'ai vu des gens pleurer au travail et des arrêts pour dépression ou surmenage.

Je n'ai plus aucune confiance en moi, aujourd'hui je ne suis plus aussi performante qu'il y a deux ans, je me suis sentie responsable.

Je suis allé consulter chez un psychologue mais j'ai mis un an et demi avant d'en parler, c'est une collègue de travail qui m'a conseillée un psychologue qu'elle consultait elle aussi.

aujourd'hui le mal est fait, je m'en veux de ne pas avoir pris conscience des choses avant

causes et conséquences du stress

Il y a plusieurs facteurs a prendre en compte :

- pas de management participatif

- pas assez de communication

- exigence du travail (vitesse, nombres de taches a faire)

- pas de reconnaissance sur le travail réalisé

- on bosse toujours dans l'urgence surtout le matin

- rémunération faible compte tenu des efforts

- semaine morcelée sur les horaires

- manque de planification et d'organisation

- agressivité de certains clients

- commencer quelque chose et être envoyé faire autre chose - l'heure c'est stressant.

Conséquences :

- fatigue

- manque d'entrain au boulot

- arrêts de travail réguliers dans l'entreprise - turn over important depuis un an

- engueulades car les gens sont a cran - oublis dans les commandes

- humeurs au boulot et même en dehors

Thème 5 : Les sources de motivation

Peur du chômage.

Je cherche une chose c'est de pouvoir aller au travail avec le sentiment que je vais passer une bonne journée. Actuellement ce n'est pas le cas mais j'ai besoin de gagner ma vie, donc pour l'heure le salaire est la carotte qui me fait avancer

Thème 6 : Les moyens d'action

Virer la chef qui alimente toutes les tensions et réorganiser complètement le travail avec embauche d'une personne a mi-temps en renfort le matin

le management est responsable car pas assez de présence du patron, qui donne peu de directives et qui laisse faire un peu n'importe quoi.

Les 2 chefs de surface :

- la 1ère fait tout au copinage et est très désagréable, n'agit pas dans le bon sens et n'organise pas.

- la 2ème, trop laxiste, qui se fait bouffer par la 1ère.

Moyens d'action

Reconnaissance du travail, optimiser l'organisation, écouter ses salariés

Que les DG sortent de leur bureau pour venir voir ce qu'il se passe sur le terrain. On ne les voit jamais, par contre les ordres et les objectifs viennent d'eux.

Commercial banque

Thème 1 : Présentation

Cette jeune commercial de 30 ans est un pur produit de l'entreprise. Elle a fait ses études en alternance dans la banque crédit agricole et à intégré l'entreprise à l'âge de 23 ans à l'accueil. Elle a par la suite évolué vers un poste de conseillé clientèle à l'âge de 26 ans

Thème 2 : La politique de l'entreprise

Type de management

Directif, mais tout dépend du directeur d'agence. J'ai connu le meilleur comme le pire en 10 ans

Système de rémunération

50/50 entre objectifs personnels et ceux de l'équipe

Répartition du pouvoir (centralisé, décentralisé ?)

Tout se passe au siège, nous avons peu de possibilités d'action. Toutefois en local nous sommes proches du directeur d'agence qui peut faire remonter certains éléments. Réunions

Autonomie, marge de manoeuvre

Toutes les semaines on fait une réunion avec toute l'agence pour faire le point, outre cela il existe la participation pour le plan d'avenir

Thème 3 : les conditions de travail

L'ambiance de travail, la convivialité, le plaisir à aller travailler.

Conviviale, nous sommes soudés il y'a une bonne équipe, on se côtoie parfois en dehors du travail

Les conditions générales de travail, le lieu de travail, les horaires,

L'agence est petite on se marche un peu sur les pieds.

Thème 4 : Le stress au travail

Il y a 3 ans j'ai connu un directeur d'agence qui nous mettait énormément de pression. J'ai serré les dents pendant 2 ans, mais j'ai fini par prendre un arrêt de travail pendant 1 mois car j'étais au bout du rouleau.

Quels sont les facteurs déclencheurs de stress

J'ai connu un jeune manager qui avais les dents qui raillait le parquet, il nous mettait sous pression pour que l'on soit plus efficace, au final au bout de deux ans il est parti car il avait eu de bons résultats, mais aucun membre de l'équipe ne le regrette, depuis nous travaillons plus sereinement, à l'époque je travaillais en permanence avec la peur au ventre. Les petites réflexions à la longue on ne les supporte plus, c'est épuisant. Pour compenser je travaillais beaucoup plus Il y a des semaines ou je quittais mon bureau à 21 heures. Au bout de quelque temps j'ai craqué et je suis allé voir une psychologue qui m'a conseillé de me mettre en arrêt.

Sensation de stress

Lorsque vous n'êtes pas bien il ne faut pas le montrer, aujourd'hui il faut savoir encaisser pour progresser.

Ce stress a eu des conséquences sur ma vie privé, j'étais toujours préoccupée par ce que je vivais au travail, j'étais irritable et souvent de mauvaise humeur. En fait je crois que je répercutais ma frustration du travail sur mes proches.

Le stress est un sacré problème, chez nous personne ne s'en préoccupe vraiment c'est bien dommage

Thème 5 : Les sources de motivation

« J'aime venir travailler dans une équipe dans laquelle il y a une bonne ambiance. Je n'ai que 30 ans, ce qui me motive c'est de pouvoir un jour évoluer. La reconnaissance est aussi capitale. »

Thème 6 : Les moyens d'action :

Causes et conséquences générales

Lié à la pression que certains managers ne savent pas contenir et déportent sur leurs employés. Il est important d'installer un dialogue

Moyens pour lutter contre le stress

Il faudrait des personnes de l'entreprise à qui l'on pourrait parler de ce genre de problèmes. Le plus dur c'est de se confier, on a toujours un sentiment de culpabilité

Chef d'entreprise Homme 52 ans

Thème 1 : Présentation

Ce chef d'entreprise de 53 ans dirige depuis 10 ans une entreprise spécialisé dans l'eau. Il a 4 collaborateurs qui sont aujourd'hui ses amis avec qui il travaille depuis quelques années. Avant de se lancer dans ce projet il travaillait comme conducteur de travaux dans une grande entreprise de BTP.

Thème 2 : La politique de l'entreprise

Système de rémunération

J'ai un seul commercial, il est payé avec une partie fixe et une variable (3% du ca qu'il réalise)

Autonomie, marge de manoeuvre

Je suis le patron, mais tout le monde participe aux décisions en fonction de ses compétences Dans une grosse boite quand tu a un problème avec un de tes supérieurs, il te faut prendre un rendez-vous au moins une semaine à l'avance pour espérer pouvoir avoir un entretien, et lors de l'entretien tu n'a pas intérêt à te louper. Moi un collaborateur a un souci avec moi on règle ça dans l'heure avec une vraie discutions sincère, crois moi ça évite tout malentendu et pour lutter contre le stress il n'y a pas mieux.

Organisation du travail, organigramme de son entreprise.

C'est au quotidien on se voit tout les jours. On essaye de faire des réunions chaque semaine. Mon objectif c'est que tout le monde puisse dire ce qu'il veut.

Thème 3 : les conditions de travail

L'ambiance de travail

Plutôt bonne, avec le temps nous sommes devenu proches, mes collaborateurs sont des amis, on se retrouve souvent le week-end, on part quelque fois en vacances ensemble

Les conditions générales de travail

J'essaye de leurs donner les moyens de faire leur travail correctement

Thème 4 : Le stress au travail

Sensation de stress

J'ai un stress permanant, je gère une entreprise. A la fin du mois si je n'ai pas les sous pour payer mes employés je les sors de ma poche. C'est impensable de me séparer d'un collaborateur, c'est un travail au quotidien et une pression importante. Le stress est vécu par rapport au travail et à la charge de travail en haute saison. Nous avons un pic d'activité vers avril, pendant cette période nous travaillons tous bien plus que ce que nous devrions, c'est très fatigant nerveusement. Nous sommes tous stressés, ce qui nous permet de tenir c'est que l'on sait que ça ne dure que quelques mois. En réalité je pense que c'est plus de l'adrénaline que du stress mais pendant 4 mois tout le monde est à fond, parfois ça crée des tensions mais en général tout rentre vite dans l'ordre

Pourquoi plus de stress

Pour conserver leurs emplois certains sont prêts à tout et font tout ce qu'on leur demande même si c'est contre leur nature. Ce n'est pas étonnant de voir le harcèlement et la pression devenir monnaie courante. Il y a 20 ans tu pouvais te permettre de démissionner, aujourd'hui non, il faut faire avec, ce n'est pas normal.

Thème 5 : Les sources de motivation

Ma seule source de motivation c'est la prospérité de mon entreprise et le bien être de mes employés. Bien entendu que le salaire est capital, sans un salaire correct les bons collaborateurs partent. La reconnaissance est importante, j'essaye de féliciter dès que j'en ai l'occasion.

Thème 6 : Les moyens d'action :

Causes et conséquences générales

Le stress est différent dans les grosses boites, on a plus à faire à des pressions morales et ça c'est un scandale. Globalement le stress c'est un peu comme les dominos, si celui qui est tout en haut est stressé, ça se répercute sur toutes les personnes qu'il dirige.

Moyens pour lutter contre le stress

Que les gens se parlent entre eux. On est tous des êtres humains capables de comprendre que quelque chose ne va pas.






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld