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Le roman pour adolescents et les outils numériques, évolution d?un paysage éditorial. comment internet devient le tremplin du marketing littéraire et des grands formats jeunesse ?

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par Adriana Tourny
Université de Villetaneuse Paris XIII - Commercialisation du livre - en alternance 2011
  

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2. Quand Internet fait intervenir les jeunes dans la création de contenus.

Internet a fait évoluer les esprits des professionnels du livre jeunesse. Les éditeurs ont compris et accepté l'intérêt des sites et des réseaux sociaux pour la promotion de leurs ouvrages. Nous avons vu que le principe majeur est l'interaction. Les internautes-lecteurs s'expriment et alimentent les communautés. Les internautes sont donc des consommateurs car ils ne sont pas passifs face à l'information. S'ils aident à la promotion des livres qu'ils ont aimé, les internautes prennent aujourd'hui encore plus de pouvoir, jusqu'à intervenir dans la création même d'un livre. << A book is a place where readers - and sometimes authors, congregate >>114Un livre est un lieu oil les lecteurs - et parfois les auteurs se réunissent»), explique Bob Stein, Directeur de l'Institute for the future of books, au Tool of Change for Publishing en 2009. Les jeunes, difficiles à satisfaire ? Pourquoi ne pas les laisser faire?

C'est en parcourant les sites anglo-saxons, Spinebreakers et Inkpop, que l'on prend réellement conscience de ce phénomène. En effet, le concept de Spinebreakers repose intégralement sur la création. << Be Creative >> est-il écrit sur la page d'accueil. Car sur ce site l'adolescent et l'amateur sont rois. S'ils peuvent laisser des commentaires, ils sont aussi sollicités par l'éditeur pour la création d'illustrations de maquettes, pour le choix de titres, pour la création de bandes-annonces officielles de livres etc. Les tests de couvertures auprès des internautes sont très populaires aujourd'hui. Flammarion et Hachette le pratique souvent. << Nous faisons bien plus que Flammarion ! Le titre même du Tome 4 de Twilight a été choisi par les internautes ! Nous faisons constamment des tests couvertures, pour 16 Lunes ou pour un dernier qui va sortir prochainement >>115 raconte Antoinette Rouverand. Mais il est à noter ici que ce ne sont pas les internautes qui dessinent l'illustration, ils ne font que voter pour leur préférée.

C'est dans ce dernier point que les anglo-saxons se démarquent. Spinebreakers fait entièrement confiance à ses lecteurs au point d'utiliser leurs créations pour leurs publications. Une rubrique << Creative >> est proposée où sont listées les possibles participations des internautes. Considérés comme des professionnels, les internautes

114 Op.cit. Pascale Gendrey, in Quelle stratégie numérique pour les éditeurs, cite Bob Stein, 2010.

115 Op.cit. Annexe A, n°3.

peuvent ainsi envoyer leurs poésies ou nouvelles, des vidéos et des musiques et des illustrations. Tous ces contenus seront triés et sélectionnés pour être publiés sur le site. Inkpop, le site créé par Harper Collins Jeunesse, repose aussi sur ce concept. Son slogan, Make your Mark, est très fort. L'internaute n'est pas là pour lire mais pour agir, pour laisser une trace de son passage. << Read, Write, Connect >> sont les trois actions qui animent le site Inkpop. Lire et commenter ses lectures, écrire et publier ses textes sur le site et enfin, se connecter à une communauté d'écrivains amateurs.

Spinebreakers va même jusqu'à recruter certains des internautes en qualité de reporters. D'ailleurs, la valeur ajoutée du site est cet apport de la part des jeunes. Les sujets sont frais, à la pointe de l'actualité et des tendances et les textes sont toujours de très bons goûts. D'un coup de coeur pour un auteur à un hommage au livre papier, les sujets sont variés, correctement rédigés et solidement argumentés. Spinebreakers réussit à ne pas tomber dans le simple et le futile. Au contraire, ce site met en avant les qualités des adolescents, leur engagement, leur motivation, leurs connaissances et leur sérieux. On est loin des couleurs flashy et girly de Lecture Academy. Lors de la conférence Through the looking glass116, Anna Rafferty, responsable marketing jeunesse chez Penguin, explique que Spinebreakers aide fortement à la promotion des romans mais qu'il a aussi poussé les éditeurs à vouloir entendre la voix des lecteurs. C'est ainsi que Penguin Jeunesse organise souvent des réunions avec une dizaine d'internautes au sein même de la maison d'édition. Internet a donc installé une proximité devenue concrète et sincère. Les adolescents présents aux réunions se voient proposés des manuscrits et des illustrations qu'ils devront étudier et commenter selon leurs impressions. << Est-ce que tel livre pourrait marcher auprès des jeunes garçons ? >>, << Est-ce que cette couverture est adaptée à la tranche d'âge visée ? >>, << Qu'avez-vous ressenti au cours de la lecture ? >>, voici des exemples de questions auxquelles ils doivent répondre. Lors de ces réunions, les ados conseillent, critiquent et disent parfois très précisément ce qu'ils aimeraient lire... Anna Rafferty nous confie avoir été très étonnée par les sujets qui attirent les jeunes. L'économie, la planète, la politique sont des sujets que les éditeurs auraient gardés pour la littérature générale mais qui, après écoute les retours des ados, passent en jeunesse. La littérature du cross-age se fait ainsi.

116 Op.cit. Annexe B. Conférence.

Au cours de la Saison 1 du Printemps du Numérique, organisée par Editis, Nicolas Cauchy, Responsable Internet chez Univers Poche, a insisté sur la participation du lecteur. << Le lecteur peut influencer ou participer à la création du contenu. Il se sent valorisé, va travailler à la notoriété de son travail (mettre en place son propre buzz au service de la marque, du livre ou de l'auteur). Les autres lecteurs sont beaucoup sensibles à ce type de création >>117, raconte-il dans sa présentation. Nicolas Cauchy prend comme exemple le cas du blog 750 gr, une communauté d'amateurs de bonnes recettes qui ont vivement critiqué un livre des Editions Solar pour avoir présenté une recette au thon rouge. Poisson en danger d'extinction, les internautes ont demandé que la recette soit retirée, ce que l'éditeur a fait sans tarder.

Alors à la question << Est-ce qu'Internet donne du pouvoir aux lecteurs au point d'influencer les publications? >>, nous pouvons désormais répondre << Oui >>, malgré les avis divergeants sur le sujet. Céline Vial considère que les anglais sont moins frileux que les français mais qu'ils semblent, cependant, moins attachés à la qualité littéraire que nous le sommes. Marketing sur Internet voudrait-il dire marketing de masse et par conséquent, mauvaise littérature, paralittérature ? Céline Vial me répond que << non, pas forcément, mais qu'il y a toujours un risque à vouloir écrire en fonction d'un public, selon ses goûts ou pire, d'écrire pour faire le buzz sur Internet >>118. L'édition française reste encore sceptique par rapport à ce transfert de pouvoir vers les lecteurs. Il est vrai que l'on pourrait rapidement tomber dans l'écriture de commande, soustraire la spontanéité de l'écriture qui fait de la littérature un art. Antoinette Rouverand conçoit ce rapport aux lectorat comme un guide qu'il est bon d'avoir à côté de soi pour ne pas faire fausse route et perdre des lecteurs en chemin. Elle insiste sur le fait de refuser toute commande d'éditeur, ce qui n'exclut pas l'écoute de son public. Très intéressée par les réunions organisées par Spinebreakers avec leurs lecteurs, Antoinette Rouverand raconte : << Nous ne le faisons pas encore mais il le faudrait. C'est vraiment utile de travailler avec les jeunes sans le biais d'Internet qui peut influencer les internautes entre eux >>119. Elle fera peut-être d'Hachette le premier éditeur jeunesse français à tenter l'expérience. Affaire à suivre...

Les éditeurs jeunesse, les libraires et les autres professionnels du livre ados sont aujourd'hui confrontés aux digitals natives. Par conséquent, ils vont devoir réapprendre à

117 Printemps du numérique, Saison 1 : Les réseaux Sociaux.

118 Op.cit. Annexe A, n°2.

119 Op.cit. Annexe A, n°3.

communiquer avec les jeunes via Internet et les téléphones portables. Les stratégies ne seront plus les mêmes. Faire du socialnetworking et du webmarketing, demande de penser différemment et d'éditer différemment.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore