Tout d'abord, rappelons que la micro finance a toujours
été une option coûteuse. Le coût est la principale
raison évoquée par les institutions financières de
détail pour justifier leur haut taux d'intérêts et leur
absence dans certains endroits du pays. Ensuite, dans un secteur qui se
caractérise par une multitude de petites transactions, il est essentiel
de réaliser des économies d'échelle, aussi bien pour
l'établissement lui-même que pour le développement
économique et social. En général le coût total est
de 25% des coûts d'exploitations d'un portefeuille moyen, alors qu'il est
5 à 7% dans les banques commerciales, ceci est un handicap majeur dans
la capacité créatrice de richesse des institutions.
La micro finance est donc, limitée tant dans ses actions
que dans ses statuts.
Les limites sont en effet de divers ordres.
· Juridiques.
Dans le cas d'Haïti par exemple, sur 200 IMF
recensées par la ANIHM en 2009 seulement une trentaine a fait l'objet de
la supervision régulière de la BRH, évolue à
l'intérieur d'un cadre légal, et sont aptes, par
conséquents, à entreprendre certaines activités.
· Organisationnelles et structurelles.
Comme nous l'avons déjà dit, le crédit
de la Micro finance est limité à un certain montant, ce qui
limite du coup les activités auxquelles peuvent se livrer le
bénéficiaire d'un microcrédit. Un autre point, non moins
important, limite sur le plan organisationnel et fonctionnel les
activités des IMF. Selon la ANIHM en effet, presque toutes les IMF du
pays font face à une manque de ressources humaines qualifiées
pouvant leur aider à mener à bien leurs politiques, elles sont
obligées de faire appel aux professionnels des banques qui n'ont pas
toujours les compétences adéquates.
· La perception du marché.
Beaucoup d'agents économiques voient aujourd'hui
encore dans la Micro finance un mouvement appartenant uniquement au secteur
informel, dans lequel le risque de faillite est énorme. Et là,
les événements de 2000 et 2001 semblent leur donner raisons.
· Stratégiques.
La Micro finance, comme on vient le voir, finance en grande
partie les activités commerciales, en octroyant des prêts de
faibles montants et de très courtes périodes (2 à 6 mois)
avec des taux d'intérêts relativement élevés (4
à 7 % le mois) ; négligeant ainsi les activités de
productions à création de fortes valeurs ajoutées. En
cela, leurs impacts réels sur le développement est souvent mise
en cause. Il faudrait alors, un changement de paradigme, une révision de
toute la philosophie des IMF afin de franchir cette barrière. Cependant,
il faut se garder en tête que la Micro finance n'est qu'un palliatif, il
peut ne pas résoudre à elle seule les multiples problèmes
de pauvretés des pays du sud. Elle doit être un
élément intégré dans une politique globale de
développement, c'est seulement à l'intérieur de cet
ensemble qu'elle pourra être ce fer de lance du développement
économique que nous l'avons supposée être.
· Financières.
L'une des limites majeures de la micro finance est leurs
sources de financement. En effet, peu sont les IMF qui reçoivent des
épargnes des particuliers ; elles sont alors obligées de trouver
des moyens de financement autres que les épargnes. Les institutions
relevant des ONG reçoivent généralement leur financements
des instituions caritatives, les sociétés privées
reçoivent une partie de leur financement de l'Etat, une partie des
associés et des prêts dans les banques commerciales. C'est aussi
le cas pour les IMF des banques commerciales, les instituions
coopératives, quant à elles tirent en grande partie leur
financements des épargnes des membres. Delà, découle le
grand problème d'autonomie d'action des IMF que les critiques ne
manquent pas de mettre en relief à chaque fois que l'occasion se
présente.
En guise de conclusion à ce chapitre, nous allons
regarder la micro finance au regard du développement économique
en Haïti, au regard bien sûr des avantages et des limites de
celle-ci afin de pouvoir mieux analyser ses impacts sur le secteur informel.