Puissant outil de développement avec le potentiel
d'atteindre les populations pauvres, d'améliorer les conditions de vie,
de créer des emplois, de créer la demande pour des nouveaux biens
et services, et de contribuer à la croissance économique, la
micro-finance joue un rôle d'instrument de réduction de la
vulnérabilité des pauvres aux chocs économiques.
Toutefois, regarder la micro finance actuelle au regard du développement
économique d'Haïti nous oblige à la considérer sur un
double angle ; premièrement, d'un point de vue conjoncturel, avec la
nouvelle situation de la micro finance depuis les catastrophes du 12 janvier
2010. Deuxièmement, d'un point de vue structurel avec les perspectives
d'avenir dans le cadre de la reconstruction du pays dont on parle
présentement.
D'un point de vue contextuel, on peut dire que la micro
finance est grandement marquée par les graves conséquences
négatives des événements tragiques du 12 janvier 2010. En
effet, les pertes dans le secteur ont été estimé à
plus de 15 millions de dollars (logements détruits, stocks
abandonnés, pillages...). Le petit commerce, principale partenaire de la
micro finance, a été
victime de la mise sous perfusion, cette situation a
occasionné l'effondrement du pouvoir d'achat des principaux
bénéficiaires et menace considérablement le secteur
informel. Toutefois, Le microcrédit est évidemment l'une des
solutions pour relancer rapidement l'activité. Recapitaliser ses
bénéficiaires par une politique de rééchelonnement
des microcrédits des sinistrés et par l'injection de nouveaux
crédits qui, permettraient à une large population de micro
entrepreneurs de se relancer dans le cadre des politiques conjoncturelles de
relance économiques. Et là, les avantages du microcrédit
énoncées précédemment peuvent jouer grandement dans
le cadre de telles politiques.
D'un point de vue structurel, la micro finance peut toucher le
développement dans plusieurs aspects en facilitant l'initiative
privée, d'une part avec la création de micro entreprises qui aura
des retombées positives sur le taux d'emploi du pays. En raison du fait
que d'autre part, la micro finance ne se limite pas uniquement au
microcrédit, elle peut donc jouer un rôle non seulement dans le
développement économique, mais aussi dans le développement
social et culturel du pays, en facilitant l'émergence de nouveaux
entrepreneurs et de nouveaux leaders surtout dans le milieu rural avec la micro
assurance, l'organisation des transferts des immigrants. Elle peut faciliter le
développement local qui peut avoir un impact direct sur la
décentralisation que nous rêvons tant et qui aurait des effets sur
l'ensemble du pays. Elle peut également lutter contre
l'analphabétisme en donnant la possibilité aux ménages
d'assurer la scolarité de leurs enfants et peut, même à un
faible niveau, assurer la formation des bénéficiaires du
crédit. En ce sens des récentes études du PNUD confirment
que 75% des bénéficiaire du crédit reconnaissent que le
microcrédit leur a permis d'augmenter leurs revenus par leur entreprises
et leurs activités et par conséquent un impact positif sur le PIB
de leur pays. Voici ce qu'avait conclu cette étude.
« Le développement de la micro-finance a
indéniablement favorisé l'émergence de nouveaux leaders,
en particulier en milieu rural : les responsables de caisses, de mutuelles ou
de banques communautaires impliqués dans la gestion au jour le jour des
crédits, donc de l'argent des autres, et qui acquièrent de ce
fait respectabilité et honorabilité. Au niveau des banques
communautaires, les femmes sont particulièrement impliquées et
bénéficient de cette promotion au niveau local ». Mais,
il faut se garder de toutes illusions que la micro finance avec tous ses
problèmes peut à elle seule, résoudre tous les
problèmes d'Haïti, d'autant plus que ces ceux-ci sont multiples et
entretiennent entre eux des liens de dépendances et de
causalités.
C'est ainsi qu'en général, le cadre des
études d'impacts de la micro finance détermine au
préalable des domaines ou champs d'impacts, émet des
hypothèses et détermine les indicateurs permettant de
vérifier ces hypothèses grâce à l'utilisation de
certains outils mathématiques ou autres.
C'est ce que nous allons essayer de faire au prochain
chapitre. Nous considérons le petit commerce informel, activité
dans laquelle le portefeuille de la micro finance atteint son plus haut niveau,
afin de pourvoir mieux mesurer les impacts de la micro finance sur le secteur
informel en Haïti.