1.2 Revue critique de la littérature
L'émergence des institutions de micro finance (IMF)
dans la littérature économique est la résultante d'une
part, des imperfections des marchés financiers formels, marquées
par l'exclusion des pauvres, et de l'insuffisance des ressources
financières à laquelle s'ajoute le manque de structures du
système financier purement informel (tontines, prêts usuriers et
autres) à satisfaire les besoins spécifiques des petites bourses.
D'autres part, elle est le résultat de l'échec des programmes
d'ajustement structurel imposés aux pays du Sud et des politiques
sectaires de ces gouvernements ainsi que des problèmes structurels
auxquels font face ces pays.
Ainsi, les événements tragiques du 12 Janvier
2010, l'apparition du choléra le 19 Octobre de cette même
année semblent ouvrir un cadre favorable à une plus grande
émergence de nouvelles initiatives économiques pour combler le
vide que laissent ces deux catastrophes. Et là, les promesses ne sont
pas des moindres puisque le Premier Ministre haïtien actuellement en
poste, Dr. Gary Connille, lors de l'énoncé de sa politique
générale au parlement (Octobre 2010) a promis un million
(1.000.000) d'emplois directs et un taux de croissance du produit
intérieur brut (PIB) de 9% par an, mais il n'est que d'attendre.
Dans le secteur de la micro finance, on assiste à une
plus grande vulgarisation des institutions de micro finance avec notamment la
UNIBANK qui lance à travers la MCN son microcrédit agricole et la
Capital Banque qui vulgarise son « Kredi kapital » sans oublier la
« Sogesòl » du groupe SOGEBANK et le « kredi
popilè » de la BUH qui proposent une plus grande
variété de produits et services à la clientèle.
L'allure ascendante des IMF nous amène à nous
interroger sur l'impact réel de ses institutions dans
l'amélioration des conditions de vie dans le pays.
Ainsi, la recherche de réponse à cette question
nous a amené dans les livres qui, bien sûr traitent de la
question, ou d'un thème voisin. Il faut dire que la plupart des ouvrages
relatifs au sujet porte essentiellement sur le crédit bancaire. Parmi
eux on retiendra ceux dans lesquels l'analyse du crédit se fait sur un
plan juridico-économique mais qui tient compte aussi du crédit
des IMF. Et à ce niveau, il faut dire qu'il n'y en a pas beaucoup.
Mais, L. Marchal l'un des rares auteurs qui fait une analyse
des composantes du crédit distingue sur le plan économique, dans
son ouvrage Monnaie et Crédit, le crédit à la
production et le crédit à la consommation. Le crédit
à la production est selon l'auteur lié à la croissance et
au démarrage d'une économie. Alors que le crédit à
la consommation sert à assurer la subsistance d'un individu ou d'un
groupe, sans avoir un impact direct sur la croissance économique. Il
écrit « le crédit à la consommation a pour but de
faciliter la vente à des particuliers de biens de consommation en
n'exigeant de ce particulier un règlement immédiat ». Ces
crédits peuvent- être accordés soit par des banques, soit
par des institutions revétant la forme d'établissement, financier
poursuit l'auteur.
Mais cette analyse est très limitée dans la
mesure où, tenant compte notamment des démonstrations de J.
Menard KEYNES, la consommation elle-même est un élément de
croissance économique, en occasionnant un essor de la production par une
augmentation de la demande.
Chainneau pour sa part, distingue sur le plan juridique le
crédit personnel (qui est lié à la qualité de la
personne qui s'engage à prêter) du «crédit
institutionnel " qui est accordé à une personne morale .Ce
crédit est plus apte à générer des effets
multiplicateurs. Mais, l'auteur ne tient ne tient pas compte ici des
éventuelles retombées du crédit individuel qui est
généralement destiné à la consommation.
De son côté Jacoud GILLES, dans « la
monnaie dans l'économie » ne fait aucune mention de la micro
finance dans ses multiples analyses du crédit, toutefois sa lecture
revêt d'une grande importance car il nous fournira une base
théorique pour la connaissance et la compréhension du
mécanisme de crédit, c'est la même situation dans
« l'introduction à la pensée de Keynes " qui
recherche à faciliter une meilleur compréhension de la
pensée de Keynes aux apprentis économistes.
DUMAS Benjamin quant à lui explique le mécanisme
par lequel une économie passe d'une économie monétaire a
une économie de crédit, c'est-à- dire a une
économie d'endettement. « L'économie monétaire devait
conduire à l'économie de crédit où un délai
séparant la livraison de la marchandise, où aussi la monnaie est
l'intermédiaire de son paiement et de son remboursement ", écrit-
il. L'analyse de DUMAS est peu différente de celle de MARCHAL ;
toutefois, elle est moins englobante par rapport à la première,
car son point de vue sur le crédit, n'inclut que le crédit
bancaire.
Fred DOURA pour sa part, dans « Economie d'Haïti
dépendance, crise et développement » consacre un
chapitre aux IMF où il fait une analyse historique du secteur et met en
relief son rôle dans un possible développement économique
d'Haïti.
Comme on peut le voir, il ya très peu d'ouvrages qui
traitent spécifiquement du sujet, cependant il faut préciser
que l'état actuel des connaissances sur les impacts et le rôle de
la micro finance
dans le développement économique est très
avancé. Le vide que laisse les ouvrages sur le secteur est grandement
compensé par le web où des dizaines de milliers de documents sont
disponibles tant sur les sites spécialisés comme « Portail
Micro finance » que sur les sites de masse9 sur le sujet. Ce
qui a été pour nous une importante source de documentation.
Dans cette littérature multiple sont inscrits des
points de vue théoriques qu'il convient dans un souci de clarté
de citer spécifiquement, ils constitueront les bases théoriques
de la micro finance dans ce travail.
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