Liste des acronymes
CA: Conseil d'Administration
FMI : Fonds Monétaire International
ICRG : International Country Risk of Guide PSR
Group:
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
OCDE: Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
PIB: Produit Intérieur Brut
PHR : Pays à Hauts Revenus
PMFR : Pays à Moyens et Faibles
Revenus
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine
WDI: World Development Indicator
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Résumé
Notre objectif dans ce travail est d'analyser
comparativement les déterminants macroéconomiques du risque
financier dans les pays à hauts revenus et les pays à moyens et
faibles revenus. Il s'agit donc d'étudier les déterminants
macroéconomiques significatifs du risque financier et leurs effets dans
ces deux catégories d'économies entre 1984 et 2009. Nos
résultats montrent le rôle important que joue l'inflation sur le
risque financier. En effet, l'inflation agit positivement sur le risque
financier dans ces deux catégories de pays. Ce qui justifie la
prépondérance des politiques anti-inflationnistes des banques
centrales dans ces deux catégories d'économies. Le PIB a un
impact négatif significatif sur le risque financier dans les deux
catégories de pays, mais cet impact est pratiquement négligeable.
Par contre, le compte de la balance courante et le taux de croissance du PIB
ont des effets négatifs très importants sur le risque financier
dans les deux catégories d'économies. Cela signifie que les
économies de « petite taille » peuvent réduire leur
risque financier en enregistrant des taux de croissance. Cela est ainsi plus
favorable aux pays à moyens et faibles revenus. Le crédit
domestique a un effet négatif sur le risque financier dans les pays
à moyens et faibles revenus. Il reste sans effet sur les pays à
hauts revenus. La hausse du taux d'intérêt est favorable aux pays
à moyens et faibles revenus, alors que c'est le contraire dans les pays
à hauts revenus. Globalement donc, les résultats montrent une
vulnérabilité plus forte des variables macroéconomiques au
risque financier dans les pays à hauts revenus que dans les pays
à moyens et faibles revenus. Toutefois, il est judicieux d'analyser le
seuil optimal de la balance courante au délà duquel les
déséquilibres rendent très vulnérables les
économies des différents pays au risque financier, comme l'a
souligné Dullien & al. (2010).,
1. Introduction
Au cours des 3 dernières décennies,
plusieurs pays développés et en développement ont
entamé un processus de libéralisation de leur système
financier (Demirgüç-Kunt A. & Detragiache E. (1998). Abaoub E.
& al. (2008) affirment que cette libéralisation financière
conduit à plus d'efficience et de rentabilité du système
bancaire (Abaoub E. & al. 2008). McKinnon & Shaw (1973) ont
critiqué l'intervention de l'Etat dans la sphère
économique, qui tendrait selon eux, à décourager
l'épargne et à affecter de manière non optimale les
ressources. Ils ont ainsi proposé la libéralisation
financière afin de stimuler le développement financier et la
croissance économique de long terme. Cet appel a eu une forte incidence
tant au niveau des États que celui des grandes institutions
financières (FMI, Banque Mondiale, etc), et une importante vague de
libéralisation financière aussi interne qu'externe
commença à s'établir dans les pays
développés (Etats-Unis d'Amérique, Grande Bretagne...)
pour se propager par la suite aux pays émergents et ceux en voie de
développement. Dès la fin des années 70, un certain nombre
de pays d'Amérique Latine (Argentine, Chili, Uruguay) ont mis en place
une politique de libéralisation financière. Des pays du Sud-Est
asiatique tels que la Corée du Sud et le Taiwan ont commencé
à libéraliser leurs systèmes financiers au début
des années 80. Particulièrement, la libre circulation
internationale des capitaux était perçue comme étant une
solution pour collecter plus d'épargne, accroître les
investissements et stimuler par la suite la croissance économique de
long terme. Aizenman J. (2004) trouva un impact significatif de la
libéralisation financière sur le produit intérieur brut
par tête des pays en développement et ceux de l'OCDE.
Paradoxalement à cette libéralisation
financière, l'on constate dans un certain nombre de pays des
effondrements périodiques de leur taux de croissance et des crises
financières considérables pendant la même période,
crises dont les coûts macroéconomiques et sociaux ont
été dévastateurs. Ce fut le cas de l'Argentine en 1980 et
1994, de la Thaïlande en 1983, du Venezuela en 1993, du Danemark en 1987,
de la Finlande et de la Suède en 1991, du Mexique en 1992. Ceci met en
évidence l'existence d'un clivage théorique et empirique entre
deux courants idéologiques, le courant de la libéralisation
financière qui défend son bien fondé en matière de
croissance économique et le courant des crises bancaires qui stipule que
la libéralisation financière a accentué l'exposition des
banques face aux risques et a bouleversé les structures fortement
supervisées par l'Etat. À cet égard, plusieurs
études ont insisté sur le fait que la libéralisation
financière a certainement été associée à une
accélération de la croissance économique dans les pays
libéralisés, mais qu'elle a également été
associée à une
haute instabilité financière (Tornell,
Westrmann et Martinez, 2004). Aussi le risque financier est d'autant plus
important que la libéralisation financière est établie
dans des pays qui ont un cadre institutionnel peu développé.
Plusieurs études ont montré le rôle significatif des
agrégats macro-économiques dans la survenue des crises
financières. Les travaux pionniers de Demirguc-Kunt et Detragiache (1998
; 2000, 2005), Hardy et Pazarbasioglu (1998) et Eichengreen et Arteta (2000)
utilisant une approche de type logit, concluent à l'importance des
variables macroéconomiques réelles et financières dans le
déclenchement des crises à l'échelle
internationale1. Les variables telles que le taux
d'intérêt réel, les termes de l'échange,
l'inflation, etc ont été citées dans diverses
études empiriques comme étant à l'origine des crises
financières et bancaires2.
Notre démarche vise ainsi, dans la
continuité des travaux déjà réalisés,
à appréhender les variables macroéconomiques à
l'origine du risque financier. Cependant, nous apportons certaines
particularités dans notre étude. Premièrement, la plupart
des recherches précédentes se sont focalisées sur les
déterminants des crises bancaires et financières. Elles se sont
axées sur l'analyse des épisodes de crises financières qui
ont eu lieu dans les différents pays au cours du temps. Elles ont ainsi
privilégiée des analyses qualitatives de type logit binaire ou
logit multinomial. Contrairement à toutes ces modèles, nous
utilisons une approche plutôt quantitative. Nous utilisons comme variable
dépendante pour notre analyse l'indicateur quantitatif du risque
financier de l'ICRG. Deuxièmement, nous déterminons les variables
macroéconomiques influençant le risque financier dans deux
catégories distinctes de pays : les pays à hauts revenus
possédant un système financier libéralisé et
développé avec de fortes institutions et les pays à moyens
et faibles revenus dotés généralement d'un système
financier peu développé ou en cours de développement avec
des institutions moins solides.
Notre objectif est donc d'analyser, dans une
démarche empirique, les déterminants macroéconomiques du
risque financier dans les pays à hauts et à faibles revenus. La
deuxième partie de notre étude est consacré à la
littérature théorique sur les risques financiers, la
libéralisation financière et la gouvernance bancaire. La
troisième partie consacre l'analyse empirique comparative des
déterminants macroéconomiques du risque financier dans les pays
à hauts revenus et les pays à moyens et faibles revenus, et nous
finissons par la conclusion.
1 Angora & Tazari
(2011)
2 Sur cette question,
Demirguc-Kunt & Detragiache (1998 et 1999) et Noy (2004) affirment que la
libéralisation du secteur financier local accroît la
probabilité que le système bancaire devient de plus en plus
fragile du à une suppression du plafonnement des taux
d'intérêt, du contrôle des crédits et la
réduction des barrières à l'entrée des banques
étrangères.
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