2. Risques financiers, libéralisation
financière et gouvernance bancaire
«Le capitalisme sans les failites n'aurait
aucune saveur. Comme le catholicisme sans l'enfer» Patrick Arbor,
président du Chicago Board of Trade, après la
débâcle de LTCM
2.1. Risques financiers : définitions et
typologies
De part sa nature, l'activité bancaire est
exposée à des risques diversifiés3
:
v' Le risque de crédit
On l'appelle aussi risque de défaut, ou risque
de signature. C'est l'incapacité d'une contrepartie de s'exécuter
aux termes d'un accord contractuel. Le risque de signature est le risque que
les débiteurs ne veuillent ou ne puissent pas (par exemple en raison de
l'évolution de la conjoncture) rembourser leur dette. On le
différencie selon qu'il est dû à la situation
particulière d'une entreprise ou au cycle économique. Les banques
peuvent se protéger contre le risque de crédit
micro-économique en jouant sur les grands nombres tout en se montrant
plus efficaces grâce à leur meilleure information sur les
emprunteurs. En revanche, la protection contre le risque de crédit
macro-économique est, par nature, beaucoup plus délicate, voire
même impossible dans les cas extrêmes où les faillites se
multiplient dans l'économie4.
v' Le risque de marché
Ce risque résulte des opérations de
marché que prennent les courtiers à l'endroit de leurs banques.
En effet, les banques effectuent divers types d'opérations dont
certaines de nature spéculative sur le marché des changes. Toutes
ces activités de marché, bien que hautement profitables, sont
dangereuses. Les risques inhérents aux opérations de change, en
particulier lorsqu'il s'agit de détenir des positions ouvertes,
augmentent en période d'instabilité de change.
v' Le risque de liquidité :
Le risque de liquidité, dans le contexte des
faillites de banques, est le risque de retraits massifs des dépôts
bancaires ou d'insuffisance d'actifs liquides pour que les banques puissent
couvrir ces retraits. Dans les cas extrêmes, une liquidité
insuffisante peut conduire à une situation
d'insolvabilité.
3 Notre typologie des
différents risques financiers est réalisée à partir
des articles de Comité de Bâle sur le contrôle bancaire
(2007), Bordes C. (), et Brenda González-Hermosillo (1999).
Le risque de taux :
Le risque de taux d'intérêt réside
dans la vulnérabilité de la situation financière d'une
banque à une évolution défavorable des taux
d'intérêt. Si une banque possède plus de dettes sensibles
aux taux d'intérêt que d'actifs de même nature, une hausse
des taux d'intérêt réduit son profit alors qu'une hausse
des taux l'augmente. Une forte hausse des taux d'intérêt, si elle
est inattendue, peut mettre en difficulté les banques trop
exposées à ce risque. Bien que ce risque résulte
normalement de l'activité bancaire, il peut, s'il est excessif,
constituer une menace importante pour les bénéfices et les fonds
propres d'une banque. Sa gestion tient une place de plus en plus importante sur
les marchés des capitaux à haute technicité, oil la
clientèle gère activement son risque de taux
d'intérêt. Une attention particulière devrait lui
être accordée dans les pays oil les taux d'intérêt
sont déréglementés.
Dans quel cas les risques bancaires changent-ils de
nature et deviennent-ils « systémiques » ? Le risque
systémique :
Olivier De Bandt et Phillip Hartman (2002) in Bordes C.
() distingue 2 catégories de risques systémiques :
(a) le risque systémique au sens
étroit correspondant à la probabilité d'un choc
idiosyncrasique - publication de « mauvaises nouvelles » sur une
institution financière, voire même l'annonce de sa faillite ;
chute des cours sur un marché financier - à l'origine d'un
phénomène de contagion avec des effets négatifs sur une ou
plusieurs autres institutions financières ou marchés
;
(b) le risque systémique au sens large
correspondant à la probabilité d'un choc macroéconomique -
publication d'informations déclenchant un effet sur l'ensemble de
l'économie - ayant des effets sur un nombre important d'institutions
financières et de marchés. Anna S. Schwartz (1986) fait une
distinction entre « le véritable risque systémique » et
« le pseudo risque systémique ». Selon elle, le risque
systémique correspond au cas oil une panique bancaire ou un krach
boursier font craindre aux déposants de ne pas pouvoir se procurer de
liquidités. Cela peut arriver uniquement dans l'une ou l'autre des
éventualités suivantes : absence d'institution pouvant
créer de la liquidité; autorités peu familiarisées
avec les pratiques permettant de faire face à ce type de situations ;
doutes du public quant à l'efficacité des mécanismes
prévus pour le faire. Par contre les évènements tels que
déflation ou désinflation, faillite d'une grande institution non
financière, chute brutale des prix de certains actifs ou de certaines
matières premières ne sont pas réellement des risques
systémiques car bien qu'étant à l'origine de pertes
importantes dans certains secteurs de l'économie, ces
évènements ne provoquent pas une ruée sur la monnaie
centrale.
Une crise prend un caractère systémique
quand elle touche le secteur réel de l'économie. La transmission
se fait par plusieurs canaux principaux. (i) Des perturbations dans le
système des paiements peuvent provoquer des faillites de firmes
solvables mais illiquides. (ii) L'effondrement du prix des actifs
résultant d'une pénurie de liquidités sur les
marchés peut être à l'origine de difficultés
financières sérieuses de ménages ou d'entreprises et d'un
ralentissement de l'activité économique provoqué par une
diminution de la richesse et une plus grande incertitude. (iii) Cet
effondrement est à l'origine de perturbations sur le marché du
crédit oil les problèmes d'anti-sélection et d'aléa
de moralité se posent avec plus d'acuité ce qui se traduit par
forte contraction des fonds disponibles pour financer des projets
d'investissement rentables. Les liens de longue date créés entre
les banques et leurs clients sont coupés. Les banques sont
réticentes à offrir de nouveaux crédits. Les emprunteurs,
privés de financement, sont alors eux mêmes en difficulté.
Il y a recul de la croissance et l'économie plonge dans un cercle
vicieux.
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