Home | Publier un mémoire | Flux

Mutations des realisations d'un projet de renovation urbaine: la Cite an III à  Ouagadougou au Burkina Faso (1987- 2008 )


par Bapandi Donatien IDANI
Institut africain de professionnalisation en management (IAPM ) Burkina Faso - Master II en management des projets 2008
Dans la categorie: Géographie
   

précédent sommaire suivant

4.2. Bilan de l'évolution et perspectives

L'homme vit alternativement dans son monde personnel (habitation) et dans le milieu social ou il est intégré (l'habitat). Ce milieu social extérieur influence sans cesse l'habitation. Inversement, les transformations de l'habitation influencent les valeurs socioculturelles de la population.

A la faveur de la croissance démographique, de la modernisation, de nouveaux styles architecturaux, facilités par l'introduction de nouveaux matériaux et techniques de construction ont conquis la cité. La conception de l'habitat y a donc évolué de même que les rapports entre les usagers et le paysage urbain. Quel bilan peut-on faire de cette évolution et quelles en sont les perspectives ?

4.2.1. Bilan

4.2.1.1. Sur le plan social

Les transformations intervenues au niveau des habitations de la cité an III à travers les extensions spatiales, les restructurations, les réhabilitations et les constructions à niveaux ont contribué à élever le standing des villas de la cité an III. Ces habitations modernes offrent un nouveau style de vie avec beaucoup de confort tout en résorbant le déficit d'espace du à l'augmentation de la taille du ménage. Elles permettent dans beaucoup de cas la hiérarchisation des espaces (garages, salles à manger, magasins etc.) et assurent une redistribution spatiale et une plus grande autonomie aux membres de la famille. A titre d'exemple, les dépendances sont

conçues pour les grands garçons et les visiteurs, dans le but de leur donner une certaine indépendance.

Aussi vrai que les transformations de l'habitat de la cité an III aient des retombés positives sur le plan social, force est aussi de reconnaitre qu'elles s'accompagnent d'effets indésirables.

En effet, au départ, dans la réalisation de cette cité, les autorités ont voulu privilégier l'aspect social. Raison pour laquelle, les immeubles n'avaient pas été clôturés. Aussi, les clôtures des villas qui constituent l'enveloppe de la parcelle ou la limite entre le public et le privé ont été construites assez basses (1,40 m pour l'ensemble des villas), de façon à cultiver la vie communautaire entre voisins. Mais, les occupants des appartements ont trouvé que l'absence clôtures autour de leur immeuble les mettait en insécurité, pendant que leurs voisins des villas trouvaient leurs murs trop bas pour préserver leur intimité. Conséquences, des murs de protection ont été érigé pour chaque immeuble de la cité pendant que ceux des villas ont été revus à la hausse favorisant ainsi l'isolement, l'anonymat et l'altération des relations du bon voisinage, contrairement à l'objectif des concepteurs.

De même, les précédentes enquêtes sur les ménages de la cité an III à leur installation avaient révélé une forte homogénéité des usagers. De nos jours, la réalité est toute autre car, cette cité est marquée par des disparités sociales qui ne cessent de s'approfondir. La solidarité, une des vertus des sociétés africaines est en voie de disparition de même que l'entraide.

Au niveau des villas, on observe que les murs mitoyens sont dans certains cas exploités par des usagers pour les constructions à niveau ou de dépendances. Cela, en plus d'être une violation du code de l'urbanisme, constitue une des principales raisons des mauvaises relations avec le voisinage. Les autres raisons évoqués par les habitants des villas étant les rejets d'eaux usées (issus de la lessive, de la vaisselle, du lavage des véhicules etc.) et le déficit de communication. Le tableau ci-dessus indique la qualité des relations des occupants des villas de la cité an III avec leur voisinage.

Tableau 21: Qualité des relations des occupants des villas avec leur voisinage

Appréciation des chefs de
ménage

Bonne rela-

tion avec le
voisinage

Relation ac-

ceptable avec

le voisinage

Mauvaise re-

lation avec le
voisinage

Totaux

Proportion

60%

33,33%

06,67%

100%

 

Source : Résultats d'enquête, IDANI B.Donatien, 2008

Au niveau des immeubles, certains ménages se plaignent de la présence des entreprises dans leur immeuble. Pour eux, ces derniers, du fait qu'ils attirent un certain nombre de visiteurs par jour, occupent anarchiquement leurs espaces (cour, parking et hall), les mettent en insécurité totale et contribuent très fortement au remplissage de la fosse septique commune avec le nombre variable d'employés. Ainsi, lorsque celle-ci se remplie, les ménages en guise de protestation refusent de participer aux frais de vidange. Conséquences, les fosses ne sont pas vidangées à temps et, les eaux usées s'écoulent le long des rues et pénètrent dans certains cas dans les cours des habitants des villas. Cela en plus d'être source potentielle de maladies est aussi créateur de conflits. Le tableau ci-dessous indique la qualité des relations des occupants des appartements de la cité an III avec leur voisinage.

Tableau 22: Qualité des relations des occupants des appartements avec leur voisinage

Appréciation des chefs de
ménage

Bonne rela-

tion avec le
voisinage

Relation ac-

ceptable avec

le voisinage

Mauvaise re-

lation avec le
voisinage

Totaux

Proportion

30%

65%

05%

100%

 

Source : Résultats d'enquête, IDANI B.Donatien, 2008

précédent sommaire suivant