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Mutations des realisations d'un projet de renovation urbaine: la Cite an III à  Ouagadougou au Burkina Faso (1987- 2008 )


par Bapandi Donatien IDANI
Institut africain de professionnalisation en management (IAPM ) Burkina Faso - Master II en management des projets 2008
Dans la categorie: Géographie
   

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PREMIERE PARTIE: PRESENTATION DU CITE AN III

Cette partie se subdivise en deux chapitres. Pendant que le premier présente le cadre théorique et méthodologique de l'étude, le deuxième chapitre aborde l'historique de la cité an III (étude de la zone avant aménagement, la planification du projet cité an III, la réalisation des travaux et l'attribution des logements), la description des constructions initiales et les caractéristiques des ménages à leurs installation.

CHAPITRE I : APPROCHES THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

Ce chapitre traite en six sections du cadre théorique et méthodologique de l'évaluation ex-post des réalisations d'un projet de rénovation urbaine dans une métropole africaine, la ville de Ouagadougou en l'occurrence. Il s'agit de la problématique, des objectifs, des hypothèses, de la définition des concepts, de l'approche méthodologique et des difficultés rencontrées au cours de la présente étude.

1. Problématique

Construite en une tranche, la cité an III était à la réception des travaux composée de 207 villas et de 23 immeubles à deux niveaux. D'une manière générale, les villas étaient constituées d'un séjour, de trois chambres habitables, d'une cuisine interne, d'une salle de bain et d'un WC internes. Chacun des immeubles comptait une grande boutique et une petite boutique au rez de chaussée et quatre appartements identiques au niveau des deux niveaux d'étages. Chaque appartement comprenait une terrasse, un grand séjour, trois chambres habitables, une cuisine, une salle de bain, un WC et un magasin.

En somme, l'opération « cité an III » aura permis de transformer la physionomie du secteur 3 de Ouagadougou. Considérée comme un joyau de la Révolution d'Août 1983, elle était une fierté pour les autorités politiques qui ne manquaient aucune occasion pour la faire visiter par les personnalités étrangères ; en témoigne la visite du président de la république française François MITTERAND, lors de son passage au Burkina Faso en 1987. La cité an III a été la confirmation de la volonté du pouvoir en place à résoudre avec promptitude un problème aussi crucial que celui de l'habitat insalubre source de débauche sociale dans la capitale. Cepen-

dant, il importe de mentionner que l'insuffisance des moyens financiers, la défaillance des entreprises adjudicatrices, la précipitation et le tâtonnement des responsables politiques dans la mise en oeuvre de l'opération ont quelque peu joué sur la qualité des réalisations. Cela a conduit les entreprises à bâcler les travaux de construction.

A titre illustratif, le 28 janvier 1989, soit quelques deux années après l'occupation effective des logements, la villa n° 111 de la cité prenait feu par suite d'un court-circuit. A cette période les habitants de cette cité dans leur grand ensemble déploraient déjà les fissures des maisons et des problèmes d'étanchéité.

Les locataires des immeubles rencontraient d'énormes difficultés. D'une part, l'absence de buanderie, de séchoir et de colonne de descente d'eaux usées les obligeait à faire la lessive soit dans les toilettes soit sur la terrasse, versant les eaux dans les toilettes ; il va s`en dire que les fosses septiques se remplissaient rapidement. D'autre part il n'avait pas été prévu de garages de voitures au bas des immeubles. Les propriétaires des voitures habitant les appartements les rangeaient soit en face des boutiques de commerce, soit à la porte d'entrée des immeubles fermant ainsi l'entrée.

Les habitants des villas avaient eux aussi leur part de soucis. En effet, ces villas, autrefois appelées « villas roses » étaient relativement réduites et leurs plans ne correspondaient pas toujours aux aspirations des locataires. L'absence de carreaux et de vitres étaient des caractéristiques qui n'offraient pas le confort à ces derniers, d'autant plus que la ville est périodiquement soumise à des vents d'harmattan secs et poussiéreux.

Face à cet état de fait, les résidents réagiront par des améliorations sommaires ou confortables de leur cadre de vie.

En outre les ménages qui étaient composés de 5 à 6 personnes à l'installation ont
vu leur effectif évoluer à la faveur de la pression démographique que connaît la
ville de Ouagadougou depuis les années 1980. Dans ce contexte les villas initiales

de 3 chambres ne répondent plus aux besoins des ménages qui, en guise de solution s'adonnent à divers aménagements.

Si, de façon globale les diverses mutations de l'habitat enregistrées dans la cité vi-sent la satisfaction d'un désir de confort et d'espace des résidents, force est de reconnaître que celles-ci ne s'opèrent pas sans dommages. Elles sont à l'origine de l'apparition de disparités socio-économiques entre les résidents qui au départ semblaient très homogènes. L'isolement et la dégradation des relations de bons voisinages sont aussi constatés.

Au regard des situations ci-dessus mentionnées, une question principale peut être posée : La cité an III a-t-elle connu des modifications ou changements notables depuis 1987 date à laquelle les bénéficiaires acquéreurs ont pris possession des lieux?

Subsidiairement on peut se demander :

- Quelles est la nature de ces modifications ?

- Quelle est la physionomie actuelle de la cité ?

- Quels sont les facteurs de cette évolution ?

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