DEUXIEME PARTIE :
LES VIOLATIONS
DU DROIT HUMANITAIRE EN SOMALIE
A
vant l'intervention des Nation Unies en Somalie, ce pays
était en proie à une guerre civile qui a entraîné la
disparition de l'Etat et une famine à grande échelle.
Face à ce double désastre, les NU ont
déployé successivement, entre 1992 et 1995, trois
opérations de paix à prédominance humanitaire parmi
lesquelles, l'ONUSOM II.
C'est une force multinationale d'imposition de la paix,
organisée et dirigée à ses débuts par les
Etats-Unis d'Amérique (E-U). Elle était autorisée entre
autre employer « tous les moyens nécessaires pour
restaurer les conditions de sécurité pour les opérations
de secours humanitaires ». Malheureusement, toutes ces
interventions n'ont pu améliorer la situation de la Somalie, notamment
celle de sa population civile.
L'échec de la communauté internationale en
Somalie résulte des exactions commises par les soldats de l'ONUSOM II
opposés aux différentes factions de guerre qui endossent
entièrement la responsabilité de la catastrophe humanitaire.
Si l'intervention en Somalie a marqué le rapprochement
entre le droit humanitaire et l'imposition de la paix, il convient d'en tirer
les conclusions eu regard aux exactions enregistrées de part et d'autre
des protagonistes.
CHAPITRE 1er : DE LA RESPONSABILITE DE LA
CATASTROPHE HUMANITAIRE EN SOMALIE
Avant l'intervention des Nations Unies en Somalie, ce pays
était en proie à une guerre civile particulièrement
meurtrière pour avoir provoqué une famine dont les victimes se
situent entre 300 000 et 500 000 personnes. A cette misère s'ajoutent la
disparition de l'Etat somalien et l'émergence de plusieurs factions de
guerre qui se disputent le contrôle d'un pouvoir central
déchu.
Face à cette situation exceptionnelle, les Nations
Unies déjà présentes dans le pays dans le cadre d'une OMP
classique vont autoriser le déploiement d'une mission d'imposition de la
paix. L'exécution normale de la feuille de route de cette mission
devrait être salutaire pour l'avenir de la nation somalienne sur les
plans politique, sécuritaire, sociale, et économique.
Au cours de leurs opérations, les FIP, comme d'ailleurs
les factions de guerre, se sont rendues coupables de graves exactions. La
réalité de ses violations contraste, sans
précédent, avec les motifs évoqués pour justifier
et légitimer la présence de la mission d'imposition de la paix en
Somalie.
Section 1er : Les motifs de l'imposition de la paix en
Somalie
La République de Somalie a été le premier
champ d'expédition la mission d'imposition de la paix. Cette notion
était encore jusque là inexistante dans le vocabulaire du
maintien de la paix. L'opération était exceptionnelle à
cause de la situation qui l'a inspirée.
Les motifs qui ont soutenu cette mission ne peuvent s'analyser
qu'en considération de la situation socio-politique en cours dans le
pays et de la nouvelle donne de l'ordre public international marqué par
la fin de la Guerre froide.
Paragraphe 1er: La situation humanitaire de la Somalie avant
l'imposition de la paix
La situation humanitaire de la Somalie était devenue
préoccupante depuis l'éclatement de la guerre civile de janvier
1991. Les origines de cette guerre remontent à la réelection en
1986 du Général Siyad Barré Mohamed à la tête
du pays. En effet, le président somalien devrait désormais faire
face à une opposition jusque là politique et qui subitement a
pris l'aspect d'une lutte armée menée depuis le nord du pays,
dans la région frontalière avec l'Ethiopie. Les dissidents
somaliens étaient alors soutenus par Addis-Abeba opposé au
régime de Barré depuis la Guerre de l'Ogaden, du nom de cette
région revendiquée par les deux pays. La lutte armée de
rattachement avait tourné à l'avantage de l'Ethiopie en 1978.
Au début des années 90 plusieurs mouvements vont
voir le jour dans les autres régions du pays. Chaque mouvement va tirer
son soutien de son clan et de sa région. Ainsi, le Mouvement National
Somalien (MNS) va opérer en Somalie Land au nord, le Congrès de
la Somalie Unifiée (CSU) va dominer le Centre et le Mouvement
Patriotique Somalien (MPS) s'imposera dans le sud.
Face à cette désintégration politique,
les fortes représailles du régime Barré ne vont permettre
d'unifier la république.Le Général Barré va perdre
le contrôle du pouvoir. Il s'est enfin de Mogadiscio.
Pendant deux ans, de violents combats ont eu lieu de
façon continue entre les factions rivales. La rupture des lignes
d'approvisionnement dans le pays va entraîner la disparition de plus de
500000 personnes qui moururent de faim. Face à ce désastre les
Nations Unies vont intervenir en Somalie : ce fut la première
opération des Nations Unies en Somalie (ONUSOM ).
L'ONUSOM a été autorisée en avril 1992.
C'est une opération classique de maintien de la paix d'un effectif de
près de 4 500 personnes, observateurs militaires, personnes
chargées de la sécurité, personnes chargées du
soutien logistique et de personnes civiles de l'intérieur. Le coût
des opérations s'élève à 42.931.700 dollars.
L'ONUSOM avait pour mission de surveiller le cessez-le-feu,
d'assurer la protection du personnel, des installations et du matériel
de l'ONU, dans les ports et aéroports à Mogadiscio, d'escorter
l'acheminement de l'aide humanitaire jusqu'aux centres de distribution de la
capitale et de ses environs immédiats. En août 1992, le mandat et
l'effectif de l'ONUSOM ont été élargis de manière
à lui permettre de protéger les convois humanitaires et les
centres de distribution dans l'ensemble du pays.
Huit mois après, la situation ne s'est guère
améliorée. Après une nouvelle détérioration,
le CS va autoriser la création d'une Force d'intervention
unifiée dans le but affiché de garantir un environnement
sûr pour l'acheminement de l'assistance humanitaire : ce fut
l'opération « Restaurer l'espoir ».
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