Paragraphe 2 : La responsabilité de la
communauté internationale
Depuis la fin de la présence internationale en Somalie,
la situation est restée en l'état. La crise humanitaire ne pourra
prendre véritablement fin que si le pays retrouve sa stabilité
politique. C'est ce qu'avait initié l'Autorité
intergouvernementale pour le développement (IGAD), organisation
régionale de la corne de l'Afrique depuis l'an 2000, même si ses
efforts n'ont abouti à aucune avancée significative.
En effet, les Conférences d'Arta et de Eldoret qui ont
réuni les représentants des différentes factions n'ont
donné aucun résultat probant. Néanmoins, en juillet 2003,
une conférence de réconciliation tenue à Nairobi va
aboutir à un projet de charte nationale qui prévoie le
fédéralisme comme solution de réunification de la nation
somalienne. Mais avant, il faut installer une transition.
C'est en 2004 que le processus va prendre corps. Le 29
janvier, toujours sous l'égide de Nairobi, un accord est intervenu entre
les chefs de guerre. Il prévoit la création d'un parlement
intérimaire. Les parlementaires furent réunis selon
l'autorité des factions de guerre. Le 22 août, le parlement de
transition fut inauguré dans un hôtel de la capitale Kenyane. Le
10 octobre, Abdoulaye Yousouf Ahmed, ancien chef de guerre et ancien
président de la Somalie Land, a été désigné
par ses paires. Le 03 novembre, il nomme à son tour son premier ministre
en la personne de Ali Mohamed Gedi. Après les avancées obtenues
à Nairobi, les réalités sécuritaires somaliennes
vont se retourner contre leurs anciens auteurs.
Après moult tentatives pour l'installation des
nouvelles institutions, le premier déplacement du premier ministre a
pourtant été un échec. Le 03 mai 2005 en effet, lors d'un
meeting de Ali. M .Gedi à Mogadiscio, une explosion a fait au moins 8
morts et 28 blessés. Même si le premier ministre n'a pas
été touché, l'ampleur de la violence montre à quel
point la question de la sécurité reste préoccupante
surtout lorsqu'on apprend que l'homme armé d'explosif était
à dix mètres du tout nouveau patron de l'exécutif
somalien.
Outre ce volet sécuritaire, un autre problème
politique retarde le retour des institutions. Les nouvelles autorités
somaliennes n'arrivent pas en effet à accorder leur violon sur le choix
de la ville qui doit accueillir les institutions de transition. Le
Président et son Premier ministre sont favorables à une
installation à Baidoa -sud ou à Jowhar situé à 90
kilomètres au nord de Mogadiscio. D'autres ministres et élus,
aussi chefs de guerre qui contrôlent encore certains quartiers de
Mogadiscio, sont partisans d'un retour dans la capitale.
On constate finalement que malgré l'effort consenti
pour l'avènement de la paix en Somalie, les protagonistes restent
campés sur leur position qui n'a point varié depuis le
déclenchement de la guerre civile.
Dix ans après le retrait des FIP, au vue de
l'échec du processus de paix, il est aisé d'affirmer aujourd'hui
que l'intervention des Nations Unies en Somalie n'était pas
appropriée en son temps puisqu'elle a plutôt aggravé la
situation au lieu de la juguler. L'image de marque de l'ONU a été
ternie au point où toute présence étrangère est
récusée jusqu'à ce jour. Certains chefs de guerre qui font
régner l'instabilité et l'anarchie à Mogadiscio depuis la
chute du régime Barré ont en effet manifesté leur
mécontentement face à l'arrivée éventuelle des
forces de paix sous mandat de l'Union Africaine.
Au sujet de la mission d'imposition de la paix en Somalie, un
diplomate occidental a affirmé en connaissance de cause que
« c'est un électrochoc administré à un
moribond ; ou bien il se réveille, ou bien il en
meurt ». La thérapie est risquée dans tous les cas
puisqu'elle n'est pas sûre. Malheureusement, elle a fait tuer la
Somalie
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