Plusieurs auteurs ont étudié le
consentement à payer des ménages. On peut citer, MUNASINGHE
(1996), WASIKAMA (1998), MEHU (1992), HOUDEGBE (1999), WHITTINGTON et al,
(1990). La plupart de ces études se sont intéressées au
domaine de l'environnement. C'est d'ailleurs dans ce domaine que des
résultats encourageants et fiables ont été obtenus
(WHITTINGTON et al, 1990). Mais le secteur de l'assurance maladie a aussi fait
l'objet d'investigation. Les travaux dans ce domaine s'intéressent
à l'estimation des primes d'assurance, des tickets modérateurs et
aux déterminants de la participation aux systèmes d'assurance
santé.
MAO (2000) examine, en milieu rural chinois, la
disposition des paysans à payer pour la mise en place d'une
coopérative de santé. Il trouve que la disposition à payer
pour appartenir à la coopérative est d'environ 1,5 dollars par
personne par an. Ce montant représente le dixième des
dépenses de santé des ménages. BRAU, BRUNI et PINNA
(2004), étudient en Italie, le consentement à payer des
populations pour une assurance de santé couvrant les soins de long
terme. Ils ont recours à une approche indirecte basée sur la
méthode de la variation compensatrice. Ils comparent deux
scénarios de couverture de l'assurance. Un scénario avec un taux
de couverture de 75% et un autre avec un taux de 50%. Les dispositions moyennes
à payer pour ces scénarii varient entre 341 euros et 716 euros.
DONG et al.(2002) comparent dans une étude au
Burkina Faso, deux approches utilisées pour obtenir les consentements
à payer des populations pour une assurance de santé communautaire
à savoir : l'approche du take-it-or-leave-it (TIOLI) et celle du
Bidding game. La méthode TIOLI consiste à demander à
l'enquêté de se prononcer sur un prix qui lui est proposé
(il s'agit de répondre par oui ou par non à un prix
proposé). Quant à la technique du bidding game, elle est
similaire à un marchandage. Les résultats de leur recherche
suggèrent que la disposition moyenne à payer des chefs de
ménages pour eux-mêmes est de 2384 FCFA avec la méthode
TIOLI et de 3191 FCFA avec celle du Bidding game alors que pour le
ménage, elle est de 6448 FCFA et de 9769 FCFA respectivement avec la
méthode du TIOLI et du Bidding game.
Ø formats de questionnaires utilisés
pour la détermination du CAP.
· Les questions de type référendum, ou
carte de paiement, sont des questions fermées, demandant à
l'individu de choisir entre deux modalités, pour le
référendum, ou plus de deux, pour la carte de paiement,
réduisant le discours à sa plus simple expression. Par contre,
dès lors, qu'il s'agit de demander à un individu de
préciser des motivations quant à sa réponse à une
question de valorisation, c'est-à-dire d'expliciter son jugement, ceci
ne peut être fait qu'au moyen des questions ouvertes. Le discours devient
alors plus élaboré, fait d'un individu apte à construire
une argumentation, extériorisation de la justification de l'action. Se
pose alors la question d'une méthode susceptible de saisir l'information
contenue dans le discours dans la perspective d'une analyse quantitative.
Malheureusement, il n'existe encore, à notre connaissance, que peu
d'écrits se rapportant à une théorie du langage en
économie, exceptés les travaux de Rubinstein (1996, 1999) et de
Glazer et Rubinstein (1997).Les développements proposés par
Rubinstein (1999) vont bien dans le sens de la problématique retenue
ici, en avançant, par exemple, que, dès lors qu'il s'agit pour un
individu d'énoncer un ensemble de préférences, un certain
nombre d'entre elles ne peuvent être exprimées dans le langage
usuel. Ces travaux ne constituent cependant qu'une avancée
théorique et il convient de préciser, dans un cadre empirique,
les principes d'une méthodologie adaptée. La proposition de
Schkade et Payne (1993), qui utilisent des « protocoles verbaux »,
technique importée de la psychologie cognitive, est une première
tentative en ce sens. Schématiquement, cette méthode consiste
à demander aux répondants comment ils ont déterminé
leur consentement à payer et d'analyser les discours recueillis sur la
base d'une typologie prédéfinie. Une telle approche est toutefois
soumise à une critique évidente : dans quelle mesure les discours
recueillis ne sont pas des « rationalisations » des consentements
à payer déclarés, rendant impossible toute tentative
d'interprétation ? Pour contourner cette difficulté, Hollard et
Luchini (1999) et Luchini (2000) proposent d'utiliser des questions ouvertes
dans lesquelles on demande aux répondants d'évoquer les mots ou
expressions que leur évoque le bien soumis à l'évaluation
et d'analyser ensuite les propriétés des réponses obtenues
sur la base d'une démarche axiomatique fondée sur les
théories du choix social. Dans des résultats récents,
Flachaire et al. (2002) montrent que les informations fournies par une
telle méthode apportent un gain significatif lorsqu'il s'agit
d'expliquer des consentements à payer déclarés.
· Le NOAA Panel (Arrow et al., 1993) propose que
la valorisation soit traitée à partir d'une question
fermée ou technique du référendum, une
approche initialement proposée par Bishop et Heberlein (1979). Plus
précisément, on propose un montant à un individu, celui-ci
répond par l'affirmative ou non à l'offre qui lui est
proposée. Selon l'appellation consacrée dans la terminologie de
langue anglaise, une telle question est nommée Take-it-or-leave-it
approach. Bishop et Heberlein (1979) suggèrent que ce type de
question facilite la tâche de l'individu, qui n'a qu'à
répondre oui ou non à un prix qui lui est proposé. Un
autre argument en faveur de cette solution est celui avancé par Arrow
et al. (1993), selon lequel la question fermée est
préférable parce qu'elle se rapproche d'une situation de
marché où le consommateur accepte ou refuse l'échange
selon le prix proposé. La contrepartie de l'utilisation de questions
fermées est dans la perte d'information quant au niveau exact des
consentements à payer, puisque les réponses fournissent pour
chaque individu une borne inférieure ou une borne supérieure. Des
échantillons assez grands paraissent alors nécessaires.
Ø La formulation économétrique du
consentement à payer : Le modèle Tobit
censuré
Le modèle Tobit (James Tobin, 1958) a été
introduit initialement pour décrire la consommation de certains biens
durables par les ménages en fonction de leur revenu (Gourieroux, 1989).
En effet, en 1958 Tobin a observé que la relation entre les
dépenses des ménages en biens durables et le revenu,
présente de nombreuses valeurs égales à zéro.
L'hypothèse de linéarité et donc l'estimation du
modèle par les MCO ne sont plus valables (Gourieroux, 1989).
Ce modèle est utilisé lorsqu'on se trouve dans
une situation où la variable dépendante prend zéro pour un
nombre important d'observations. L'utilisation d'un modèle Tobit
censuré se justifie, pour expliquer le CAP des individus.
Lorsque la variable expliquée n'est connue que sous sa
forme discrète, il n'est plus question d'utiliser les moindres
carrés ordinaires (MCO), sous peine d'introduire des biais dans les
estimations. La solution consiste à postuler l'existence d'une variable
latente connue, dont une discrétisation à partir d'un ensemble de
seuils permet d'obtenir la variable expliquée.
Pour certains auteurs, le choix du modèle
économétrique dépend de l'hypothèse retenue dans le
processus d'annonce du CAP. Ainsi, selon eux on peut utiliser la
procédure en deux étapes de Heckman (1979) ou un Tobit
censuré simple. Dans notre travail, nous retenons le modèle Tobit
censuré. Pour faire l'analyse d'une distribution censurée, la
formulation du modèle est faite en utilisant une variable latente.
Ainsi, si CAPi représente le CAP d'un individu i, le
modèle peut s'écrire :
CAPi = Xi +
i
Avec :
· CAPi =
CAPi* si CAPi* =
0
· CAPi = 0 sinon
Dans cette spécification, Xi est
le vecteur de variables explicatives; représente le vecteur
des paramètres à estimer et CAPi* est la
variable latente. Les erreurs sont supposées normalement
distribuées.
Notre travail se divise en deux parties. La première
partie, intitulée « cadre conceptuel et
théorique», se subdivise en deux (2) chapitres ; elle
présente les fondements théoriques ainsi que les méthodes
d'évaluation des biens non-marchand. La seconde partie,
intitulée « analyse descriptive et
économétrique du CAP », évalue le CAP, identifie
ses déterminants et interprète les résultats obtenus.
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