2 Le développement durable: un concept
multidimensionnel
2.1 Définition et dimensions du développement
durable
Le développement durable, traduction du terme anglais
<< sustainable development >> a fait son entrée sur
l'échiquier politique mondial avec le Sommet de la Terre des Nations
Unies tenu à Rio en 1992 (Tsayem, 2010). Ce sommet a fait suite à
la publication du Rapport de la Commission Mondiale sur l'Environnement et le
Développement connu sous le nom Rapport Brundtland en 1987. Dans ce
rapport, le développement durable est défini comme
<< un développement qui répond aux
besoins des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux
leurs : écologiquement durable, économiquement viable et
socialement équitable>> (Stevens, 2006).
Deux idées maîtresses se dégagent de
cette définition. La première traduit l'expression des besoins,
notamment ceux des démunis, à qui il convient d'accorder une
priorité. La seconde relève les limitations, l'obligation morale
qu'ont les générations actuelles, de laisser aux
générations futures des ressources suffisantes pour que celles-ci
puissent à leur tour répondre à leurs besoins. Le
développement durable, ainsi défini permet de sortir
définitivement du concept du développement longtemps lié
à la croissance économique pour passer à celui d'un
processus qualitatif qui crée plus d'interdépendance entre les
secteurs écologique, économique et social. Ce qui n'est toujours
pas évident, vingt ans après l'officialisation de ce concept
comme le confirment les propos du Directeur du WWF, au sortir du sommet de RIO
+20 :
« ... l'urgence d'agir n'a cependant pas
changé. La bonne nouvelle est que le développement durable est
une plante qui a pris racine et qui grandira en dépit du faible
leadership politique » (Jim Leape, Directeur général
WWF).
2.2 Enjeux du développement durable
Les enjeux du développement durable sont multiples et
sont subdivisés en trois catégories, selon la définition
du rapport Brundtland: environnementale, économique et sociale. A ces
trois piliers, s'ajoute un enjeu transversal, indispensable à la
définition et à la mise en oeuvre de politiques et d'actions
relatives au développement durable : la gouvernance. Cette notion dont
nous avons démontré l'importance et le lien avec la gestion
participative (section 2.1.3), vise « un développement
économique, social et institutionnel durable, en maintenant un
équilibre entre l'Etat, la société civile et le
marché économique» (Brodhag et al., 2004).
2.2.1 Sur le plan environnemental
Selon des données publiées par la CDB, lors de
la dernière célébration de l'année internationale
des forêts en 2010, les cinq principales menaces identifiées sur
la biodiversité sont: la perte et la fragmentation des habitats, les
changements climatiques, la pollution, les espèces exotiques
envahissantes et la surexploitation (CDB, 2010). En effet, le déclin des
espèces connues s'est encore aggravé entre 2005 et 2008 ; 11 %
des espaces naturels existants en 2000 auront disparu avant 2050 si des mesures
ne sont pas prises pour renverser cette tendance et 40 % des sols actuellement
exploités extensivement seront convertis à l'agriculture
intensive si rien n'est fait (Huart, 2011).
Par ailleurs, le niveau de pollution de gaz à effet de
serres, dont 80% des émissions sont imputables aux pays
industrialisés, est la cause du réchauffement de la terre. Les
conséquences d'une augmentation moyenne de 2 °C (prévision
basse) à échéance de 2100 seraient considérables :
inondations, désertification, dissémination des maladies,
disparitions d'espèces animales. Le protocole de Kyoto sur la
réduction des gaz à effet de serre est une des mesures prises
pour lutter contre le phénomène mais sa mise en oeuvre demeure
difficile. D'autre part, la décision prise à la conférence
de Copenhague en 2009 de fournir immédiatement des mesures incitatives
pour l'absorption des gaz à effets de serres à travers le
mécanisme REDD+ n'a jusque là pas connue d'avancées
significatives (De Wasseige, 2012). Ce mécanisme devait en quelque sorte
servir de mesure compensatoire aux efforts des pays dont les actions favorisent
la préservation des écosystèmes forestiers, ceux du bassin
du Congo en font partie.
Toutes ces révélations devraient interpeller
les Etats et les différents acteurs de la gestion des aires
protégées, à unir leur effort pour une conservation
efficace et durable. Lutter contre la déforestation et l'exploitation
illégales des ressources forestières (bois, plantes et animaux)
dont l'humanité a besoin pour sa survie, constitue un enjeu majeur pour
la lutte contre le réchauffement climatique et l'avenir de la
planète. Toutefois, l'exploitation de ces ressources naturelles
constitue un élément essentiel dans le développement d'un
pays ; En effet, nul ne peut guère contester le fait que le
développement industriel des pays du Nord, depuis la révolution
industrielle jusqu'à nos jours, a en grande partie reposé sur
l'exploitation des ressources naturelles. On comprend donc aisément, que
bien que les avantages de la conservation soient reconnus de tous, le sujet
reste sensible pour les pays pauvres du Sud pour lesquels l'inexploitation des
ressources naturelles telles que le bois, les mines, constituent un manque
à gagner important sur le plan économique.
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