III. VARIATIONS NORMALES DE LA NOTE
D'ETAT CORPOREL
A. FACTEURS DE VARIATION LIE A L'ANIMAL
1) Race
Les variations de perte d'état corporel sont peu
influencées par la race. Une étude compare la perte d'état
de vache Frisonnes et Ayrshire [50]. Dans cette étude, après
vêlage, les Frisonnes étaient plus lourdes que les Ayrshire. En
effet, 6 jours après vêlage, les différences de poids
étaient de 22,7 ; 38,6 et 43,1 kg en faveur des Frisonnes après
le premier, deuxième et troisième vêlage respectivement.
Cependant, la perte d'état corporel post-partum ne semble pas
influencée par la race puisque le pourcentage de perte d'état
entre 30 et 60 jours post-partum est similaire entre les Frisonnes et les
Ayrshire.
2) Numéro de lactation
Certains auteurs n'ont pas relevé d'effet significatif du
numéro de lactation sur l'évolution de l'état corporel au
cours du post-partum [25].
Néanmoins, certaines observations relatent une
diminution du nadir de la courbe de note d'état corporel en fonction de
la production laitière mais aussi une augmentation de la durée
avant d'atteindre ce minimum [100] (figure 9). La perte d'état
augmentent d'ailleurs de 0,3 point en première lactation à 0,9
point pour les vaches en 4ième lactation et plus.
Figure 9 : Evolution de la note d'état corporel en
fonction du numéro de lactation [100].
3) Génétique
L'influence des facteurs génétiques sur la note
d'état corporel est modérée. Deux auteurs se sont
intéressés à la quantifier. L'étude de Pryce et
al. [81] quantifie l'héritabilité de la note d'état
corporel : elle varie de 0,32 en début de lactation jusqu'à 0,23
au 200ième jour de lactation, avec une moyenne de 0,26
(figure 10).
Figure 10 : Estimation de l'héritabilité de
l'état corporel en fonction du stade de lactation [81].
Dans l'étude de Dechow et al. [19] sont
présentées les valeurs des corrélations
phénotypique et génotypique de la note d'état à des
moments clés du cycle de production : vêlage et postpartum avec la
perte d'état corporel en post-partum (tableau 2). Le post-partum
correspondant à la période entre le vêlage et la
première insémination. Il est intéressant de constater
que, d'un côté, la corrélation phénotypique entre la
note d'état au vêlage et la perte d'état en post-partum est
positive, ce qui signifie bien que plus une vache est grasse au vêlage,
plus elle est susceptible de maigrir après. Mais d'un autre
côté la corrélation génotypique (calculée
d'après les pédigrés des vaches suivies) est
négative. Génétiquement, une note d'état corporel
élevée au vêlage n'est pas associée à une
perte élevée en post-partum. Ceci met en évidence
l'influence des facteurs non génétiques (gestion alimentaire,
environnement ou pathologie) sur l'évolution de l'état corporel
après le vêlage. De la même façon, les
corrélations génotypique et phénotypique entre la perte
d'état en post-partum et la note en post-partum sont négatives
(tableau 2). En effet, une vache sélectionnée
génétiquement pour avoir une note d'état
élevée en post-partum tend à perdre moins ; tout comme une
vache dont la perte en post-partum a été limitée
grâce à une gestion adéquate des facteurs non
génétiques aura une note d'état correcte en
post-partum.
Tableau 2 : Corrélation génotypique et
phénotypique de la perte d'état corporel au cours des dix
premières semaines de lactation avec la note d'état au
vêlage et la note d'état en post-partum [19].
Corrélation perte de NEC
|
NEC au vêlage
|
NEC post-partum
|
1ère lactation
|
2ième lactation
|
1ère lactation
|
2ième lactation
|
Génotypique
|
- 0,15 à - 0,26
|
-0,11 à -0,48
|
-0,70 à -0,99
|
-0,56 à -0,91
|
Phénotypique
|
0,54
|
-0,65
|
4) Saison de vêlage
Dans l'étude de Drame et al. [25] la saison de
vêlage s'est révélée être un important facteur
de variation de l'état corporel. Les vaches vêlant en
période de stabulation ont gardé un état corporel
significativement inférieur à celles vêlant en
pâture.
5) Cas particulier de la génisse
Si les critères de notation et les objectifs sont
globalement les mêmes, il convient d'ajouter une nuance dans la conduite
alimentaire des génisses de renouvellement car les besoins ne sont pas
les mêmes que ceux des vaches adultes du fait de la croissance. Dans les
premiers mois de vie, la croissance peut être très importante.
Néanmoins, celle-ci doit être contrôlée par la suite,
afin de ne pas trop engraisser la mamelle et de ne pas porter préjudice
au potentiel de production laitière.
a) Jusqu'à la puberté
La puberté des génisses survient à un
niveau de poids vif constant pour une race donnée. Ainsi, la
puberté des races Holstein et Normande a lieu à 40% du poids vif
adulte soit environ 9 à 12 mois alors que celle de la race
Montbéliarde ou encore Tarine survient à 50% de ce poids ce qui
en fait des races plus tardives : 13 à 16 mois [12].
Une croissance prépubère trop
élevée engendre au niveau de la mamelle, le développement
d'un tissu adipeux au détriment du tissu parenchymateux. Des
génisses à haut potentiel ayant eu une croissance excessive (Gain
moyen Quotidien, GMQ = 950 g/j) auront une production amoindrie de 5% par
rapport à des homologues ayant eu une croissance raisonnable de 750 g/j
[12].
De six à douze mois, il est raisonnable de conseiller une
croissance de 700 à 750 g/j [2, 12].
b) Après la puberté
La conduite dépendra du schéma d'élevage
(vêlage à deux ou trois ans) et de la qualité des
pâturages.
- Pour des génisses vêlant à deux ans et
qui vont bénéficier d'un pâturage de bonne qualité
permettant un GMQ de 1000 à 1100 g/j, une croissance hivernale de 600
g/j est suffisante,
- Si elles bénéficient d'un pâturage de
moins bonne qualité, on poussera le GMQ à 750
g/j,
- Dans le cas d'un vêlage à trois ans, le bon
compromis économique est celui d'un GMQ de 400 à 500 g/j en
bénéficiant d'une bonne croissance compensatrice au
pâturage [12].
c) Conséquences sur la note d'état
corporel
Les génisses laitières doivent rester «
crues » ; c'est-à-dire avoir des reliefs osseux visibles et
légèrement recouverts de gras autour de la puberté pour ne
pas risquer l'engraissement préjudiciable vu précédemment.
La note d'état doit être de trois autour de la puberté
(tableau 3).
Tableau 3 : Objectifs de notes d'état corporel au cours
de la croissance de la génisse laitière [12].
Objectif vêlage
Age
|
Etat d'engraissement génisses Prim Holstein
|
Etat d'engraissement génisses Normandes
|
24-27 mois
|
24-30 mois
|
33 mois
|
6 mois
|
2,8
|
2,8
|
2,7
|
12 mois
|
3,0
|
3,0
|
2,9
|
15 mois
|
3,1
|
3,1
|
3,0
|
18 mois
|
3,3
|
3,2
|
3,1
|
d) Pendant la première année
Il convient donc de maintenir la note d'état autour de 3
de la puberté jusqu'à la mise à la reproduction.
Les études conduites dans les élevages
français pendant l'hiver ont montré que pour maintenir une note
d'état corporel constante chez des animaux de plus d'un an le GMQ doit
être de 570 g/j en race Prim Holstein, et de 650 g/j en race Normande
[12].
e) Jusqu'au vêlage
Après la puberté, une vitesse de croissance
élevée n'a plus de répercussion négative sur le
développement du tissu mammaire. L'objectif de croissance est alors de
850 à 900 g/j. Une vitesse de croissance trop élevée peut
conduire à un état d'engraissement excessif au vêlage,
l'optimum de situant vers 3 à 3,5 et les conséquences des
excès étant identiques à celles que l'on observe chez les
adultes : moindre appétit post-partum entraînant un risque accru
de cétose et syndrome de la vache grasse. Une vitesse de croissance trop
lente peut limiter le développement
corporel de la génisse sans affecter celui du veau. Il en
résulte alors un risque élevé de vêlage difficile,
mais aussi une moindre production laitière par défaut de
réserves énergétiques [2].
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