C. PRODUCTION LAITIERE
L'étude et l'utilisation de l'état corporel pour
la conduite d'élevage a plusieurs intérêts. S'il permet de
juger évidemment de la conduite nutritionnelle du troupeau, il est alors
intéressant de relier l'évolution de ce facteur à deux
composantes de l'élevage : la production laitière d'abord aussi
bien qualitativement que quantitativement et les résultats de
reproduction ensuite.
1) Niveau de production
Note d'état corporel et production laitière
élevée en début de lactation sont corrélées
négativement (figure 14). Nous avons déjà
évoqué la raison principale qui est l'appétit des vaches.
Rappelons qu'il est indépendant du niveau de production et que le
déficit énergétique est supérieur chez les hautes
productrices. En conséquence, les vaches les plus hautes productrices
ont des notes d'état plus basses [80], ou perdent plus d'état
corporel [51, 57], tandis que les vaches moins bonnes productrices peuvent
même gagner de l'état en début de lactation [43].
Pourtant, une étude met en évidence une relation
favorable entre la production laitière (surtout le taux de
matières grasses) et l'augmentation de la note d'état corporel,
cet effet se faisant ressentir jusqu'à cent jours de lactation [44]. Il
s'agit là bien plus d'un effet de la lipomobilisation permise par un
état d'engraissement important induit expérimentalement dans
cette étude. En effet, cette donnée est extraite d'un groupe de
vaches suralimentées au tarissement de façon à
accroître leur taux d'engraissement et leur poids. La mobilisation de ces
réserves est accompagnée d'un taux d'AGNE (acides gras non
estérifiés) sanguins élevés, AGNE captés par
la mamelle, matières premières du taux butyreux du lait (TB).
Il existe donc une relation significative entre le profil
d'état et la production au pic. La probabilité d'observer des
profils de perte d'état élevée ou d'état
insuffisant est diminuée pour une production au pic moyenne par rapport
à une production élevée associée à un pic
tardif [76].
Figure 14 : Evolution de la note d'état corporel en
fonction du niveau de production [78].
2) Note d'état et taux et matières utiles du
lait
Les profils d'état insuffisant sont fréquemment
associés à des taux protéiques (TP) au pic
inférieurs à 28 g/kg [76] en race Prim Holstein. La moitié
des vaches présentant un TP au pic inférieur à 28 g/kg
sont dans la classe "état insuffisant" alors que pour celles ayant un TP
supérieur à 28 g/kg sont à 32,3% dans la classe "reprise
d'état précoce".
Il existe une liaison hautement significative entre le TP et
la note d'état [34]. Le principal facteur conditionnant le TP est
l'énergie : les apports énergétiques permettent la
synthèse de matières protéiques par la mamelle.
L'évaluation du déficit
énergétique en début de lactation passe traditionnellement
par la notation de l'état corporel mais la notion de TP mini (TP le plus
bas enregistré au cours des trois premiers contrôles) est de plus
en plus retenue dans ce but [65].
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