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Note d'état corporel et reproduction chez la vache laitière

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par Pierre Froment
Ecole nationale vétérinaire d'Alfort - docteur vétérinaire 2012
  

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C. NOTE D'ETAT CORPOREL ET PROFILS DE CYCLICITE

1) Chez les génisses

Une reprise d'activité ovarienne retardée est associée à des états corporels insuffisants au moment du vêlage. Cette situation est rencontrée lorsque les apports alimentaires dans le dernier tiers de gestation sont insuffisants (génisses au pré sans complémentation avec vêlage d'automne). A cette période, le GMQ doit être au moins de 500 g/j pour assurer les besoins de la gestation [36].

2) Chez les multipares

Il semble difficile d'établir une relation entre le profil de cyclicité et la note d'état au vêlage. A l'inverse, la perte d'état en post partum est un facteur de risque mis en évidence dans plusieurs études. Fréret et al. [41] trouvent une proportion de vaches ayant une perte supérieure à 1,5 entre 0 et 60 jours significativement différente selon les profils. On les retrouve en majorité dans les profils d'absence de cyclicité ou de phase lutéale prolongée. Cinquante pour cent des femelles ayant eu une note minimale inférieure ou égale à 1,5 présentent ce type de cycle (47,4% de celles-ci sont dans la catégorie "absence de cyclicité" et 41,7% dans la catégorie "phase lutéale prolongée"). Même si Touze et al. [97] trouvent un poids vif au vêlage significativement plus faible chez les vaches en inactivité ovarienne prolongée que chez les vaches à profil normal, ils ne mettent pour autant pas en évidence un rôle déterminant de la note d'état.

Opsomer et al. [72], dans une étude sur les facteurs de risque des dysfonctionnements ovariens en post-partum, mettent en évidence la perte d'état corporel à trente jours, soixante jours, et cent vingt jours après vêlage comme facteurs de risque significativement plus important de l'inactivité ovarienne prolongée comparativement aux vaches à profil normal et à phases lutéales prolongées. La perte d'état à trente et soixante jours multiplie par 18,7 et 10,9 fois (odds ratio) le risque de manifester une inactivité ovarienne prolongée plutôt qu'un profil normal. La perte s'élève à 0,26 et 0,29 points au premier et au second mois respectivement pour les vaches

normales et à 0,39 et 0,49 points respectivement pour les autres. Les auteurs rapportent que l'importance de la note d'état au vêlage et d'une bien moindre importance comparativement à celle de la perte d'état pendant les premiers mois de lactation.

Shrestha et al. [90] placent l'état corporel comme le paramètre le plus impliqué dans la reprise d'activité ovarienne. Ils trouvent une note d'état corporel à cinq, sept, neuf et onze semaines post-partum significativement plus faible pour les vaches présentant une inactivité ovarienne prolongée. La perte d'état supérieure ou égale à un point apparaît aussi comme un facteur de risque de retard d'activité ovarienne en général. Mais la note d'état dès cinq semaines postpartum est aussi significativement plus faible pour l'inactivité ovarienne prolongée que pour les cycles normaux ou les phases lutéales prolongées. Il s'en suit donc un retard d'ovulation plus important pour les vaches présentant une perte d'état corporel modérée (0,5 à 1 unité) ou sévère (>1 point) comparativement à celle perdant peu (<0,5 point) [14, 44].

Dans l'étude de Benaich et al. [8], il existe une corrélation positive entre la durée de l'intervalle vêlage reprise d'activité ovarienne et le degré de mobilisation des réserves corporelles. Il s'agit d'une étude ayant pour objectif d'évaluer l'effet de la mobilisation des réserves sur les paramètres de reproduction dans huit fermes (216 animaux) au Maroc. La ferme où les vaches ont le moins mobilisé leurs réserves corporelles a les paramètres de reproduction les meilleurs et inversement dans la ferme où les vaches ont le plus maigri.

L'étude de Disenhaus et al. [22] traite de la cyclicité en fonction de la production laitière. Les profils de cyclicité post-partum sont classés différemment. Les vaches sont classées en 3 catégories : cyclicité normale, cyclicité anormale et anoestrus selon leurs profils de progestérone (vu précédemment). La probabilité (le seuil de significativité ayant été fixé à 10 % par les auteurs) de présenter une anomalie de cyclicité est augmentée par l'augmentation de la production laitière corrigée pendant les trois premières semaines (p=0,06), par la matière sèche volontairement ingérée au cours des trois premières semaines post-partum (p=0,03), par l'état d'engraissement au vêlage (p=0,06) et par la perte d'état entre le vêlage et soixante jours postpartum (p=0 ,06). C'est d'ailleurs l'interaction entre ces deux derniers paramètres qui a eu un effet négatif (p=0,06). En ce qui concerne l'anoestrus, le bilan énergétique des semaines sept à dix en est un facteur de risque (p=0,07), tout comme les AGNE plasmatiques moyens des semaines quatre à six et sept à dix (p=0,07 et p=0,04 respectivement) et la glycémie minimale aux mêmes périodes (p=0,08). En dehors de ces paramètres métaboliques, on retrouve la

production laitière corrigée des semaines sept à dix (p=0,02), la perte d'état entre le vêlage et 60 jours post-partum et le poids moyen des vaches entre la semaine quatre et six (p=0,05) (tableau 11).

Tableau 11 : Comparaison des caractéristiques zootechniques et métaboliques de vaches laitières selon leur profil de cyclicité post-partum [22].

PL : production laitière ; AGNE : acides gras non estérifiés ; MSI : matière sèche ingérée ; pp : post-partum

 

Etude 1 : anormale vs normale

Etude 2 : anoestrus vs normale

Cyclicité

Anormale n=15

Normale n=35

Anoestrus n=14

Normale n=35

Bilan énergétique (UFL/j)
7 à 10 semaines pp

 
 

1,90#177;0,49

0,78#177;52

PL 4% moyenne (kg/j)
7 à 10 semaines pp

33,3#177;0,9

29,8#177;0,9

 
 

PL 4% moyenne (kg/j)
1 à 3 semaines pp

 
 

27,0#177;1,1

23,1#177;1,1

MSI (kg/j)
1 à 3 semaines pp

16,1#177;0,7

14,2#177;0,6

 
 

Poids moyen (kg)
4 à 6 semaines pp

 
 

559#177;14

579#177;13

Etat d'engraissement au
vêlage

3,27#177;0,11

2,78#177;0,13

2,9#177;0,1

2,9#177;0,1

Perte d'état
[vêlage-60 jours pp]

0,84#177;0,13

0,55#177;0,12

0,79#177;0,11

0,41#177;0,11

AGNE max (microM) 1 à
3 semaines pp

775#177;85

629#177;74

 
 

AGNE moyen
4 à 6 semaines pp

 
 

314#177;40

229#177;37

Glycémie moyenne (g/L)
1 à 3 semaines pp

0,664#177;0,018

0,695#177;0,015

 
 

Glycémie minimale (g/L)
4 à 6 semaines pp

 
 

0,583#177;0,017

0,653#177;0,016

Finalement, l'évolution de l'état corporel influence significativement la reprise et la régularité de
la cyclicité entre 30 et 80 jours post-partum. Il convient de considérer la perte d'état d'un côté et
la note en elle-même de l'autre. Le risque de présenter une phase lutéale prolongée ou une

inactivité ovarienne prolongée est plus élevée chez les vaches perdant plus de 1 à 1,5 point entre 0 et 60 jours ainsi que chez celles présentant une note insuffisante à 30 jours de lactation (note<2). Une note intermédiaire (entre 2 et 2,5) diminue le risque d'activité ovarienne désordonnée. Le risque de reprise de cyclicité anormale est également élevé pour les vaches en bon état, voire grasses.

3) Aspect physiopathologique

La régulation endocrine de la reprise d'activité sexuelle fait intervenir la leptine. Cette hormone est sécrétée par le tissu adipeux et par le placenta [36] mais aussi, dans une moindre mesure, par la mamelle, le rumen, l'abomasum et/ou le duodénum et l'hypophyse [17]. Sa concentration sérique est associée à la quantité d'adipocytes et à l'importance des réserves corporelles en graisse. Elle agit sur l'hypothalamus en favorisant la sécrétion de GnRH ou plus exactement en limitant son inhibition. L'hypophyse possède également des récepteurs à la leptine laissant supposer une action directe. La leptine pourrait ainsi renseigner l'hypothalamus sur les réserves énergétiques à long terme et sur les capacités de l'animal à mener à bien la croissance folliculaire, l'ovulation, et enfin la gestation. Notons que la leptinémie des génisses est physiologiquement inférieure à celle des multipares et peut être en rapport avec une reprise d'activité ovarienne plus tardive chez celles-ci (figure 23) [36].

La leptinémie des vaches commence à diminuer de quatre à une semaine avant le vêlage, elle atteint un nadir autour de 3 à 6 ng/ml au cours de la première semaine post-partum (figure 23) pour réaugmenter ensuite. Cette diminution dès la fin de gestation/début de lactation résulterait de la diminution de la prise alimentaire, de la négativation du bilan énergétique, d'une insulinorésistance, et d'une diminution de l'état corporel durant cette période [17]. Elle aurait également comme rôle de diminuer la sensibilité à l'insuline et la synthèse protéique, de diminuer l'activité thyroidienne et d'augmenter l'efficacité alimentaire. Cette activité participe au partage homéorhétique des nutriments notamment pour favoriser l'approvisionnement de la mamelle (insulino-résistante, voir plus bas) mais a pour contrepartie un blocage de la reproduction [17].

Figure 23 : Influence de l'état corporel au vêlage sur la leptinémie des vaches avant et après vêlage [36].

Note (V) : Note d'état corporel au vêlage.

La leptinémie est donc corrélée positivement à la note d'état corporel au pic de lactation, les vaches et les génisses ayant une note d'état corporel supérieure à trois ont des taux d'Insulin Growth Factor 1 (IGF1) et de leptine plasmatique plus élevés [17]. De même, la chute du taux de leptine est plus prononcée chez les génisses et se met en place plus tardivement chez les vaches grasses. Enfin, les multipares et les génisses grasses présentent une leptinémie post-partum supérieure à 5,5 ng/ml et retrouvent une activité ovarienne cyclique plus tôt contrairement aux génisses maigres. Un pic de leptine supérieur à 5 ng/ml est d'ailleurs généralement observé (parallèlement a une diminution du taux d'AGNE sanguins) une semaine avant le premier pic de progestérone en post-partum [17].

L'utilisation du glucose est également déterminante pour la reprise d'activité ovarienne. Il semble être la principale source d'énergie utilisée par l'ovaire. Or, certains tissus non insulinodépendants [17]ont alors prioritaires. C'est le cas du cerveau, du coeur ou de la mamelle. Il est probable que l'entrée du glucose dans l'ovaire soit insulino-dépendante. Ceci pourrait également expliquer pourquoi les primipares, plus insulino-résistante que les multipares présentent des

délais de reprise de cyclicité post-partum plus longs que les multipares malgré un bilan énergétique plus favorable, Grimard citée par Ennuyer [36].

Le rôle du déficit énergétique est également prépondérant. D'un point de vue biochimique, les vaches en bilan énergétique négatif ont des concentrations sanguines en IGF1, en glucose et en insuline insuffisantes et des concentrations d'hormone de croissance et d'acides gras libres élevées. D'un point de vue physiopathologique, les effets de ce déficit énergétique sur la pulsatilité de LH expliquent le retard de la première ovulation après le vêlage.

La concentration d'IGF1 a été démontré comme variant dans le même sens que la balance énergétique [92] ; et en inversement à la production laitière. Cet accroissement d'IGF1 est également lié à l'augmentation de la sécrétion de progestérone au cours du cycle oestral. La réduction du taux d'IGF1 semble accompagnée d'une réduction d'activité ovarienne et compromet la croissance et la qualité des follicules [90].

Notons que le déficit est d'autant plus élevé que les vaches produisent beaucoup (forte expression du pic), que leur capacité d'ingestion est limitée (cas des génisses) ou quelles ingèrent moins (pathologie) [36].

Un bilan énergétique négatif altère donc la sécrétion d'IGF1. Il diminue la taille, altère la qualité et la croissance du follicule. En outre, ce follicule est le principal sécréteur d'oestrogènes, hormones responsables du comportement d'oestrus.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille