c) Recommandations pour l'éleveur
Il est donc important de ne pas négliger cet
évènement et de recommander aux éleveurs une observation
matin et soir, pendant trente minutes au total, et en ne se consacrant
qu'à l'observation des animaux : le temps de traite, de distribution de
la ration ou le paillage, ne doivent pas être considérés
dans le temps recommandé. Il existe également de nombreux
dispositifs d'aide à la détection des chaleurs. Pour ceux qui
prennent en compte le critère d'acceptation du chevauchement pour leur
fonctionnement, il faudra donc rester méfiant quant aux vaches
n'exprimant pas ce comportement d'autant qu'il en existe d'autres, tels que le
podomètre, qui ne sont pas basés sur ce principe. La prise en
compte de la seule acceptation du chevauchement permet de détecter
seulement 37 à 53 % des vaches en chaleurs, même avec deux
observations d'au moins trente minutes par jour [88]. Afin de prendre en compte
les autres modifications associées à l'oestrus, une grille
attribuant un certain nombre de points selon les différents signes
observés pour un animal donné a été proposée
(tableau 13). Pour une vache donnée, les points s'additionnent sur une
période de vingt-quatre heures. Avec deux ou trois observations de
trente minutes par jour, une vache est considérée en chaleurs
pour un score qui atteint au moins cinquante points [88].
Tableau 13 : Grille de pointage pour la détection visuelle
des chaleurs [88].
Signes d'oestrus
|
Points
|
Nombre
|
Total
|
Présence de mucus à la vulve
|
3
|
|
|
Interactions avec d'autres vaches
|
3
|
|
|
Agitation
|
5
|
|
|
Flairage de la vulve d'une autre vache
|
10
|
|
|
Appui du menton sur une autre vache
|
15
|
|
|
Chevauchée sans immobilisation
|
10
|
|
|
Chevauchement (ou essai) d'autres vaches
|
35
|
|
|
Chevauchement d'autres vaches par l'avant
|
45
|
|
|
Acceptation du chevauchement
|
100
|
|
|
|
TOTAL
|
|
2) Influence de la cyclicité
10 à 15% des vaches laitières présentent
des dysfonctionnements ovariens qui perturbent l'expression des chaleurs au
moment de l'insémination artificielle (IA) première,
c'est-à-dire audelà de cinquante jours post-partum [88] ; c'est 5
à 10% de plus que dans les années 80 [20].
Quatre vaches sur cinq normalement cyclées depuis le
vêlage sont détectées correctement. Cette proportion
devient significativement inférieure pour les autres : en effet,
malgré l'attention particulière portée à la
détection, lorsque l'activité cyclique post-partum est
irrégulière ou retardée, la détection des chaleurs
de mise à la reproduction n'est réalisée que pour une
vache sur deux (figure 24). Cette moindre détectabilité des
chaleurs des vaches dont la cyclicité est rétablie va dans le
sens d'une expression de l'oestrus plus faible au cours de la première
ovulation à la fois en terme de nombre de signes (acceptation du
chevauchement) que de l'intensité et de la durée de ceux-ci. Une
difficulté supplémentaire s'ajoute alors à
l'éleveur pour les animaux présentant des anomalies de
cyclicité, il n'a alors aucun repère fiable et prévisible
pour les chaleurs suivantes (de mise à la reproduction, après
cinquante jours) [21].
Mais au-delà des vaches présentant des
dysfonctionnements ovariens, celles dont la cyclicité est
régulière n'ont pas toujours une activité oestrale aussi
bien orchestrée. En effet, plus d'un tiers (35%) des vaches dont la
cyclicité a été vérifiée par des profils de
progestérone n'ont pas de chaleurs détectées entre 50 et
70 jours. Dans cette étude, 73 % des vaches ont eu un profil de
cyclicité normal mais seulement 32 % ont présenté des
chaleurs régulières. 16% ont eu des chaleurs
irrégulièrement et 26 % n'en ont pas eu. Enfin, 63 % des vaches
à profil normal ont eu au moins une chaleur non détectée
entre 30 et 80 jours post-partum [41].
Les anomalies de cyclicité sont un facteur significatif
influençant la détection des chaleurs. Le pourcentage de
détection de celles-ci varie considérablement selon les profils
(tableau 14).
Figure 24 : Efficacité de la détection des chaleurs
entre 50 et 90 jours post-partum en fonction des profils d'activité
cyclique [21].
% significativement différents entre colonnes de la
même couleur à *p<0,05 et **p<0,01.
Tableau 14 : Pourcentage de chaleurs détectées
selon le profil de cyclicité
Dans ces deux études, les chaleurs ont
été détectées selon l'habitude des éleveurs
mais ont été néanmoins confirmées à
posteriori par les dosages de progestérone sur le lait congelé et
analysé en fin de collecte.
Profils
|
Normal
|
Inactivité prolongée
|
Interruption cyclicité
|
Phase lutéale prolongée
|
Activité désordonnée
|
% chaleurs régulières détectées
[41]
p<0,0001
|
43,1
|
5
|
27,3
|
3,85
|
37,5
|
% chaleurs détectées [54] p<0,02
|
76
|
46
|
|