B. RETENTION PLACENTAIRE
Au-delà de 15 % de vaches atteintes de rétention
placentaire dans un troupeau, un diagnostic de troupeau devient
nécessaire. Notons que l'estimation de ce chiffre est difficile car
cette affection fait de moins en moins l'objet de visite
vétérinaires. La démarche diagnostique (figure 28) prend
en compte l'évaluation du statut énergétique en fin de
gestation.
L'état d'engraissement a là encore son
rôle à jouer qu'il soit insuffisant ou excessif. L'état
d'engraissement au vêlage inférieur à 2,
révélateur d'un état de sous-nutrition, peut
entraîner une fréquence plus élevée de
rétentions placentaires [40]. A l'inverse, un état
d'engraissement excessif au vêlage (>4) est également un
facteur de risque de rétention placentaire [64, 74]. Il favorise un part
languissant, élevant le risque de non-délivrance et de
métrite. Il favorise aussi les hypocalcémies qui retardent
elles-mêmes l'involution utérine, le risque de métrite s'en
trouvant ensuite accru. Une vache trop grasse développe souvent une
stéatose hépatique. Les capacités de détoxification
du foie diminuent, ce qui favorise les non-délivrances et les
métrites. Notons que cette stéatose favorise également
d'autres affections métaboliques (coma vitulaire), elles-mêmes
facteurs de risque des non-délivrances et métrites [3].
L'évolution de l'état corporel pendant le
tarissement ne semble pas jouer de rôle significatif sur le taux de
rétention placentaire [55].
Figure 30 : Démarche diagnostique lors de
non-délivrances et/ou métrites en élevage [3].
Etape 1 : Eliminer les causes non alimentaires
(hérédité, liées au part, infectieuses)
Etape 2 : Etudier le statut énergétique en fin de
gestation : état d'engraissement insuffisant ou excessif
Etape 3 : Etudier la nutrition azotée : excès ou
déficit pendant le tarissement, excès en début de
lactation
Etape 4 : Contrôle du déficit
énergétique en début de lactation
Etape 5 : Mise en évidence d'une acidose ruminale
Etape 6 : Contrôle de l'équilibre minéral de
la ration : calcium, magnésium
Etape 7 : Détection des carences en
oligo-éléments et en vitamines : sélénium, iode,
vitamines E et A
C. METRITES
On distingue la métrite puerpérale aiguë
qui apparaît entre cinq et quinze jours suivant le vêlage, de la
métrite chronique qui se manifeste plus tardivement. Le caractère
aigu ne fait pas référence à la gravité de
l'affection mais s'oppose au terme chronique, qui caractérise les
infections utérines tardives, détectées plus de trente
jours post-partum.
1) Métrite puerpérale aiguë
La durée d'évolution d'une métrite
puerpérale aiguë est variable, de deux à quinze jours. Les
signes cliniques sont dominés par la perte d'appétit, une chute
de la production laitière et un état fébrile transitoire
(T°>39,5°C).
Les causes et facteurs favorisants sont obstétricaux.
Toute anomalie dans le déroulement de la mise-bas constitue une
situation à risque de métrite. La rétention placentaire en
demeure une cause majeure : 96% des rétentions placentaires
évoluent vers une infection utérine avec une hyperthermie (>
39,5°C) [1]. Les causes et facteurs favorisants peuvent également
être métaboliques. L'atonie utérine fréquemment
associée à l'hypocalcémie ou aux
déséquilibres nutritionnels en est un. L'immunodépression
physiologique en post-partum est également un facteur de risque, elle
entraîne une diminution des capacités inflammatoires et
immunitaires. L'accroissement du taux circulant de corps cétoniques
concourt à la diminution de l'activité bactéricide : la
dépression des défenses naturelles est donc aggravée lors
d'hypoglycémie associée à la cétose. Notons que
l'utérus est naturellement contaminé par les bactéries
d'origine périnéale au moment du vêlage mais qui sont
éliminées normalement vers la sixième semaine après
vêlage. Toute perturbation des mécanismes d'élimination
peut conduire à une métrite puerpérale aiguë.
La prévention de ces situations à risque passe
donc par deux volets : d'une part, il convient de sécuriser le
post-partum et de redoubler d'attention lors d'incidents obstétricaux
(avortement, gémellité, veau mort-né, induction de la
parturition, dystocies aggravées par des manipulations
gynécologiques, extractions forcées, vaginite avec ou sans
déchirure [1]) , lors de prolapsus utérin, lors de
rétention placentaire, de part languissant laissant suspecter une
hypocalcémie. D'autre part, il convient de maîtriser les facteurs
en amont. De nombreuses situations peuvent être prévenues avec une
bonne maîtrise de l'alimentation. Les déséquilibres
minéraux (Ca,P), les carences fréquentes en vitamines A et E, en
sélénium (et iode), les acidoses latentes en font partie.
Les situations d'état d'engraissement extrêmes,
notamment au tarissement, soit en excès (cétose) soit en
défaut (déficit énergétique) sont des situations
à risque [1]. Les vaches en état corporel insuffisant sont plus
à risque de développer une métrite dans les 20 jours
post-partum que celles ayant une note d'état corporel normale [51].
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