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Evaluation d'une expérience de réintroduction d'autruches en élevage semi-intensif au Sénégal

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par Amadou NDIAYE
Université de Thiès Sénégal - Ingénieur agronome 2011
  

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1.3 Discussion

Les difficultés rencontrées par les éleveurs ont été de divers ordres et pourraient être expliquées par des défaillances dans le choix des villages et des éleveurs, dans la formation aux techniques d'élevage de cette espèce et dans le suivi des élevages. En effet, pour le suivi, l'inexpérience des populations associé au fait que la phase préparatoire a été courte montrent que les producteurs n'avaient pas réalisé l'ampleur du travail (soins méticuleux, permanence du suivi). Certains cas de colique et/ou de diarrhée ont été attribués à des objets jetés par les enfants laissés seuls avec les autruchons. De plus, les fractures et certaines blessures observées chez les animaux ont été mises sur le compte du manque d'expérience dans la manipulation des autruchons. Les mauvaises odeurs consécutives au placement des serres au milieu des maisons ont énormément gênées les éleveurs et expliqueraient les difficultés dans le suivi permanent des animaux.

Les serres ont été placées au milieu des habitations pour faciliter la lutte contre les vols et les attaques des chiens errants. Ceci serait à l'origine de certaines troubles telles que le stress et ses conséquences sur le comportement alimentaire, mais également d'engouement. De plus, au niveau des concessions, ces serres ont été installées sous les arbres. En effet, ce programme d'élevage d'autruchons en milieu paysan s'était déroulé en pleine saison sèche chaude et, par rapport aux recommandations pour cet animal (Corneille et Lebailly, 1998), l'ombre créée devait servir d'aire de repos. La forte présence de « niim », communément appelé Azadiracta

Contribution à l'étude de la mise en place d'un élevage semi-intensif d'autruches au Sénégal

PARTIE C : RESULTATS ET DISCUSSIONS

indica, dont les fruits mûrs en chute ont été ingérés par les animaux pourraient expliquer la prédominance des cas d'engouement au niveau du village de Ya Diana.

Par ailleurs, les retards de croissance constatés chez les autruchons, après les 25 premiers jours d'élevage, par les techniciens de SENAUTRUCHE pourraient être expliqués par une infection du sac vitellin. En effet, chez les autruches, durant les 2 premières semaines de la vie, les réserves contenues dans leur sac vitellin, doivent absolument être consommées. Ces réserves représentent 40% du poids de naissance. Le sac vitellin est une réserve de nutriments qui permet aux autruchons de survivre pendant quatre à cinq jours sans se nourrir (Guittin, 1985). Le fait de les nourrir trop tôt, les emmène à moins puiser dans ces réserves. Et si ces dernières ne sont pas utilisées, des troubles pathologiques peuvent apparaitre notamment une infection ou une rétention du sac vitellin.

De plus, un défaut d'adaptation des autruchons à l'aliment et aux types de mangeoires pourrait également être évoqué. En effet, il est recommandé de mettre dans chaque lot d'autruchons, un autruchon plus âgé, ayant acquis les bons reflexes alimentaires (Guittin, 1983) et qui permettrait aux oisillons de distinguer très tôt les mangeoires ainsi que la forme et la couleur des aliments à consommer. Dans la nature, les autruches génitrices jouent ce rôle. Tous les animaux étant de même âge durant ce programme, les troubles du comportement alimentaire observés tels que la consommation d'objets divers et le picage entre congénères pourraient être attribuées à ce phénomène ainsi que les troubles comme l'engouement (près de 35% des élevages enquêtés).

Il faut rappeler qu'après les 25 premiers jours d'élevage des autruchons, les techniciens de la société avait attribué ces retards de croissance à l'aliment distribué et avaient opéré un changement qui a du forcer les animaux à se réadapter. En effet, un aliment pré-démarrage d'une société de la place a été utilisé au début de ce programme. Le changement d'aliment après les 25 premiers jours d'élevage, a du forcer les autruchons à se réadapter et à relancer leur croissance. Pourtant, les valeurs nutritives de l'aliment pré-démarrage mis en cause sur la croissance des animaux répondaient aux normes (Corneille et Lebailly, 1998). Le changement de mangeoires avec l'emploi de pneus à la place des jerricanes de 20 litres, déformées par les coups de becs des animaux, pourrait également avoir un effet négatif sur la consommation même s'il est moins vraisemblable avec le temps de réadaptation.

Il faut également souligner la distribution de l'aliment au niveau des villages. En effet, elle se
faisait à volonté, contrairement aux recommandations de Guittin (1985), avec pour

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conséquence une croissance accélérée des animaux avec l'aliment importé et des difficultés dans les déplacements du à des problèmes de pattes. L'ensemble des élevages enquêtés ont été touchés par ces paralysies qui seraient liées à un développement disproportionné de la partie abdominale de l'animal par rapport à la puissance motrice de ses pattes. L'aliment doit être distribué en quantité limitée et en plusieurs repas (5 à 6) pour, en plus, faciliter le transit intestinal et limiter l'ennui des poussins. De plus, la distribution régulière de graviers et de fientes d'autruches adultes n'a pas été respectée par tous les exploitants. Ceci serait à l'origine des cas de coliques et de diarrhées. Les fientes permettent d'ensemencer leur tube digestif améliorant leur capacité digestive, et dans le même temps stimulent leurs défenses immunitaires (Guittin, 1985).

La distribution de l'eau de boisson a également été une difficulté notamment dans le village de Nguer Nguer. En effet, la société devrait approvisionner en eau les éleveurs à partir du village de Diokoul Diavrigne. Des jerricanes de 20 litres d'eau étaient délivrés chaque jour aux éleveurs ; cependant face aux déficits, les éleveurs ont utilisé l'eau des puits au niveau de Nguer Nguer et Ya Diana où les mortalités on été les plus importantes avec respectivement 25,8% et 26,7%. En effet, les micro-organismes présents dans l'eau des puits pourraient également expliquer certains troubles observés notamment les diarrhées fréquentes.

Malgré toutes les contraintes, les résultats obtenus par les exploitants villageois ont été satisfaisants. En effet, près de 78% des autruchons importés d'Afrique du Sud ont atteint l'âge de trois mois. Ce qui est supérieur aux moyennes des autruchons éclos vivants à l'âge de trois mois au niveau des élevages intensifs en Région Wallonne (70%) et aux Etats Unis (60%), mais inférieur à la moyenne des élevages intensifs d'Afrique du Sud qui est de 80% (Corneille et Lebailly, 1998; Van der Vijver,1992). De plus l'objectif initial qui était de familiariser les populations a l'autruche a été atteint.

Pourtant cette étude montre que les résultats obtenus par SENAUTRUCHE pourraient facilement être amélioré à travers l'habitat, l'aliment et la conduite de l'élevage. En effet, des défaillances sur la préparation des éleveurs ont été observées. Elles seraient dues au temps de préparations très court pour sensibiliser suffisamment les volontaires sur les normes d'élevage de cet animal dont les intérêts sont multiples.

Aujourd'hui, il est clair qu'au Sénégal et notamment dans la zone du Bassin arachidier où ce
programme a été mené, l'élevage d'autruchons pourrait être envisagé avec succès. Toutefois,
par rapport à la durée de vie de cet animal et à la longueur de la période d'élevage, les

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contraintes inhérentes à la période de plus de 3 mois doivent être solutionnées. Parmi celles-ci l'ingestion de sable. Un certain nombre de stratégies censé lever la contrainte, avait fait l'objet d'une expérimentation à travers une évaluation de l'utilisation digestive des nutriments.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams