3.2. Chasse
La chasse est après l'agriculture la seconde
activité traditionnelle dans la zone de GOUONGO. En termes de
subsistance des populations rurales, la chasse constitue la principale source
de protéines des populations et l'une des sources de revenus
monétaires des ménages. D'une manière
générale en zones forestières d'Afrique centrale, la vente
de la viande de brousse représente globalement près de 70 % des
revenus monétaires des ménages et constituent l'épine
dorsale de l'économie rurale des zones forestière (Pierre,
2004).
Dans les villages de notre zone d'étude, les habitants
pratiquent trois techniques de chasse : la chasse au piège avec
câble métallique ; c'est la technique la plus utilisée,
elle est simple et peu coûteuse (le câble est vendu à 200
F.CFA le mètre). Un chasseur dispose en moyenne de 60 à 80
pièges disséminés partout dans la forêt. La chasse
au fusil a lieu le soir et elle est également très
pratiquée. Enfin il y a la chasse au filet, qui est essentiellement
pratiquée par les Bongos (pygmées).
Dans notre zone d'étude, coexistent deux types de chasse
:
a) chasse à petite échelle pour
l'autoconsommation et le petit commerce local d'appoint
Ce type de chasse est largement dominant dans la zone ; elle est
pratiquée dans tous les villages de l'UFE le produit est destiné
à :
- la consommation familiale (économie de subsistance) ;
- le partage, le don au sein de la famille ou du lignage ou
à d'autres habitants du village (économie sociale de relation)
;
- la vente, en fonction de la part disponible (économie
marchande). La viande ici est morcelée et vendue en parts de 100 ou 200
F.CFA dans le village.
Comme l'affirme Pierre (2004), dans ce type de chasse,
à l'instar de ce qui est généralement observé en
Afrique Centrale, près de 3/4 des captures concernent en premier lieu
les céphalophes, suivies des athérures et des petits primates. Se
sont en particulier :
- le céphalophe bleu, (ongulé,
céphalophes monticola), de petite taille, communément et
improprement désigné par « gazelle » ;
- le céphalophe rouge, de taille moyenne, il est
englobé dans la même appellation impropre « d'antilope
», il s'agit essentiellement de deux espèces distinctes : le
céphalophe de Peters (Céphalophus callipygus) et le
céphalophe à bande dorsale noire (C. dorsalis) ;
- l'athérure, improprement aussi appelé par
Porc-épic, (rongeur, Atherurus africanus) et enfin le singe
hocheur (primates, Cercopithecus nictitans).
b) chasse commerciale qui alimente des filières
d'approvisionnement des centres urbains en de viande de brousse
Comme pour la chasse à petite échelle, une part
prioritaire dans ce type de chasse est destinée à
l'autoconsommation familiale, puis au partage et au don. La différence
est que, la part commercialisée est ici la plus importante. On voit
apparaître des filières commerciales structurées, dont les
principaux acteurs sont les allochtones. Ces filières fonctionnent par
abonnement ou sous forme de traité avec les villageois, en particulier
avec les pygmées (main d'oeuvre disponible à bas prix et
compétente dans ce domaine).
Le principe du traité avec les villageois consiste
à remettre au chasseur un fusil (calibre 12), qui est
généralement pris en location (1500F.CFA la semaine,), des
cartouches (boîte de 20), des piles de torche, des ampoules de
réserve pour torche. Le chasseur reçoit aussi du manioc dont la
quantité dépend de la durée de séjour en
forêt.
Pour 20 cartouches remises, le chasseur doit apporter 17
à 18 bêtes au moins, si l'on tient compte des ratés. Au
retour du chasseur, le commanditaire (commerçant) évalue toute la
dépense réalisée, notamment la location du fusil, l'achat
des cartouches et autres dépenses. Celles-ci sont compensées par
2 à 3 bêtes. Les bêtes restantes seront partagées en
part égales avec le chasseur.
Les bêtes sont fumées et destinées
à la vente. Les commerçants les acheminent vers les grands
centres (Komono, Sibiti, Mossendjo, Dolisie.), au moyen des véhicules ou
des motos (Djakarta).
Photo 9 : céphalophe bleu pris
Photo 10 : athérures fumés exhibés au
Photo 11: moto d'un commerçant
dans un piège à câble (ph. L.
Kiminou) campement Massala (ph. L. Kiminou) provenant de Komono
(ph. L. Kiminou)
Tableau 13 : présentation des prix des
principales viandes de chasse commercialisées dans les villages et
à Komono centre.
Viandes de chasse (fumée)
|
Prix dans les villages (FCFA)
|
Prix à Komono centre (FCFA)
|
Gazelle (céphalophe bleu)
|
2.000
|
2.500
|
Antilope rouge (C. callypigus)
|
5.000
|
8.000
|
Antilope à bande noire (C. dorsalis)
|
5.000
|
8.000
|
Porc-épic (Atherures)
|
2.000
|
2.500
|
Singe (cercopithecus nictilan)
|
2.500
|
3.000
|
Source : donnée de l'enquête
Komono centre est la principale localité où les
commerçants et les chasseurs des villages de notre zone d'étude
viennent écouler leurs bêtes. Notons qu'à Komono centre, se
trouve une brigade de surveillance du Ministère de l'Economie
Forestière, elle est chargée de la sensibilisation sur
l'interdiction de chasser les espèces protégées et la
répression de la chasse commerciale illégale. Cette brigade
délivre aux commerçants de viande de brousse un permis de petite
chasse, autorisant la vente de 50 bêtes au plus par vendeur. Le permis
est délivré au coût de 17.400 F.CFA, pendant la
période d'ouverture de la chasse qui est de 6 mois (novembre à
avril).
Tableau 14 : identification des principales
espèces chassées dans la zone de GOUONGO.
Nom scientifique
|
Nom commun
|
Nom Téké
|
Nom Ndassa
|
Nom Mbamba
|
Fréquence de capture
|
Atherurus africanus
|
Atherure
|
Ngûnu
|
Ngûmba
|
Ngûma
|
Très fréquent
|
Cephalophus monticola
|
Céphalophe bleu
|
Sitè
|
Sèti
|
Sèti
|
Très fréquent
|
Cephalophus dorsalis
|
C. à bande dorsale noire
|
Gsib
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Suvu
|
Gsibi
|
Très fréquent
|
Cephalophe callipygus
|
C. de peters
|
Nvulanzele
|
Onkabi
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Nvulanza
|
Peu fréquent
|
Manis tricuspis
|
Pangolais
|
Lokâka
|
Lakâka
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Lekâka
|
Assez fréquent
|
Thrynomys swinderianus
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Aulacode
|
Tsibissi
|
Sibissi
|
Tsibili
|
Peu fréquent
|
Viverra civetta
|
Civette
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Nzobo
|
Nzôbo
|
Nzôbo
|
Rare
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Potamochoerus porcus
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Potamochère
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Nguyi
|
Nguya
|
Nguya
|
Peu fréquent
|
Cercopithecus nicitans
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singe hocheur
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Kim
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Stima
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Nkema
|
Assez fréquent
|
Source : donnée de l'enquête
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