PREMIÈRE PARTIE: CADRE THÉORIQUE
ET CONCEPTUEL DE L'ÉTUDE
CHAPITRE I: LE CADRE THÉORIQUE DE
L'ÉTUDE
Introduction
Dans ce premier chapitre, nous allons essayer de poser le
problème de la marginalité juvénile en fonction de ces
différents paramètres présentés dans un
mémoire de recherche qui rentre dans le cadre d'un travail
académique. Les idées développées sont les
suivantes : la problématique de la marginalisation des jeunes, les
objectifs de la recherche, la justification du sujet, les hypothèses de
la recherche, les délimitations, les intérêts de ce
travail, ainsi une analyse théorique.
1. Problématique de la marginalisation des jeunes
1.1. L'ampleur du phénomène
En Haïti, les conditions de vie de la majorité de
la population se sont grandement détériorées et
l'élément fondamental composant cette majorité s'appelle :
« la jeunesse », issue de toute part,
victime de la grossesse précoce qui accélère la croissance
démographique. En effet, l'étroitesse du marché du
travail, la faiblesse du revenu et les difficultés d'accès aux
services sociaux de base tels que : le logement, l'éducation, la
santé posent de façon aiguë le problème de la
satisfaction des besoins essentiels d'une population de jeune toujours dans
l'attente.
1.2. Les dimensions du phénomène
Par définition, la problématique de la
marginalisation de la jeunesse peut s'entendre comme une sorte de
pauvreté à double volet : culturel et économique. Ce qui
la met, dans une condition de soumission et de dépendance, plus
conventionnellement par rapport à une certaine systématisation de
l'incapacité dans les sphères sociales ou d'immaturité
comme préjugé.
Voilà pourquoi, avec la responsabilité de la
nouvelle génération d'homme et de femme sur le plan politique,
depuis les vingt dernières années, la jeunesse devant une
réalité autre que la soumission ou la dépendance envers
ses prédécesseurs opte pour la mission de la libération
nationale, en pleine économie libérale. L'essence de cette
jeunesse est caractérisée par l'exclusion, le chômage et un
dégout du patriotisme sous forme de conflit de génération.
Le rapport de (L'IHSI/RGPH, 2003) nous dit que la jeunesse représente
plus de 50% de la
population haïtienne, dont 2/3 d'entre eux n'ont pas
d'accès à l'éducation et la formation
professionnelle.1
Cette situation marginale renvoie à une certaine
méconnaissance de soi, ou même à un dépaysement,
quand bon nombre de jeunes se migrent vers l'étranger. Cet état
de fait est dü à un problème interne de l'emploi, ou
familial. C'est pourquoi en Guyane française le rapport au flux
migratoire des jeunes haïtiens nous permet de saisir, « comment
les jeunes migrants à la croisée du familial et du
générationnel se recompose en combinant identité et
appartenance ».2
En fait, sur une population urbaine des Jeunes, 1.795.267
individus à Port-au-Prince (2003), soit 21%, du département de
l'Ouest, plus de 50% des 15 à 34 ans sont dans le chômage, leur
pouvoir d'achat est très faible, sans compter la moitié des
jeunes filles qui sont tombées dans la prostitution et dans le
plaçage précoce. Un fort taux de
séroprévalence au VIH/ SIDA est enregistré chez les jeunes
de 15 à 34 ans, puisque les 59% dès, premières naissances
sont enregistrées dans la catégorie des jeunes filles/ femmes de
14 à 34 ans (ECVH-2001). Sans oublier, les cas récurrents
d'avortement dans les hôpitaux ou du moins des cas de bébés
innocemment jetés dans les trous égouts de la capitale.
Ces difficultés nous rappellent que toutes
sociétés ont leurs problèmes et ils ne datent pas d'hier.
Le phénomène de la marginalité juvénile est une
pathologie sociale qui a ses racines au sein même de la structure et de
l'organisation de la société. Après le tremblement de
terre du 12 janvier 2010 qui a profondément saccagé le
département de l'Ouest, des nouveaux territoires de sans-abris ont
été créés. Le niveau de consommation de drogues,
d'alcool et autres accoutumances chimiques augmente de plus en plus dans cette
catégorie sociale.
Les quartiers font la une des journaux, envahis par les ONG et
les autres organismes tant publics que privés. Les plus
vulnérables sont accusés de tous les maux du monde, dès
fois appelés « zone de non droit ». La question de « la
marginalisation des jeunes dans les camps » devient une nouvelle
catégorie d'analyse centrale des problèmes sociaux en Haïti.
A cet effet, l'on peut se demander: Les jeunes ont-ils consciences
qu'ils sont exclus de l'organisation du pouvoir politique ? Leurs trajectoires
sociales les rendent-ils marginaux ? Et quel est le sens de ce
1 Voir IHSI, Caractéristiques
socioéconomiques des jeunes en Haïti, Port-au-Prince, 2009
P10-30
2 Calmont, André, Trajet socio-identitaire chez
les jeunes issus de la migration haïtienne en Guyane, Cuadernos
interculturales, ano 5no 9 2007, P9
concept ? Pourquoi y a-t-il des jeunes qui sont
tantôt d'un endroit, soit en province ou en ville, ou tantôt dans
un autre ? Pourquoi cet état de chose? Quels peuvent être les
facteurs explicatifs d'un tel phénomène? Est-ce que la cause de
ce phénomène est à rechercher dans les
représentations sociales de ces jeunes, dans leurs discourä leurs
façons de parler, de vivre ou dans les conditions de vie ? En
somme, il s'avère méthodique de nous situer en fonction d'une
interrogation cruciale de recherche : Comment expliquer la
marginalité des jeunes dans l'Aire Métropolitaine de
Port-au-Prince, particulièrement dans les quartiers
défavorisés ?
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