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La marginalisation des jeunes dans l'aire métropolitaine de Port- au- Prince de 2010 à  2012

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par CENANFILS Junior
Université d'état d'Haà¯ti - Licence en anthropologie et sociologie 2007
  

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1.9. Proportions du phénomène

La marginalisation des jeunes, spécifiquement dans les quartiers populaires ou les zone dites sensibles, les quartiers dits difficiles dans l'aire Métropolitaine de Port-au-Prince, s'explique par les éléments classiques suivants : les jeunes des rues, les jeunes en condition de vie difficile, la déviance, la délinquance et enfin les marginaux s'imposent véritablement comme un « problème social ».

La précarité économique et la forme d'invention de stratégie de survie, de sous culture de ces catégories (des jeunes) nous interpelle la conscience. Ainsi cette perspective d'appréhension est conçue comme un état de délabrement social. En effet, les différents quartiers de la zone métropolitaine, la bidonvilisation et autre forme de prostration sociale nous met en face d'une nouvelle réalité de contre-société ou une sorte de haine de notre propre société.

Le problème des jeunes parait être tellement profond, autant qu'il sape méme les bases des institutions établies. Ce phénomène ne cesse pas de prendre différente tournure et ceci sous une vague vertigineuse, tel que : les enfants des rues, les jeunes aux comportements déviants, les gangs armées, les jeunes qui abandonnent leur maison ou leur famille, les bandits, les assassins, les tueurs à gages, la prostitution des mineures, etc. Bref, les jeunes en difficultés tout court...

1.10. ANALYSE THÉORIQUE

Depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, la jeunesse s'entend au sens d'immaturité ou du symbolisme les qualités de la maturité et ce n'est qu'à la fin du 16ème siècle que l'on commence à le définir comme celui qui a gardé les caractères physique et moraux de la jeunesse. Bien qu'il soit toujours associé aux notions d'irresponsabilité, d'étourderie, de folie, etc.

Selon Philipe Ariès, le premier qui a livré une réflexion à la fois historique et Anthropologique de l'enfance dans les sociétés traditionnelles occidentales ; estimant que celle-ci se représentait mal cet age de la vie, l'assimilant très rapidement au monde adulte. Le passage de l'enfance à l'age adulte se faisait selon lui très tôt sans qu'une étape puisse être qualifiée de jeunesse.4

4 Ariès, Philipe, L'enfant et la vie familiale sous l'ancien régime, Paris, éditions Seuil, 1975, P316.

19 Donc, la définition inspirée des textes de l'Antiquité enfance, jeunesse et vieillesse commencent par s'imposer. Au tournant du 16ème siècle, il semble qu'au niveau de la représentation des âges, il y a plusieurs tranches. l'on se réfère souvent aux textes de l'Antiquité pour distinguer six ages différents : l'enfance (jusqu'à 7 ans), la pueritia ( jusqu'à 14 ans), le tiers age aussi appelé l'adolescence (jusqu'à 21 à 28 ans, à en croire les sources), la jeunesse ( jusqu'à 45 ou 50 ans), la senecté et la vieillesse.

Là, les considérations psychologiques liées à l'individu ne sont pas examinées puisqu'il s'agit des définitions fondées sur le cycle vital. La jeunesse n'est qu'une phase d'attente, de dépendance, d'incertitude et les jeunes sont vus souvent comme des errants et des impatients. Il faut dire qu'ici, c'est une conception des familles riches, où il y a effectivement une logique de transmission des biens du père au fils, alors que dans les familles populaires la jeunesse n'a pas d'existence pratique, puisque les enfants sont soumis précocement au travail du père ou du maitre jusqu'à l'age adulte.

La fin du 17ème siècle a été pour la jeunesse une nouvelle façon de vivre par rapport à la constitution majeure du rôle que l'éducation en a joué dans le souci de tempérer les passions en faisant tenir leur rang à ceux qui occupent une position privilégiée dans la société, vu ses emportements et ses excès. C'est pourquoi, à la fin de ce siècle, il y a eu un changement considérable du point de vue, de ce que représentent les jeunes, les premiers signes d'une évolution du sentiment parental avec une augmentation de la tendresse familiale et de la discussion entre sphère publique de représentation et sphère privée d'intimité. C'est ce qui va contribuer à fonder la forme moderne de la jeunesse sur l'idée de l'éducation de l'enfant, par le biais de la famille. En effet, cet idéal pédagogique n'arrive pas à imposer, au-delà de l'idéal mondain, que le mérite puisse supplanter la naissance.

Pour introduire à ce siècle (le 18ème siècle), Olivier Galland peint cette période comme une hymne à la jeunesse :

« Malgré les écarts de la jeunesse [w] c?est toujours l?ige le plus aimable et le plus brillant de la vie ; n?allons donc pas ridiculement estimer le mérite des saisons par leur hiver, ni mettre la partie la plus triste de notre être au niveau de la plus florissante.[~] ceux qui parlent en faveur de la vieillesse, comme sage, mure et modérée, pour faire rougir la jeunesse, folle et débauchée, ne sont pas des justes appréciateurs de

20 la valeurs des choses ; car les imperfections de la vieillesse sont assurément en plus grand nombre et plus incurables que celles de la jeunesse »5.

Dans « l'Encyclopédie » de Diderot (1751), un renversement significatif s'opère bien que l'on continue à attribuer à la jeunesse des tendances à la légèreté et au manque de réflexion. Il y a tout un passage entre l'éducation mondaine et l'éducation nationale qui met l'accent sur les compétences individuelles avec les besoins d'un pays. Ce nouveau projet d'éducation qui remet en cause le privilège du sang et la qualité individuelle et sociale, là où l'idéologie du mérite va connaitre une véritable progression. Il faut préciser qu'au cours de cette période que c'est pour la première fois que la jeunesse est perçue comme force de progrès, où l'aspiration du changement est manifeste. Rappelons bien l'invention de la machine à calculer par Blaise Pascal à 16 ans.

Le 19ème siècle a vu l'émergence de la juvénilité et la mise en place dans les sphères publiques et privées d'un fort dispositif d'encadrement de jeunes. En 1830, il y a eu un bouleversement à la fois social et géographique qui accélère la constitution d'une nouvelle forme d'indépendance de la jeunesse qui se manifeste dans une agitation sociale entretenue par des particules, telles : étudiants, jeunes diplômés et employés. Face aux mouvements de jeunesse, tout au long de ce siècle, les détenteurs de la morale bourgeoise (homme politique, notables, religieux, médecins) discutent sur la démoralisation de la jeunesse et la nécessité de l'encadrer. D'autres parts, l'on voit la jeunesse comme la jeunesse comme un personnage collectif incarnant simultanément les craintes et les espoirs de la société, le signe d'une menace pour l'ordre social et d'un renouvellement de la jeunesse pour la promotion d'un nouvel idéal.

Au début du 20ème siècle, une nouvelle réalité se présente pour la jeunesse. Les jeunes sont victimes d'un excès d'idéalisme, insatisfaits, frustrés et mélancoliques. Face à tout ce constat, la psychologie, en tant que science naissante, va se donner pour objectif d'analyser les émois et les débordements de l'adolescence ce qui va renouveler sa façon de penser. Pour la première fois, elle est reconnue scientifiquement comme phase de vie, différenciée de l'enfance mais non assimilée à cet état d'adulte inaccompli que qualifiait l'ancienne notion de jeunesse. A travers les lectures de ce siècle, il parait que la jeunesse n'est plus pensée comme une simple catégorie mais comme un processus de maturation psychologique et de socialisation.6

5 Galland, Ollivier, Sociologie de la jeunesse, Paris, Armand Colin, 2001, P24

6 Ibid.P28.

21 Avec le 21ème siècle, Qui nous met en face d'une société fondée sur la technologie et le développement économique, Marcel Rioux a fait de la jeunesse une préoccupation au centre de sa réflexion, c'est pourquoi, il s'interroge sur les groupes sociaux, qui par leur action, vont faire changer la société et qui ont déjà commencé à le faire changer ? Dans son hypothèse étayée par les arguments conceptuels de classe sociale et de génération sociale ; il nous montre que la classe ouvrière a perdu son pouvoir de contestation à mesure qu'elle a réussi à intégrer la nation pour laisser l'affaire à une autre catégorie qu'est la jeunesse, sous sa forme de conflit génération sociale. Dans sa perspective de rapprochement des jeunes, des ouvriers, il montre qu'ils luttent tous, pour une meme conception de l'homme et la société, différente de celle des adultes. C'est pourquoi, la révolte des jeunes et leurs frasques dans la délinquance juvénile et comme il se devait d'associer ce type de déséquilibre social à la pauvreté et à la misère.7

Les conflits de génération dans les sociétés industriellement avancées, est de moins en moins un conflit d'intéret. Dans les sociétés traditionnelles, l'éducation des adolescents était assez simple. Or, dans les sociétés contemporaines, ces rôles sont sans cesse redéfinis. Bon nombre d'adulte ressemble à la jeunesse. Les jeunes ne voulant pas se joindre trop vite à la guerre au couteau qui livrent les adultes inventent d'autres stratégies à caractères marginal:

L?inadaptation de la jeunesse à la vie collective, son opposition aux conditions de l?existence dite <<adulte>> se manifestent dans les pays les plus industrialisés du monde contemporain. Un peu partout dans le monde, une minorité de jeunes, réunis en groupe <<informel>>, vit en marge, développe des conduites agressives, attire l?attention du public et des observateurs par voies qui se situent en dehors de l?ordre établi. On consacre des conférences au malaise de la jeunesse, à sa révolte<< sans cesse>>.tout se passe comme si la société en était réduite à constater le malaise et à mettre au point des moyens de répression.8

John Barron Mays interprète des similitudes dans leurs conduites d'un état d'esprit commun aux jeunes et qu'on a qualifié consciemment hostile et dépressif. De ces deux groupes qui sont entré en conflit en fonction des critères d'antan, distinguant l'adulte de l'adolescence, apparaissent ces critères : 1) de même que l'adulte se reconnait par le métier et la profession, une grande proportion d'adolescents possèdent déjà une activité économique ; 2) la responsabilité

7 Rioux, Marcel, Jeunesse et société contemporaine, collection les classiques, les classiques en sciences, PUM, Montréal no 6 P50

8 Ibidem

politique et la capacité d'adaptation sont à la fois l'apanage des deux ; 3) la question d'autonomie n'est plus seulement l'affaire des adultes ;4) les étudiants tout comme les adultes se marient et mènent une vie sexuelle légitime. Cette tendance juvénile à enfoncer la ligne de démarcation entre l'adulte et la jeunesse en contribuant à construire une sous-culture.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle