1.13. Naissance d'une sociologie de la jeunesse aux
Etats-Unis
De manière progressive la sociologie de la jeunesse aux
Etats-Unis postule que cette étape du cycle de vie constitue un moment
différencié de socialisation en fonction des groupes sociaux.
L'Anthropologue américaine Margaret Mead peut etre
considérée comme l'une des pionnières des recherches sur
la jeunesse, alors qu'elle s'intéressait déjà, à ce
que devint l'un des termes centraux de l'école culturaliste : l'analyse
de la personnalité sociale de l'adolescent dans des sous-groupes
culturels donné avec une différenciation selon le sexe.
C'est autour de la question de la délinquance
juvénile que se produit l'ouvrage le plus significatif de la
sociologie de la jeunesse. C'est ce qui fait que les concepts de sous-
culture délinquante, de personnalité ont pu
s'imposer d'un cadre d'élargissement, notion à laquelle furent
attribuées des définitions diverses. Selon le sociologue
Américain Talcott Parson, la youth culture combine des
éléments appartenant à l'adolescence et d'autres
appartenant à l'adulte et que ce serait dans
l'incertitude découlant de la confrontation avec les
adultes et la société que les jeunes adopteraient une culture
relativement différenciée comprenant un système distinct
de relations sociales et de comportements.
Les hypothèses analytiques de S.N. Eisenstadt, sur la
sociologie de la Jeunesse, sur la place de ce groupe dans la
société, dépendent de deux facteurs de base :
· L'organisation de la division du travail (plus elle est
simple, plus l'age sera un critère influent dans l'allocation des
rôles) ;
· Et la qualité sociale valorisée (sagesse,
expérience, force, vigueur, etc.), incarnée symboliquement par un
âge ;
En fait, il pense que les groupes d'age se développent
quand la famille ou les groupe de parenté ne constituent pas
l'unité de base de la division du travail et ne garantissent pas
l'accès à un statut social de plein exercice10.
1.14. La France en matière de la sociologie de
la Jeunesse
Méme si, c'est aux Américains que l'on doit, le
développement du courant de la sociologie de la jeunesse. Il fallait
faire un coup de pied en France pour saisir le sens de son développement
bien que tardivement.
Le premier qui a défini l'éducation comme
processus de socialisation de la jeunesse est le célèbre Emile
Durkheim, à partir des années 1922. Tout en ignorant la
réalité juvénile. Puis il a a donné à la
psychologie le droit de comprendre la nature infantile ou juvénile de ce
phénomène.11 Les auteurs français ont eu une
telle attitude, il faut dire que c'est qu'ils ont été
formés à l'école de psychologie et peu enclins à
développer des approches sociologiques, la sociologie Américaine
de la jeunesse les dépasse dans ce domaine. Pour Jean-Claude Chamboderon
(1966 :51), il faut dénoncer les deux illusions qui entourent la
question juvénile en contribuant à alimenter la
spéculation autour de la question des jeunes :
· D'abord, l'illusion de la nouveauté qui veut faire
croire à l'avènement d'une nouvelle génération et
de nouveau comportements ;
· Ensuite l'illusion culturaliste qui veut faire
croire au caractère extensif et homogène de la culture
juvénile ;
Pour Jean-Claude, cette culture jeune n'est qu'un conformisme
adopté pour vivre une indétermination statuaire alors que pour
les culturalistes il s'agit de l'expression symbolique d'un système de
valeurs et d'une échelle de prestige en rupture avec les normes et les
rôles adultes. L'auteur précurseur d'un ensemble de thèmes
de la culture ou de la sous-culture juvénile, avança
l'idée que la culture juvénile pouvait orienter la culture de
masse et surtout l'infiltrer en rajeunissant les modèles dominants
(EDGARD Morin 1962 :52). Selon le sociologue Français E. Morin, la
promotion de la culture juvénile constituerait donc une
réorientation du système de valeurs vers les thèmes de
changement culturel et de la modernité. Les approches de Chamboderon et
de Morin semblent soulever la question de la pertinence sociologique de la
catégorie des jeunes en se demandant s'il s'agit réellement d'un
groupe social doté d'une certaine unité de représentation
et d'attitudes directement liées à l'age. Ne déniant pas
sa valeur d'analyse sociologique des questions d'age mais limitant celle-ci
à une étude des luttes de classement. Pierre Bourdieu (1984 :277)
semble vouloir répondre par sa célèbre formule : « la
jeunesse n'est qu'un mot ». Plus loin, à partir des années
80, c'est le sociologue Français Olivier Galland qui a posé les
problématiques de la jeunesse les plus novatrices en vue de comprendre
cette catégorie sociologique de fond en comble. Le modèle
traditionnel entre dans la vie d'adulte à la rupture de celle-ci, la
désynchronisation de l'étape classique du cycle de vie, le
problème de l'allongement de la jeunesse découlant de
l'instabilité professionnelle (chômage, l'allongement de la
durée des études, précarisation économique, etc.)
l'instabilité personnelle ( retardement de l'age du mariage,
augmentation du concubinage, difficulté d'accès à
l'autonomie personnelle, etc.) et parallèlement selon Olivier se sont le
développement des activités culturelles et sportives, des
réseaux de sociabilités qui occupent une place propre à
cette phase dans le cycle de vie des individus.
I. Conclusion
Les points de départ que nous venons de passer en revue
constituent le socle théorique de la position d'un problème
à étudier. Nous essayerons d'énumérer toute une
typologie de réalités, tout en soulevant un ensemble de
problèmes que confrontent les jeunes dans les quartiers populaires.
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