VIII- Niveau de supervision, et Indépendance de
la Banque Centrale à
l'égard du pouvoir politique
Donner un pouvoir accru aux autorités de supervision
(Banque Centrale) est, d'un point de vue théorique,
bénéfique pour le développement et pour la
stabilité du système financier.
En effet, les imperfections du marché peuvent
être corrigées par la supervision officielle qui constitue en
quelque sorte un substitut à la faillite des mécanismes de
marché et contribue donc à la solidité du système
financier.
Cependant, dans des environnements oü la corruption est
élevée et oü les pressions politiques sont importantes, un
fort pouvoir de supervision peut se transformer en un fort pouvoir de
répression et de détournement des décisio ns au profit
d'intérêts privés.
Tableau 14. Qualité de la supervision
bancaire
|
Indice Capital Réglementaire
|
Pouvoir de supervision
|
Indépendance
|
Contrôle privé
|
Egypte
|
4
|
14
|
2,6
|
8,4
|
Jordanie
|
6,6
|
14
|
2,2
|
8
|
Malaisie
|
4,2
|
11
|
2,4
|
8,8
|
Maroc
|
5,2
|
12,7
|
1
|
8,6
|
Tunisie
|
7
|
13
|
2
|
5
|
Turquie
|
6
|
15,5
|
1
|
9
|
A.du Sud
|
7,2
|
6
|
1,6
|
9,4
|
Source : Barth, Caprio et Levine (2008) et calculs des
auteurs
Ce risque peut cependant être limité en
augmentant l'indépendance de la Banque Centrale à l'égard
du pouvoir politique. Outre les gains en crédibilité que cela
procure et leur impact sur une politique de ciblage d'inflation, cette
indépendance est de nature à limiter le risque de
détournement du pouvoir de supervision au profit des
intérêts particuliers. Plusieurs études démontrent
que les pressions politiques sur les superviseurs, réduit leur
capacité à mettre en application les actions disciplinaires
requises.
Cependant, la question de l'indépendance de
l'autorité de supervision ne fait pas l'unanimité dans les
milieux politiques qui veulent toujours avoir le plus grand nombre de leviers.
En définitive, cela dépend essentiellement de la qualité
des institutions politiques de chaque pays, de la performance de ses
institutions et du degré de respect des règles de droit.
Nous pensons que la période actuelle est favorable à
lÕaugmentation de lÕindépendance de la Banque
Centrale.
Dans le contexte tunisien, l'indépendance et la
crédibilité de la Banque Centrale sont essentielles pour une
meilleure performance du système financier. La première
tâche concerne l'assainissement du portefeuille du crédit qui
alourdit les bilans des banques et limite leur efficience. Il semble
impératif d'encourager davantage l'indépendance de la Banque
Centrale,
particuliérement en prévision des changements
politiques et économiques qui seront vécus au cours de la
prochaine période. A cet effet, le Gouverneur de la Banque Centrale
devrait etre nommé par le Parlement et élu parmi des
personnalités indépendantes. Nous pensons quÕi serait
opportun, également, de créer une instance de supervision en
dehors de la Banque Centrale. Cette indépendance vis-à-vis de
lÕexécutif serait indispensable à lÕamelioration de
la supervision bancaire et une application rigoureuse de la reglementation en
vigueur.
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