3.4. Au niveau des participants
Les moyens mis à disposition des participants pour leur
permettre de réaliser leurs objectifs dépendent avant tout de
leur investissement personnel dans le projet et du contexte de l'atelier.
En effet, les objectifs tels que << participer à
la Zinneke Parade », rencontrer des gens dépendent avant tout de
l'assiduité du participant à l'atelier et de son ouverture
d'esprit face aux autres. Si l'atelier mélange des gens de tout milieu,
le participant devra mettre de côté ses a priori pour aller
à la rencontre de personnes qu'il n'a pas l'habitude de
fréquenter. Il doit également faire preuve d'humilité et
d'écoute pour que la création puisse se faire ensemble, dans le
respect de chacun.
Il est évident que la qualité de l'animateur ou
de l'artiste est primordiale pour permettre aux participants de s'impliquer
dans le projet. En effet, l'animateur doit à la fois permettre au gens
de s'exprimer mais également maintenir une certaine organisation et un
certain ordre pour faire avancer le projet tout en gardant une
atmosphère de détente. Sa maîtrise de la technique
pratiquée au sein de l'atelier et ses capacités d'enseignement
vont permettre aux participants d'apprendre et d'atteindre un résultat
de groupe dont ils seront fiers.
Nombreux sont les participants qui n'ont pas continué
un atelier pour des raisons telles que : << c'était trop le bordel
», << j'aimais pas l'ambiance », << j'en avais marre de
toujours devoir reprendre le travail au début parce que des nouvelles
personnes arrivaient »...
L'engagement dans le projet vient souvent progressivement,
mais les premières impressions sont primordiales,
équilibrées par la réelle envie de participer.
L'implication des participants dans la création même du projet est
souvent un grand stimulant qui permet une réelle appropriation et un
sentiment de réalisation commune.
3.5. Les relations internationales
La Zinneke Parade ne veut pas s'enfermer dans son cocon
belgo-bruxellois et essaie de développer au maximum les relations avec
des événements plus ou moins similaires qui se passent hors de
nos frontières. Des échanges avec des associations culturelles
étrangères sont également mis en place avec plus ou moins
de succès.
Ainsi les différentes initiatives qui ont
été réalisées à ce jour sont90
:
· La collaboration avec les responsables de la Biennale
de la danse de Lyon dont « le défilé » s'apparente
beaucoup à la Zinneke Parade. Ce défilé s'insère
dans un contexte cependant assez différent puisque la Biennale de Lyon
est un événement pointu dans la chorégraphie contemporaine
largement reconnu dans le monde artistique. Il a par ailleurs des ressources
trois ou quatre fois plus élevées que celle de la Zinneke Parade.
Il est prévu qu'un groupe zinneke prenne part au prochain
défilé.
· La parade Par TôT de Bologne est ce qu'on
pourrait appelé un enfant de la Zinneke Parade puisque c'est suite
à un stage au sein de l'asbl lors de la préparation de 2000 que
son initiateur a décidé de tenter une parade dans le même
esprit dans sa propre ville : Bologne. Cette parade en est à ses
débuts et est actuellement entièrement bénévole.
· Des relations malheureusement actuellement rompues
sans raisons apparentes ont été initiées par
l'équipe zinneke auprès des organisateurs du Carnaval de
Luxembourg. Ce carnaval travaille dans une autre optique de la Zinneke
puisqu'il est composé de différents groupes traditionnels
défilant côte à côte sans la volonté
d'échange interculturelle et de création d'une culture commune
que véhicule la Zinneke.
· L'équipe était également en
contact avec un groupe de Belfast qui organisait un événement
plus ou moins similaire à la Zinneke. Ses responsables sont d'ailleurs
venus assister à la parade. Malheureusement, cet événement
est interrompu faute de moyens.
· Un échange a eu lieu en 2000 et en 2002 avec un
groupe japonais qui est venu participer à la parade. Leur
première participation s'est faite grâce au soutien d'une
association japonaise de Vilvoorde qui a pour but de faire connaître la
culture japonaise en Europe. Malheureusement, leur participation resta une
démonstration traditionnelle de leurs talents en Taiko et danse du lion
sans intégration ni échange culturel avec d'autres groupes
zinnekes. En vu de la parade suivante, Marcel de Munnynck et Jean-Claude de
Bemels se sont donc rendus au Japon pour expliquer ce principe de
création interculturelle. Suite à cette visite, un maître
de Taiko est venu
90 Interview de France Gilmont du 14/05/04
donner un atelier à Bruxelles pour la zinnode Fuga en
collaboration avec un groupe de Taiko de Louvain La Neuve, des
élèves de la Cambre et un artiste dont la
spécialité est l'emballage de personnes dans du plastique. Si la
préparation promettait un résultat des plus zinnekes,
l'arrivée impromptue en dernière minute d'un groupe de Taiko
japonais à fait capoter la chorégraphie mise en place pendant
toute la préparation et a pris le rôle de la vedette au grand dam
des organisateurs et des participants. Le meneur d'atelier qui avait
donné les cours pendant plusieurs semaines a obéi sans broncher
à son maître de Taiko qui faisait partie des nouveaux arrivants
car, selon leur code de conduite, il lui doit
obéissance91.
Ils ne sont plus revenus en 2004 faute de financement pour
payer les billets d'avion.
· Par une suite de rencontres, une association
congolaise de Kinshasa qui recueille des jeunes filles et travaille à
leur réinsertion sociale par le biais de la danse (majorettes) et de la
musique s'est trouvée en contact avec la Zinneke. La zinnode tribu Zumbi
fusion avec le groupe BréZinneKin, Brésil-Zinneke-Kinshasa, prend
naissance dans un projet de collaboration international géré par
le zinnopôle est avec le soutien de l'équipe de l'asbl. Les
organisateurs bruxellois ont fait un séjour de deux semaines
là-bas pour rencontrer le groupe, lui expliquer la Zinneke et
prévoir une collaboration concrète. Le groupe de majorettes a
donc commencé un atelier de samba et de capoïera dans une optique
d'échange culturel. L'équipe a également rencontré
le ministre congolais de la culture et des arts. En définitive, 25
congolais auraient dû venir peu avant la parade pour
répéter rapidement avec les autres groupes et défiler sur
les boulevards bruxellois. Le suspens fut entier jusqu'à la
dernière minute lorsque la décision définitive de l'office
belge des étrangers est tombée : pas de visas pour les majorettes
congolaises. Beaucoup d'efforts pour une déception finale donc, mais ce
ne fut qu'une bataille perdue, pas la guerre...
· Dans le cadre de BréZinneKin, un groupe de
Récif de travail avec les enfants de la rue a participé à
la parade dans un travail qui malheureusement fut bien moins de collaboration
et d'échange culturel qu'à Kinshasa.
91 Interviews de Catherine Simon du 17/12/03 et de
Jean-Claude de Bemels du 21/01/04
On voit donc ici que deux types de relations internationales
lient la Zinneke au reste du monde. D'une part, des contacts parfois
concrétisés par des échanges avec des
événements apparentés et, d'autre part, des collaborations
concrètes avec des groupes étrangers qui s'insèrent dans
un projet de zinnode. Des difficultés particulières s'attachent
à ce deuxième type de relations telles que le coût des
voyages, les trop grandes différences culturelles ou les
frontières administratives...Mais ce type de collaborations renforce
sans aucun doute les échanges culturels et répand hors des
frontières belges la notion d'interculturalité
créative92.
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