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La "zinneke parade " :objectifs, moyens, difficultés et résultats

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par Amandine Dooms
Université libre de Bruxelles - Licénciée en information et communication, médiation socio- culturelle 2003
  

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4.4. Collaboration

La notion de collaboration est à la base de la Zinneke Parade. Elle est à la fois un objectif et un moyen. Cependant, les collaborations ne se passent pas toujours aussi bien que prévues. Un des principaux problèmes de collaboration déjà évoqué est le manque d'implication des institutions en tant que telles qui se contentent de laisser

toute la charge et l'initiative zinneke à un de ses employés sans réellement le soutenir. C'est pourtant le nom de l'association et pas celui de l'animateur qui est ensuite repris dans les publications. Ces associations reçoivent donc à la fois du soutien financier pour mener l'atelier à bien et la renommée d'une participation à la Zinneke sans avoir soutenu le projet. Certes, certaines associations, voyant le résultat positif d'une initiative zinneke par un de ses animateurs, peuvent prendre confiance dans le projet et s'investir pour l'édition suivante. Cependant, il n'en va pas toujours ainsi.

Dans la zinneke, des problèmes de jalousie de reconnaissance sont inévitables qu'ils soient ou pas justifiés117. L'équipe essaie donc qu'aucun artiste ni association ne soit oublié dans les publications reprenant l'ensemble de la parade. Les différences de salaires sont également source de sentiment d'injustice : dans la Zinneke Parade, certains ont un CDI plus ou moins rémunéré selon les postes, d'autres ont un engagement temporaire de plusieurs mois, d'autre encore sont payés selon les finances des associations qui les engagent, donc souvent très peu, et enfin beaucoup font du bénévolat. Si le bénévolat des participants de base est tout à fait logique (ils sont dans une situation où on aurait pu leur demander de payer les ateliers), certaines personnes travaillant à l'organisation de la parade font un bénévolat moins justifié surtout lorsque la personne en question voudrait être rémunérée.

Un autre aspect problématique de la collaboration est l'échange nécessaire avec les communes. En effet, les sorties zinnekes dans les quartiers, les fêtes suivant les parades, les collaborations avec les écoles communales ne peuvent avoir lieu sans une collaboration harmonieuse avec la commune. Mais cette collaboration doit, selon le principe apolitique de la zinneke118, éviter les récupérations politiques trop flagrantes. A cela s'ajoute le fait que certaines associations socioculturelles sont directement soutenues par tel ou tel échevin et prennent dès lors une certaine teinte politique.

L'exemple d'Escale du Nord est très représentatif du type de difficulté que cela peut engendrer :

117 Groupe pilote du 19/01/04

118 Même si la couleur politique de partenaires, de membres de l'équipe et du CA tend majoritairement vers le rouge comme c'est le cas dans le milieu socioculturel en général.

Escale du Nord était le centre culturel d'Anderlecht. Il fut choisi comme coporteur du zinnopôle sud-ouest pour la parade de 2002 avec le GC de Rinck suite à l'échec des porteurs précédents. Le soutien direct de l'échevin de la culture envers ce centre fut directement concrétisé par l'envoi de Jacques Coune comme détaché communal pour s'occuper du développement de la Zinneke. Presque un an après son arrivée, il fut rejoint par les deux agents Z du zinnopôle et par une coordinatrice artistique ainsi que par une chorégraphe engagée en renfort par la commune. La présence de Jacques Coune a fortement facilité la production du zinnopôle car ses connaissances approfondies des possibilités de subventions lui ont permis de trouver des financements additionnels. Malheureusement, une gestion catastrophique du centre et une certaine dose de jalousie de la part de la directrice qui se voyait imposé ce projet par l'échevin sans avoir aucun pouvoir dessus ont créé de nombreux problèmes notamment dans la redistribution des subventions. Plusieurs collaborations ont ainsi été mises en péril par des retards de paiement injustifiés. Suite à ces problèmes, Escale du Nord a été remplacée comme porteur de zinnopôle par la Boutique Culturelle soutenue, mais de façon moins despotique, par un échevin d'un autre parti politique. Cette perte de pouvoir sur la Zinneke Parade a été très mal vécue par l'échevin de la culture qui a directement retiré ses agents du projet. Cela est assez compréhensible, mais son comportement envers l'équipe de zinnopôle sudouest à l'approche de la parade 2004 est devenu nettement moins justifiable : il a bloqué, à deux semaines de la parade, le prêt du podium pourtant précédemment accordé et il a empêché la déambulation dans les quartiers par des arguments tout à fait injustifiés119. Ces ennuis de dernière minute ont créé une atmosphère de stress au sein du zinnopôle sud-ouest particulièrement difficile à gérer à une dizaine de jours de la parade. A cela s'ajoute le fait que le détaché communal et sa chorégraphe, blessés d'avoir été ainsi écartés d'un

119 Il a parlé d'une surcharge de travail pour la police dont le commissaire était pourtant près depuis longtemps à apporter son soutien et d'un refus des commerçants qui eux aussi ont donné leur accord tout en demandant d'être impliqués plus tôt pour la parade prochaine. En tant que récent bourgmestre faisant fonction, il est chef de la police et peut donc refuser leur présence lors d'un événement et donc empêcher cet événement d'avoir lieu.

projet qu'ils ont mis en place durant deux ans, ont proposé la zinnode movimiento de ida y vuelta. Sa mise en place ne s'est pas faite sans encombres et a été écartée du reste du zinnopôle le jour de la parade par l'influence politique qu'a l'échevin sur son délégué, même si celui-ci ne travaillait pas dans la zinnode en tant qu'agent communal120.

On voit bien, avec cet exemple, les difficultés que peuvent entraîner les soutiens politiques quand ils s'accompagnent d'un désir de pouvoir sur l'événement culturel. C'est pourquoi les collaborations avec les pouvoirs politiques doivent se faire de façon prudente sans laisser d'ambiguïté sur la place du politique dans le projet.

Un autre aspect difficile de collaboration est la relation artiste-animateur. Ce couple devrait idéalement former un tandem de choc équilibré qui apporte à l'atelier ordre, attrait et créativité artistique. Cependant, c'est rarement le cas. Tout d'abord, des artistes ne sont clairement pas présents dans tous les ateliers, faute de moyens pour les payer. Il en découle un travail où l'artiste passe sporadiquement dans un atelier pour donner des conseils à l'animateur. De plus, une grande partie des animateurs ont une certaine pratique des activités artistiques mais sans pouvoir accéder au rang d'artiste avec le regard décalé sur la société que cela suppose ainsi que les capacités de créativité et d'éveil des émotions et de recul chez les participants121. Le problème de l'animateur qui se prend pour un artiste est un problème récurrent dans le milieu socio-artistique auquel la Zinneke Parade n'échappe pas. Ce type d'animateur risque de ne pas comprendre le besoin d'un artiste au sein de son groupe et de refuser ses interventions, surtout si elles sont sporadiques et peuvent être prises comme un jugement sur le travail de l'animateur122.

120 En effet, la centaine de participants de cette zinnode s'est retrouvé au sein de la bibliothèque communale pour se préparer le jour de la parade au lieu de rejoindre la quasi entièreté du zinnopôle dans la grande salle du Curohall où tous les participants ont pu se changer, se maquiller, se rencontrer dans une atmosphère collective et festive avant de défiler.

121 Ces caractéristiques de l'artiste peuvent clairement paraître caricaturales mais c'est comme cela qu'elles sont entendues et recherchées au sein de la Zinneke. Malgré le fait qu'est reconnu comme artiste celui qui vit de son art, c'est avant tout sur ses capacités qu'il va s'avérer adéquat pour travailler au sein de la Zinneke. Interviews de France Gilmont du 14/05/04, de Myriam Stoffen du 11/02/04 et de Luk Mishalle du 1/04/04.

122 Interview de Marcel de Munnynck du 9/09/03 et de Luk Mishalle du 1/04/04

De la même façon, un artiste peut avoir un regard hautain sur l'animateur et refuser de travailler avec lui au sein d'un atelier dans son envie d'être le seul maître à bord. Or, l'artiste n'a pas toujours la bonne manière de gérer un groupe, de le faire avancer en temps et en heure et de maintenir l'envie et l'attention des participants, autant de préoccupations qui relèvent plus du travail d'animation.

Pour surmonter ces difficultés, la Zinneke Parade doit soit trouver des artistes avec des capacités d'animateur soit des artistes suffisamment subtils et diplomates pour orienter le travail des animateurs dans un sens plus artistique sans heurter leur sensibilité.

Ces questions de personnalités entrent en jeux tout au long du processus zinneke. En effet, la grande majorité des collaborations se fait sur base de rencontres interpersonnelles et il arrive que certaines personnes soient incompatibles. L'implication personnelle dans le projet ainsi que l'enthousiasme qu'il suscite vont beaucoup influencer les concessions que va faire une personne pour conserver une entente avec ses collaborateurs. Les coordinateurs du projet doivent d'ailleurs souvent faire preuve de plus de souplesse pour s'adapter aux différentes personnalités de leurs partenaires et appliquer un mode relationnel adéquat. Les conflits interpersonnels peuvent s'avérer très enrichissants lorsqu'ils sont finalement résolus.

Un exemple d'échec de collaboration dû, entre autre, à la personnalité des partenaires fut celui de Beeldenstorm :

Nik Honinckx est le directeur de Beeldenstorm, une association socioartistique flamande de haut niveau située à Anderlecht. Son entrée dans la Zinneke date de l'appel à projet lancé par Bruxelles 2000. Beeldenstorm soumis un projet qui fut refusé mais on lui proposa de s'insérer dans le projet de la Zinneke Parade en tant que partenaire important. Il joua d'abord un rôle qu'il qualifie de « flamand de service » au cours de la première année. Les premières erreurs de communication furent liées à des textes néerlandais traduits en français puis retraduits en néerlandais déformant ainsi le texte original au grand déplaisir des auteurs.

Lors de sa candidature au CA, il dit avoir été accusé et humilié ouvertement
par un membre de l'équipe sans jamais recevoir d'excuses. A un autre
moment, un artiste de l'organisation a tenu une sorte de conférence sur la

Zinneke en prenant une dia d'un des collaborateurs de Nik Honinckx avec le doux commentaire de « voilà ce qu'il ne faut pas faire » qui n'a évidemment pas plu au collaborateur en question. Plus tard, alors que les tensions s'intensifiaient, la remise en question du fait que la création et la réalisation soient faits par les participants fut très mal perçue alors que c'est un principe de base régissant le travail de Beeldenstorm que de faire venir la création au maximum des participants. Intervenant trop tardivement pour régler les conflits, l'asbl Zinneke a proposé à Nik Honinckx de signer un texte lui imposant de ne plus revenir sur les raisons de tensions passées. Il a refusé mettant définitivement fin à la collaboration face à une proposition qu'il trouvait d'autant plus déplacée qu'une évaluation générale de la Zinneke Parade était prévue au cours de l'année 2005. Comment faire une évaluation si on ne peut plus revenir sur tous les problèmes qu'on a rencontrés ?

Au sein de l'équipe et du zinnopôle sud-ouest, les raisons de cet échec sont plus attribués à la personnalité de Nik Honinckx qui a du mal à s'insérer dans un réseau de collaboration qu'il n'a pas mis lui-même au point. Selon eux, il a tendance à interpréter les règles à sa façon, ne respectant que celles qui correspondent avec son point de vue sur le projet et revenant sans cesse sur des erreurs passées sans laisser la possibilité d'avancer. Il est décrit comme un homme aussi un peu obsédé par les questions communautaires et qui aurait voulu une Zinneke paritaire.

Dans cet exemple, on voit comment une personne qui a finalement des idéaux très proches de ceux de la Zinneke (en ce qui concerne les possibilités d'expression via l'artistique, la nécessité de faire venir la création de la base ou encore l'idéal d'un fonctionnement en réseau 123 ) n'a pas pu s'insérer pacifiquement dans la collaboration à cause de sa trop forte personnalité et de son manque de concessions associés à des fautes de communication de l'asbl qu'il n'a jamais digérées.

123 Lui-même aurait d'ailleurs préféré une Zinneke avec moins de niveaux où l'équipe serait plus en relation avec les associations de terrain et n'aurait pour fonction que la bonne communication entre associations sans aucun pouvoir de contrôle (Cf. 4.6).

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