WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Contribution des Comités de Sécurité et Santé au Travail (CSST ) dans la prévention des risques professionnels dans les mines d'or industrielles au Burkina Faso

( Télécharger le fichier original )
par Karim BONKOUNGOU
Ecole nationale d'administration et de magistrature du Burkina Faso - Diplome d'inspecteur du travail 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Paragraphe IV : Les limites et difficultés du CSST

Toutes les mines d'or industrielles ont respecté l'obligation de mettre en place un CSST. Cependant, si dans certains cas le CSST fonctionne bien en dépit de quelques limites et difficultés, on est en droit de s'interroger sur l'effectivité du fonctionnement de certains CSST dans les compagnies minières, qui n'arrivent pas à tenir régulièrement des réunions ou qui se réunissent sans élaborer des rapports ou des PV écrits. C'est le cas du CSST de la mine de Youga qui a fait plus de douze

43

mois sans se réunir. Selon le président du CSST interentreprises de la mine d'Inata, l'absence de rencontre s'explique par l'efficacité du service de SST dans la prévention des RP à tel point qu'ils n'ont plus de problèmes de SST à traiter lors des réunions mensuelles. Ils ont atteint en fin décembre 2011cinq millions (5 000 000) d'heures de travail effectif sans AT nécessitant un arrêt de travail25. Le dysfonctionnement des CSST de certaines mines d'or peut s'expliquer suivant les cas par les limites et/ou difficultés suivantes :

s le non engagement réel du chef d'entreprise et des représentants du personnel à faire fonctionner le CSST dans certains cas ;

s la méconnaissance des attributions et du rôle du CSST par l'employeur et les membres même dans la plupart des cas ;

s la non implication du CSST dans la résolution des problèmes de sécurité dans certaines mines ;

s le manque de motivation des membres du CSST ;

v' l'indisponibilité de certains membres lors des réunions pour raison de repos hebdomadaire (break) ;

v' l'absence de programme d'activités et la non tenue régulière des réunions ou activités du CSST ;

s la non élaboration de rapport ou PV écrit des réunions tenues et l'absence de bilan annuel empêchant ainsi le suivi et l'évaluation;

v' l'insuffisance des capacités des représentants du personnel par manque de formations en SST et en technique d'élaboration des rapports et PV. Les comités n'arrivent pas à identifier les RP ni à procéder à leur analyse. Ils ne sont pas en mesure non plus de faire l'analyse des conditions de travail. En outre, vue leur faible niveau d'instruction en la matière et la complexité des tâches, il leur est très difficile de parvenir à une bonne inspection de l'établissement ou visite des lieux de travail (VLT)26 ;

s l'absence de budget pour le CSST est une limite car toute action onéreuse doit être inscrite d'abord dans les prévisions de l'employeur ;

25Cumul du nombre d'heures de travail effectif de l'ensemble des postes de travail. Un AT avec arrêt de travail a été enregistré le 30/12/2011 à la mine d'or d'Inata et ramène ainsi ce nombre à zéro à cette date

26article 5 de l'arrêté conjoint N°2008-002/MTSS/MS/S G/DGSST du 06/01/2009

44

s le non renouvellement du mandat dans les délais requis après expiration.

A ces difficultés de fonctionnement que rencontrent les CSST dans les mines d'or s'ajoutent certaines limites ou insuffisances de l'arrêté conjoint N°2008- 002/MTSS/MS/SG/DGSST du 06/01/2009 sur les points suivants :

s l'inadaptation de la composition des CSST interentreprises et celle des mines et carrières aux réalités des mines qui regroupent plusieurs entreprises soustraitantes ou prestataires (article 7) ;

s les difficultés d'interprétation de l'arrêté notamment l'article 7 point 2 (composition du CSST dans les mines d'or industrielles en tant que chantiers à long terme) et la désignation des représentants du personnel parmi les délégués (du personnel et/ou syndicaux) on non, ce qui peut être contesté27 ;

s la limitation du nombre des représentants du personnel à six (06) ainsi que l'indexation aux catégories professionnelles (agents de maîtrise, cadres et ouvriers, employés) au regard des grands effectifs dans les mines d'or industrielles;

s la protection accordée aux représentants du personnel ne couvre pas tous les membres du CSST notamment l'ingénieur sécurité des mines ou le responsable de sécurité de la mine, le responsable du service de santé au travail et toute autre personne ; une telle situation est de nature à limiter leur engagement aux côtés des autres membres surtout quand il s'agit de relever les manquements de l'employeur.

Ces difficultés de fonctionnement sont doublées d'un climat social tendu et délétère dans certaines mines d'or marqué par des revendications salariales et des grèves qui handicapent le bon fonctionnement des CSST.

Cependant il est à noter que les dysfonctionnements des CSST ne sont pas le propre du secteur minier seulement mais d'ordre général. Selon les statistiques de la Direction Générale de la SST en 2007, sur un total de 600 entreprises assujetties à l'obligation de mettre en place un CSST, seulement 16% environ ont effectivement mis en place des CSST. Par ailleurs, moins du quart de ces CSST sont fonctionnels28.

27voir paragraphe 2 de la section I du présent chapitre sur la composition du CSST 28 PNT, décembre 2011, Page 13.

Selon Mr Ernest LOUROGO, chef du service prévention des RP de la DRO/CNSS, sur une quarantaine de CSST mis en place dans la ville de Ouaga, pas plus de trois qui fonctionnent bien et élaborent des programmes d'activités qu'ils leur transmettent et tiennent régulièrement des rencontres au cours desquelles ils sont invités29.

Le CSST est une instance obligatoire dont la mise en place, la composition et le fonctionnement sont règlementés. Malgré les difficultés qui entachent son bon fonctionnement dans certains cas, le comité, joue un rôle important dans la prévention des risques. Contrairement à ceux qui pensent que le CSST est un doublon inefficace voire inutile face aux spécialistes du service de sécurité (ingénieurs de sécurité, préventionnistes) et du service de santé (médecin et infirmiers du travail) chargés de la prévention des RP, il contribue énormément à la préservation de la santé et la sécurité des travailleurs s'il est composé de membres engagés, bien formés et qui l'animent bien. Aussi, il y a tout intérêt à ce que cette instance ne soit pas seulement une mise en conformité de plus, mais qu'elle soit un lieu de dialogue, de discussion et de recherche de solutions. Son bon fonctionnement devrait permettre la remontée des signaux d'alerte sur la dégradation des conditions de travail et du climat social et donc de permettre ainsi un traitement préventif des problèmes. Le CSST devient alors un partenaire incontournable de la politique générale de prévention de l'entreprise. Au regard de ce qui précède, il y a nécessité de redynamiser les CSST dans les mines d'or industrielles afin qu'ils puissent jouer pleinement leur rôle. Quelles sont les solutions à apporter pour les redynamiser ? Pour cela, dans le chapitre suivant nous suggérons des perspectives de renforcement du rôle du CSST dans la prévention des RP.

29 Propos recueillis lors de la 6ème édition des 72h de prévention des RP de la CNSS du 14 au 16 décembre 2011 à Koudougou sur le thème : prévenir les RP, un enjeu de productivité de l'entreprise

46

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery