UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI
Faculté de Droit et des Sciences Economiques de
Gonaïves
(FDSEG)
Projet de Mémoire
Sujet : La problématique du
phénomène de la délinquance juvénile en Haïti
de 1995 à 2005
Présenté par :
Joseph Théofils RENÉ
Pour l'obtention du grade de Licencié en Droit
Promotion : 2007-2011
Patron de Mémoire : Me Antoine
NORGAISSE
Octobre
2012
Avant-propos
Notre pays tout entier connait pas mal de
difficultés, de crises de toutes sortes tant sur le plan politique,
social et économique. C'est une situation vraiment chaotique qui ne
fait que grossir le rang de toutes celles et de tous ceux qui sont
froissés et qui pourtant espèrent trouver un lendemain meilleur.
Au nombre de ces désespérés se trouvent
particulièrement les universitaires haïtiens.
En effet, nombreux sont ceux qui espèrent franchir
cette barrière qu'est la soutenance de leur Mémoire de Sortie.
Mais la situation chaotique, dans laquelle le pays s'enfonce de nos jours,
constitue un obstacle à leur volonté vu la faiblesse de leurs
moyens économiques. Hélas, ces hommes, malgré tout,
cherchent à concrétiser leur rêve en se sacrifiant tout le
faible avoir de leurs parents.
Cependant, malgré toutes ces
difficultés, nous pensons que la réussite dépend de tous
ceux qui croient en Dieu et qui se laissent guider par sa main toute puissante,
c'est pourquoi, nous n'avons jamais été découragé
pour aboutir à notre travail. Encore, nous nous souviendrons des
nombreuses péripéties rencontrées sur le chemin de la
Faculté de Droit et des Sciences Économiques des Gonaïves.
Là encore nous étions toujours très ferme jusqu'à
aller régulièrement dans les Tribunaux aux fins de pouvoir
acquérir les notions de base à la plaidoirie. Car, la
volonté de porter cette toge immaculée a été
toujours pour nous un élément d'encouragement pour continuer la
route épineuse.
Ainsi nous avons pensé à étudier sans
arrêt, car, nous savons le chemin n'est pas facile. Nous avons pu
dévorer beaucoup de livres. Alors, en regardant la situation des
enfants, l'ensemble des problèmes rencontrés par eux, le manque
d'encadrement des enfants ainsi que l'extrême pauvreté qui
s'abaisse soit sur la famille haïtienne soit sur les enfants, nous avons
pu constater tous ces problèmes qui ont pour conséquence
directe : la délinquance des enfants haïtiens. Ainsi nous
avons choisi d'étudier la problématique de la délinquance
Juvénile en Haïti qui s'étend sur une décennie soit
de 1995 à 2005.
Cependant, avant d'aller plus loin, nous ne saurions
rester indifférent à cette tradition qui consiste à
présenter nos sincères remerciements à tous ceux qui nous
ont aidé dans le travail :
Ø Le Dieu Tout-Puissant, Maitre de l'univers qui, par
sa grâce nous a protégé dès le sein maternel
jusqu'à nos jours. Aujourd'hui encore toute notre vie, tout ce que nous
faisons reste sous son contrôle. Gloire à son Saint Nom.
Ø Nos parents Madame Richemène Marthe
RENE et notre feu père Horeb J. RENE
qui ont du se sacrifier pour faire de ce que nous sommes aujourd'hui ;
Ø Me Abel METELLUS, l'infatigable
conseiller, qui nous a grandement aidé dans ce travail ;
Ø Me Antoine NORGAISSE, notre patron
de Mémoire qui n'hésitait pas à se sacrifier
jusqu'à donner le tout de lui-même pour la réalisation du
travail.
Que nos remerciements leur soient un signe de
gratitude !
Introduction
L'idéal des dirigeants d'une nation, c'est
d'assurer un avenir aux jeunes. Il est du devoir de l'Etat d'avoir une
attention spéciale pour l'adolescence et l'enfance. Cette jeunesse
d'aujourd'hui est appelée demain à recueillir les reines du
pouvoir. On ne peut pas laisser cette jeunesse livrée à
elle-même. Par ce temps-ci nous vivons une pareille situation, le
phénomène de la délinquance juvénile prend des
proportions inquiétantes. Elle connait un rythme croissant. Vu
l'importance de ce phénomène, tout citoyen responsable ne
s'aurait resté indifférent, en se contentant de regarder cette
jeunesse ne fait que s'enfoncer de jour en jour dans l'abime. Des valeurs qui
pourraient être utiles aux pays périssent. Le problème de
la délinquance juvénile est très sérieux. On parle
constamment des droits de l'enfant, de la journée mondiale des droits de
l'enfant, mais, malgré tout, le mal persiste, le problème reste
entier. Si on laisse la situation telle qu'elle est, demain qui va prendre la
relève ! La délinquance juvénile représente un
obstacle à l'épanouissement intellectuel, moral et social des
jeunes. Les sociétés se trouvent dans l'obligation de respecter
les droits de la personne humaine. On constate que la délinquance
juvénile n'a jusqu'à ce jour trouvé de réponse
visant à faire face à ce phénomène. C'est cette vue
d'une société haïtienne en agonie qui nous pousse à
traiter ce sujet `' La problématique de la délinquance
juvénile en Haïti de 1995 à 2005''.
Un sujet de si grande importance doit soulever la
conscience de tout un chacun et nous amener à poser les interrogations
suivantes :
Quelle sont les mesures à prendre pour combattre la
délinquance juvénile ?
N'est-il de la responsabilité de l'Etat d'intervenir
dans ce domaine ?
Comment peut-on éradiquer ce mal qui ronge la
société haïtienne ?
Comme hypothèse nous suggérons que les
autorités gouvernementales doivent trouver les moyens pour
remédier à ce mal.
L'objectif de ce Mémoire est de présenter la
délinquance juvénile, les causes et ses effets qui sont à
l'origine de cette déviance, de ce comportement anti-social.
Après l'étude de différents facteurs pouvant provoquer
cette déviance, nous pouvons en offrir les différents
éléments de solutions capables de diminuer le taux de la
délinquance juvénile.
Ainsi, nous avons choisi de repartir le
développement du travail en deux parties dont chacune comprend deux
chapitres et les chapitres eux-mêmes étant divisés en
sections. Dans la première partie, nous essayons de présenter le
phénomène de la délinquance juvénile
particulièrement en Haïti. Au premier chapitre, nous
retraçons l'historicité ainsi que la typologie des enfants qui
tombent dans la délinquance. Au second chapitre, de la première
partie, nous présentons les différentes mesures prises par
l'État haïtien, soit par l'adoption d'un ensemble de textes de loi,
soit par la mise sur pied de tout un ensemble d'institutions qui doivent faire
face à ce phénomène. Dans la seconde partie, nous essayons
de présenter la lutte déterminante à la délinquance
juvénile. Au premier chapitre, de la deuxième partie, nous
parlons des différentes causes du phénomène ainsi que les
conséquences qui en découlent, puis, nous évalueront
également la faiblesse des dispositions prises par l'État
haïtien pour
contrecarrer la délinquance juvénile. Au second
chapitre de la deuxième partie, nous présentons une plaidoirie
formelle qui permettra d'éradiquer ce phénomène. Elle
consistera dans les considérations à faire dans certains textes
de loi, dans les institutions relatives et dans l'apport d'une politique
spéciale à faire.
Première Partie
La Délinquance Juvénile en Haïti
Chapitre I- Présentation de la délinquance
juvénile
La Délinquance Juvénile en Haïti est l'un
des plus grands fléaux de notre société, ce
phénomène est très complexe. Cette déviance est
liée au développement de la société urbaine et
à l'évolution des moeurs dans le monde moderne.
Aujourd'hui, la minorité délinquante fait peur.
En Haïti, il n'y a pas de statistiques fiables concernant ce
phénomène, mais, plusieurs enquêtes révèlent
que le nombre de garçons sont beaucoup plus importants que les filles
pour ces types de cas. Aujourd'hui, le phénomène de la
délinquance juvénile prend de plus en plus de l'importance en
Haïti.
Ce chapitre comprend deux sections : l'une
présente la typologie des mineurs délinquants. On y étudie
la classification des enfants qui prend pour critère l'origine des
mineurs et leur environnement immédiat, considérés comme
principaux facteurs criminogènes. L'autre donne un bref aperçu
sur l'évolution du phénomène délinquance en France,
au Canada, en Angleterre, en Chine, puis en Haïti.
Section1-Évolution de la délinquance
juvénile dans quelques pays
1.1-En France
Jusqu'au début du XXe
siècle, la lutte contre la délinquance juvénile a surtout
porté sur la répression. Au lendemain de la seconde guerre
mondiale, une novelle conception de la justice des mineurs voit le jour,
instituée en France par l'ordonnance du 2 février 1945 sur
l'enfance délinquante. Deux principes sont posés : la
primauté de l'éducatif sur le répressif (la mesure
éducative doit la règle et la sanction, l'exception) ; le
principe d'une responsabilité pénale atténuée et
échelonnée en fonction de l'âge du mineur, encadré
par la mise en place de juridiction spécialisées (juge des
enfants, tribunal pour enfants, chambre spéciale de la Cour d'Appel,
Cour d'Assises des mineurs).
Trois tranches d'âge sont ainsi strictement
définies : les jeunes délinquants âgés de moins
de treize ans ne peuvent pas être déclarés
pénalement responsables et ne peuvent faire l'objet que de mesures
éducatives ou d'un placement dans un établissement
spécialisé ; les délinquants entre treize et seize
ans peuvent être sanctionnés par des peines d'emprisonnement mais
bénéficient pas nécessairement de l'excuse de
minorité, qui attenue leur peine par rapport à celles
prévues pour les délinquants adultes : enfin les
délinquants de seize à dix-huit ans ne bénéficient
pas nécessairement l'excuse de minorité.
Dans ce nouveau cadre, une direction de l'éducation
surveillée voit le jour ; elle devient en 1990 la Direction de
la protection judiciaire de la jeunesse, et est chargée
d'assurer une mission d'éducation et de
prévention auprès des jeunes mineurs délinquants
ou en danger. En effet, la caractéristique de cette justice des mineurs
est de mettre l'accent sur la protection des mineurs, qu'ils soient
délinquants ou en situation de danger (maltraitance, absence des parents
etc.), et d'instaurer des juridictions communes. Dans ce dispositif, le
juge des enfants occupe une fonction clé, puisqu'il est
compétent à la fois pour prescrire des mesures d'assistance
éducative (lorsqu'un mineur est en danger dans sa famille) et pour
prescrire des mesures de rééducation (dans le cas d'un mineur
délinquant).
Au cours des années 1990, les dispositifs de
l'ordonnance de 1945 sont remis en cause face à l'aggravation de la
délinquance juvénile, imputable pour certains à
l'échec d'une justice qui donne la priorité à
l'éducation et qui ne sanctionne pas assez. C'est pourquoi en 2002 une
nouvelle loi vient renforcer la répression et les peines privatives de
liberté. Elle institue notamment des sanctions pénales,
appelées sanctions éducatives, à l'encontre des
enfants dès l'âge de dix ans, et autorise le placement des mineurs
récidivistes dans des centres éducatifs fermés.
Les spécialistes s'accordent à dire
que la sanction a une place dans l'éducation, mais elle ne peut pas
être la seule mesure prise à l'encontre des mineurs. Le traitement
imposé aux jeunes délinquants n'a de sens que s'il leur permet de
se réhabiliter et que s'il leur redonne des
chances d'insertion. En outre, la lutte contre la
délinquance juvénile dépend pour une bonne part de
l'efficacité des méthodes de prévention mises en place
pour protéger les jeunes et les aider. La
société peut en effet être considérée comme
la première responsable des fautes que l'on impute à la jeunesse,
car elle n'offre pas toujours aux jeunes tout ce qu'ils sont en droit d'en
attendre : participation à la vie collective, réussite scolaire
et perspectives d'emploi, possibilité d'occuper leurs loisirs
(équipements sportifs, maisons de jeunes).
Un certain nombre de pays, dont les
États-Unis, ont adopté un système visant à
rechercher les jeunes inadaptés pour les soumettre à un
traitement de prévention. Il s'agit de surveiller certains adolescents
qui n'ont encore commis aucune infraction, mais que l'on considère
déjà comme des prédélinquants. Le
procédé, également envisagé en France afin de
dépister les futurs délinquants dès l'école
maternelle, présente toutefois le grave inconvénient d'être
arbitraire. Les résultats obtenus n'ont d'ailleurs guère
été positifs jusqu'à présent.
L'État français identifie avec peine
les vrais jeunes délinquants opérant sur son territoire. Le
problème y soulève de grandes controverses. Certains accusent les
immigrés, d'autres agitent la très sensible question du racisme.
Cependant les statistiques montrent malheureusement une certaine
corrélation entre l'immigration et la délinquance
juvénile1(*). Sur
511.542 personnes mises en cause par la police française en 1997, pour
ne prendre que ce cas 119,694 étaient d'origine étrangère,
soit (23.38%). Sur 53,845 détenus au 31 décembre 1997, 13,180
d'origine étrangère, soit (24.48%)2(*)
Certains penseurs font de ce fléau le
résultat de diverses grandes maladies sociales : pédophilie,
prostitution, recrudescence de la violence, dépravation des bonnes
moeurs, augmentation de la pauvreté et écart entre riches et
pauvres malgré l'abondance des richesses, etc. ; pour ne citer que ces
quelques exemples. Malgré le fait que la France soit un pays riche elle
connaît, elle aussi, la croissance de l'inégalité sociale.
D'aucuns prétendent qu'il s'agit là d'un phénomène
social tout à fait nouveau.
Les jeunes immigrés devenus délinquants
sont soit les descendants de malheureux qui ont servis comme boucliers humains
dans les années 1940 ou de simples jeunes issus de pays pauvres venus en
France acquérir la fortune qui leur était miroitée par les
médias, sans savoir dans leur enfantine innocence que venir dans ce pays
était une chose et être dedans en était une autre. A partir
de là l'on peut comprendre que parler, dans le cas de la France, de
jeunes délinquants, c'est viser les immigrés venus d'Afrique Noir
ou Arabe, ceux des pays voisins (Albanais, Koskovars, etc.) et la nouvelle
vague issue des pays de l'Est. Ajoutons à la liste les Gitans, Tziganes,
les Antillais etc. Ils habitent les bas quartiers des ouvriers des grandes
villes françaises où s'installe une grande pauvreté dure
et chronique. Victimes de racisme, d'intolérance et d'influence,
certains prennent refuge dans la drogue et la prostitution en vue de pallier
la disette et la pénurie qui sont leur lot quotidien. Le « rap
», par exemple, est une musique qui reflète bien souvent la
frustration de ces jeunes. En réalité, la délinquance
juvénile française est un fait social qui ne cesse de
s'accroître, tandis qu'elle fait l'objet d'une grande hypocrisie.
En France, la loi dessine un cheminement très
fin qui mène de l'irresponsabilité pénale totale avant 7-8
ans, et la pleine responsabilité à 18 ans. En contradiction avec
la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l'Enfant la France ne
prévoit pas de seuil minimum sous lequel on ne peut pas être
délinquant.
Alors s'il n'est pas tenu pour coupable, car
privé de discernement, l'enfant pourra se voir pris en charge par la
justice dans le cadre d'un dossier de protection de l'enfance (procédure
d'assistance éducative de l'article 375 du code civil). L'enfant de 7-8
ans s'il est tenu pour coupable, ne pourra pas supporter autre chose qu'une
mesure éducative pénale. Par exemple un éducateur pourra
le suivre dans le cadre d'une liberté surveillée, il pourra
être placé dans une institution publique ou privée
jusqu'à ses 18 ans. Une mesure qui pourra être vécue comme
répressive sachant que la condamnation sera inscrite au casier
judiciaire.
A 10 ans, depuis 2004 - loi Perben I, l'enfant tenu
coupable pourra toujours bénéficier des mesures éducatives
civiles ou pénales, mais de plus il pourra se voir infliger une sanction
éducative. Par exemple : interdiction de fréquenter tel lieu
ou telle personne, interdiction de posséder telle chose, stage citoyen
ou mesure de réparation.
A partir de 13 ans, les mesures
précédentes peuvent toujours être prises et d'ailleurs la
loi donne priorité aux mesures éducatives, mais on peut prononcer
une peine de prison ou d'amende. La peine encourue est la moitié de
celle encourue pour un majeur ayant commis des faits identiques. On dit que la
responsabilité pénale est atténuée. A 16 ans, la
loi prévoit qu'on peut retirer à l'enfant le
bénéfice de l'excuse de minorité. Il n'encourra que la
même peine prévue pour un majeur. A 7-8, 10, 13, 16, 18 ans,
l'enfance est rythmée par l'acquissions des compétences et de la
responsabilité. Irresponsabilité totale,
irresponsabilité atténuée, responsabilité
pénale pleine possible, responsabilité pénale de
l'adulte, le chemin est ainsi charpenté.
Par ailleurs, notons que les réponses au
problème de l'enfance délinquante sont encore régies par
l'ordonnance du 2 février 19453(*). Les crimes sont jugés par le Tribunal pour
enfants, si le mineur poursuivi a moins de seize ans au moment des faits et,
dans les autres cas, par la cour d'assise des mineurs, présidée
par un conseiller de la cour d'appel et composée de deux juges des
enfants et de neuf juges tirés au sort sur la liste
départementale.
La Convention Internationale de l'enfant,
adoptée par l'Assemblée Générale de l'ONU (20
Novembre 1989), est applicable en France depuis le 6 septembre 1990.
1.2- Au Canada
Au Canada, les mesures applicables aux institutions et
au traitement des jeunes sont disponibles en 1857, mais la première
législation fédérale concernant les délinquants
juvéniles est la Loi sur la délinquance juvénile
(LDJ), votée en 1908 et révisée en 1929. En vertu de
cette loi, la définition de la délinquance s'étend
au-delà des crimes commis par des adultes et
énumérés dans le Code criminel en y ajoutant
« l'immoralité sexuelle ou tout autre forme similaire de
vice ». Elle aborde également les cas d'enfants
négligés, maltraités ou incontrôlables. La LDJ fait
de l'État un gardien pacifique qui traite le jeune comme un enfant mal
dirigé, qui a besoin de soins et de supervision. La LDJ crée un
système juridique pour la jeunesse qui est extrêmement
discrétionnaire, laissant à la police, aux juges et aux officiers
de probation le soin de prendre des décisions dans le
« meilleur intérêt » de l'enfant. Le manque de
précisions législatives, applicables à la fois à la
juridiction et aux sentences, conduit à des disparités à
la grandeur du Canada quant à savoir quels sont ceux qui relèvent
de l'autorité de la cour juvénile et comment ils doivent
être pris en charge.
Cette situation entraine des critiques qui s'en prennent
à la LDJ pour son paternalisme, son absence de rigueur et son
inefficacité à protéger les garanties juridiques des
enfants.
www.the.canadiaencyclopedia.com
En réponse à diverses critiques, la Loi sur
les jeunes contrevenants (en vigueur à partir de 1984 et
amendée en 1986, en 1992 et en 1995) élimine toutes les
infractions liées au statut juridique de la personne, tels le
vagabondage et l'immoralité sexuelle, limitant la délinquance aux
seuls délits criminels. La Loi sur les jeunes contrevenants
leur assure également le droit d'être représentés en
justice et d'être jugés sur la base d'une preuve établie
selon des règles strictes au cours d'un procès. La Loi sur
les jeunes contrevenants constitue un système juridique pour la
jeunesse qui tient compte de la responsabilité du contrevenant et de la
protection de la société, tout en reconnaissant les besoins
particuliers des jeunes. En conséquence, ses dispositions vont de la
réprimande aux amendes, à la probation et aux services
communautaires, jusqu'à l'internement sous bonne garde pour une
période pouvant atteindre 10 ans dans le cas de délits
très graves, tel le meurtre au premier degré.
Les statistiques
officielles sur la délinquance, qui sont tirées des
enregistrements des organismes publics, comme la police, les cours
juvéniles et les établissements de correction, et que publie le
Centre canadien de la statistique juridique de Statistiques Canada, ont une
certaine valeur, mais elles reflètent davantage le comportement des
fonctionnaires que celui des enfants. Ces enregistrements ne permettent pas de
comprendre grand-chose sur la nature de la délinquance ni sur le
processus par lequel un individu devient un délinquant. Le comportement
des enfants varie beaucoup, et, comme tous les jeunes peuvent poser des gestes
susceptibles d'entrainer une action en justice, il n'est pas correct de
présumer de la délinquance ou de la non-délinquance des
enfants. De plus, ce sont des enfants cliniquement normaux qui sont
responsables de la plus grande part de la délinquance dans la
société. Bien que certains enfants anormaux violent la loi, il
n'y a pas de corrélation directe entre la délinquance et une
personnalité anormale.
En outre, les statistiques de la police ne
révèlent pas tous les actes délictueux de la
société. Les questionnaires personnels et les entrevues indiquent
que la majorité des jeunes commettent une forme mineure de délit,
mais que la plus grande part de la délinquance juvénile grave
n'est attribuable qu'à un petit nombre de jeunes issus de milieux
pauvres ou défavorisés (les décrocheurs scolaires, les
jeunes sans-abri, les jeunes des quartiers délabrés). Les
recherches récentes soulignent l'importance de la pauvreté dans
la répartition de la délinquance.
D'après les statistiques officielles, 133
029 jeunes sont accusés en 1993 de délits couverts par le Code
criminel, par la Loi sur les stupéfiants et par d'autres lois
fédérales. De ces jeunes, la plupart (56 p. 100) sont
impliqués dans des crimes contre la propriété (p. ex. le
vol pour moins de 1000 $ ou le vol avec effraction), tandis que 16 p. 100
sont accusés de crimes avec violence, dont la majorité (49 p.
100) sont des agressions de niveau 1 ou des agressions mineures. Les autres
accusations concernent des délits divers, incluant le défaut de
comparution et des délits contre la Loi sur les jeunes
contrevenants. Les données de 1993 indiquent que les causes les
plus fréquemment entendues au tribunal de la jeunesse impliquent des
vols pour moins de 1000 $ (17 p. 100), des vols avec effraction (13 p. 100),
des délits contre la Loi sur les jeunes contrevenants (10 p.
100), des agressions mineures (9 p. 100) et des défauts de comparution
(9 p. 100).
En 1993, les jeunes âgés de 12 ans
à 17 ans forment 8 p. 100 de la population canadienne, mais
représentent 25 p. 100 des personnes accusées de crimes contre la
propriété et 14 p. 100 de celles qui sont accusées de
crimes violents. Au cours des dernières années, il y a eu
beaucoup de médiatisation autour des jeunes de 12 ans à 17 ans
accusés d'homicide, mais les chiffres révèlent que, entre
1983 et 1993, les jeunes contrevenants n'ont commis que 8 p. 100 des homicides,
une proportion égale à leur représentation dans la
population. En 1993-1994, près de 8 jeunes contrevenants sur 10 sont des
garçons, et la moitié des causes entendues au tribunal de la
jeunesse impliquent des jeunes de 16 ans ou 17 ans. Environ le cinquième
de toutes les causes impliquent des jeunes de 15 ans, tandis qu'environ le
quart concernent des jeunes âgés de 12 ans à 14 ans. En
1993-1994, les deux tiers des causes entendues au tribunal de la jeunesse se
soldent par un verdict de culpabilité pour au moins un des chefs
d'accusation. Dans 28 p. 100 des cas, les poursuites sont interrompues ou
retirées, et dans 4 p. 100 des cas, elles se soldent par un acquittement
ou un verdict de non-culpabilité.
Les jeunes contrevenants trouvés
coupables reçoivent le plus souvent une probation (39 p. 100). L'autre
peine significative est la détention (19 p. 100 en milieu ouvert, 14 p.
100 en milieu fermé). Les jeunes reçoivent des sentences de
travaux communautaires dans une proportion de 13 p. 100 et ils sont
condamnés à des amendes dans 7 p. 100 des cas. Dans 32 p. 100 des
causes avec verdict de culpabilité, le jeune contrevenant reçoit
plus d'une peine.
Les recherches en
criminologie
et sur la délinquance au Canada ont considérablement
augmenté au cours des 35 dernières années. Les
écoles de criminologie de l'U. Simon Fraser et des universités de
Montréal, de Toronto et d'Ottawa sont maintenant des centres
d'études importants. Les programmes spécialisés en
criminologie, sous les auspices des départements de sociologie de l'U.
Carleton et des universités de l'Alberta, du Manitoba et de Windsor,
ainsi qu'au Centre de criminologie de Dalhousie, contribuent également
au développement de ce champ de la connaissance au Canada. La recherche
canadienne subit fortement l'influence des théories américaines.
Les théories relevant de la psychiatrie, par exemple, soutiennent que la
délinquance est une issue aux problèmes résultant de
relations familiales déjà perturbées.
Les théories
« sociogéniques » mettent l'accent sur l'importance
des comportements acquis. D'après les théories de la
« sous-culture », les jeunes de la classe ouvrière
développent une sous-culture nouvelle avec ses normes et ses attentes
propres, et pour laquelle la vertu consiste à défier la
moralité de la classe moyenne. Selon les théories de
l'étiquetage, la carrière d'un délinquant est une
réponse au traitement institutionnel des agents officiels. Les tenants
des théories du contrôle mettent l'accent sur l'importance de la
socialisation pour aider les individus à développer les
émotions appropriées, les croyances et les intérêts
qui les attachent à la société. Des travaux récents
insistent sur le fusionnement de ces théories de façon à
obtenir une compréhension plus globale des causes de la
délinquance. Des chercheurs canadiens empruntent aussi aux
développements théoriques des Britanniques pour expliquer
l'intérêt que portent les médias à la
criminalité des jeunes, ainsi que le comment et le pourquoi de la
législation criminelle qui concerne les jeunes.
Les chercheurs canadiens apportent des
contributions théoriques et empiriques importantes à ce champ de
la recherche, entre autres la « théorie de contrôle du
pouvoir », qui étudie les formes de socialisation propres
à chacun des deux sexes dans les différentes classes sociales et
les effets que cela entraine sur la participation à des actes de
délinquance. Des chercheurs québécois mènent une
importante recherche longitudinale sur des garçons violents. Un nombre
grandissant d'études faites au Canada insistent sur les relations entre
la marginalité sociale et économique et l'activité des
sous-cultures criminelles.
En ciblant les groupes délinquants et
les jeunes sans-abri, ce travail révèle que les jeunes qui
contreviennent gravement à la loi, grandissent dans des milieux
défavorisés, où ils font l'expérience de la
négligence, du rejet et des mauvais traitements physiques et
émotionnels. Ils sont peu instruits, ont peu de compétences
professionnelles et très peu de chances de trouver de l'emploi. En
raison de leur pauvreté, ou parce que leurs parents les rejettent, ils
se retrouvent à la rue. Ces jeunes voient leurs perspectives
légitimes se fermer, ce qui les laisse à l'écart de la
société conventionnelle et les plonge dans une vie de drogue,
d'alcool et de graves comportements criminels.
Au Canada, les techniques de contrôle de
la délinquance n'ont pas obtenu le succès escompté. Les
programmes de traitement (un terme qui implique, malheureusement, que les
délinquants ont une personnalité anormale qui doit être
traitée) sont bien établis. Ils comprennent un traitement
personnalisé et un suivi, des thérapies de groupe et des groupes
d'entraide, mais leur impact sur la délinquance est minimal. Les
programmes de non-intervention tendent à minimiser les contacts entre le
contrevenant et le système judiciaire. Cette approche est habituellement
sous-tendue par l'idée de la réintégration, et ses chances
de succès s'appliquent surtout à ceux qui commettent des
délits sans gravité. Cependant, les amendements au système
judiciaire sont peu susceptibles d'affecter le comportement des
délinquants de façon notable.
Notre compréhension de la
délinquance ne peut se développer sans une amélioration
considérable, à la fois quantitative et qualitative, de notre
connaissance de la société canadienne (et de ses
disparités de richesse, de pouvoir et de possibilités, qui sont
apparemment endémiques) et des motivations communes au crime et à
la délinquance. Sans une volonté d'accepter des réformes
étendues et des solutions requérant des réajustements
majeurs de notre mode de vie, on ne pourra pas réduire la
délinquance de façon significative.
1.3-En chine
Dans le pays le plus
peuplé du monde qu'est la Chine, on évalue le nombre des enfants
à 350 millions. Ils deviennent majeurs à 18 ans. La
règlementation les concernant est abondante et ses sources
variées : constitutionnelle, législative,
règlementaire et judiciaire. Elle concerne notamment la protection des
mineurs et la lutte contre la délinquance juvénile.
·
La protection des mineurs
Les dernières évolutions de la
législation accordent de plus en plus de droits aux enfants. Les
dispositions concernant la protection des mineurs se trouvent dans plusieurs
textes de l'ordre juridique interne. Dans la loi sur la protection des mineurs,
mais aussi dans la loi sur la santé des mères et des
nouveau-nés (entrée en vigueur le 1er juin 1995), dans la loi
pénale, dans la loi de prévention de la délinquance
juvénile et dans la loi sur le mariage (entrée en vigueur le 1er
janvier 1981 et modifiée en 2001). En ratifiant en 1992 la Convention
internationale relative aux droits de l'enfant, adoptée en 1989 par
l'Assemblée générale des Nations Unies, la Chine s'est
engagée à assumer et exécuter les obligations qui en
découlent. Ainsi, conformément à l'article 4 de cette
convention, le législateur chinois accorde à l'enfant le droit
« d'avoir ses droits », dont le tout premier : le
droit à la vie. L'infanticide est considéré un crime et
sanctionné.
www.ambafrance-cn.org
La loi sur la protection des mineurs (LPM), quant à
elle, été spécialement rédigée pour donner
une définition plus précise et une protection plus efficace des
droits et intérêts légaux des mineurs. Cette loi a une
importance particulière en ce qu'elle intègre pour la
première fois en droit positif les principes de la Convention
internationale des Droits de l'enfant. La loi dispose que la
responsabilité des enfants incombe aux parents qui ont l'obligation
d'élever et d'éduquer leur enfant ; en cas de
défaillance, l'enfant pourra leur demander des subsides. L'enfant
chinois a par ailleurs droit à un niveau de vie suffisant pour permettre
son développement physique, mental, moral et social. Quand les parents
sont divorcés, cela se traduit par le versement d'une pension dont le
montant est fixé d'un commun accord entre les parents ou par
jugement.
Quant au droit à la santé, il se
traduit notamment par l'obligation faite aux départements de
santé publique et aux écoles de prendre des mesures permettant de
diminuer les décès d'enfants, d'éviter les maladies et de
lutter contre la malnutrition. Il est en outre interdit de vendre du tabac ou
de l'alcool aux mineurs, et la Chine s'est engagée à
protéger les enfants contre les drogues. Le droit à la non
discrimination se traduit notamment par le fait qu'il est interdit d'utiliser
l'échographie pour identifier le sexe du foetus, par le principe selon
lequel l'enfant naturel a les mêmes droits que l'enfant légitime
et par le fait que le mineur délinquant doit avoir les mêmes
droits et opportunités que les autres mineurs pour la scolarisation et
l'emploi notamment.
Les principes fondamentaux encadrant la justice
pour les mineurs sont définis dans les chapitres V de la LPM et VI de la
loi sur la prévention de la délinquance juvénile (LPDJ).
Un régime pénal spécifique a également
été mis en place. La loi de protection des mineurs garantit
également un ensemble de droits dans le cadre scolaire :
l'obligation pour les professeurs de respecter les élèves,
l'interdiction des châtiments corporels, l'interdiction d'humilier les
étudiants ou encore l'interdiction de renvoyer arbitrairement les
élèves sont ainsi prévues. La loi interdit
également aux écoles de prolonger les heures de travail scolaire
et d'augmenter la charge de travail des élèves. Les
établissements scolaires doivent enfin s'assurer que leurs
élèves aient un nombre d'heures de sommeil suffisant et des
activités sportives.
Les gouvernements locaux, les écoles et
les parents ont l'obligation de s'assurer que les élèves
bénéficient de 9 ans de scolarité obligatoire. Des
dispositions viennent également préciser que les enfants chinois
ne doivent pas être maltraités ni exploités.
· La situation des enfants
maltraités
Selon la Constitution, il est interdit de
maltraiter les enfants. Les enfants chinois bénéficient d'une
protection contre les abus et la violence par la loi de protection des mineurs,
la loi pénale et par les dispositions prohibant la violence domestique
dans la loi sur le mariage. Ainsi, l'article 260 de la loi pénale
prévoit que ceux qui maltraitent un membre de leur famille encourent
jusqu'à 2 ans de prison ferme. Si la maltraitance cause une blessure
sévère ou la mort de la victime, le responsable peut être
condamné à une peine de prison ferme allant de 2 à 7
ans.
Les mineurs abandonnés ou maltraités
par leur parents ou tuteurs ont le droit de demander protection aux organes
publics, aux bureaux des affaires civiles, aux Ligues de la Jeunesse
Communiste, aux organisations de protection de la jeunesse, aux écoles
ou aux comités de quartier. Les organismes susmentionnés auxquels
il est demandé de l'aide doivent prendre des mesures pour aider
immédiatement les mineurs. Sous l'angle du droit pénal, les
châtiments corporels sont passibles de peines criminelles. Il est
interdit aux institutions pénales d'y recourir en tant que mesure
disciplinaire. L'article 40 de la LPDJ établit en ce sens l'obligation
pour les institutions judiciaires de respecter la dignité des
délinquants juvéniles et de sauvegarder leurs droits et
intérêts légaux.
Il n'existe aucune statistique officielle du nombre
d'enfants travailleurs en Chine, dans la mesure où les informations sur
la gestion nationale des affaires de travail des enfants sont classées
par le gouvernement comme « hautement confidentielles ».
L'article 38 de la loi sur la protection des mineurs et l'article 15 de la loi
sur le travail du 5 juillet 1994 interdisent formellement l'emploi des enfants
de moins de 16 ans et prévoient un régime spécial pour les
travailleurs de moins de 18 ans (par exemple l'interdiction de travailler dans
les mines ou dans l'industrie lourde). Il est par ailleurs interdit aux
entreprises d'employer les mineurs d'âge scolaire n'ayant pas encore
achevé leurs 9 ans de scolarité obligatoire.
Le Conseil des Affaires de l'État a
adopté en 2002 une série de règlements sur l'interdiction
du travail des enfants ; il en résulte notamment que les parents
ont l'interdiction d'autoriser leur enfant à travailler
illégalement et que les employeurs seront condamnés à
payer 5 000 yuans (environ 460 euros) pour chaque enfant employé pendant
un mois, les autorités pouvant en outre résilier leur licence si
la situation perdure. La loi pénale prévoit pour sa part des
peines allant jusqu'à 7 ans de prison pour les employeurs en cas de non
respect de toutes ces dispositions. La Chine n'a pas seulement adopté
une législation nationale sévère pour lutter contre le
travail des enfants, elle a également pris des engagements
internationaux en ratifiant en décembre 1998 la Convention n°138 de
l'Organisation Internationale du Travail concernant l'âge minimum
d'admission à l'emploi et en Août 2002 la Convention n°182
concernant l'interdiction des pires formes de travail des enfants.
L'application de cet ensemble de mesures est néanmoins rendue difficile
dans la pratique par la falsification des cartes d'identité des
mineurs et par d'autres types d'enfreintes aux règlementations sur
le travail des mineurs. Conscient de la réalité du
problème et suite aux suggestions de certains spécialistes, le
Comité permanent de l'Assemblée Populaire Nationale a
prévu de contrôler au cours de l'année 2008 l'application
de la loi sur la protection des mineurs. Des sanctions administratives et
judiciaires en cas de violation d'un droit protégé.
Le législateur chinois ne s'est pas
contenté d'octroyer aux mineurs des droits, il a mis en place un
dispositif administratif et judiciaire de protection. L'obligation de
créer un environnement permettant aux mineurs d'être
« respectés, protégés, éduqués et
aimés » pèse sur l'ensemble de la société
(article 27 de la LPM). De manière constante, les lois indiquent
clairement qu'il incombe aux familles, aux écoles, aux agences
gouvernementales et aux autres organisations sociales de faire respecter les
droits des mineurs. A défaut, leur responsabilité sera mise en
jeu : l'auteur de la violation d'un droit protégé s'expose
à des sanctions administratives et judiciaires (chapitre V de la loi sur
le mariage, chapitres II, III et VI de la LPM, chapitre VI de la LPDJ).
Le système responsabilise
particulièrement les parents. Dans la loi de prévention de la
délinquance juvénile quatorze articles sont consacrés
à la responsabilité de la personne qui a la charge de l'enfant.
Par exemple, l'article 14 de cette loi précise que les parents ou le
tuteur et l'école doivent éviter que les jeunes fassent
l'école buissonnière ou restent dehors la nuit, portent des
objets tranchants, se battent, extorquent des fonds, volent, prennent part
à des jeux d'argent (...). Lorsqu'ils n'assument pas leurs devoirs ou
violent les droits du mineur légalement définis, le Tribunal
populaire doit leur enlever la garde de l'enfant pour désigner un autre
tuteur. Les parents continuent cependant à assumer la charge
financière du mineur.
En outre, la loi donne aux fonctionnaires de
police le droit d'avertir et de discipliner les parents qui échouent
à surveiller et contrôler le comportement de leurs enfants. S'ils
ne prennent aucune mesure alors qu'ils sont informés de l'existence d'un
comportement à risque, ils s'exposent à une sanction
administrative. Si le non respect de leurs obligations conduit à des
conséquences néfastes, une peine criminelle pourra être
prononcée à leur encontre.
La volonté de protéger les droits de l'enfant et
d'assurer leur développement sain est une préoccupation au plus
haut niveau de l'État. Ainsi, le Conseil des Affaires de l'État a
lancé un programme national d'action pour le développement de
l'enfant (2001-2010) qui établit des normes détaillées
pour protéger les droits des enfants et assurer leur
développement, dans le but de « former des hommes
qualifiés pour la réalisation de la modernisation de la Chine au
XXIe siècle ». Le nombre des affaires civiles qui
concernent la protection des droits et des intérêts des mineurs a
régulièrement augmenté ces dernières
années.
Si la nouvelle loi sur la protection des mineurs a
permis de donner une réponse aux questions tenant à la
définition et à la sanction de leurs droits, la
législation se trouve encore parfois impuissante à fournir une
solution adaptée aux problèmes complexes que représentent
la délinquance et la criminalité juvéniles. Aujourd'hui,
plus de 12% des infractions pénales commises en Chine sont imputables
à des mineurs et force est de constater que la délinquance
juvénile est en expansion constante depuis le début des
années 80 (à titre d'exemple, elle a augmenté de 18% entre
2004 et 2005, année où les cours ont traités 82 721
affaires de délinquance juvénile).
Les changements occasionnés par la
réforme économique lancée à cette époque ont
significativement perturbé les mécanismes de contrôle
traditionnels que représentaient les familles, les comités de
quartier et les unités de travail, fondés sur l'éducation
morale, la persuasion et un réseau social dense dans les villages. Pour
mieux lutter contre cette délinquance juvénile, la Chine a
adopté une procédure pénale spécifique aux mineurs
et une législation sur la prévention de cette délinquance
où l'éducatif prime sur le répressif.
· Des dispositions pénales
spécifiques
Comme en France, le législateur chinois a
établi un système de responsabilité pénale des
mineurs fondé sur l'âge, plus précisément sur la
relation entre l'âge de la personne et sa capacité à
être responsable. L'article 17 de la loi pénale de 1997
prévoit ainsi un échelonnement des peines encourues par le mineur
suivant son âge :
Avant 14 ans, les mineurs n'assument aucune
responsabilité pénale (irresponsabilité pénale
absolue). Les mineurs entre 14 et 16 ans ne sont responsables que s'ils
commettent un crime sérieux, tel qu'un homicide, un vol, un viol, un
incendie, du trafic de drogue ou un empoisonnement (responsabilité
pénale partielle). Les mineurs ayant atteint 16 ans assument une
entière responsabilité pénale (responsabilité
pénale complète). Le législateur chinois a
également posé des règles de procédure
pénale propres aux mineurs. Que ce soit au stade de l'enquête, de
l'instruction ou du jugement de l'affaire, des règles spécifiques
tiennent compte de la minorité.
Par exemple, quand un mineur est
interrogé au cours de l'enquête, son représentant
légal doit être présent. L'entretien du mineur avec un
avocat est possible dès le début de la garde à vue si
celui-ci ou ses parents en font la demande. Par ailleurs, les centres de
détention provisoire ont des quartiers réservés aux
mineurs.
Une attention particulière est
portée à la personnalité du mineur et à son
environnement familial et social par le procureur lors de l'instruction et par
le juge lors de l'audience.
La spécialisation des audiences pour
mineurs est également présentée comme un moyen de lutte
contre la délinquance juvénile. Il y a plus de 2 500 tribunaux
pour mineurs en Chine. « Les citoyens mineurs sont immaturés
psychologiquement et physiquement ; de ce fait, les procès des
délinquants juvéniles doivent être différents de
ceux des adultes sur le plan procédurale comme sur le fond »
déclarait Monsieur ZHANG Jun, Vice-Président de la Cour
Suprême.
La publicité des audiences et des
débats est restreinte. Les médias ont l'interdiction de
révéler au public toute information personnelle concernant le
mineur. Le mineur qui a commis un crime ne peut être jugé par
défaut et doit obligatoirement être assisté d'un avocat.
La loi pénale prescrit explicitement une
peine atténuée à l'encontre des mineurs qui ont commis une
infraction et en 2001, la Cour Suprême a publié un ensemble de
règles sur les procès de délinquants juvéniles,
rappelant clairement le principe selon lequel l'objectif principal est
d'éduquer, la punition n'étant que secondaire.
Par ailleurs, le mineur reconnu coupable peut
voir le prononcé de la peine suspendu pendant une période de mise
à l'épreuve au cours de laquelle les services de police
travailleront sur la rééducation en coopération avec
l'unité de travail du mineur, s'il en a une, ou à défaut,
avec une structure sociale. Si le résultat est très probant, une
décision de relaxe pourra être prononcée.
En cas de crime grave, le mineur peut être
condamné à la prison à perpétuité. Les
conditions de la liberté conditionnelle et des remises de peine sont
cependant plus indulgentes que celles appliquées aux majeurs. En outre,
quand le mineur est condamné à l'emprisonnement, il est
incarcéré dans un établissement pénitentiaire
particulier.
Enfin, la peine de mort ne peut pas être
prononcée à l'encontre d'une personne qui n'avait pas 18 ans au
moment du crime. La spécificité du régime pénal
applicable au mineur est donc réelle. Néanmoins, l'intervention
du juge et la sanction judiciaire restent l'exception. Il existe en Chine tout
un ensemble de mesures extrajudiciaires qui visent à prévenir la
commission par les mineurs de crimes graves engageant leur
responsabilité pénale.
· Des mesures de prévention
extrajudiciaires
L'insistance du législateur sur la
prévention de la délinquance reflète la philosophie
chinoise traditionnelle qui suggère que si les « mauvaises
pensées » et les déviances mineures ne sont pas
réprimées, elles mèneront au crime. La loi vise donc
à renforcer la conscience légale des mineurs, à augmenter
leur connaissance et compréhension des conséquences
néfastes de la délinquance sur eux-mêmes, leur famille et
la société, et à leur faire prendre conscience des
responsabilités légales entraînées par la commission
d'un crime ou d'un délit. La philosophie du système peut
être résumée en trois points :
· La prévention doit viser tous les mineurs
à travers l'éducation juridique et morale, et ce avant qu'ils ne
tombent dans la délinquance ;
· Les actes de délinquance des mineurs doivent
être empêchés avant qu'ils ne débouchent sur une
délinquance sérieuse ;
· La prévention de la récidive doit
être activement menée par les acteurs sociaux.
Elle se matérialise par trois types de
mesures. En premier lieu, la Chine a mis en place un système
d'écoles « de travail et d'étude ». Quand les
mineurs se rendent coupables d'une des incivilités sérieuses
énumérées dans l'article 34 de la LPDJ, leurs parents ou
tuteurs et les écoles concernées doivent prendre des mesures
sévères pour les soumettre à une discipline plus stricte.
Ils peuvent également, les envoyer dans des écoles « de
travail et d'étude » afin qu'ils rectifient leur comportement.
Les parents, tuteurs légaux ou écoles doivent soumettre cette
demande de placement à l'approbation des départements
administratifs pour l'éducation. Le passage formel devant un tribunal
n'est donc pas requis. Ces écoles, qui ont été
créées en 1955 à Pékin et dont le fonctionnement a
été interrompu de 1966 à 1976, représentent une
forme relativement répandue d'éducation. Elles ont pour but de
réhabiliter le mineur par l'éducation et l'assimilation de
principes stricts. L'âge minimal à partir duquel les mineurs
peuvent être placés dans ces écoles est de 12 ans et
parfois de 10 ans dans certaines provinces. Les mineurs, en plus de leurs
études scolaires, doivent accomplir au moins 12 heures de travail par
semaine. La durée du placement est normalement de 2 ans.
Certains estiment que ces écoles
n'atteignent par leur but, considérant notamment que l'enseignement
délivré n'est pas adapté aux besoins des mineurs. Autre
mesure extrajudiciaire, le placement en centre correctionnel s'applique aux
mineurs auxquels on n'inflige pas de peine criminelle du fait de leur
âge. Cette mesure de placement prévue par la loi pénale est
décidée par le bureau de la police local pour une période
généralement comprise ente 1 et 3 ans. Les centres correctionnels
doivent s'assurer que les mineurs continuent de jouir de leur droit à
l'éducation. Ce placement n'en constitue pas moins une peine privative
de liberté. Les parents ou les tuteurs, les écoles, les
comités de quartier et de village doivent également aider
à éduquer les mineurs qui sont exemptés de peine en raison
de leur âge ou qui sont dispensés de peine.
Enfin, la rééducation par le travail
constitue une autre mesure extrajudiciaire ; elle est applicable aux
mineurs ayant commis une infraction qualifiée de sérieuse telle
que le trouble à l'ordre public, l'extorsion de fonds, la consommation
de drogues.
Le placement dans ces centres de
rééducation par le travail peut durer 4 ans. Cette sanction a une
nature purement administrative : les organes de sécurité
publique la décident seuls, sans contrôle judiciaire. Reste
qu'avec l'augmentation du crime organisé, les personnes intervenant dans
la médiation et l'assistance éducative se trouvent souvent sans
les compétences nécessaires pour s'occuper des membres de gangs
et des délinquants extrêmes.
1.4-En Angleterre
L'historiographie de la délinquance
juvénile anglaise au XIXème siècle s'est longtemps
préoccupée de l'augmentation apparente de la criminalité
du début du siècle et des débats sur les solutions
législatives et pénales envisagées pour l'enrayer. Une
première génération d'historiens s'est limitée au
récit descriptif de ces débats et à une analyse
enfermée dans un cadre conceptuel défini par les
réformateurs eux-mêmes. De même, les choix politiques et les
innovations législatives furent presque toujours
interprétés comme le résultat de la campagne humaniste
pour la mise en oeuvre de solutions pénales spécifiques et
appropriées aux jeunes délinquants.
Htt://Rhei.revues.org
Ce type d'analyse s'inscrit dans un courant historiographique
plus large, à savoir l'interprétation téléologique
de l'histoire de la justice pénale anglaise, dite
« whig ». Il considère que, tout au long du
XIXème siècle, les solutions pénales plus
« humaines », plus « modernes » se sont
inexorablement développées, remplaçant peu à peu
les châtiments « barbares » d'antan. Ainsi, la mise
en place de nouvelles institutions carcérales pour jeunes
délinquants s'inscrirait dans cette tendance
« humanisante » plus large, avec la réduction du
nombre de crimes passibles de la peine de mort, la restriction du
châtiment corporel et l'abolition de la relégation dans les
années 1860.
C'est ainsi que de nouvelles institutions pour jeunes
délinquants, alternatives à l'incarcération
traditionnelle, furent mises en exergue. Il s'agit tout d'abord de maisons de
redressement ou « reformatories », mises en place
à la suite de la promulgation d'une loi de 1854 (Reformatory Schools
Act). La nouvelle loi donna aux magistrats locaux (chargés des
condamnations pour délits) le pouvoir de condamner des
délinquants en dessous de 16 ans à une peine de deux à
cinq ans en maison de redressement, mais seulement après un passage de
quatorze jours minimum en prison locale. Une loi de 1857, complément de
celle de 1854, donna aux magistrats le pouvoir d'envoyer des enfants de 7
à 14 ans condamnés pour vagabondage dans une
« école industrielle » pour une
période appropriée, mais jamais au-delà de l'âge de
15 ans (Industrial Schools Act). En 1861 et 1866, la portée de cette loi
fut élargie à d'autres catégories de jeunes
« futurs criminels », tels que les mendiants et les
indigents, les orphelins, les enfants de forçats et autres criminels, et
les enfants pauvres considérés comme trop
« réfractaires » pour être logés en
asile pour les pauvres. Les institutions qui succédèrent à
ces deux types d'établissements devinrent les solutions pénales
incontestées du XXème siècle pour jeunes
délinquants. Les autres initiatives pénales, comme
l'expérience de la prison pour enfants à Parkhurst dans
l'Île de Wight, ouverte en 1838 et abandonnée vingt-cinq ans plus
tard, furent, en revanche, largement négligées par les
historiens. Même l'influence de Surveiller et punir de Michel
Foucault (qui parut en anglais en 1977) n'inversa pas cette tendance. Pourtant,
les foucaldiens développèrent un nouvel axe d'analyse des
motivations des réformateurs, le concept de
« délinquance juvénile » étant
reformulé comme une stratégie de contrôle social,
« ... un stéréotype que l'on utilise afin de
stigmatiser et moraliser les enfants de la classe ouvrière qui se
seraient éloignés des mentalités et des comportements
prônés par les classes moyennes ». Cela dit, les
théoriciens du contrôle social accordèrent la même
importance aux écrits des réformateurs pénaux que
l'historiographie traditionnelle. En fait, les foucaldiens se
contentèrent d'exploiter le même éventail réduit des
sources primaires. Il en résulte, selon les termes choisis par
l'historien américain Martin J. Wiener, « une image
négative photographique sombre et peu convaincante » des
récits classiques, dans laquelle un nouveau
« simplisme » (à savoir « la marche
inéluctable de la surveillance et du contrôle »)
remplace l'ancien (« la réforme humaniste »).
Les explications de la délinquance juvénile qui
se fondent sur le milieu ne manquent pas. L'extrait suivant, paru dans
l'Edinburgh Review en 1851, en est un exemple typique :
« Le sort [du délinquant juvénile]
n'était pas forcément d'être élevé,
dès ses premiers jours, dans un taudis surpeuplé, mais
probablement dans un lieu aussi malsain, dans un milieu imbibé de
saleté, de violence et de vice, milieu qui émousse toute
conscience morale, toute pensée et tout sentiment. Les coups et les
jurons auront été son premier catéchisme, la tricherie et
le mensonge, ses premières leçons. A un âge où l'on
s'occupe des enfants de riches avec sollicitude, et où l'on ne laissera
sous aucun prétexte les enfants s'éloigner des quartiers de la
nursery, on l'envoie mendier et chaparder. S'il manque de talents ou de chance,
on le bat, si ses efforts sont couronnés de succès, on loue son
intelligence et on le récompense. »
L'auteur anonyme de cet article poursuit :
« Il me semble que la majeure partie des jeunes délinquants
sont induits en erreur et tournés vers le vice par le manque de
surveillance et de formation industrielle. Les parents sont obligés
d'aller travailler et sont dès lors occupés toute la
journée et ces garçons livrés à eux-mêmes
dans la rue. Les pouvoirs publics n'ont-ils pas autorisé ces lieux de
prédilection de la méchanceté et de l'infamie (dans
lesquels le jeune délinquant est élevé) à perdurer
au coeur même de nos grandes villes ? Leur indifférence
envers les conditions physiques et morales des couches inférieures de
nos classes laborieuses a favorisé ces pépinières de
criminalité. Aussi, les pouvoirs publics ne sont-ils pas en partie les
auteurs et les complices de la dépravation du
garçon ? » L'évocation de ce milieu
criminogène est souvent haute en couleurs : l'influence
néfaste des « parents brutaux et
dénaturés » et des « mauvais
compagnons » induit « le garçon vicieux »
à emprunter « la voie de la mort ». Ces images
jouèrent un rôle essentiel dans la campagne de réforme. On
ne peut espérer « rendre leur enfance » aux jeunes
criminels, selon la formule célèbre de Matthew Davenport Hill,
juge de la ville de Birmingham, l'un des personnages clefs du mouvement de
réforme, qu'à la seule condition de les séquestrer de
manière définitive loin du milieu familial et social si nocif.
C'est la seule manière, poursuivait-il, d'« inverser leur
comportement criminel et de les ramener au sein de notre société
fraternelle ». De telles opinions étaient largement
répandues chez ceux qui prônaient la mise en place de maisons de
redressement à la campagne sur le modèle de Mettray et chez ceux
qui préféraient des mesures plus punitives à l'encontre
des jeunes criminels, comme celles d'une prison spécialisée pour
enfants de moins de 16 ans. Dans leur deuxième rapport de 1836, William
Crawford et Whitworth Russell, inspecteurs de prison du ministère de
l'Intérieur, préconisaient une solution carcérale à
la délinquance juvénile.
La nouvelle prison de Parkhurst devait permettre
de « sevrer le délinquant [juvénile] de ses
pulsions criminelles » grâce à un alliage judicieux de
« correction et d'amendement », en l'éloignant de
« la pauvreté et de l'ignorance, de la misère et de la
dégradation, qui frappent, dans cette métropole énorme,
des milliers de personnes appartenant aux couches
inférieures ». Au-delà des débats sur la
solution carcérale, tous s'accordaient à reconnaître les
difficultés de son application. Ainsi, le Révérend Henry
Worsley, auteur d'un essai primé de 1849, La dépravation
juvénile, soulignait que les « relations provenant de la
petite enfance et de l'enfance sont tenaces et inflexibles. La première
courbure de la brindille, témoin de toute la croissance
antérieure, est difficile à changer
complètement. » Difficile certes, mais pas
nécessairement impossible. Pour beaucoup de contemporains, le
déferlement de la délinquance (notamment juvénile)
provenait essentiellement de l'industrialisation rapide et de l'urbanisation
sauvage. On comprend, dans ce contexte, que l'on ait voulu mettre de la
distance entre le jeune criminel et son milieu criminogène et que l'on
ait envisagé les rythmes immuables du travail agricole comme
remède. D'ailleurs, le modèle de redressement des jeunes
délinquants par le travail aux champs, « métier
d'extérieur, où l'on se trouve exposé aux
intempéries, et à l'épuisement musculaire », est
resté un des choix privilégiés des gouvernements et des
législateurs pendant une bonne partie du XXème siècle. On
peut considérer que les deux types de délinquants
juvéniles évoqués, à partir de cette analyse, dans
cet article sont représentatifs des forces de l'innocence et de
l'expérience, ou plutôt des deux issues possibles de leur
combat, combat qu'elles se livraient, selon les croyances des contemporains, au
sein de chaque jeune criminel. L'issue de ce conflit dépendait en partie
de l'âge de l'individu (l'innocence diminuant avec l'âge), en
partie de l'influence du milieu familial et de l'impact des
fréquentations de l'enfant (plutôt
« mauvaises » ou carrément
« vicieuses »), et enfin - et ceci de plus en plus à
partir des années 1860 - de la force des prédispositions
biologiques innées au crime. Les victoriens des années 1840, 1850
et 1860, se rendant bien compte que les débats sur la délinquance
juvénile était « une mer agitée par des
théories controversées et des expériences
contradictoires », naviguaient en se servant de criminels-types
à la fois puissants et durables, dotés de caractéristiques
tant psychologiques que physiologiques. La force de chacun de ces sous-types
permet, tel un baromètre, de mesurer, tout au long du XIXème
siècle, l'influence des explications optimistes par rapport aux
explications fatalistes de la causalité criminelle. Pendant la
période que nous avons retenue ici, la délinquance
juvénile est analysée essentiellement dans un contexte
d'optimisme quant aux possibilités d'amendement des jeunes. Ce cadre
perdura durant le reste du XIXème siècle,
malgré les nombreuses mutations des institutions
préconisées pour réformer les délinquants. Cela
étant, à partir des années 1890, de nouvelles
théories fatalistes, selon lesquelles un nombre considérable de
jeunes délinquants demeurerait au-delà de la portée de
toute solution pénale, gagnèrent du terrain. Pour ces malheureux,
le poids de leurs tares mentales et physiques innées étaient
telles qu'un comportement criminel était presque inéluctable.
1.5-En Haïti
La délinquance juvénile en Haïti a
commencé à être l'objet de nombreux commentaires que vers
les années 1980. Avant, on en parlait que très rarement. Aux
dires de certains historiens4(*), la migration des jeunes fuyant la misère des
campagnes serait à la base de cette délinquance. Une
délinquance qui évolue en symbiose avec l'extrême
pauvreté de notre pays.
Haïti5 avait, dès le milieu du
20ème siècle, compris la nécessité d'organiser
l'avenir de la jeunesse et, lorsque celle-ci avait eu le malheur de tomber dans
la délinquance, de lui aménager une atmosphère judiciaire
particulière et de la soustraire à la promiscuité des
prisons.
Aussi a-t-il harmonisé les dispositions du
Code pénal avec les exigences du droit moderne en matière de la
délinquance juvénile, par une meilleure protection
accordée au mineur dévoyé et en danger physique et moral.
(1er considérant de la loi du 7 septembre 1961). Il faut souligner
qu'à cette époque des balises protégeaient encore le
milieu contre les déviations des jeunes: les parents veillaient sur
leurs enfants, la société n'avait pas encore
démissionné de ses responsabilités.
Et le législateur haïtien, le mimétisme
aidant, avait prôné le régime mixte d'exemption
légale obligatoire ou judiciaire facultative. Il s'agit du droit des
mineurs.
La minorité pénale est une cause d'exemption de
peine, selon la loi du 7 septembre 1961. L'exemption est obligatoire lorsque le
mineur délinquant a moins de 13 ans, quelle que soit la gravité
de l'infraction. Elle est facultative si le mineur est âgé de plus
de 13 ans au moment de la commission de l'infraction. L'ensemble des mesures
d'assistance, de surveillance et d'éducation, se substitue alors au
régime légal de la peine de droit commun.
Toutefois, les juges peuvent prononcer une
condamnation pénale, «lorsque les circonstances et la
personnalité du délinquant leur paraîtront l'exiger.»
Dans cette hypothèse, il ne s'agit pas d'une exemption mais d'une
atténuation (art. 51 du Code Pénal).
Aujourd'hui, de nombreux pénalistes
soulignent que la question de la responsabilité pénale des
mineurs et de la répression de la délinquance sont de plus en
plus complexe. Il résulte d'un impératif Kantien que celui qui a
commis une infraction doit être condamné conformément
à la loi. Concrètement, le législateur haïtien
prévoit les peines les plus fortes pour sanctionner les actes qui
provoquent le trouble social le plus grave, non pour la sanction
elle-même, mais pour servir d'exemple et avoir une retombée
préventive.
Plusieurs cas sont à étudier :
· Le mineur délinquant face à la loi
Selon la loi du 7 Septembre 1961, les mineurs
reconnus coupables d'infraction pénale doivent faire l'objet de mesures
de protection, d'assistance, de surveillance et d'éducation. Il en
résulte qu'aucune peine ne peut être prononcée contre un
mineur de moins de 13 ans. Le juge pour enfants doit envisager l'une des
mesures sus-énoncées en sa faveur.
Pour le mineur de plus de 13 ans, cette loi
instaure un régime de liberté surveillée : Celui qui a
encouru la peine des travaux forcés à perpétuité,
sera astreint à huit ans de traitement dans un Centre d'Education
corrective de l'État. S'il a encouru la peine des travaux forcés
à temps, de la détention ou de la réclusion, il sera
soumis à un traitement de trois ans au plus dans un Centre professionnel
spécialisé de l'État (Article 1er modifiant l'article 51
du Code pénal).
Le Code pénal haïtien date de 1825 et
compte 187 années d'existence (nous sommes en 2012). Il a
été annoté à diverses reprises sans avoir subi de
modifications sensibles. Il semblerait que les législateurs
haïtiens ne se soient jamais souciés de l'épreuve de la
réalité, de la mouvance sociale et de la dialectique des forces,
pour répéter l'autre, et se soient encrassés dans la
routine de ce Code pénal plus que centenaire.
Et l'homme de loi (magistrat, juriste) est
forcé, dans certaines circonstances, de se référer au
modèle étranger, au droit français plus
précisément, pour trancher des problèmes qui affectent la
société haïtienne. Or, comment faire face efficacement
à la minorité délinquante en Haïti ?
Les données ont changé. La
pauvreté, le chômage ont provoqué l'exode des paysans vers
les métropoles. Frustrés, ils s'entassent dans des bidonvilles
qui augmentent leur lot de misères, mettent au monde une
progéniture qui, mal encadrée, est vouée à la
délinquance et se livre de plus en plus à la violence,
encouragée dans cette voie par des films violents diffusés sur
des chaines de télévision.
Pour contourner le chômage et la pauvreté,
certains parents, choisissent de placer leurs enfants sous la garde d'un autre
parent ou d'un étranger qui aurait fait préalablement la demande,
certaine fois, contre plusieurs services et travaux domestiques à
fournir par l'enfant lui même. D'où le placement en
domesticité, principale caractéristique de la pauvreté
haïtienne.
Souvent, ces enfants placés en domesticité,
au lieu de retourner chez leurs parents trop misérables, choisissent de
courir les rues des grandes villes de notre pays, Port-au-Prince notamment. Y
évoluant en groupuscules non formels ils basculent souvent dans la
mendicité et la délinquance.
Les membres de ces groupes éphémères
(dont la durée est approximativement d'un an) parcourent les rues de nos
grandes villes, principalement Port-au-Prince, mal vêtus,
déguenillés, mendiant leur pain, ou usant de la drogue et,
à défaut de celle-ci, de produits hautement toxiques
présentant les mêmes effets, comme les colles destinées
à la cordonnerie et à l'ébénisterie couramment
appelée « siman » chez nous. Ces dites colles sont
inhalées toute la journée durant. Sans tenir compte de
l'extrême besoin dans lequel se retrouvent ces jeunes malheureux, notre
société les rejette purement et simplement, comme si la
délinquance ne pouvait exister ailleurs que chez eux. Elle existe aussi
au sein même des foyers haïtiens, au sein des établissements
scolaires ou tout autre regroupement social. Là encore l'incertitude
plane sur ce que l'on nomme le « chiffre noir », c'est-à-dire
la délinquance juvénile non comptabilisée. En effet les
infractions commises au sein de ces établissements et de certains
foyers, sont occultées, histoire de ne pas ternir l'honneur ou la
réputation d'une famille ou d'une quelconque institution. Elles ne sont
que rarement dénoncées aux autorités. A titre d'exemple
nous pouvons citer les cas de viol perpétrés sur la personne des
domestiques, des écoliers, ou les larcins qui se pratiquent à la
maison ou à l'école.
Selon nos enquêtes, les infractions commises dans
les écoles et à la maison se sont révélées
disparates, tandis que dans la rue, elles sont dénoncées et
pratiquées collectivement, fort souvent. Dans plusieurs cas relatifs aux
problèmes politiques d'Haïti elles y sont associées.
Nous avons pu constater, lors de ces mêmes
enquêtes, comme le montre le rapport de Save The Children, que les
regroupements, dits « baz » des jeunes de la rue, s'organisent autour
d'un chef de facto. Celui-ci le devient par ses propres moyens en s'imposant.
Les « baz » sont très réputés pour leur
brutalité, leur arrogance et leur dévouement à la solde de
politiciens qui tiennent leur existence secrète. Ils ne sont pas
recensés dans leur totalité. Entre 2000 et 2006 plusieurs
infractions collectives extrêmement graves ont été commises
par ces dits « baz ». Ces derniers, formés
généralement d'adultes, recrutent souvent, de force, dans leur
rang des mineurs de moins de 14 ans, mais de manière non formelle,
c'est-à-dire sans registre à l'appui.
Après, le 29 février 2004 dernier aura
fait rebondir la terreur de la criminalité juvénile
haïtienne dans ce qu'elle a de plus rude : environ 210,000 armes
à feu seraient actuellement en circulation, soit 13,000 détenues
par les bandes armées5(*). Les gangs en ont profité pour s'organiser
aujourd'hui en petits groupes disparates et isolés. Ces derniers sont
désignés sous le vocable créole de « baz ». Il
s'agit d'une espèce de groupes non formels6(*) qui ne se sont pas constitués en fonction des
répertoires de normes sociales et légales en vigueur
établies par la société.
Symbole de la violence incontrôlée qui
terrorise la capitale haïtienne, la participation d'enfants aux
enlèvements contre rançon ne laisse plus planer aucun doute, tant
les témoignages d'ex-otages sont nombreux.
« Aucun gang spécialisé dans
le kidnapping n'opère aujourd'hui sans la présence d'un ou de
plusieurs mineurs », confirma Michael Lucius, responsable d'alors de
la Brigade des mineurs à la Direction centrale de la police judiciaire
(DCPJ), à « Syfia International », une presse
écrite et parlée. Les « kokorat »7(*), comme on nomme les enfants des
rues, et qui sont membres de gangs ou d'associations de malfaiteurs, regroupant
des « kidnappeurs », prennent de gros risques. Ils
surveillent les personnes séquestrées, reçoivent la
rançon et servent d'éclaireurs afin de prévenir de
l'arrivée des forces de l'ordre. Personne ne sait combien d'enfants sont
impliqués dans cette macabre industrie, qui rapporte gros à ses
auteurs. Certains estiment les recettes des rapts à un million de
dollars américains par mois. Selon une enquête de la MINUSTAH,
près de six millions de dollars auraient été versés
pour la libération de plusieurs dizaines d'otages, entre mai et
août 2005. Les estimations varient, certes, mais force est de constater
que ce « commerce » est florissant, chaque jour apportant
son lot de rapts contre rançon.
Qu'ils soient de Cité Soleil, La Saline, Solino,
Martissant, Grande Ravine, Delmas 2, Saint-Martin, du Parc Industriel, pour
Port-au-Prince ; de Raboteau, de Descahot, de Jubilée, de l'Avenue
des Dattes, pour les Gonaïves ; de Shada, de la Rue de Bas Aviation,
de Sainte Philomène, de Cité Lescot pour le
Cap-Haïtien ; de la Savane, pour les Cayes ; de St-Elène,
pour Jérémie ; ces dits bandits gardent étrangement
mordicus leurs armes entre leurs griffes et mettent quiconque au défi de
venir les désarmer8(*).
Aucune opération sérieuse afin de
désarmer ces belligérants n'a encore été
menée. Les appels à l'aide se multiplient, les ONG et les
organisations de droits humains et humanitaires crient à un cesser le
feu et l'arrêt des hostilités, mais le Gouvernement et la MINUSTAH
tardent à réagir efficacement.
En résumé, la délinquance
juvénile haïtienne est partagée entre un rude activisme
politique et un amer vagabondage généralisé, avec pour
corollaire : la drogue, la prostitution, la mendicité et le rapt
(enlèvement et séquestration de personne) durant ces trois
dernières années.
La justice pénale comme la police sont actuellement
touchées dans leur fonctionnement et dans leur essence. Le malaise
actuel de la justice pénale correspond aussi à une incertitude
générale de la société. Les moyens de
contrôle social habituels (morale, discipline, coutumes, etc.) sont
eux-mêmes mis à mal.
La population n'arrive pas à comprendre
le rôle des institutions mises en place pour assurer sa paix, sa
sécurité et sa tranquillité. Le manque
d'efficacité de ces institutions (justice, police) se
révèle également au niveau des mesures de réaction
sociale, c'est-à-dire de l'ensemble des moyens utilisés pour
lutter contre cette nouvelle expression de la criminalité.
Assurer la sécurité des citoyens
incombe à l'État qui doit élaborer une politique
criminologique apte à transcender les seules incriminations
pénales. Cette stratégie tiendrait compte de la riposte
pénale, fondée sur l'efficacité des mesures
sélectionnées et sur les valeurs sociales à
défendre.
Il importe, aujourd'hui, d'envisager non
seulement des moyens de mettre un frein à l'action des jeunes
délinquants en Haïti, en particulier dans la Capitale, mais aussi
et surtout de créer une loi adaptée aux exigences de l'heure.
Section2-Typologie des enfants délinquants
2.1-Enfants de famille monoparentale
La famille monoparentale est constituée
d'un seul adulte et d'au moins un enfant. L'enfant a pu être conçu
hors des liens du mariage sans être identifier (mère
célibataire ou fille mère) où l'un des parents avoir
décédé. Cette formule est aussi utilisée pour des
familles où seul un parent à la charge des enfants, le plus
souvent la mère. Dans le cas où les parents vivants ont
divorcés, se sont séparés ou dépassés, la
famille est écartée.
De plus en plus d'enfant vivent dans une famille
monoparentale, soit 16% de la population. Et selon une enquête de
l'Insée, cela aurait un impact chez les jeunes enfants, qui ont des
conditions de vie moins faciles. D'abord, cela concerne les revenus de la
famille. Non seulement il y a qu'un seul salaire, mais le plus souvent le
parent est moins diplômé dans une famille monoparentale que dans
un couple. Plus de 60% des enfants de parents en couple ont au moins un de
leurs qui est bachelier contre 40% des enfants de parents isolés. Or, le
niveau de diplômé est lié au niveau de salaire : 24%
seulement des enfants de familles monoparentales vivent avec un parent cadre,
contre 48% pour les autres.
L'étude souligne d'ailleurs que les parents
isolés connaissent plus souvent le chômage. Près de 94% des
parents en couple ont au moins l'un des deux qui travaille, contre 66% des
familles monoparentales. Logiquement, cette situation pose des problèmes
en matière de logement surpeuplé, contre un sur 10 dans les
familles en couple. Cette étude montre en tout cas la situation souvent
difficile des parents et des enfants dans les familles monoparentales.
Les familles monoparentales se rencontrent
à travers tout le territoire Haïtien. Il s'agit d'un
phénomène à évolution croissante. Les mineurs
haïtiens connaissent un tel mode de vie. Les familles monoparentales
haïtiennes résultent, pour une partie des cas, soit d'une
séparation de couple concubin ou marie, soit d'un parent divorcé
ou d'un abadon1. Dans tous cas, les femmes sont le plus souvent les
délaissées.
Il est très dur d'élever un
enfant seul dans la pauvreté, sans assistance de la part de
l'État. C'est exactement un cas typique d'Haïti. Les mineurs
haïtiens connaissent un tel mode vie. Il est livré à
lui-même parce qu'il est quotidiennement resté isolé
à la maison, livré à ses désirs, son innocence et
les mauvais exemples quotidiens.
2.2-Enfants de famille pauvre
Dans les familles pauvres haïtiennes, la situation se
présente ainsi : « Beaucoup d'enfants (jusqu'à 8
généralement) et très peu de moyen ». Il peut arriver
parfois que l'un des parents détienne un emploi précaire,
sous-payé (souvent le père). Dans d'autres cas, ils sont de
petits commerçants détaillants du secteur informel, parfois sans
métier.
Évoluant dans de si malheureuses et instables
situations, les mineurs se voient dans l'impossibilité de se faire une
éducation, voire de la parfaire. Ainsi bon nombre d'entre-eux sont
analphabètes. Tout ceci contribue à faire d'une famille pauvre un
endroit criminogène pour le mineur qui, à cause de sa
pauvreté, ne connaît que la disette, la frustration et des besoins
jamais satisfaits.
Fait encore marquant, les enfants issus de ces familles,
sont continuellement torturés par leurs parents qui déchargent
sur eux le poids de leur misère prétextant les corriger.
Voilà une situation de plus qui peut inciter des jeunes et malheureux
innocents à devenir des délinquants.
2.3-Enfants de famille rigide
Le problème qui se pose, c'est que
dans ces types de cas, il arrive souvent que les parents enferment leurs
enfants dans des modèles trop contraignant, avec un idéal de
famille rigide, où tout le monde se sent bien certaine fois. Une
relation individualisée avec la plupart des enfants peut causer
également une certaine frustration contre d'autres jusqu'à
pratiquer une valorisation voire indifférences, d'où une certaine
rigidité envers les enfants frustrés, ça empêche
l'épanouissement de l'enfant. De plus, certains parents
élèvent leurs enfants trop durs. Ils ne leurs laissent pas une
certaine liberté afin qu'ils puissent communiquer leur penchant ou leur
problème. Trop de rigidité pousse les enfants à chercher
des solutions dans la rue. Trop de sévérité les
contraignent également à abandonner le toit familial
jusqu'à tomber dans l'illégalité. Étant incapable
de subvenir à leurs besoins, ils vont jusqu'à pratiquer tout un
ensemble d'actions contraires aux moeurs de la société. De
là étant, ils tombent dans l'impudicité, le vol, la
débauche, les actes sexuels. Ainsi, ils deviennent des jeunes
délinquants à troubler l'ordre social, provoquer le chaos social
en cherchant à obtenir leur satisfaction, trouver le minimum pour
pouvoir faire face aux difficultés de la vie.
2.4-Enfants gâtés
Les enfants gâtés sont
surtout issus de famille aisée. On en compte aussi au sein de la classe
moyenne. La pratique montre que ces derniers, jouissant d'une trop grande
commodité, ont tendance à devenir des mineurs délinquants
: leurs parents leur rendant la vie trop aisée en satisfaisant le
moindre de leurs désirs. Ainsi, vont-ils se mettre à
l'idée qu'ils peuvent tout se permettre. La délinquance,
dès lors devient chez eux une tendance qui peut raviver des
désirs latents vers la délinquance.
2.5-Enfants de bidonville
La majorité des enfants qui vivent
dans les bidonvilles quittent l'école en 6e année. Ils
préfèrent travailler pour aider aux besoins matériels de
leurs familles. Travailler est devenu leur jeu favori, pour ses enfants
là, un jeu de survie, dans un lieu où la misère est
palpable. De lourdes responsabilités tombent ainsi sur les enfants de
bidonville : une tâche qui revient principalement aux adultes, nous
a expliqué un psychologue à l'hôpital Mustapha ; les
constructions précaires influent aussi sur l'état psychologique
de l'enfant. Les baraques faciles à détruire, n'offrent pas
à l'enfant la sécurité qu'une maison normal doit en
général procurer.
Cette situation lui donne le sentiment de se
perdre dans l'espace. Il se sent déstabilisé, il n'a pas de
maison qui le protège des dangers extérieurs. De cette
manière, il reste d'y savoir des lacunes dans la construction de sa
personnalité, a-t-elle ajouté.
Par exemple, en Alger et Boumerdès,
respectivement en 2001 et en 2003 ont été frappés par des
catastrophes naturelles, il s'agit des inondations du 11 novembre 2002 et le
violent séisme du 21 mars 2003. Ce tremblement de terre a fait 130.000
sans abri. De ce fait, les responsables locaux étaient dans l'obligation
de recasser les familles sinistrées dans les logements destinés
initialement aux habitants des bidonvilles.
Après le relogement de ces occupants,
les premiers responsables de la Wilaya d'Alger tablent sur la prévention
et la vigilance. Pour cela, un dispositif d'information est mis en place, nous
a indiqué M. Boudina. En ce lieu, les enfants tombent souvent malade
à cause de l'humidité et de la salubrité de
l'environnement, ils n'ont pas d'autres endroits, ils sont obligés d'y
rester.
Une grande partie des enfants de bidonville
brulent les étapes de la croissance psychologique. Ils passent de
l'étape de la petite enfance à celle de l'adulte sans transition.
Les bidonvilles sont des lieux où se trouvent les constructions
anarchiques, un lieu qui n'ont aucune structure adéquate. La nourriture
des gens qui y vivent est entre pain sec et cigarette, une situation
socio-économique lamentable pour les enfants de bidonvilles. Il est
grand temps que les pouvoirs publics se penchent sur le phénomène
de la ghettoïsation. Il est reconnu que les ghettos sont des foyers
latents de troubles et de soulèvement populaire.
2.6-Enfants des Rues
L'expression « enfant des
rues » désigne de façon générale
un
enfant (au sens de
personne mineure) qui vit dans et de la rue, au sein d'une
ville. Son sens et son
utilisation sont débattues : alors que ce terme est parfois
jugé péjoratif et dépréciatif, d'autres estiment
que, au contraire, il donne à ces enfants une identité.
Les enfants des rues sont le plus souvent soit
des sans
domicile, soit des
enfants ayant un domicile mais travaillant dans les rues, dans le
secteur
informel ; ils peuvent aussi vivre avec leur famille dans la rue,
ou dans un refuge pour enfants des rues ; certains
travaillent,
ou vont à l'école en même temps. Il existe de nombreuses
situations différentes, et l'appellation « enfants des
rues » n'est qu'une façon commode de désigner ces
différents modes d'existence.
·
Statistiques
Le nombre total d'enfants des rue est
inconnu. L'
Unicef estime qu'il y
en a plusieurs dizaines de millions dans le monde. Il n'y a pas de recensement
de ces enfants, et les seules sources sont des estimations provenant
d'associations locales, faites au niveau d'une ville. Mais les chiffres varient
selon la définition employée, et sont parfois
exagérés pour « mieux » défendre leur
cause. Les estimations font ainsi état de 11 millions d'enfants des rues
en
Inde, 445 000 au
Bangladesh,
250 000 au
Kenya, 200 000
à
Kinshasa, etc.
La majorité des enfants des rues sont des
garçons, dû notamment à ce que les filles sont plus souvent
obligées de rester à la maison. Ceci est dû aussi aux
différentes formes de
travail des
enfants : le secteur informel de la rue est plus souvent du
domaine des garçons (bricolage, vente, cireur de chaussures, etc.)
tandis que le travail des filles est souvent domestique et donc
caché.
·
Vulnérabilité
La plupart des associations et organismes
s'accordent pour affirmer que les enfants des rues sont davantage à
risque que les autres enfants, notamment le risque d'
exploitation
(travail forcé, exploitation sexuelle...), mais aussi de
vulnérabilité face aux dangers de la ville : conditions
météorologiques, maladies liées à l'eau, la
nourriture ou la pollution, dangers de la circulation, agressions, etc.
Considérés comme « illégaux » dans de
nombreux pays, ils peuvent aussi être pourchassés par la
police.
· En
France
La
prévention
spécialisée, l'une des missions de l'
Aide
sociale à l'enfance, consiste à aller vers les enfants
(enfants et aussi adolescents) de la rue. Par l'intervention quotidienne d'
éducateur
spécialisé, que l'on nomme parfois
éducateur
de rue.
|
Qui sont les enfants des rues ? :
|
Les enfants des rues ont entre 5 et 16 ans, mais
il est courant d'en rencontrer qui ont à peine 3 ou 4 ans aux
côtés de frères plus âgés qui assurent leur
protection. La majorité des enfants des rues sont des garçons.
Les filles, sont, en effet, moins visibles dans la rue pour deux raisons:
La première est qu'elles sont moins aventureuses et
hésitent plus à quitter leur milieu familial même lorsque
les conditions de vie sont exécrables.
La seconde raison est qu'elles travaillent de façon moins visible
comme domestiques, ouvrières dans des ateliers clandestins ou comme
prostituées dans les établissements spécialisés.
Elles concernent 10% des enfants des rues,
sauf à Bangkok où elles sont 70% en raison de la prostitution.
Dans beaucoup de pays, leur nombre tend à augmenter. Souvent avant
d'être pubères, elles s'habillent en garçon pour ne pas
être embêtées. Même très petites, elles sont
pratiquement toujours victimes de la prostitution. Dans la majorité des
cas, les enfants des rues sont issus de familles nombreuses rurales que le
mirage des villes a poussé à migrer. Actuellement près de
la moitié de tous les enfants des pays en voie de développement
vit dans des agglomérations urbaines, c'est à dire pour la
plupart dans des bidonvilles.
Les enfants des rues ne
rentrent pas tous dans la même typologie. Bien que la situation de chacun
de ces enfants soit tragique les organismes spécialisés les
classent en 3 groupes :
· Les enfants qui ont conservé une relation
constante avec leur famille c'est à dire qu'ils vivent avec leur famille
dans la rue.
· Les enfants qui travaillent dans la rue, y passent
leurs journées et une partie de la nuit, mais qui gardent un contact
permanent avec leur famille qui possède un domicile, même
précaire. L'action de ces enfants dans la rue est souvent un apport
économique non négligeable à la famille. Leur
présence dans la rue est également liée à de graves
problèmes familiaux.
· Les enfants démunis, qui n'ont plus aucun
contact avec leur famille ce qui constitue les situations les plus critiques.
Leurs origines sont diverses. Ils peuvent être orphelins, enfants
réfugiés ou déplacés, avoir été
chassés de la maison pour réduire le nombre de bouches à
nourrir, avoir été abandonnés par des parents qui
n'arrivent pas à survivre ou encore fugueurs comme c'est le cas dans de
nombreux pays occidentaux.
Chapitre II-Les mesures de l'État haïtien
face à la délinquance juvénile
L'État Haïtien a toujours envisagé des
moyens pour combattre ce fléau qu'est la minorité
délinquante. Au nombre de ces moyens figurent à la fois des
mesures légales et institutionnelles.
Ce chapitre est divisé en deux sections. Dans la
première section, on présente les mesures légales et dans
la deuxième section on étudie les réponses
institutionnelles mises en place par l'Etat Haïtien pour faire face au
phénomène de la délinquance juvénile en
Haïti.
SECTION I-LE CADRE LÉGAL
1.1-De
1806 à 1938
Entre 1806 et 1938, d'importantes mesures
furent prises pour faire face à la délinquance juvénile.
Le Code Pénal de 1826 déjà réprimait le
vagabondage, la mendicité, les voies de fait, le meurtre dont les
auteurs étaient souvent des mineurs qui avaient fui leur famille et la
campagne pour se réfugier dans les villes à cause des
règlements de culture9(*). Les dispositions relatives à l'enfance
délinquante du code pénal de 1826 avaient été
reprises par le code pénal de 1835. La loi du 28 novembre de 1846 du
gouvernement de Riché porta création à la capitale et dans
chaque chef lieu de département du pays, une maison centrale ayant pour
mission de réformer la jeunesse délinquante.
Sous le gouvernement de Florvil Hyppolite, la
loi de 1893 transforma la maison centrale en « institution
d'éducation et de correction pour l'enfance délinquante et
abandonnée ». Elle fixe la majorité pénale à
16 ans au lieu de 14 ans du code pénal et de 15 ans du code
rural10(*). Un
décret-loi du 17 juin 1938 porta création d'une maison de
rééducation des mineurs ayant pour mission : leur
amélioration morale et leur formation professionnelle. L'article
1er de ce décret-loi dispose : '' Il sera ouvert et
organisé aux environs de Port-au-Prince un centre d'apprentissage
agricole et professionnel dénommé « Maison de
Rééducation'' ». Les délinquants, les enfants
livrés à eux-mêmes y étaient reçus.
1.2-De 1943 à 1968
A partir de 1943, d'autres lois viennent
s'ajouter, le décret du 3 décembre 1943 est venu fixer le statut
des mineurs dans les maisons d'enfants. Selon ce décret, les enfants
abandonnés, recueillis et gardés dans les maisons ont droit
à la protection de l'État11(*).
Le gouvernement de Dumarsais Estimé a
pris, le 2 septembre 1947, une loi règlementant les conditions de vie
des enfants employés en domesticité12(*). Aux termes de l'article 10,
il est mentionné que : « ne peut être
infligé aux enfants en service ou dont on a la garde des tortures
corporelles, sous prétexte de punition. Celui qui, au mépris des
prescriptions de cette loi, aura fait des blessures ou commis toute autre
violence sur la personne de l'un de ces enfants, sera dénoncé au
Commissaire du Gouvernement ou au Juge de Paix pour être poursuivi
conformément au code pénal ».
Le 16 juillet 1952, le gouvernement de Paul
Eugène Magloire prit une loi créant dans chacun des tribunaux de
la République13(*)
une section spéciale dite « section de la jeunesse
délinquante » appelée à connaître des crimes et
des délits commis par les mineurs de moins de 16 ans ». Aux fins
d'assurer non le châtiment, mais l'amendement et l'utilité de
l'enfant dans le cadre social et national, il fut, en effet, créé
à Port-au-Prince « la maison de correction » prévue
à l'article 50 du code pénal et dont le régime devait
être déterminé par arrêté du Président
de la République (art. 7). En 1958, le gouvernement de François
Duvalier, par la loi du 7 février 1958 créa l'Institut du
Bien-être Social et de Recherche.
Un décret du 27 janvier 1959 met fin
à toute inégalité entre la condition juridique des enfants
naturels et celle des enfants légitimes, cela dans
l'intérêt de l'ordre public et de la paix sociale en tenant compte
de la réalité sociale haïtienne. La loi du 8 décembre
1960, en son article 1er faisait obligation à « tout
père et mère ou toute personne responsable de la formation d'un
mineur, de l'envoyer à l'école ».
Le gouvernement de François Duvalier,
dans la loi du 7 septembre 1961 sur le mineur en face de la loi pénale
et des tribunaux spéciaux pour enfants, a institué les tribunaux
spéciaux pour enfants et pris des mesures de protection et
d'éducation en faveur de ces derniers. Les articles 50, 51 et 52 du code
pénal faisant partie de la loi No.3 relative aux personnes punissables,
excusables ou responsables pour crimes ou pour délits, ont
été modifiés par l'article 1er de cette loi.
L'article 50 modifié se lit comme suit :
« Lorsque le prévenu ou l'accusé aura plus de 13 ans et
moins de 16 ans et sauf s'il est décidé à son égard
une condamnation pénale en conformité de l'article 51 du
présent code, il sera selon les circonstances, ou simplement
admonesté ou remis à ses parents, à son tuteur, à
la personne digne de confiance ou acheminé à son institut
médico-pédagogique privé ou public, ou bien placé
au Centre d'Accueil Duval Duvalier pour avoir une formation morale, civique et
professionnelle pendant le nombre d'années fixé par le jugement
et qui ne pourra jamais excéder l'époque où il aura
atteint l'âge de 21 ans14(*) ».
« Les recours contre les décisions
ordonnant le placement du mineur ou son envoi dans une institution publique
d'éducation surveillée ou corrective, sont suspensifs. ».
« Les mineurs appréhendés à raison d'un délit,
d'un crime ou d'une contravention ne seront plus déférés
aux juridictions pénales de droit commun. Ils sont justiciables des
Tribunaux pour Enfants, des Cours d'Assises des Mineurs ou du Tribunal de
Simple Police siégeant en audience spéciale » (art. 2).
La loi15(*) du 20 novembre 1961 pris par le Dr. François
Duvalier porta création du Tribunal pour Enfants, établi
près le Tribunal Civil de Port-au-Prince, avec pour charge de
connaître, suivants les formes prévues par la loi, des
délits et crimes reprochés au mineur de moins de 16 ans.
Près ce tribunal sont délégués par le Ministre de
la Justice un Ministère Public, deux Juges pour Enfants et un Juge
d'Instruction respectivement Membres du Parquet et du Tribunal Civil de
Port-au-Prince.
1.3-De
1970 à 1984
Vers les années 1970, avec
l'évolution du phénomène, il a fallu d'autres mesures, un
nouveau décret fait son apparition : celui du 18 novembre 1975 sur
le commerce et le trafic de stupéfiant en ses articles 59, 62, 63
prévoyant des sanctions contre les mineurs trafiquants illicitement des
stupéfiants.
Aux termes de l'article 52, « le mineur de moins de 16
ans reconnu, usager occasionnel par la Commission Socio-Médicale, sera
placé sous la surveillance de celle-ci au sein de sa famille qui prendra
les dispositions pour l'éloigner d'une rechute. Si le mineur trompe la
vigilance de ses responsables ou celle de la Commission pour se livrer à
l'usage illicite de stupéfiants, il sera traité comme toxicomane
de 16 ans ».
Le mineur de 16 ans, toxicomane reconnu par la
Commission socio-médicale, sera remis après la complète
désintoxication à sa famille qui prendra les dispositions pour
éviter la rechute de l'intoxiqué (art.63). Si après une
cure de désintoxication, le mineur de moins de 16 ans commet à
nouveau le délit d'usage illicite de la drogue, il sera soumis à
une nouvelle cure. Cependant, pour chaque cas, après la cure, il sera
placé dans un centre médico-social aux ordres du Parquet durant
une période de 6 mois à 2 ans.
L'article 15 du décret du 8 octobre 1982,
modifiant les articles 315, 316, 317 du code civil, remplace la puissance
paternelle par l'autorité parentale. Aux termes de cet article, nous
pouvons lire « les père et mère ou celui qui a la garde d'un
enfant peuvent le confier à un centre de rééducation ou,
si les motifs de mécontentement sont suffisamment graves, à un
centre de détention pour une durée qui ne peut excéder 6
mois, et qui doit être fixée par le Doyen et le Ministère
Public. Dans ce cas, ils pourvoient aux frais d'entretien de
l'enfant ».
La loi organique du Ministère des Affaires
Sociales du 24 novembre 1984, quant à elle, fixe les attributions de
l'IBESR et le domaine administratif et social de son service de la protection
des mineurs.
1.4-De 1987 à 2005
La Constitution de 1987 dispose en son article
261 que « La loi assure la protection à tous les enfants. Tout
enfant a droit à l'amour, à l'affection, à la
compréhension et aux soins moraux et Haïti en 1994, a
ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant adoptée par
l'Assemblée Générale des Nations Unies, le 20 novembre
1989.
L'article 3 de cette Convention dispose : «
Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu'elles soient le
fait des institutions publiques ou privés, de protection sociale, des
tribunaux, des autorités administratives ou des organes
législatifs, l'intérêt supérieur de l'enfant doit
être une considération principale ».
Le décret du 12 mai 1995 portant
régularisation de l'état civil, en son article I, porte
interdiction formelle de distinguer par quelques signes, desseins, inscriptions
que ce soit, les actes d'état civil délivrés aux
comparants établis dans les sections rurales. Il est notamment interdit
d'inscrire en tête de tel acte, la mention
« paysan ». Les actes de naissance, de reconnaissance et de
décès sont exonérés de toutes taxes et tous droits,
y compris les droits de timbre. Il en est de même des premières
expéditions des dits actes.
Le décret du 5 juin 1995 portant
création et réorganisation de l'APENA pose en son article 11 les
conditions de détention des mineurs ; lesquelles consistent
à assurer, par le Service de la Protection Judiciaire de la jeunesse,
une protection spéciale de la jeunesse délinquante, notamment aux
mineurs de moins de seize (16) ans. Dès lors il est chargé :
· Du retrait des mineurs de moins de seize (16) ans des
centres de détention pour les acheminer aux centres de
réinsertion.
· De la séparation complète des mineurs
détenus avec les majeurs détenus, de la séparation des
hommes et des femmes détenus ainsi que de la séparation des
prévenus condamnés.
· De l'amendement du traitement et de la
réinsertion sociale des jeunes délinquants. D'exercer toutes
autres activités prévues par la loi organique et les
règlements internes16(*).
La loi du 10 septembre 200117(*) fait suite au décret de
l'Assemblée Nationale du 23 décembre 1994 sanctionnant la
Convention Relative aux Droits de l'Enfant adoptée par
l'Assemblée Générale des Nations Unies le 20 novembre
1989.Cette loi interdit les traitements inhumains de quelque nature que ce
soit, y compris les punitions corporelles contre les enfants (art. 1).
Par traitement inhumain, elle entend tout
acte de nature à provoquer chez un enfant un choc corporel ou
émotionnel, tel frapper ou bousculer un enfant, ou lui infliger une
punition susceptible de porter atteinte à sa personnalité par ou
sans l'intermédiaire d'un objet ou d'une arme ou l'usage d'une force
physique abusive (art. 2).
Par ailleurs, la loi du 5 juin 200318(*), relative à
l'interdiction et à l'élimination de toutes formes d'abus, de
violence, de mauvais traitements ou traitements inhumains contre les enfants, a
aussi été promulguée, dans le même ordre
d'idée, par le gouvernement de Jean-Bertrand Aristide d'alors.
Section2-Le cadre institutionnel
2.1-Les organes liés à la
délinquance juvénile
2.1.1-L'IBESR
L'Institut du Bien-être Social et de Recherche
(IBESR) a été créé par la loi du 1er
février 1958 du gouvernement de François Duvalier. Le
décret du 21 août 1958 est venu organiser cet institut.
Aujourd'hui, ces attributions actuelles sont régies par le décret
organique du 24 novembre 1984 du Ministère des Affaires sociales.
Lesquelles attributions consistent, d'une manière
générale, à transférer auprès des centres
d'éducation, notamment du CADD, les mineurs appréhendés
par la Justice Haïtienne.
L'IBERS l'organisme chargé du contrôle et de
l'application de la politique sociale de l'État. Il a pour attributions,
notamment, d'améliorer les conditions de vie de la population sur les
plans économique, moral, et social, en accordant une attention
spéciale à l'enfant, à la femme et à la famille, de
créer, autoriser, encourager, superviser les oeuvres de
prévoyance et d'assistance sociale, tant public que privé, de
lutter contre la dégradation de l'homme victime de la misère, de
la maladie, des infirmités ou de la vieillesse particulièrement
en recherchant les causes qui compromettent l'équilibre physique,
psychologique, économique, morale de l'individu, de la famille et de la
communauté, et enfin d'organiser la police sociale.
A cette fin, l'IBESR est pourvu d'un arsenal
d'organes, tels que :
A- La division du Service Social, dont l'une des taches est
civiliser l'acte sublime de la procréation, par l'instauration d'une
politique d'eugénisme, et qui elle-même, comprend :
-Le Service Prénatal et Materno-infantile ;
-Le Service du Certificat prénuptial ;
-Le Service des OEuvres Sociales ;
-Le Service de l'Adoption ;
-Les Centres Sociaux de Quartier.
B- La Direction de la Défense Sociale, dont
relèvent :
- La Police Sociale, un organe chargé d'assurer
l'intégrité du patrimoine moral et social de la nation, de
rechercher les crimes, les délits et contraventions relatifs au
vagabondage, à la mendicité, aux attentats aux moeurs à
l'enlèvement de mineurs et dont les rapports font foi comme ceux des
Agents de la Police judiciaire.
-Le Service de Protection des Mineurs, comportant une Section
des Loisirs et une Section des Réhabilitation Psycho-sociale, à
cote des Centres de Rééducation ;
-Le Service du Contrôle de la Mendicité ;
-Le Service du Contrôle de la Prostitution ;
-Le Service de la Délinquance Juvénile ;
-Le Service Social Pénitentiaire.
L'IBESR fonctionne sur la haute direction d'un Conseil
d'Administration de cinq membres formé de la manière
indiquée pour L'EPPLS.
2.1.2- Le CADD
Fondé en 1961, le CADD est un centre
d'éducation et de réhabilitation établi pour accueillir
des mineurs en contravention avec la loi. Le Centre d'Accueil cessa de
fonctionner en 1987, après la chute du régime des Duvalier. Puis,
sa réouverture eut lieu en décembre 2004. Parallèlement,
aucun autre centre de ce genre n'a encore été
créé.
Le centre a pour attributions de recevoir de l'IBESR les
mineurs en contravention avec la loi qui sont appréhendés par la
justice haïtienne, quand ceux-ci ne sont pas envoyés ailleurs dans
d'autres centres. Lesquels peuvent être soient des centres
d'éducation, des foyers d'accueil ou d'orphelinats travaillant dans le
secteur privé.
Il est, en outre, prévu que le personnel technique du
Centre d'Accueil collabore étroitement avec le Président du
Tribunal pour Enfants, le Ministère Public, le Juge d'Instruction et les
Juges pour Enfants délégués en vue de parvenir à la
manifestation de la vérité devant la juridiction d'information ou
de jugement. Ces derniers suivront l'exécution de la mesure de
protection par eux ordonnée jusqu'au moment où le mineur
délinquant sera re-socialisé, ce compte tenu des
règlements intérieurs du CADD et de la loi organique de
l'IBESR.19(*)
2.1.3-L'APENA
L'Administration Pénitentiaire Nationale
(APENA), a été créée par décret en date du
19 septembre 1989 et placée sous la tutelle du Ministère de la
Justice. Cette administration est chargée de la mise en place, de
l'exécution de toute législation pénitentiaire sur
l'ensemble du territoire national. Elle assure, en accord avec le
Ministère Public, l'exécution de toutes les décisions
judiciaires prononçant une peine privative de liberté en
ordonnant une détention préventive.
Le décret du 5 juin 1995 en rapport avec
celui du 19 septembre 1989 porta réorganisation de l'Administration
Pénitentiaire Nationale. Ce nouveau décret a créé
un organisme déconcentré du Ministère de la Justice
dénommé Administration Pénitentiaire Nationale (APENA) qui
a pour mission de :
a) Exécuter toute législation
pénitentiaire sur le territoire national.
b) Assurer l'exécution de toutes les
réquisitions judiciaires prononçant une peine privative de
liberté.
c) Promouvoir la réinsertion des détenus.
Pour accomplir sa mission, l'APENA exerce les
attributions suivantes :
a) Établir des procédures règlementaires
et administratives en vue de moderniser
l'état des prisons.
b) Veiller à l'application normale des décisions
de justice en matière d'emprisonnement.
Depuis l'arrêté présidentiel du
24 avril 1997, l'APENA fait partie intégrante de la PNH. Il est, depuis
lors, créé à la PNH une Direction chargée de
l'Administration Pénitentiaire dont le sigle est DAP.
2.2.4-La PNH
Aux termes des articles 237 et 274 de la Constitution
de 1987, la Police, en tant qu'auxiliaire de la justice, recherche les
contraventions, les délits et crimes commis en vue de la
découverte et l'arrestation de leurs auteurs. Les agents de la Force
Publique, dans l'exercice de leurs fonctions, sont soumis à la
responsabilité civile et pénale.
Un soutien doit être donné à
ce corps, afin de poursuivre le travail déjà entrepris concernant
le renforcement de ses capacités pour accomplir de façon
appropriée son mandat de défense et de protection des Droits
Humains ainsi que son rôle de police judiciaire. Dans l'organigramme de
la PNH existe un mandat pour adresser la question de la prévention
juvénile. Cette structure demeure une coquille vide qui n'a jamais
été activée. L'IGPNH est une institution chargée de
l'investigation et de la sanction disciplinaire des policiers responsables
d'abus. Elle a aussi la responsabilité d'orienter les politiques en
matière de formation pour la police.
2.2-L'oeuvre de quelques Ministères
2.2-Le Ministère des Affaires Sociales et du
Travail
Le Code du Travail, promulgué en octobre
1961, comporte une réorganisation en profondeur du Département du
Travail. Celui-ci devient le Département du Travail et du
Bien-être Social de dénomination qui fut changée quelques
années plus tard en Ministère des Affaires Sociales.
Le législateur a sans doute voulu
souligner par ce changement que le Département ou Ministère en
question doit plutôt s'occuper des conditions matérielles des
travailleurs et de leur amélioration, comme il est d'ailleurs
indiqué dans la loi organique de ce Ministère en date du 4
novembre 1983.
Définir et exécuter la politique
sociale du Gouvernement et particulièrement de :
déterminer cette politique au niveau des zones pauvres, en milieu urbain
et rural tout en veillant au respect de la liberté du travail et des
obligations qui en découlent.
C'est à ce Ministère de rechercher
et de mette en oeuvre les moyens scientifique et concrète permettant
d'intensifier la lutte contre la faim, la malnutrition, le chômage, le
paupérisme, notamment d'établir un régime approprié
de Sécurité Sociale contre les risques physiologiques,
économiques, sociaux et autres. Il doit également créer,
autoriser, encourager et superviser les oeuvres de prévoyance et
d'assistance tant publiques que privées.
Ce vaste éventail d'activités
implique, évidemment de fortes ressources à la fois
financières et techniques, malheureusement aucun des Gouvernements qui
se sont succédés depuis le renforcement du Ministère ne
s'en est jamais soucié. Pour que ce Ministère puisse atteindre
ses objectifs, le Législateur l'a doté d'une structure comprenant
un nombre d'organes qui fonctionnent tous sous la haute autorité du
Ministre, soit :
Une Direction Générale, assortie de la
Direction du Travail et de la Direction de la Main-d'oeuvre ;
-Divers Bureaux de Coordination des activités.
-Six organismes décentralisés rattachés
au Ministère, qui sont :
a) l'Entreprise Publique de Promotion des Logements Sociaux
(EPPLS)
b) l'Institut du Bien-être Social et des Recherches
(IBESR)
c) l'Office National d'Assurance Vieillesse (ONA)
d) le Conseil National pour la Réhabilitation des
Personnes Handicapées (CONARHAN)
e) l'Office National de l'Artisanat (ONART)
f) l'Office d'Assurances Accidents du Travail,
Maladie-Maternité (OFATMA).
2.2-Le Ministère de la Justice et la
Sécurité Publique
Le Ministère de la Justice est
l'administration centrale chargée en Haïti de la gestion du service
public de la justice. Le ministre de la Justice n'exerce aucune fonction
juridictionnelle. Il est responsable du fonctionnement des juridictions et de
l'ensemble des services du ministère de la Justice. C'est lui qui est
chargé de l'élaboration de la législation et de la
réglementation judiciaire. A ce titre, il présente au Parlement
des projets de loi dans tous les domaines relatifs au droit. Enfin, il
participe de manière privilégiée à
l'élaboration de la politique judiciaire.
Pour remplir cet ensemble de missions, le
ministre est assisté de l'ensemble des services du ministère,
dont la structure est semblable à celle des autres ministères.
L'élément politique du ministère est le cabinet
ministériel. Le Ministère de la Justice coiffe toutes les
institutions et juridictions répressives pour Mineurs. Il
détermine la politique applicable en cas de besoin et dirige toutes les
opérations et projet que le domaine intéresse. Il prend en compte
les dépenses et construit les budgets de fonctionnement en fonction des
prévisions établies.
Ces juridictions répressives pour mineurs, dont il
s'agit, regroupent :
a) le Tribunal de Simple Police siégeant en audience
spéciale.
b) les Tribunaux pour Enfants.
c) les Cours d'Assises des Mineurs.
SECONDe Partie
La lutte contre les problèmes de la
délinquance juvénile
Chapitre I-Les différents problèmes
liés à la délinquance juvénile
La critique, du latin « criticus » ou du
grec « kriticros », est un jugement de valeur, l'appréciation
de la valeur d'une oeuvre, l'art de distinguer les qualités ou les
défauts d'oeuvre littéraire ou artistique. Faire l'analyse de
quelque chose, c'est en dégager les faiblesses et les lacunes.
La problématique s'entend de l'ensemble des
problèmes posés par le phénomène. Ainsi,
présenter la problématique de la délinquance
juvénile en Haïti c'est identifier les problèmes qui y sont
liés et dégager leurs causes et leurs effets.
Les perspectives de solution sont les mesures à
prendre, des moyens à utiliser pour résoudre un problème,
venir à bout d'une difficulté ou d'un obstacle. Par perspectives
de solution de la problématique en Haïti, nous entendons les voies
et moyens que nous comptons utiliser pour faciliter la tâche aux
décideurs.
La délinquante Juvénile constitue chez
nous, de nos jours, un phénomène complexe. Cela suppose qu'elle
est à la fois un phénomène individuel, un
phénomène de bande, et un phénomène de
société étroitement lié à la très
grande pauvreté de notre pays, d'un côté, tandis que dans
l'autre, elle reste, partagée entre un rude activisme politique et un
très grand vagabondage, avec pour corollaire la drogue, la prostitution,
la mendicité et le « kidnapping » (enlèvement
et séquestration de personne), au cours de ces trois dernières
années. Les criminologues attribuent à cette forme de
délinquance une grande liste de facteurs biologiques, psychologiques,
sociologiques et culturels. Les conséquences en sont multiples en
Haïti. Elles sont d'une part d'ordre socioculturelles et, d'autre part,
politiques et économiques.
Pour combattre ce phénomène en Haïti, de
nouvelles stratégies sont à envisager et de nouvelles structures
sont à mettre en place.
Ce chapitre regroupe, en effet, deux sections. La
première expose les causes et effets de la minorité
délinquante en Haïti, tandis que la deuxième est
consacrée à la critique des réponses légales et
institutionnelles apportées par l'État Haïtien aux
problèmes de la minorité délinquante en Haïti. Dans
un premier temps, nous faisons des critiques sur les mesures légales,
des dispositions du C.P, des dispositions du C.I.C, des dispositions de la loi
organique du MAST, des dispositions de la loi du 7 septembre 1961 et sur le non
respect de la Constitution de 1987 ; et dans un second temps, des
critiques aussi sur les faiblesses des mesures institutionnelles, sur le CADD
et l'IBESR, sur les problèmes du Fort National et de la prison civile
pour mineurs de Delmas 33, la politique du service de la protection des mineurs
et sur l'échec de la famille, des problèmes des écoles et
des orphelinats.
Section1-Causes et conséquences de la
délinquance juvénile
1.1-Causes
1.1.1-Les causes sociales
1.1.1.1-Faible niveau
d'éducation
Généralement l'on a tendance à
penser que nos jeunes délinquants sont soit des incultes, soit des
illettrés ou analphabètes. La réalité nous a aussi
montré que plusieurs d'entre eux ont, eux aussi,
fréquenté l'école à un degré ou un autre.
Comme nous l'avons vu précédemment,
nos jeunes délinquants ont donné de nouvelles formes à
leur criminalité : vol de voitures, délits économiques,
crimes politiques, prostitution, trafic et usage illicite de stupéfiants
ou de substances psychotropes, viols, « kidnapping »,
etc.
L'éducation n'est pas encore un acquis chez
nous. Chez les plus jeunes, le taux de l'alphabétisme est plus
élevé. Il constitue de ce fait un facteur criminogène
très important. Présentement l'enseignement de qualité et
de niveau international est un luxe chez nous. Parce que moulé dans
l'informel, il échappe donc au contrôle de l'Administration
Centrale
Cette éducation a une double face : d'un
côté, fonctionnent en nombre très réduit (mais alors
rarissime) d'écoles très coûteuses, en
général congréganistes et de l'autre une multitude
d'établissements privés qui ne sont écoles que de nom. Ces
derniers pullulent à travers le pays sous le regard passif des
dirigeants.
Notre enseignement devient dès lors
sélectif. Donc, inégal. On y compte que très peu
d'écoles nationales et de lycées. Dès lors, seule une
faible portion d'enfants accède à l'école et de ce petit
nombre, il faut en compter la très sélecte petite minorité
des mieux instruits venant des écoles coûteuses.
1.1.1.2-Faiblesse des familles
haïtiennes
Le milieu immédiat pour tout enfant est la
famille où la culture lui est présentée et
inculquée comme mode de vie et exemple à suivre. Cet
environnement est donc important pour nous dans notre recherche des causes de
la minorité délinquante. Dans notre société, la
famille est en proie à une grave crise culturelle. Les familles y sont
constituées par union libre, souvent par des jeunes gens, non encore
majeures ou mûres, de préférence. Elles sont aussi
monoparentales.
Les familles légalement constituées
sont, pour certaines, concernées par ce genre de difficultés. Un
problème fort important est le surpeuplement et la promiscuité du
fait de l'extrême pauvreté. La famille se désagrège
parce que l'autorité parentale disparaît ou s'amenuise à
cause de l'absence au foyer des parents. Le rôle de la femme en vient
à être révisé, car elle aussi doit participer
à la construction de l'économie familiale ; pauvreté et
nouvel ordre mondial obligent.
Dr. Legrand Bijoux20(*) a montré qu'en
Haïti, que si le père existe dans la famille, les relations des
enfants avec lui sont lointaines, superficielles, coloriées par la peur,
la méfiance, la rébellion, et même la mère encourage
cette rébellion en une alliance subtile avec l'enfant. Ces relations
ont, en général, des impacts psychologiques néfastes,
surtout en ce qui a trait à la délinquance juvénile. Les
études de Tieche Maurice21(*) ont révélé que 70% à 80%
des délinquants proviennent de familles dissociées. La torture,
le manque de communication dont font preuve les parents envers leurs enfants
ont un impact très négatif sur les jeunes qui sont de bons
imitateurs.
L'alcoolisme chez les adultes est un autre
facteur qui explique le penchant de nos jeunes enfants vers les substances
psychotropes. Aussi Nancy22(*) Plet déclare-t-elle que l'enfant qui se drogue
imite ses parents. L'aisance et l'abondance excessives facilitent la pratique
des vices chez nos jeunes. Les enfants issus de milieux aisés, trop
tôt indépendants et disposant d'argent, en viennent à
pratiquer des délits graves.
Dès lors, la famille devient un lieu
de contradiction affective. Au lieu d'être un instrument de
socialisation, d'apprentissage de comportements et de normes admis par la
société, du dressage sous l'autorité des parents, elle
devient contrainte, obligation, lieu de conflits dont l'enfant cherche à
s'éloigner.
Chez l'adolescent la contradiction est
ressentie avec plus de violence. Le père autoritaire, ou le père
démissionnaire, est rejeté avec fureur ou mépris. Le
couple désuni, ou trop uni et fermé sur lui-même n'est pas
toléré. Tout éclate et les adolescents cherchent une
compensation, une vengeance ou une évasion dans le repli sur des groupes
de jeunes opposés aux adultes, dans la délinquance ou dans la
drogue. Le malaise et l'espoir engendrés par cette situation
apparaissent plus concrètement dans l'expérience des
nouveautés23(*).
1.1.1.3-La Situation de la rue
La rue est aussi l'un des facteurs à mettre en
cause. C'est là que se rencontrent les jeunes qui ont quelque chose
à reprocher à leur famille. Ils s'y associent pour commettre des
actes délictueux, pratiquer un activisme politique, trafiquer et
s'usager de stupéfiants, se prostituer ; enfin, s'adonner au
vagabondage, à la violence, au vol de voiture, à l'escroquerie,
à la séquestration de personne, etc.
1.1.2-Les causes politiques et économiques
1.1.2.1-La situation politique du
pays
Le pays a été plongé au
cours de ces dix dernières années dans une grave
instabilité politique qui n'en finit pas. La lutte pour le pouvoir a
placé aux derniers plans les intérêts supérieurs de
l'État. Les conflits se succèdent les uns après les
autres. Certains politiciens, avides de pouvoir, embrigadent de jeunes enfants
et adolescents dont ils exploitent la pauvreté. Ils les utilisent comme
machine à tuer, mettant à leur disposition un lourd armement.
Des groupes de jeunes criminels dits « baz
» sont ainsi constitués à travers le territoire national.
Plusieurs infractions leur sont reprochées : assassinat politique,
meurtre, voies de fait, trouble à l'ordre public, vol de voitures, viol,
enlèvement et séquestration de personnes, détention
illégale d'armes à feu, association de malfaiteurs, etc.
Le lendemain du 29 février 2004, ces jeunes
délinquants lourdement armés, ont redoublé
d'activités. Tandis que par le passé la minorité
délinquante était individuelle et rarement collective, avec pour
seuls reproches des délits rarement graves, s'il en était,
aujourd'hui elle évolue à l'inverse et est surtout
utilisée comme instrument placé au service d'un activisme
politique généralisé et systématique.
1.1.2.2-La situation économique du
pays
Haïti est le pays le plus pauvre des
Amériques avec 80 % des Haïtiens vivant, en effet, sous le seuil de
la pauvreté. Notre économie formelle24(*) a été
très affectée par la suspension de l'aide économique en
2000. Celle-ci a très partiellement repris en 2003 en dépit de
l'absence d'ouverture.
La part de l'agriculture dans le PIB est
passé de 44 % en 1950 à 28 % en 1990, alors que notre patrie a
long temps été considéré comme un pays
essentiellement agricole. Quant à la part de la drogue, elle tend
à dépasser celle de l'ensemble des secteurs conventionnels. Selon
une récente étude25(*) Haïti serait devenu, après Puerto Rico,
la plaque tournante de la drogue. Le maintien d'un embargo injustifié
sur l'aide humanitaire envers Haïti, l'un des pays les plus pauvres du
monde, par les États-Unis26(*) a fait geler plusieurs milliards d'euros d'aide
tandis que la population souffre encore et voit diminuer son espérance
de vie radicalement.
Le secteur informel, quant à lui, grossit
le gagne-pain des plus démunis et de certains riches qui en profitent
à bon compte. Sur 100 emplois en milieu urbain, 6627(*) relèvent de ce secteur.
Une enquête à but multiple de L'IHSI a révélé
que le taux de croissance du PIB est passé à 0 % en 2002. Le
chômage s'est accentué de l'ordre de 30% au courant de la
même année, alors que l'inflation a atteint le taux de 8.7
%28(*). Le prix des loyers
s'est accru en dépit de la loi du 14 septembre 1947 et celle du 29
janvier 1959 sur la réduction du coût des loyers.
La dégradation de l'environnement en
milieu rural a considérablement accentué l'exode rural. L'IBESR,
en référence à ces travaux, soutient que les familles,
fuyant la misère des campagnes, abandonnent leur milieu d'origine,
arrivent à Port-au-Prince des régions du Nord-Ouest, du Nord, du
Sud, de l'Artibonite, de l'Ouest pour s'y installer. Cet institut a
dénombré, pour l'année 1973, près de 43 157 ruraux
à la capitale. Environ 20.764 ont laissé la capitale peu de temps
après leur arrivée. Le reste, soit 22.390, s'y s'est
établit définitivement. Aujourd'hui la capitale compte environ
deux millions (2.000.000) habitants, une ville qui, dans le temps,
hébergeait près de 150,000 habitants. Population pour laquelle
elle avait été construite.
Cette réalité économique,
de plus en plus précaire, affecte surtout les couches paysannes qui
émigrent et viennent grossir les zones marginales urbaines. Elles y
placent leurs enfants en domesticité. C'est de là que
proviennent, fort souvent, certains enfants ou mineurs délinquants qui
habitent surtout les ghettos des grandes villes, principalement à
Port-au-Prince.
D'après les statistiques de l'IHSI, ce sont
les familles des classes moyennes qui recrutent la plus grande quantité
d'enfants domestiques à leur service. Actuellement, Port-au-Prince,
à elle seule, contient les 2/3 des enfants placés en
domesticité. 60 à 80% sont des filles. Ils se sont fait appeler :
« restavèk ». Selon le rapport d'enquête de l'IBESR, la
population d'enfants domestiques d'Haïti est estimée à
environ 130.000 jeunes. 82% d'entre eux vivent en milieu urbain.
Les mauvais traitements subis dans la famille
d'accueil, la malnutrition sont autant de facteurs criminogènes pouvant
inciter les jeunes à la délinquance. Selon le Centre de Recherche
Caraïbe Sociologique de la Famille Antillaise29(*), il est fait mention qu'une
bonne quantité d'enfants des rues, de prostitués et de
prisonniers de chez nous sont d'anciens « restavèk ».
1.2-Conséquences
1.2.1-Du point de vue social
La consternation, le découragement,
la frustration et le désespoir sont le lot des parents qui vivent le
drame haïtien des mineurs délinquants. La population est
endeuillée par la criminalité juvénile. Celle-ci accentue
l'insécurité dans le pays, contribue à
déséquilibrer l'ordre public et les bonnes moeurs, en sorte que
tous nos codes de valeurs morales en viennent à être mis en second
plan. La minorité délinquante, qui est devenue un
phénomène de bande, a aussi de graves conséquences. Les
bandes de mineurs délinquants sèment la terreur dans les
quartiers populeux, les bidonvilles de tout le pays. A Cité Soleil,
Brérard, Drouillard, Nazon, ils y règnent en maîtres. Le
Centre Ville de Port-au-Prince en est devenu pour sa part un foyer de violence
et d'insécurité.
Le phénomène des enfants des rues en
est un autre résultat. La vie méchante que connaissent ces
enfants les porte à utiliser la violence et la ruse pour survivre et
user de substances psychotropes. Dans la rudesse d'une telle vie la solitude
devient faiblesse et la vie en bande un refuge, une famille. Les jeunes souvent
armés dans les quartiers populeux de la capitale et des grandes villes
de provinces, agressent les passants.
1.2.2-Du point de vue politique
Le phénomène de bande, entrave
considérablement la politique de notre pays. Les
«chimère30(*)
» ou « rats31(*)
», ainsi qu'ils se font appeler, font quotidiennement la loi aux agents de
l'ordre public. De 2001 à nos jours, plusieurs policiers ont
été froidement assassinés.
Cette nouvelle forme de délinquance
dirigée par des adultes défie radicalement l'autorité de
l'État. Quand l'autorité de l'État est affaiblie et
dépassée par les évènements, c'est la politique qui
en paie les frais. Les leaders politiques ne peuvent plus se rendre n'importe
où, surtout, à la capitale, pour mener campagne, c'est la
catastrophe.
La situation est devenue si grave qu'il s'est
constitué une sorte de guérilla urbaine dans notre pays. Elle
serait formée principalement d'enfants et d'adolescents agissant aux
ordres de quelques fauteurs de troubles, plus âgés et plus
expérimentés. La vie politique d'Haïti est comme prise en
otage par cette délinquance, et surtout cette jeunesse manipulée
et bafouée.
1.2.3-Du point de vue économique
L'insécurité galopante à
laquelle cette minorité a contribué pour une grande part, a
énormément entravé la vie économique du pays. Dans
le Centre-ville, le commerce s'était ralenti, près de deux ans,
et l'on a assisté à une fuite des capitaux. Les investisseurs,
par méfiance, refusent d'investir leur argent dans un pays non
sécurisé. La croissance économique est ralentie.
L'on assiste à la fuite de nos cerveaux et
de nos capitaux du fait des enlèvements32(*) et séquestration de personne.
L'émigration devient alors une option nécessaire et suffisante.
Comme corollaire, le taux de chômage et la singulière
pauvreté d'Haïti s'accroîtent à grande vitesse.
Avec la disparition de la vie nocturne, les
hôtels, les boîtes de nuit et les clubs se sont vus dans
l'obligation de fermer boutique. Les « zenglendo » qui souvent
opèrent le soir, porte les gens à devenir de plus en plus
méfiants. C'est le cas de la diaspora qui refuse à venir faire le
tourisme local. Ainsi une bonne partie des devises échappe à
notre économie, qui désormais fonctionne boiteusement et en vase
clos.
Le cambriolage systématique et
régulier des maisons de commerce par des jeunes délinquants
lourdement armé pousse les commerçants à fonctionner au
ralenti. Quand ils ne fermaient pas définitivement boutique, ils
réduisaient le nombre de leurs salariés et comme résultat,
le taux de chômage est devenu de plus en plus important et la
misère s'est accentuée. Cette délinquance en
accélération a un impact négatif sur le tourisme qui
jusque là était encore une denrée rarissime pour notre
pays.
Section2-Faiblesse des mesures prises par l'État
haïtien face à l'évolution de ce
phénomène.
2.1-Au niveau des textes de loi en vigueur
2.1.1-Le Code Pénal
Le Code Pénal au niveau des articles 280
à 283 prévoit des peines très sévères contre
les auteurs de viol et d'autres attentats à la pudeur ou commis avec
violences contre les mineurs délinquants. Ces dispositions ne restent
pas dans la simple intention de punition des auteurs de ces crimes affreux,
mais elles vont plus loin. Ce, pour éviter que ces mineurs
délinquants ne commettent de pareilles infractions comme les adultes.
Au lieu de punir les mineurs délinquants, la loi au
niveau de l'Article 227, dans son entier, traite du vagabondage et de la
mendicité. Mais au niveau du 2e alinéa, une attention
spéciale est accordée aux enfants, car on prévoit que ces
derniers doivent être envoyés dans des centres de
rééducation jusqu'à ce qu'ils atteignent la
majorité requise par la loi.
Pourtant nombreux sont des enfants qui pratiquent le
vagabondage, la mendicité et courent encore à travers les rues.
On les rencontre un peu partout, sur les places publiques, à
proximité des églises, sur les trottoirs etc. jusqu'à
agresser les passants de la rue faute de mesures capable de les empêcher
dans ses activités immorales et amorales. C'est pourquoi, ils se
prêtent des fois à plusieurs actes de vandalismes1 et
d'activisme politique. Même la police n'arrive à les
appréhender. De plus, les agents spéciaux de l'IBESR n'existent
pas.
Ainsi, la question de maison de rééducation
prévue par les dispositions pénales n'arrive pas vraiment
à être mise en application pour tenter et enfin dissimuler le
vagabondage chez les mineurs délinquants.
2.1.2-Le Code d'Instruction Criminelle
Le Code d'Instruction Criminelle en son article
8 donne une mission particulière à la police judiciaire, celle de
la recherche des infractions et de traduire les délinquants devant les
juridictions chargées de déterminer la durée ainsi que la
fixation des traitements appropriés à donner dans les centres de
rééducation.
Cependant, cet article n'a jamais appliqué. Au
contraire, beaucoup d'enfants continuent encore à trainer dans les rues
non seulement à la capitale mais aussi dans les provinces. De plus, des
actes de délinquance sont devenus monnaies courantes. Sans crainte,
à visage découvert, surtout lors des troubles politiques dans les
pays, ils commettent des actes délictueux et même criminels.
Dans tout cela, la Police Judiciaire est
dépassée. La raison, c'est par ce qu'elle paraisse impuissante
à ces situations. Encore, les Agents de la Police Sociale de l'IBESR
dont fait mention les alinéas 2 et 3 de l'article 9 du Code
d'Instruction Criminelle n'existent pas de nos jours.
2.1.3-La loi du 24 Novembre de 1984
Le 24 Novembre 1984, une loi
vient d'être votée créant le Ministère des Affaires
Sociales. Cependant, plusieurs articles sont consacrés aux mineurs. Les
articles 138 à 147 sont consacrés à la protection des
mineurs. Pourtant, les dispositions prévues par les articles 143, 144 et
147 sur la réhabilitation psycho-sociale, les centres de
rééducation et le service de la délinquance
juvénile sont dysfonctionnelles pour ne pas dire quasiment
inexistante.
Or, la réalité de la délinquance
juvénile actuelle du pays vient confirmer la faiblesse de cette loi et
des institutions prévues. Disons encore, comment le Ministère des
Affaires Sociales prétendait-il de protéger les mineurs alors
qu'il ne fonctionne pas et que cette même loi n'a rien apporté de
concret en ce qui concerne les moyens et les stratégies à adopter
en vue d'accomplir sa mission. De plus, ce Ministère ne contient aucun
registre qui pourrait identifier, dénombrer et localiser chaque famille,
chaque foyer, ainsi que leur membre vivant chez nous, en Haïti.
2.1.4-La Constitution de 1987
La Constitution haïtienne de 1987 en son
article 261 dispose que `'la loi assure la protection à tous les
enfants''. Il faut souligner que cet article ne fait aucune distinction entre
les enfants, autrement dit, il reconfirme le principe d'égalité
de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme.
Cependant, au niveau de l'article 262 de la Constitution une
exigence est faite aux dirigeants haïtiens. Cet article prévoit
l'élaboration d'un code de famille qui jusqu'ici n'a pas jamais
été adopté. Comme de fait, l'Etat haïtien n'assure
pas ses principales responsabilités en ce concerne la formation, le
développement et l'éducation des enfants selon ce qui a
été prévu par l'article 32 de la constitution.
2.1.5-La Convention relative aux Droits de l'enfant
La Convention aux Droits de l'Enfant a été
signée en 1990 par l'Etat Haïtien. Quatre années (1994) se
sont passées avant sa ratification et trois ans avant sa promulgation
(1997). Il reste toujours des lois à élaborer permettant son
application. D'ailleurs, cette convention au niveau des articles 34 et 35
recommande aux parties signataires de veiller à la protection de
l'enfant contre toutes formes d'exploitations sexuelles, de brutalités
physiques ou mentales et de mauvais traitements.
Alors qu'il était attendu que la signature et la
ratification de la Convention amènerait tout au moins une
amélioration de la situation de cette catégorie d'enfant,
pourtant la situation ne fait qu'empirer. Or, une des conséquences est
de voir l'Institution Gouvernementale responsable simplement délaisser
ce dossier trop sensible. Ainsi, le phénomène des enfants
délinquants constitue l'une des violations les plus
démonstratives de la Convention relative aux Droits de l'Enfants. De
plus, l'Etat haïtien est censé dépassé par les
nouveaux défis de la délinquance juvénile puisque la
situation des enfants délinquants contraste avec les dispositions de
cette convention.
2.1.6-La loi du 7 septembre 1961 et du 20 Novembre
1961
Le Code Pénal et le Code d'Instruction
Criminelle, modifiés et complétés par la loi du 7
septembre 1961 et le décret du 20 Novembre 1961, constituent le cadre
juridique concernant les enfants en conflits avec la loi, la loi a crée
des tribunaux pour enfants dans la juridiction de chaque cour d'appel. Ces
tribunaux ont des compétences pour prononcer, à l'égard du
mineur âgé de plus de 13 et de moins de 16 ans accusés
d'avoir commis une infraction, un délit ou un crime, des mesures de
protection, d'assistance, de surveillance ou d'éducation. Les
dispositions de ces lois restent lettre morte et peut être presque
oubliées. Alors que la délinquance juvénile grandit chaque
jour les institutions de protection de l'enfant qui ont existé dans le
passé ont fermé leur porte et d'autres dont la création a
été prévue par ces lois n'ont jamais été
existées.
2.2-Au niveau des institutions chargées de faire
face à ce problème
2.2.1-L'IBESR
L'Institut de Bien-être Social et de
la Recherche (IBESR) est l'organisme technique dépendant du
Ministère des Affaires Sociales, particulièrement avec les
tribunaux, pour l'exécution des mesures de protection prises en faveur
des mineurs en danger. Il est chargé, entres autres, d'accorder, une
protection particulière à l'enfant et à la femme, de
créer, d'autoriser, de promouvoir et de superviser des oeuvres
d'assistance sociales et de coordonner les politiques de préventions et
de traitement de l'inadaptation juvénile. Malgré des efforts pour
améliorer la prestation des services et de ses attributions, l'IBESR
accuse un grave dysfonctionnement pour manque de ressources humaines,
financières, matérielles, et par une absence de politique
cohérente en la matière. L'IBESR est loin de pouvoir faire face
à ses responsabilités. L'Institut n'a pas les structures
économiques et sociales suffisantes pour répondre aux exigences
de la délinquance juvénile qui augmente chaque jour et dont la
menace est inquiétante.
2.2.2-Le CADD
Jadis, Le Centre d'Accueil Duval Duvalier fut
situé à carrefour. Cependant, depuis 1980 une partie a
été transférée au lycée Luis Joseph Janvier.
Quelques temps après l'exil du président Jean Claude Duvalier,
l'autre partie fut transformée en asile pour les vieillards.
Après plusieurs années, le centre cessa de fonctionner
jusqu'à 2004.
Après sa réouverture, rien n'a changé.
Il ne peut plus fournir les repas quotidiens aux enfants. Ce centre reste dans
le même état tel qu'il était : les enfants sont mal
nourris, parmi les enfants qui le fréquentent, seule une minorité
dort au centre.
Cependant, aujourd'hui le centre est en pleine
restructuration depuis 2006. Certains efforts ont été consentis.
Mais, dans la majorité des cas beaucoup restent à faire puisque
le problème reste toujours grave et crucial : pas de cantine
régulier, pas de dortoir, les toilettes sont vétustes, les
salles ne sont pas aérées pour ne citer que ceux-là. De
plus l'atelier d'artisanat et l'école primaire du centre ne
répondent pas vraiment aux expériences internationales.
2.2.3- Le Fort National et La Prison Civile de Delmas
33 pour les Mineurs
Il faut dire que selon la convention relative aux
Droits de l'enfant, les lois du 7 septembre 1961 et du 20 septembre 1961, la
prison civile pour les mineurs est illégale. Si autrefois, les
délinquants mineurs étaient envoyés dans des centres de
rééducation, aujourd'hui, ils sont de préférence
mis dans les centres pénitentiaires, les commissariats et les sous
commissariats
L'établissement du Fort National n'apporte rien en
terme de concret, puisqu'il ne contribue pas à résoudre le
problème de la délinquance juvénile. D'ailleurs, les
conditions de fonctionnement, absence de propreté, absence
d'hygiène ne fait que renforcer la détermination des mineurs
délinquants.
Cependant, à la fin du mois de septembre 2004, on a
du transférer les personnes du Fort à la Prison Civile de Delmas
33 et à la Prison Civile de Pétion Ville. Ce transfert a
occasionné pas mal d'interrogations brulantes concernant le
système juridique établi pour les enfants. Beaucoup de juristes
voient mal l'affectation des mineurs à ces prisons. Quoi qu'il en soit
l'existence de la Prison Civile pour mineurs à Delmas 33 et celle de
Pétion-Ville est un fait contraire à l'article 3 de la loi du 7
septembre 1961 sur les mineurs en face de la loi pénale et des Tribunaux
pour enfants.
Donc, ce n'est pas pour une simple plaisanterie que le
législateur avait plutôt prévu des mesures de protection,
d'assistance, de surveillance et d'éducation appropriés à
chaque cas que le Tribunal pour enfant, la Cour d'assise des Mineurs et le
Tribunal de Simple Police prononceront pour chaque infraction. Ce,
malgré la possibilité de prononcer une condamnation pénale
conformément à l'article 51 du Code Pénal, lorsque le
mineur serait âgé de plus de 13 ans et quand il serait
âgé de plus de 14 ans l'absence de l'excuse atténuante de
minorité. En bref, cette pratique de Prison Civile pour mineurs est
contraire à l'article 37 de la Convention Relative aux Droits de
l'enfant.
2.2.4-L'inaction des juridictions pénales
prévues
La loi du 7 Septembre 1961 a prévu la
création d'une Cour d'Assise pour Mineur qui devrait entendre, les cas
des enfants âgés de plus de 13 ans. Aujourd'hui ce Tribunal
n'existe pas, alors que ces derniers continuent à commettre beaucoup de
crimes comme pour la plus belle.
Seulement, le Tribunal pour Enfant, prévu par le
décret du 20 Septembre 1961, a été institué
à Port-au-Prince. Malgré tout, ce Tribunal ne fonctionne pas
convenablement. De plus, trois juges et un Représentant du
Ministère Public siège au Tribunal, pour sa composition.
2.2.5-L'échec des écoles
L'école, dit-on, est la voie qui
mène au développement durable. Aucune société ne
peut aller vers l'avant sans l'éducation. Même les
sociétés les plus réculées ont toujours
classé l'école comme la clé de la réussite. Mais,
pourtant aujourd'hui, on ne sent pas vraiment le rôle de l'école
à travers la société. Au contraire beaucoup
d'élèves laissent l'école pour tomber dans la rue.
L'école devait être le berceau de la morale qui campe contre les
délinquants. Pourtant, on ne sent pas vraiment la
nécessité de combattre le phénomène de la
délinquance juvénile. D'ailleurs l'école est devenue le
centre d'accueil des délinquants. Les structures de base de
l'école sont sapées.
2.2.6-L'échec des familles et des
orphelinats
La majorité des familles haïtiennes
sont en proie à de graves crises économiques et politiques. Elles
n'apportent pas à leurs enfants les soins qui leurs sont dûs, en
terme de bien être, de sécurité sociale, économique
et alimentaire. Les familles et les orphelinats négligent leurs
enfants.
Aujourd'hui, les valeurs morales ne sont plus
enseignées dans les orphelinats. Les parents deviennent de plus en plus
des libertins et peu soucieux de l'éducation morale de leurs enfants,
prétextant, appartenir à un monde devenu moderne ou
émancipé : c'est le relâchement des moeurs.
Quant à la pauvreté, celle-ci force certaines
familles, particulièrement, les plus démunies à placer
leurs enfants chez un proche parent, ou un étranger, à titre de
« restavèk ». Cet esclavage des temps modernes,
« made in Haïti », est un important facteur
criminogène, car le petit esclave d'aujourd'hui risque de devenir le
bourreau de demain.
Chapitre II-Des recommandations à faire en vue
de résoudre le problème
Ce chapitre, nous le consacrons à un véritable
plaidoyer sur l'ensemble des mesures à prendre pour diminuer
considérablement le phénomène de la délinquance
juvénile en Haïti.
Pour ce faire, nous essayons de proposer toute une
série de recommandations palpables visant à faciliter une
solution durable en vue de la prévention de la délinquance
juvénile afin d'avoir un régime de prévention
adéquat contre la délinquance juvénile, suite à des
critiques sur les dispositions légales et institutionnelles prises par
l'Etat concernant cette déviance de la jeunesse.
Section 1-Les solutions à apporter, à
court et à moyen terme
1.1-Dans les textes de loi
1.1.1-Modification de certains textes de
lois ambigus
Nous pensons qu'il serait judicieux que le législateur
reconsidère certaines dispositions de notre législation
pénale intéressant les mineurs. La triste et barbare
réalité que vit notre pays montre que nos mineurs arrivent de
plus en plus à la délinquance active et récidiviste ;
qu'ils y ont été forcés on non. Les faits sont là
et bien manifestes. Les enfants (âgés entre 10 et 12 ans)
commettent des crimes au su et au vu de tous. L'opinion publique en a
déjà tiré les sonnettes d'alarme.
A propos de l'article 25 de la loi du 7 septembre 1961, nous
suggérons qu'au lieu de 16 ans la majorité pénale soit
révisée et fixée à 14 ans.
Que, d'autre part, soit fixée et
déterminée à l'article 42 de cette loi, la part de
responsabilité des parents. Ceci aurait pour objectif de diminuer la
progression de la délinquance juvénile, en dissuadant les parents
à ne plus tolérer toute tendance à la délinquance
chez leurs enfants. Ainsi, sera placée dans cette partie une fourchette
d'amendes proportionnelles à la gravité de l'infraction que les
parents devront payer pour réparer les torts et dommages causés
à la société par le mineur, en plus des frais qui y auront
été prévus à cet article.
Ces mesures seront appliquées non seulement à
l'égard des parents mais aussi à toute personne qui aurait
à leur charge la garde d'un mineur. Elles auraient pour vertu
d'inculquer à la famille haïtienne un sens affiné de la
responsabilité.
L'article 20 de la loi du 7 septembre 1961 devra lui aussi
être modifié. En lieu et place de « mineurs de 16 ans »,
il sera porté « mineur de 14 ans ». Nous pensons une fois de
plus que l'âge de 14 ans devrait être retenu comme nous en avons
fait mention dans nos commentaires relatifs à l'article 25
précédemment cité. Il en est de même des articles 9
et 10.
Quant aux articles 227, 227-12 et 227-3, 2e
alinéa du Code pénal haïtien traitant du vagabondage, nous
suggérons que les institutions de rééducation dont parlent
ces articles soient soutenues et accompagnées par des centres
pédopsychiatriques qui seront crées à cet effet et
présents sur l'ensemble du territoire national à raison d'un, au
moins, par département.
Enfin, nous pensons et suggérons, à l'instar
de la France, qu'Haïti ne prévoit aucun seuil minimum sous lequel
on ne peut être délinquant. L'opinion publique haïtienne
attribue aux enfants de moins de 12 ans la commission de nombreux crimes et
assassinats politiques. Nous suggérons que l'âge minimum en
matière de délinquance juvénile soit réduit, dans
le même ordre d'idée, à treize ans. Ainsi l'article 5
s'écrierait : « Aucune poursuite ne pourra être
exercée en matière de crime contre les mineurs de 13 ans sans
information préalable suivie d'une ordonnance de renvoi devant la
juridiction de jugement », Etant menacé par l'avènement
d'une guérilla urbaine, Haïti doit réagir.
Par ailleurs, s'agissant des articles 280 à 283 du
code pénal, nous suggérons que l'art. 282 soit
révisé et s'écrire ainsi, à l'avenir :
« Quiconque aura attenté aux moeurs, en excitant, favorisant,
ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la
jeunesse, de l'un ou de l'autre sexe au dessous de l'âge de vingt et un
ans, subira la peine des travaux forcés à temps.
Si la prostitution ou la corruption a été
excitée, favorisée ou facilitée par leur père,
mère, tuteur ou autres personnes chargées de leur surveillance,
la peine sera celle des travaux forcés à
perpétuité. »
1.1.2-Application entière des textes de lois
correctes
Toutefois certaines dispositions de la loi du 7 septembre
1961 sont toujours valables et méritent d'être strictement
appliquées. Nous estimons incontournables les articles: 9 à 19;
28 à 44 de la loi 7 septembre 1961 et le décret du 20 novembre
1961.
Le Tribunal pour Enfants de Port-au-Prince est
incontournable dans la lutte contre la délinquance juvénile et
son expansion. Il est, en effet, compétent pour connaître des
affaires pénales intéressant les mineurs
appréhendés par les agents de la force publique ou
acheminés aux autorités judiciaires compétentes par les
services de police établis à travers la République. Son
importance est capitale. Voilà pourquoi nous proposons la
création des autres tribunaux prévus par l'art. 18 de la loi du 7
septembre 1961.
Il faudrait une application stricte des dispositions des
articles 2 et 32 de cette même loi et 6 du décret du 20 novembre
1961. Ainsi le Tribunal pour Enfants près le Tribunal civil de
Port-au-Prince sera enfin déchargé de la connaissance des
infractions commises par les mineurs en dehors de la juridiction qui lui est
logiquement propre.
L'article 44 devrait être appliqué avec une
extrême rigueur. Il favoriserait l'intégration du jeune
délinquant dans la société en faisant de lui un
professionnel. Les fonctionnaires attachés aux centres
d'éducation surveillée ou corrective de l'état
d'Haïti veilleraient à ce que les mineurs confiés à
leur soin obtiennent à leur libération un diplôme ou un
certificat d'aptitude professionnelle délivrée sans frais et sans
aucune mention pénitentiaire les habilitant à travailler dans les
différentes branches de l'activité nationale. Ceci sera un bon
moyen pour décourager les jeunes diplômés à se
lancer dans une éventuelle récidive.
Notre État fait face, de nos jours, à une
situation ressemblant étrangement à une guérilla urbaine,
au sein même de la région métropolitaine. Les crimes et
délits qui s'y commettent, notamment dans les quartiers populeux (Bel
air, Nazon, Cité-Soleil, etc.) tant par des mineurs que par des adultes
témoignent d'une activité de banditisme, d'activisme politique
organisée. Le juge doit appliquer la loi du 7 septembre 1961 et le
décret du 20 novembre 1961 intégralement avec la plus grande
rigueur, en attendant que soient faites les modifications que nous avons
modestement suggérées.
1.1.3-Création de nouveaux textes de loi
adaptés à la réalité.
Avec l'évolution de la
société haïtienne, le taux de criminalité est en
forte progression. Plusieurs facteurs peuvent l'expliquer : la
télévision, les nouvelles technologies de l'information et de la
communication et tant d'autres encore. Pour faire face à ces multiples
problèmes, il faudra l'adoption de nouveaux textes de lois
adaptés à la nouvelle réalité haïtienne en vue
de contrecarrer l'augmentation des actes délictueux.
1.2-Dans les institutions
1.2.1 Au niveau de l'IBESR
L'IBESR est une institution qui devrait être plus
opérationnelle, plus proche de la jeunesse. La ligne « SOS TIMOUN
» est une initiative bien louable. Créée depuis le mois de
juin 1999, par le MAST, elle est affectée au service de la protection
des mineurs pour répondre à tout enfant en difficulté
subissant une violation quelconque dans la famille, à l'école ou
dans la rue. Nous pensons qu'au lieu de travailler entre 6 heurs AM et 6 heures
PM, elle pourrait offrir ses services 24 h par jour.
Il doit être également innové
auprès de l'IBESR une brigade des moeurs active et présente sur
l'ensemble du territoire, compte tenu de la précarité de nos
infrastructures routières.
Le service de la protection des mineurs de l'IBESR ferait bien
de recruter en son sein un plus grand nombre de travailleurs sociaux à
l'effet de rendre des visites régulières dans tous les foyers et
maisons d'enfants à travers le pays. Ces visites auraient pour but de
rechercher, et de répertorier les violences physiques et morales, ainsi
que les mauvais traitements, les mauvaises influences dont un enfant,
éventuellement, aurait été victime.
L'enfance abandonnée doit être,
dorénavant, une priorité majeure pour l'IBESR. Elle exercera en
faveur de cette catégorie de mineurs une politique qui aura pour but de
rendre gratuit l'accès à une bonne éducation et à
des soins de santé physique et mentale de qualité. L'IBESR doit
aussi veiller, dans le cadre de ces visites, à ce que les maisons de
correction fassent bien leur travail, conformément aux normes
établies et reconnues par l'État Haïtien. Ce, en leur
recommandant à lui soumettre régulièrement un rapport
détaillé de leurs activités.
1.2.2-Au niveau du MAST
Le MAST, dans ce domaine, se doit d'exercer une politique de
contrôle, et de maintien de l'ordre dans le domaine de l'enfance en
difficulté, chez nous. Ce ministère, en matière de
délinquance juvénile, définira une politique de lutte que
toutes institutions publiques ou privées vont devoir suivre.
Dans le cadre de la lutte contre la délinquance
juvénile et son expansion, le MAST, à travers son service de la
protection des mineurs engagera des inspecteurs qui auront pour mission
d'inspecter régulièrement, sur l'ensemble du territoire national,
les travaux et le mode de fonctionnement interne des institutions publiques et
privées.
1.2.3-Au niveau du Ministère de la Justice et de
la Sécurité Publique
Le Ministère de la Justice a son rôle à
jouer dans le cadre de cette lutte. Il doit d'abord développer tous les
moyens nécessaires en son pouvoir pour enfin établir les
tribunaux pour enfants prévus par la loi du 11 septembre 1961 et
ensuite, équiper ces dits tribunaux, de la logistique destinée
à cet effet.
Le ministère, pensons-nous, doit au bout de deux (2)
ans de magistrature proposer et imposer des séminaires de formation
continue, non seulement à chaque juge, mais aussi à tout le
personnel travaillant dans ce secteur.
1.3-Appui aux institutions privées
En plus des surveillances régulières que le MAST
et l'IBESR exercent sur les institutions travaillant avec des enfants, ils vont
devoir aussi travailler vigoureusement à leur encadrement.
Haïti est un pays pauvre. Dans les pays du Tiers-monde,
la pauvreté est une industrie florissante, exploitée par
certaines ONG qui profitent du malheur des autres. Certains centres
d'éducation privée n'existent que de noms et travaillent sans
structure. Il devient en conséquence primordial que l'État
Haïtien à travers l'IBESR, le MAST et le MJSP, prenne en compte
cette problématique en vue d'assurer un meilleur contrôle de ce
secteur. Ainsi lui faudra-t-il fournir un meilleur encadrement à ces
institutions. Nous entendons par là que l'État, par l'organe du
MAST, le MJSP, l'IBESR fournira aux institutions privées un appui
considérable en matériels logistiques, en ressources humaines et
en formation continue au bénéfice de leur personnel afin de leur
permettre de remplir efficacement leur tache.
En un mot, par l'organe de ces mêmes institutions nous
pensons qu'il serait préférable que l'État Haïtien
adopte la formule des structures ouvertes et semi fermées dans les cas
de détention de mineurs. En faisant des structures fermées le
dernier recours en la matière, notre pays fera un grand pas vers la
modernité.
Section2-Les considérations
socio-économiques relatives à ces solutions
2.1-Du point de vue social
2.1.1- Adaptation des familles
Le premier devoir de la famille est de pourvoir à ses
membres les biens nécessaires pouvant contribuer à leur
épanouissement et à leur évolution. Ce qui implique, pour
les parents, l'obligation de prendre soin des enfants en leur assurant le
bien-être et la sécurité.
Ils se doivent de soigner et de protéger leurs enfants
qui grandissent sous leur surveillance. L'enfant, en vue du plein
épanouissement de sa personnalité a aussi besoin d'amour, de
compréhension et d'une bonne atmosphère de sécurité
morale et matérielle que seule la famille peut lui offrir.
Nous suggérons, en conséquence, que les
fonctions de la famille soient révisées et redéfinies par
l'État1. Celui-ci, en se basant sur les codes de valeurs
morales et religieuses les plus nobles2 fixera les normes à
suivre par toute famille haïtienne élevant un ou plusieurs
enfants.
33Marie Pierre, « Pour une Politique
Pénale Haïtienne en Matière de Délinquance
Juvénile »
2.1.2-Adaptation des centres
Il faudrait une bonne gestion des centres de
rééducation pour mineurs. L'IBESR doit aussi assurer un
contrôle sérieux et régulier de ces centres qui doivent
fournir une alimentation saine et régulière
aux enfants, leur assurer une bonne éducation, leur
donner une formation professionnelle et oeuvrer à leur
épanouissement physique, moral, psychique et intellectuel.
L'avant projet du Code de l'enfant préparé avec
l'assistance de l'UNICEF, dans sa version finalisée en 2003
prévoit en ses articles 353 à 357 la création d'un Centre
National de Réhabilitation Juvénile.
Il accueillera les enfants des deux (2) sexes faisant l'objet
de mesures de placement définitif par la Cour d'Assises pour Enfant ou
de placement provisoire ordonné par le juge d'instruction ou le parquet
près le tribunal pour enfant dans le cas de crime de sang flagrant.
Ce texte prévoit aussi la création de plusieurs
centres d'hébergement pour enfants. Ils seront des institutions
publiques ou privées, laïques ou religieuses à recevoir et
à prendre en charge les enfants de l'un ou de l'autre sexe,
déclarés abandonnés ou sans famille par le
président du Tribunal pour Enfants, sur rapport de l'Institut du
Bien-être Social et de Recherches (IBESR).
Nous suggérons vivement la soumission de ce avant
projet au parlement qui doit le voter et l'intégrer dans notre
législation pour mineurs. Dans chaque département
géographique sera établi un centre d'hébergement public
financé par l'État. Il est aussi mentionné que le centre
d'hébergement pour enfants sera aménagé et
équipé de telle manière que les services offerts aux
enfants puissent se réaliser dans les meilleures conditions
d'hygiène qui s'imposent.
Il doit, en outre, être en mesure d'assurer
quotidiennement aux enfants trois repas de qualité et en quantité
suffisante, nécessaire à leur croissance.
Il sera aussi prévu des programmes de formation et de
loisirs qui favoriseront le contact des enfants avec différents milieux
socio-économiques. Cette politique aidera à venir à bout
de la misère, de la bidonvilisation, de la promiscuité et de la
pauvreté qui sont les facteurs criminogènes les plus
importants.
2.2-Du point de vue économique
2.2.1- Application d'une politique de création
d'emploi
Il nous faudrait un État responsable ayant une
politique de l'emploi, encourageant l'investissement. Le gouvernement doit
entretenir de bonnes relations avec le secteur privé qui est le
créateur d'emplois par excellence.
La politique de l'emploi prendra en compte les secteurs vitaux
de l'économie, les secteurs agricole, industriel, commercial et
professionnel. C'est un moyen fiable qui permettra de mater le défi du
sous-emploi.
Le secteur informel représente plus de 50 % dans
l'économie nationale selon les statistiques de l'IHSI. L'intervention de
l'État dans ce secteur est impérative.
Les travailleurs du secteur agricole qui représentent
46 % du secteur formel doivent être encouragés. Il sera fourni des
semences aux cultivateurs. La mise en place des infrastructures, telles
irrigation et routes facilitera la production et la commercialisation des
récoltes.
Il nous faudrait une politique agraire orientée vers la
productivité agricole qui ne soit pas de la propagande politique. C'est
donc le seul moyen de freiner l'exode rural, facteur de bidonvilisation et de
criminalité juvénile.
D'un autre côté, le marché doit
être libéralisé par la suppression des monopoles. Il en
résultera l'incitation à investir, la productivité des
entreprises, l'augmentation de la production des biens et services.
Dans le souci de cette politique de l'emploi, le pouvoir
doit cesser d'être un pouvoir de jouissance pour devenir un pouvoir de
service. Il faut un contrôle systématique des institutions
publiques, une saine gestion des biens de l'État qui ne doivent plus
servir à enrichir un petit groupe d'une même famille.
Le secteur privé est un élément
clé, voire incontournable dans l'économie d'un pays. C'est le
générateur principal d'emplois. Le secteur privé doit
être modernisé. Il doit étendre ses activités
à l'échelle nationale. Les entrepreneurs doivent pouvoir investir
librement dans tous les domaines.
Nos hommes et femmes d'affaires installeront des entreprises
de services, des usines, des factories dans tous les départements
géographiques du pays. Ils créeront des emplois pour toutes les
couches sociales. Ce qui freinera l'exode rural et décongestionnera la
capitale, accroîtra l'exportation des produits nationaux, réduira
l'importation des produits étrangers et équilibrera notre balance
des paiements. Il nous faut un secteur privé actif et plus large qui
participera à la mise en place des infrastructures comme
l'énergie électrique, les moyens de communication, etc.
Les banques doivent jouer un rôle fondamental dans le
secteur commercial. Elles mettront à la disposition des particuliers des
prêts à l'investissement à un taux qui ne dépassera
pas les 4 % par an.
Des coopératives fiables d'exploitation agricole, de
production d'énergie électrique, de biens et services doivent
être créées. Ainsi, suggérons-nous que les
investisseurs privés s'impliquent dans la production et l'exploitation
des denrées.
Selon les enquêtes du PNUD, en 1999, le secteur
privé avait un effectif de soixante dix huit mille (78,000)
employés, soit un pourcentage de 3% de la population en âge de
travailler. C'est donc un défi que ce secteur doit relever. Il devra
être capable de jouer effectivement son rôle
générateur d'emplois.
Ce secteur doit être compétitif sur le plan
international. Les investisseurs de ce secteur devront encourager
l'intégration d'Haïti comme membre à part entière du
CARICOM en exigeant le retrait total de la grille tarifaire qui met notre
patrie à l'écart des autres États partis à ce
marché. Ce qui permettra l'élargissement du marché
national, l'augmentation, la diversification de la production nationale,
l'écoulement des produits nationaux sur le marché antillais.
Les Haïtiens qui sont à l'étranger et qui
en ont les moyens doivent retourner au pays pour y investir. Il nous faudra un
secteur privé qui soit capable de créer des milliers d'emplois
dans le pays. Ainsi le travail cessera d'être un privilège.
2.2.2-Application d'une politique de
sécurité alimentaire et économique
Il est certain qu'on n'investit pas dans
l'insécurité. Il faut pour l'investissement un environnement
propice, sécuritaire qui soit à même d'attirer des hommes
d'affaires. L'État doit, par tous les moyens, mater
l'insécurité qui fait partie de notre vie quotidienne et dont
personne n'est exempte.
Une fois la sécurité établie,
les entreprises fermées rouvriront leurs portes et les investisseurs
reviendront dans le pays. Alors des milliers d'emplois perdus seront
recouvrés.
Les bandits qui agressent, dépouillent, tuent les
hommes d'affaires doivent être mis hors d'état de nuire. Il est du
devoir de l'État de garantir la sécurité des vies et des
biens. La prospérité du pays en dépend.
Il devra tout mettre en oeuvre pour créer, chez
nous, un climat de sécurité favorable à l'investissement,
un environnement capable de garantir la paix sociale qui est un facteur de
relance économique et de progrès.
Des dispositions doivent être prises pour
satisfaire les besoins primaires des masses, à savoir l'alimentation, le
logement, l'habillement. Mais surtout il faut encourager l'apprentissage d'un
métier. La corruption et la sinécure ne doivent pas être
tolérées. Tout un chacun doit être productif.
En effet, comme dit l'adage « ventre
affamé n'a point d'oreille », nous ne pouvons pas attendre des
nécessiteux qu'ils soient des citoyens honnêtes.
Pour éviter que des affamés agressent,
dépouillent, tuent ceux qu'ils considèrent comme des nantis, nous
suggérons que les biens ne soient plus l'apanage d'une minorité,
mais qu'ils soient équitablement distribués.
33 En juillet 2006, Haïti a été
réadmise à la CARICOM lors de la 28e conférence
des chefs d'État et de gouvernement
de l'organisation régionale qui se déroulait
a St. Kits & Nevis
33 Georges Picca, « La
Criminologie », 1996, 4e éd., 128p.
L'État doit pouvoir contrôler le
fonctionnement des entreprises privées de sécurité qui
pullulent dans le pays. Il lui faut prendre une loi qui détermine le
mode de fonctionnement des compagnies de Sécurité travaillant
dans notre pays et les conditions de travail de leurs agents.
Ainsi, nous insistons sur la nécessité des
mesures socio-économiques à prendre pour l'enrayer le
sous-emploi, combattre le chômage et faciliter la création
d'emploi. Nous insistons également sur des propositions sociologiques
relatives aux fonctions de la famille, à un système de
sécurité sociale adapté à notre
réalité de peuple, à une bonne politique de gestion des
centres ; des suggestions économiques portant sur l'engagement de
l'Etat et du secteur privé dans la lutte contre le chômage en
Haïti.
Cependant, on ne doit pas oublier que, pour combattre
la pauvreté et, du même coup, la délinquance
juvénile, il faut à l'État Haïtien une politique de
croissance économique, d'augmentation de la productivité agricole
et d'incitation à l'investissement et à la création
d'emploi.
En vue de permettre à tous les haïtiens d'avoir
des moyens économiques pour prendre soin d'eux-mêmes et de leurs
enfants, il faut relancer l'économie nationale.
En tant que groupe social le plus vulnérable, les
paysans doivent bénéficier en priorité d'une croissance
économique qui contribuera à leur bien-être. Il est
important de relever l'économie paysanne et de créer un climat
national favorable au progrès, de rechercher une solution globale et
durable aux problèmes de la misère.
L'État, en tant que régulateur de la
société, doit créer, d'abord, un environnement
sécuritaire, propice à l'investissement. Il doit encourager les
investisseurs nationaux et internationaux par des actes concrets.
Les valeurs humaines doivent être
privilégiées. Le clientélisme politique ne doit plus
être un mode d'admission dans les entreprises publiques. Des pratiques
loyales, équitables seront adoptées en vue du progrès
national. Nous souhaitons que le pouvoir de jouissance dans le secteur public
cesse au profit du pouvoir des services. Pour chaque Haïtien actif sera
créé un emploi.
Le Ministère de l'Agriculture, des Ressources
Naturelles et du Développement rural se doit de remplir
véritablement sa double mission qui est une gestion rationnelle des
ressources naturelles du pays et le développement des sections
communales. A cette fin, il organisera des séminaires à
l'intention des cultivateurs pour leur inculquer des techniques agricoles
modernes susceptibles d'augmenter la productivité de l'agriculture. Ces
efforts tendront à promouvoir les cultures du café, du cacao, du
mais, du riz, du pois, du cocotier, des mangues et du vétiver, en vue de
la consommation locale et de l'exportation.
Le Ministère du Commerce et de l'Industrie
encouragera la création des industries de transformation agricole et
développera le secteur des services. L'une des priorités de
l'État doit être la mise en place des infrastructures
routières et électriques et des moyens de communication
indispensables aux investissements.
Conclusion
Dans ce travail nous avons
posé certaines interrogations soulevées par la délinquance
juvénile en Haïti. Nous avons essayé de cerner par une
approche théorique, historique, analytique et dialectique du
phénomène de la délinquance dans sa diversité et
ses multiples facettes et manifestations sur le plan international et sur le
plan national.
Après avoir dégagé la
problématique des défis de la délinquance juvénile
en Haïti, nous avons cru nécessaire d'indiquer des pistes de
solutions. Le travail comporte deux grands volets. Nous avons d'abord fait une
étude de la délinquance juvénile et de la justice des
mineurs dans quelques pays. Nous y avons recherché le fondement
théorique et historique de ce phénomène à travers
certains documents juridiques internationaux.
Sur le plan international nous avons montré comment
certains pays, que nous avons choisi à titre d'exemple, a mis en oeuvre
tout un ensemble de mesures légales et institutionnelles pour pouvoir
protéger sa population contre ce fléau tout en assurant la
protection des droits de l'enfant.
Sur le plan national, la question de la délinquance
juvénile a été étudiée dans sa double
perspective sociologique et juridique. Nous en avons présentés
l'ampleur, la typologie, certaines causes et effets, ainsi que les principales
mesures prises par l'État Haïtien pour la combattre.
En ce qui concerne la typologie de la délinquance
juvénile en Haïti, nous avons tenté de les
répertorier en fonction de leur provenance. Aussi les avons-nous
classé en : enfants de famille pauvre, enfants de famille
monoparentale, enfants de famille rigide, enfants gâtés, enfants
de bidonvilles et enfants des rues.
Quant aux réponses de l'État Haïtien
à la délinquance juvénile, nous avons pris en compte
certains articles de la Constitution de 1987 en vigueur, du Code d'Instruction
Criminelle, du Code Pénal, de la Loi du 7 septembre 1961 sur le Mineur
en Face de la loi pénale et des Tribunaux Spéciaux pour enfants
et aussi du décret du 20 novembre 1961 instituant près le
Tribunal Civil de Port-au-Prince une section spéciale
dénommée : « Tribunal pour enfants ». Ont
été aussi décrites les institutions ou organismes
remplissant des missions ou des tâches se rattachant à la
protection de la jeunesse délinquante.
Par les dimensions que le phénomène de la
délinquance juvénile a pris durant ces dix dernières
années, nous avons montré comment elle est devenue un
fléau et un défi pour les autorités haïtiennes.
Nous avons montré que la délinquance
juvénile chez nous, essentiellement urbaine et associative, est
politiquement organisée dans bien des cas. Souvent commanditée et
conseillée, elle est également liée à un certain
activisme politique. Elle est, de ce fait, devenue une arme puissante au
service des idéologies politiques.
Examinant la problématique de l'enfance
délinquante en Haïti, nous nous sommes questionné sur
l'efficacité des mesures légales et institutionnelles jusqu'ici
utilisées.
Nous avons noté les lacunes de certains textes de loi,
les violations des normes internationales relatives à ce
problème, la défaillance de certaines institutions, l'inexistence
de certaines autres, l'insuffisance des moyens financiers et logistiques mis
par l'État ou le gouvernement à la disposition des responsables
du service de la protection de la jeunesse délinquante de l'IBESR.
Par ailleurs nous avons aussi considéré les
multiples torts et dommages sociaux, économiques et moraux causés
par la minorité délinquante en Haïti. Il nous a paru
impérieux d'ouvrir des pistes de solution, d'élaborer un plan de
lutte contre ce fléau. Nos propositions se sont constituées en un
ensemble de mesures légales, institutionnelles, sociales et
économiques.
Nous avons proposé la modification de certaines
dispositions légales, désuètes, inadaptées et
l'application entière de celles jugées valables ; nous avons
aussi envisagé l'engagement de réformes à opérer au
niveau de certains organes et services relatifs à la protection des
enfants. Nous avons aussi insisté sur certaines structures à
mettre en place et sur le rôle déterminant que l'État,
l'école, les médias, la famille, et toutes autres institutions
privées doivent jouer leurs rôles dans la lutte contre la
délinquance juvénile.
La question de la délinquance juvénile en
Haïti est cruciale. Le phénomène est complexe et les mesures
envisagées sont diverses. Cependant, quels que soient les moyens mis en
oeuvre, il serait illusoire de croire que nous pourrions d'un coup relever les
défis de la délinquance juvénile en Haïti. Nous
sommes confiant que nos suggestions seront prises en considération par
tous les secteurs concernés et prendront acte des mesures qui
s'imposent.
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www.lpdjcanada.com
www.djengleterre.com
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www.ambafrance-cn.org
www.canadiaencyclopedia.com
Statistiques
Tableau 1
Education
Taux d'analphabétisme de la population de 15 ans et
plus en pourcentage (%) selon le sexe par milieu de résidence
Sexe
|
Milieu de résidence
|
Ensemble
|
|
Aire Métropolitaine
|
Autre urbain
|
Rural
|
|
Homme
|
89.1
|
79.9
|
45.3
|
60.1
|
Femme
|
76.2
|
65.2
|
32.1
|
48.6
|
Deux sexes
|
82.0
|
71.8
|
38.6
|
54.1
|
Echantillon
|
3081
|
3452
|
13541
|
20074
|
IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
(ECVH)
Lire : 60,1% des hommes de 15 ans et plus déclarent
savoir lire et écrire
Tableau 2
Migrations
Proportion de migrants selon le département
géographique
Migration
|
Département Géographique
|
|
Ouest
|
Sus Est
|
Nord
|
Nord Est
|
Artibonite
|
Prop.
Migrants
|
27.4
|
3.2
|
2.5
|
2.1
|
3.4
|
Echantillon
|
8423
|
2584
|
3754
|
1948
|
3934
|
Migration
|
Département Géographique
|
Ensemble
|
|
Centre
|
Sud
|
Grand Anse
|
Nord Ouest
|
|
Prop.
Migrants
|
3.7
|
5.0
|
4.0
|
1.5
|
12.1
|
Echantillon
|
2791
|
3215
|
3344
|
3014
|
33007
|
IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
(ECVH)
Tableau 3
Distribution en pourcentage (%) de la population de 15 ans et
plus selon le statut matrimonial par tranche d'âge.
Statut
|
Tranche d'âge
|
Ensemble
|
Matrimonial
|
15-29
|
30-44
|
45-59
|
60 ans et
Plus
|
|
Célibataire
|
75.9
|
14.6
|
3.1
|
3.1
|
38.2
|
Marié (e)
|
6.3
|
33.1
|
35.5
|
27.8
|
20.9
|
Placé (e)
|
12.9
|
36.9
|
35.4
|
23.5
|
24.1
|
Veuf (ve)
|
0.4
|
3.6
|
12.2
|
32.4
|
7.7
|
Divorcé (e)
|
0.1
|
0.3
|
0.6
|
0.2
|
0.2
|
Séparé(e)
|
4.4
|
11.5
|
13.2
|
13.0
|
8.9
|
Total
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
Echantillon
|
8615
|
5029
|
3422
|
3008
|
20074
|
IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
(ECVH)
Tableau 4
Distribution de la population de l'Aire Métropolitaine
en âge de travailler (10 ans et +) selon la situation d'activité
par groupe d'âge et suivant les indicateurs de la force de travail
Groupe
|
Situation
|
|
Indicateur d'activité
|
d'âge
|
Actif
Occupé
|
Chômeur
|
Inactif
|
Ensemble
|
Taux net
d'activité
|
Taux
d'emploi
|
Taux de
Chômage
|
10-14
|
0.1
|
0.8
|
14.0
|
14.9
|
6.2
|
0.7
|
88.5
|
15-19
|
0.6
|
5.0
|
10.3
|
15.9
|
35.1
|
3.9
|
89.0
|
20-24
|
3.6
|
7.0
|
5.6
|
16.2
|
65.1
|
22.1
|
66.0
|
25-29
|
5.4
|
5.5
|
2.0
|
12.9
|
84.6
|
41.8
|
50.5
|
30-34
|
5.6
|
3.2
|
1.1
|
9.9
|
88.6
|
56.6
|
36.1
|
35-39
|
4.9
|
1.7
|
1.0
|
7.6
|
87.1
|
64.4
|
26.1
|
40-44
|
4.5
|
1.1
|
1.3
|
7.0
|
81.2
|
65.0
|
20.0
|
45-49
|
2.8
|
0.8
|
0.8
|
4.5
|
81.5
|
63.0
|
22.7
|
50-54
|
1.8
|
0.9
|
0.4
|
3.2
|
86.6
|
57.1
|
34.1
|
55-59
|
1.0
|
0.3
|
0.4
|
1.7
|
78.4
|
59.0
|
24.8
|
60-64
|
0.9
|
0.2
|
1.1
|
2.3
|
50.7
|
41.1
|
19.0
|
65 ans et +
|
0.7
|
0.2
|
3.1
|
4.0
|
22.6
|
18.3
|
19.1
|
Total
|
32.0
|
26.8
|
41.2
|
100.0
|
58.8
|
32.0
|
45.5
|
Echantillon
|
1156
|
972
|
1472
|
3600
|
|
IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
(ECVH)
Tableau 5
Distribution en pourcentage (%) des parents
émigrés selon le pays de résidence par milieu de
résidence
du ménage enquêté.
|
Milieu de Résidence du ménage en
|
enquêté
|
|
Pays de
résidence
|
Aire
Métropolitaine
|
Autre urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
État s-Unis
|
82.0
|
61.5
|
52.1
|
65.0
|
Rép.
Dominicaine
|
1.9
|
18.3
|
25.4
|
15.3
|
Caraïbe sauf
Cuba
|
1.4
|
6.1
|
6.3
|
4.4
|
France sauf
D.O.M
|
9.5
|
7.6
|
3.9
|
6.7
|
Autres
|
5.2
|
6.5
|
12.3
|
8.6
|
Total
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
Echantillon
|
1026
|
1005
|
2259
|
4290
|
IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
(ECVH) L'information quant au pays de résidence de 37 parents
émigrés n'existe pas.
Tableau 6
Distribution en Pourcentage (%) des RSI selon la confiance
accordée aux autres par milieu de résidence.
|
Milieu de Résidence
|
|
Confiance
accordée aux
autres
|
Aire
Métropolitaine
|
Autre urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Fait confiance à
presque tout le
monde
|
6.7
|
0.8
|
11.7
|
10.0
|
Fait attention
|
92.9
|
91.3
|
86.6
|
88.8
|
NSP
|
0.4
|
0.7
|
1.7
|
1.2
|
Total
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
Echantillon
|
978
|
1136
|
4912
|
7026
|
IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
(ECVH)
75 RSI n'ont pas répondu à la question quant
à la confiance accordée aux autres
Tableau 7
Distribution en pourcentage des RSI concernés selon la
fréquence du sentiment d'insécurité à
Port-au-Prince par département géographique.
Fréquence du sentiment
d'insécurité éprouvé à
Port-au-
|
Département géographique
|
Prince
|
Ouest
|
Sud-Est
|
Nord
|
Nord-Est
|
Artibonite
|
Oui, souvent
|
35.7
|
30.2
|
14.1
|
12.1
|
9.8
|
Oui, parfois
|
18.1
|
18.4
|
23.3
|
9.9
|
16.8
|
Non, jamais
|
46.3
|
51.3
|
62.6
|
78.0
|
73.3
|
Total
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
Echantillon
|
1707
|
404
|
365
|
225
|
644
|
Fréquence du sentiment
|
Département géographique
|
d'insécurité éprouvé à
Port-au- Prince
|
Centre
|
Sud
|
Grand-
Anse
|
Nord-
ouest
|
Ensemble
|
Oui, souvent
|
36.3
|
7.0
|
11.9
|
17.4
|
24.9
|
Oui, parfois
|
26.9
|
6.9
|
7.2
|
13.6
|
16.6
|
Non, jamais
|
36.8
|
86.0
|
80.9
|
69.0
|
58.4
|
Total
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
100.0
|
Echantillon
|
411
|
494
|
549
|
399
|
5198
|
IHSI/Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
(ECVH)
Tableau 8
Nombre de Mineurs détenus au cours des exercices
1993-1999
Exercices fiscaux
|
Détention
|
Ensemble
|
|
Mineurs
|
Adultes
|
|
1993-1994
|
60
|
49
|
149
|
1994-1995
|
31
|
115
|
146
|
1995-1996
|
31
|
112
|
143
|
1996-1997
|
40
|
101
|
141
|
1997-1998
|
14
|
130
|
144
|
1998-1999
|
13
|
135
|
148
|
Sources IBESR / Bilan des activités
Tableau 9
Intervention de l'IBESR au niveau des mineurs détenus.
Exercices fiscaux 1993-1999
Exercices fiscaux
|
Détention
|
Ensemble
|
|
Mineurs
|
Adultes
|
|
1993-1994
|
26
|
123
|
149
|
1994-1995
|
26
|
120
|
146
|
1995-1996
|
25
|
118
|
143
|
1996-1997
|
25
|
116
|
141
|
1997-1998
|
50
|
94
|
144
|
1998-1999
|
76
|
72
|
148
|
Sources IBESR / Service Social Pénitentiaire
Tableau 10
Répartition en pourcentage du nombre d'enfants de la
rue (M/F) au cours des exercices 1994-1999 selon le sexe
Exercices fiscaux
|
Masculin
|
Féminin
|
1994-1995
|
97.85
|
2.15
|
1995-1996
|
96.25
|
3.75
|
1996-1997
|
90.60
|
9.40
|
1997-1998
|
88.35
|
11.65
|
1998-1999
|
90.35
|
9.70
|
Tableau 11
Nombre d'enfants dans les rues identifiés par le
service de protection des mineurs aux cours des exercices 1994 -1999 suivant le
sexe
Exercices fiscaux
|
Masculin
|
Féminin
|
1994-1995
|
908
|
497
|
1995-1996
|
611
|
588
|
1996-1997
|
703
|
637
|
1997-1998
|
843
|
745
|
1998-1999
|
882
|
801
|
Sources IBESR / Service Social Pénitentiaire
Table des Matières
Pages
Avant-propos
Introduction.......................................................................................................1
Première Partie
La Délinquance Juvénile en
Haïti
Chapitre I-Présentation du
phénomène de la délinquance
Juvénile..........................................................................................................5
Section1-Évolution de la délinquance
juvénile dans quelques pays
1.1-En
France.......................................................................................................6
1.2-Au
Canada.....................................................................................................12
1.3-En
Chine........................................................................................................19
1.4-En
Angleterre................................................................................................31
1.5-En
Haïti..........................................................................................................37
Section2-Typologie des enfants
délinquants
2.1-Enfants de famille
monoparentale...........................................................45
2.2-Enfants de famille
pauvre...........................................................................47
2.3-Enfants de famille
rigide.............................................................................48
2.4-Enfants
gâtés...............................................................................................49
2.4-Enfants de
bidonville.................................................................................49
2.6-Enfants dans les rues
..................................................................................51
Chapitre II-Les mesures de l'État
haïtien face à la délinquance
juvénile......................................................................................................55
Section1-Le Cadre légal
1.1-De 1806 à
1938........................................................................................56
1.2-De 1943 à
1968........................................................................................57
1.3-De 1970 à
1984........................................................................................59
1.4-De 1987 à
2005.........................................................................................61
Section2-Cadre institutionnel
2.1-Les organes liés à
la délinquance
juvénile.......................................64
2.1.1-L'IBESR....................................................................................................64
2.1.2- Le
CADD...............................................................................................66
2.1.3-L'APENA................................................................................................67
2.2.4-La
PNH...................................................................................................68
2.2-L'oeuvre de quelque
Ministère.......................................................69
2.2-Le Ministère des Affaires
Sociales et du Travail.............................................69
2.2-Le Ministère de la Justice et la
Sécurité Publique..........................................70
Seconde Partie
La lutte contre les problèmes de la
délinquance juvénile
Chapitre-I-Les différents problèmes
liés à la délinquance
juvénile.....73
Section1-Causes et conséquences de la
délinquance juvénile
1.1-Causes................................................................................................75
1.1.1-Les causes
sociales.........................................................................75
1.1.1.1-Faible niveau
d'éducation...............................................................75
1.1.1.2-Faiblesse des familles
haïtiennes.....................................................76
1.1.1.3-La Situation de la
rue........................................................................78
1.1.2-Les causes politiques et
économiques...........................................78
1.1.2.1-La situation politique du
pays........................................................................78
1.1.2.2-La situation économique du
pays.................................................................79
1.2-Conséquences.......................................................................................82
1.2.1-Du point de vue
social.....................................................................................82
1.2.2-Du point de vue
politique...............................................................................83
1.2.3-Du de vue
économique...................................................................................84
Section2-Faiblesse des mesures prises par
l'État haïtien
2.1-Au niveau des textes de loi en
vigueur.............................................85
2.1.1-Le Code
Pénal...................................................................................................85
2.1.2-Le Code d'Instruction
Criminelle....................................................................86
2.1.3-La loi du 24 Novembre de
1984.....................................................................87
2.1.4-La Constitution de
1987..................................................................................87
2..1.5-La Convention relative aux Droits de
l'enfant.............................................88
2.1.6-La loi du 7 septembre 1961 et du 20 Novembre
1961...............................89
2.2-Au niveau des institutions chargées de
faire face à ce
problème......................................................................................................89
2.2.1-L'IBESR...............................................................................................................89
2.2.2-Le
CADD............................................................................................................90
2.2.3-Le Fort National et la Prison Civile de Delmas 33
pour les Mineurs..........91
2.2.4-L'inaction des juridictions pénales
prévues .................................................92
2.2.5-L'échec des
écoles............................................................................................93
2.2.6-L'échec de familles et des
orphelinats...........................................................93
Chapitre II-Des recommandations à faire en
vue de résoudre le
problème......................................................................................................95
Section 1-Les solutions immédiates à
apporter, à court terme et à moyen
terme...............................................................................................96
1.1-Dans les textes de
loi.............................................................96
1.1.1-Modification de certains textes de loi
ambigus..............................96
1.1.2-Application entière de textes
de loi correctes ...............................98
1.1.3-Création de nouveaux textes de loi
adaptés à la réalité..........100
1.2-Dans les
institutions............................................................100
1.2.1-Renforcement des institutions de
l'État.......................................100
1.2.1-Appui aux institutions
privées.......................................................102
Section2-Les considérations
socio-économiques relatives à ces solutions
2.1-Du point de vue
social....................................................................104
2.1.1-Adaptation des
familles.................................................................................104
2.1.2-Adaptation des
centres..................................................................................105
2.2-Du point de vu
économique............................................................106
2.2.1-Application d'une politique de création
d'emploi....................................106
2.2.2-Application d'une politique de
sécurité alimentaire et économique.....109
Conclusion
114
Bibliographie
Statistiques
Table des matières
* 1 Services de la Direction
de la Protection Judiciaire, en France
* 2 http: //
forum.francite.com
* 3 Voir à ce sujet le
Service de la Direction de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, en
France
* 4 Particulièrement
Gourgues, Gérard
5Jude Baptiste
* 5 Oxfam, Réseau
d'Action sur les Armes Légers (Iansa) et Amnistie Internationale.
Rapport publié le 9 janvier 2006
* 6 Groupes non formels : se
dit par opposition aux groupes formels légalement constitués et
reconnu
d'utilité publique
* 7 Kokorat : du
créole, rat de cocotier
* 8 Voir « Cap
Express » No. 100, sept. - oct. 06.
* 9 Placide David, «
L'Héritage Colonial », 1995, p. 134-135.
* 10 Ulrike Noël,
« Haïti, sa Politique de Défense Sociale », p.32.
* 11 Ministère de la
Justice, « Législation Haïtienne en Vigueur sur les
Mineurs, ..., 10, 14, 15, 16, 17 ».
* 12 Le Moniteur, No. 87 du
jeudi 2 octobre 1947
* 13 Le Moniteur, No. 66 du
31 juillet 1952
* 14 Le Moniteur, No. 94 du
2 octobre 1961
* 15 Le Moniteur, No. 108,
Lundi 20 Novembre 1961
* 16 Article 11 du
décret du 5 juin 1997
* 17 Le Moniteur, No. 80 du
lundi 1er octobre 2001
* 18 Moniteur, No. 41 du
jeudi 5 juin 2003.
* 19 Art. 13 de la loi du 20
novembre 1961
* 20 Legrand Bijoux,
« Coup d'oeil sur la Famille Haïtienne, Port-au-Prince
et des Antilles », SA 1990, p.66
* 21 Tieche Maurice :
« Guide Pratique d'Êducation Familiale », Paris
et SDI Domrie les Lys, p. 962, p.372
* 22 Van Pelt Nancy : «
L'Enfant Epanoui », op. cit. 151.
* 23 Paul Henri Chombart de
Lawe : « Psychologie Sociale du Changement »,
Chronique Sociale, 7 rue Plat Lyon 690002, p. 20
* 24 Les usines de
sous-traitance
* 25 Ses études ont
été faites et rendues publiques par l'UNDCP
* 26 Courrier International,
février 2003
* 27 Source :
IHSI
* 28 Bulletin de la
République d'Haïti # 20, septembre, 1990.
Exercice 89-90. Voir aussi les statistiques en ligne de la
BRH
* 29 Centre de Recherche
Caraïbe, « Sociologie de la Famille
Antillaise », op. cit. p. 45-46.
* 30
« Chimè », mot créole signifiant
bandits.
* 31
« Rat », mot créole qui en plus de nommer
un mammifère rongeur à longue queue annelée ;
désigne, aussi, chez nous, tous bandits
armés s'érigeant en activistes politiques.
* 32 Se dit kidnapping, plus
couramment.