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Les transitions démocratiques en Afrique noire francophone. Réflexion sur le cas de la Guinée (Conakry )

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par Oumar KOUROUMA
Université Hassan II, faculté de droit de Mohammedia (Maroc ) - Licence fondamentale de droit public 2010
  

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SECTION2 : LA FIN DU PREMIER REGIME ET LES DEBUTS DU REGNE MILITAIRE : une transition ?

Après vingt quatre ans à la tête de la Guinée, le régime de démocratie populaire devait obéir à la loi oméga115(*). Cela intervint à la mort de Sékou Touré en 1984. Cette disparition du responsable suprême de la révolution allait conduire à l'arrivée au pouvoir des militaires et marquer la fin de la première république et tout son arsenal systémique (paragraphe1). Dès cette prise de pouvoir, les militaires annoncèrent la transition en édictant certaines mesures comme prémisses d'une éventuelle ouverture (paragraphe2). En ce lieu il faut dire que le régime d'ouverture n'est pas encore là. Il s'agit donc d'une période spéciale entre ouverture et système fermé. Elle est d'autant importante que la réussite de la future transition est à sa solde. D'où la nécessité cette présente réflexion.

PARAGRAPHE 1 : LA MORT DE SEKOU TOURE ET L'AVENEMENT DU POUVOIR MILITAIRE

Dans ce paragraphe transitoire il s'agira de parler de deux évènements importants dans l'histoire politique moderne de la Guinée : la mort de Sékou et le conteste national et international dans lequel elle intervient (I) et la prise de pouvoir anticonstitutionnelle des militaires et les raisons qu'ils évoquent (II).

I. LA MORT D'AHMED SEKOU TOURE : un contexte politique important :

Narrer tout simplement la mort de Sékou Touré ne peut avoir de grands impacts sur ce travail. Mais l'inscrire dans un contexte national et international qui l'a précéda est important.

Ainsi, il faut dire que c'est dans un contexte de réorientation de la politique interne et externe de la Guinée qu'intervint la mort de Sékou Touré. En effet après dix neuf ans d'existence, le régime guinéen s'était rendu compte des limites des politiques collectivistes et socialistes qui avaient été entreprises depuis les débuts du régime. Si d'une part ils proclamaient que le régime était à un stade avancé de démocratie populaire116(*), les autorités guinéennes étaient aussi conscientes des pertes des prix lourds que le peuple avait payé, de la faillite économique donc d'une nécessité de faire mieux. C'est ce qui poussa le président à lancée une grande offensive diplomatique à travers le monde à la suite des rétablissements des relations avec la France et les Etats voisins longtemps hostiles. Ce retour de plus en plus fort sur la scène internationale était la manifestation d'une certaine ouverture, bien sûr contrôlée, mais devant permettre une relance de l'économie guinéenne par le retour des investisseurs de toute part. Aussi, sur le plan politique interne, de massive libération de prisonniers avait commencé. Cette politique était pour les dirigeants guinéens la réaffirmation du « neutralisme positif » qui prouvait que la Guinée n'était ni un pays de l'Est ni de l'Ouest mais un Etat indépendant d'Afrique qui compte traiter les relations d'égal à égal avec les autres Etat. Dans la même atmosphère, la Guinée se préparait à accueillir le XXème somme de l'Organisation de l'Unité Africaine dont a été membre fondateur. En ce sens plusieurs auteurs s'accordent sur le fait que la transition en Guinée était entamée, mais vers le renforcement de l'ancien régime ou un autre régime, rien ne déterminait.

C'est donc dans ce contexte d'ouverture politique et économique que le président Sékou Touré rendit l'âme aux Etats Unis à Cleveland le 26 Mars 1984 à 21H GMT.

Mais qu'advint t-il au régime établi depuis vingt six ans de révolution ?

II. LA PRISE DU POUVOIR PAR L'ÁRMEE : pour quelle raison ?

La prise du pouvoir par l'armée guinéenne intervint dans un contexte de lutte de succession à la tête de l'Etat des anciens ténors du régime de Sékou Touré.

En effet, à l'annonce de la mort de ce dernier le 26 Mars 1984, les membres du comité central du tout puissant parti (PDG) se réunir pour nommer le chef de l'Etat par intérim conformément à la constitution en vigueur : ce fut le premier ministre Louis Lansana Béavogui. A ce titre, ce dernier devait présider les funérailles et veiller à la mise en application des clauses de la constitution relative à la vacance de pouvoir : « l'organisation de l'élection d'un nouveau d'un président dans les quarante cinq jours qui suivent le décès de l'ancien président».

Après des obsèques impressionnantes de celui qui est considéré par la plupart des personnes comme l'une des grandes figures de la cause Noire, de l'islam africain, de l'émancipation du peuple de Guinée (sans oublier que d'autre le qualifie de tyran), les choses allaient vite changer dans la conduite politique de L'Etat. Car, pendant que les PDGistes se battent entre eux pour le pouvoir, les militaire allaient les surprendre en annonçant le 3 Avril à 2heures à la radio « la Voix de la révolution » : la prise du pouvoir par l'armée avec à sa tête le colonel Lansana Conté ! Et proclamèrent la deuxième république !

Cette déclaration sera suivie d'une liesse de joie dans les rues de Conakry et dans certaines grandes villes du pays ainsi qu'à l'extérieur où se trouve plus d'un million et demi de guinéens ayant fuit le premier régime. Cet évènement devait annoncer l'ouverture d'une nouvelle ère dépourvue des contraintes révolutionnaires.

Ce coup d'Etat sera justifié par les militaires par le besoin de « sauver le peuple de la guerre civile». Dans le même ordre de discours, le nouveau pouvoir allait condamner fermement l'ancien régime en ces termes : « au départ, un groupe d'hommes se rend maître du pays et des richesses de son sous-sol : l'or, les diamants, la bauxite pillés directement ou par compagnies minières interposées. Alors que ces hommes vivent dans l'opulence, le pays est laissé l'abandon. Les discours détournent la population des réalités. Durant 26 années, la politique remplace la production ... La fermeture des frontières, l'isolement économique du pays, permettent de maintenir à un cours artificiel très supérieur à sa valeur réelle la monnaie nationale», et poursuivra en affirmant « Un homme ne peut diriger à lui tout seul un grand pays comme le nôtre ».

Cette entrée fracassante en jeu et la recherche de légitimité va ouvrir la porte à une période transition dirigée par le comité militaire de redressement national (CMRN) dont les premières décisions, fort radicales, sont d'une importance capitale dans cette analyse.

* 115 Selon cette loi en sociologie politique, tout système à une naissance, un état de maturité après quoi il devra tomber.

* 116«  Nous avons toujours respecté les Droits de l'Homme. Et je crois que la démocratie guinéenne est en avance sur la plupart des démocraties en Europe » Ahmed Sékou Touré à un journaliste d'Atenne2, Août 1982 (Maurice Jeanjean Sékou Touré: un totalitarisme africain, éd. l'Harmatan, Paris, 2005, p.232)

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