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Les transitions démocratiques en Afrique noire francophone. Réflexion sur le cas de la Guinée (Conakry )

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par Oumar KOUROUMA
Université Hassan II, faculté de droit de Mohammedia (Maroc ) - Licence fondamentale de droit public 2010
  

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PARAGRAPHE 2 : LA PERIODE TRANSITOIRE A LA DEMOCRATISATION : quel départ ?

La démocratisation en elle-même comprend une phase de transition qui précède la consolidation. Mais dans ce cas guinéen, avant cette démocratisation proprement dite, le pays a connu une période exceptionnel allant de l'effondrement total du régime mis en place sous la première république à la mise en place des premières institutions démocratiques (en1984 et 1990). C'est durant ces six ans que le comité militaire va prendre d'importantes mesures qui conditionneront à nos yeux la réussite de la future transition démocratique. Après avoir dégagé les décisions à caractère général (I) nous chercherons à toucher celles qui ont visées l'armée dont la nouvelle emprise risque de compromettre la suite des réformes (II).

I. LES DECISIONS A CARACTERE GENERAL 

D'entrée, le Général Lansana Conté va annoncer que : «l'ancien régime est mort !» Ce fut vraiment la mort de ce régime car le premier discours qui annonçait la prise du pouvoir par l'armée va partir de la suppression du grand parti unique, la dissolution de toutes les institutions politiques (assemblée nationale, la jeunesse révolutionnaire, les différents comités et le bureau politique national) et suspension de la Constitution. Seront maintenues, la confédération nationale des travailleurs de Guinée avec un rôle très encadré et la structure de l'administration.

La table rase faite du régime s'en suivra d'autres décisions importantes telles que: la libération de trois cents détenus politiques et relaxe des détenus de droit commun, l'emprisonnement d'une soixantaine d'ex-dirigeants. La création d'une commission ad hoc pour étudier les dossiers des innombrables victimes et martyrs. La libre circulation des personnes et des biens est rétablie.

Sur le plan socioculturel, c'est la suppression systématique de tout enseignement idéologique et le renforcement de l'enseignement du français, l'autorisation des écoles privées, la suppression de l'impôt en nature, le libre exercice de la médecine privée...

Ces mesures urgentes concerneront aussi le domaine économique où la nécessité de défaire le système antérieur jugé improductif se posait. C'est ainsi qu'un programme intérimaire de redressement national est engagé pour 1985-1987 avec le concours de la Banque mondiale et le FMI. Aussi une privatisation géante est lancée pour transférer au secteur privé l'ensemble des entreprises détenues jusque là par l'Etat (sauf quelques unes). On assiste à la dévaluation et à la récréation du secteur bancaire avec le maintient de la Banque centrale au détriment six autres banques insolvables, la libéralisation des échanges et la liberté de prix s'installent rapidement. De même le syli dévalué à 92 % est remplacé par le Franc guinéen.

De côté, la fonction publique ferra objet d'une refonte profonde. Cette moralisation de l'administration est réalisée par la mise en place d'un programme de départs volontaires, des tests d'évaluation-sélection qui viseront les fonctionnaires etc....

L'ensemble de ces mesures consacrait la disparition du régime précédent. Il s'agit toutefois des premières actions vers la libéralisation politique et économique dont nous avancerons la suite des mises en oeuvre dans le chapitre qui leur est consacré.

Par ailleurs à l'image des secteurs que nous venons cités, ces premières mesures toucheront aussi bien le domaine de l'armée. Cette dernière en prenant le devait se tailler la part du lion.

II. LA PHASE TRANSITOIRE ET LE RENFORCEMENT DES BASES MILITAIRE DU POUVOIR

La prise du pouvoir par l'armée dans un contexte de totale illégitimité demandait qu'elle se donne les moyens de son existence c'est-à-dire chercher une certaine légitimité. Pour ce faire, elle allait commencer d'abord par l'armée où elle devait taire toute éventuelle opposition. Cette politique de neutralisation consistait en une promotion automatique aux grades supérieurs. Ainsi tous les sous-officiers (du caporal à l'adjudant-chef) et les sous-lieutenants allaient voir leur grade croitre. Dans le même cadre d'autres grades qui avaient été supprimés sous la première république sont rétablis en 1984. D'autres promotions aux grades supérieurs interviendront en Juin 1989 visant : 214 officiers et 233 sous-officiers. Ces derniers passeront au grade de sous-lieutenant. Mais il faut dire que la première de toutes ces mesures sera celle qui consacra une séparation entre la fonction publique et l'armée car sous la première république l'armée avait été intégrée à la fonction publique en vu qu'elle soit contrôler de peur qu'elle ne fasse un putsch. Cette fois ci elle prendra même la tête de l'administration en remplaçant tous les gouverneurs en place depuis l'ancien régime par des militaires.

Ces privilèges que bénéficient les militaires vont s'étendre à leurs conditions sociales. En ce lieu on peut noter les revalorisations successives de leur de solde : en 1984, 1986, faisant ainsi le double des salaires toujours retardés des civils. Aussi, leur casernes sont en voie de modernisation (le camp Samory rénové par les philippins à hauteur de 30 millions de dollars) et des équipements nouveaux sont attachés surtout en termes d'armements.

Les putschs ne se limiteront pas là car à la suite de la tentative de coup d'Etat avorté, le colonel Diarra et de nombreux officiers de l'ethnie malinké sont arrêtés et ils mourront dans les prisons avec certains dignitaires et proches de l'anciens président Sékou Touré comme : Siaka Touré, Ismaël Touré et tant d'autres, sans jugement ni procès. Cette incidence conduira d'ailleurs à un pillage chez l'ethnie de ces derniers.

Par là, le nouveau gouvernement se donnait la main libre pour gouverner avec moins d'obstacles. Et le comité militaire de redressement national restera dans ce contexte l'exécutif et le législatif : il s'agit en réalité d'un régime d'exception.

Toutefois, si détruire quelque chose est souvent facile, en reconstruire ne l'est pas toujours. C'est pourquoi plusieurs facteurs liés à cette transition laissaient vraiment planer l'incertitude sur ce que serait la future transition démocratique. Ces facteurs tels qu'on peut les déduire sont la question ethnique, la suprématie de plus en plus affirmée des militaires sur tous les autres citoyens, la monopolisation du pouvoir. Et les répressions de certains mouvements sont déjà présentes en 1988.

Par ailleurs, Il faut souligner que l'une caractéristique de cette période de transition est l'absence d'instituions véritable et de constitution. Aussi, elle mettait à l'oubliette toute question liée aux dérives de l'ancien régime sans pourtant organiser une véritable réconciliation. C'est dans ce contexte que la démocratisation allait être lancée par le CMRN.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984