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Les transitions démocratiques en Afrique noire francophone. Réflexion sur le cas de la Guinée (Conakry )

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par Oumar KOUROUMA
Université Hassan II, faculté de droit de Mohammedia (Maroc ) - Licence fondamentale de droit public 2010
  

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CHAPITRE2 : DES EXPERIENCES SUD EUROPEENNE ET LATINO-AMERICAINE DE DEMOCRATISATION AU CONTEXTE AFRICAIN DES PAYS FRANCOPHONES SUBSAHARIENS : l'itinéraire d'une vague

En la qualifiant « d'évènement le plus important de la politique mondiale du vingtième siècle»58(*), Samuel HUNTINGON ne dévoilait t-il pas le vrai visage de l'un des mouvements les plus importants de changement politique que le monde ait connu : « la troisième vague » comme il l'appela. Ce « vent de liberté », comme il fut désigné par ses partisans, que nous appelons nous, «  vent de libéralisation du monde », allait partir de l'Europe du sud pour rejoindre l'Amérique latine avant de faire basculer les régimes communistes d'Europe de l'Est, les «dictatures » d'Asie  et les régimes à partis uniques d'Afrique vers le modèle démocratique libéral qui allait devenir l'idéal de forme de gouvernement dans le monde. Il faut souligner en ce lieu que la guerre froide s'estompait et la victoire occidentale s'affirmait. Si de nombreux pays dans le monde y ont participé de gré ou de force, cependant, tout n'a pas réalisé les résultats escomptés. D'où les meilleures expériences seront parfois érigées en instruments d'analyse et même en modèle tel le cas Espagnol et tant d'autres cas. C'est de ces expériences qu'il fallait tirer des leçons pour en faire des lois de conduites pour les situations en cours.

Ainsi dans cette analyse, nous ne nous hasarderons pas à exposer la situation de chaque région du monde (à part l'Afrique), c'est-à-dire qu'il ne s'agira pas ici de la véritable itinéraire, mais nous tenterons juste d'évoquer quelques expériences-modèles hors du continent africain (Section1) après quoi nous nous pencherons sur la démocratisation dans les pays d'Afrique noire francophone (section2).

SECTION1 : DES PAYS SUD EUROPEEN ET LATINO-AMERICAIN DANS LA TRANSITION DEMOCRATIQUE

Comme avancer plus haut, cette partie de notre réflexion sera consacrée à deux expériences-modèles de transitions en Europe du sud et en Amérique latine. Ce sera en premier lieu l'expérience Espagnole (paragraphe1) et en second lieu celle Chilienne (paragraphe2). Avant de passer, il conviendrait de souligner que le choix de ces deux expériences parmi tant d'autres n'est pas fortuit. En effet, pour la première, elle a fait l'objet d'une très grande attention dans la littérature transitologique par le degré de réussite qu'elle a affiché : « d'une dictature, on n'est passé à une démocratie authentique» et consolidée. Quant à la seconde, elle est connue aujourd'hui comme un modèle de réussite dans la région latino-américaine. Son parcourt, bien que spéciale, révèle des traits de ressemblance avec le cas guinéen qui est objet de se travail car il s'agit de la réussite d'un pays tiers mondiste ayant connu la colonisation et un régime «fermé».

PARAGRAPHE 1 : L'EXPERIENCE SUD EUROPEENNE DE DEMOCRATISATION: le modèle espagnol

L'Espagne est un pays d'Europe du sud qui occupe la partie la plus grande de la péninsule ibérique. Elle est limitée au sud et à l'Est par la méditerranée, à l'Ouest et au Nord-ouest par l'océan atlantique et le Portugal, au Nord par la France. Ce pays qui compte de nos jours les 49millions d'habitants a été entre le XVème et le XVIème siècle une puissance coloniale dans le monde. Après la guerre civile de 1936-1939, vint au pouvoir le régime dictatorial du général Franco. C'est la fin de ce régime et l'ouverture politique qui suivit qu'on qualifie de transition démocratique espagnole autrement dit « la Transition démocratique espagnole (en espagnol, Transición Española) désigne le processus correspondant au remplacement progressif du franquisme par un régime démocratique »59(*). Cette transition qui s'étend de 1975 ou la mort du général Franco jusqu'à l'arrivée au pouvoir du parti socialiste ouvrier espagnol de Felipe Gonzalez en 1982 : première alternance politique, sera considérée comme un modèle dans le monde. Sans prétendre réaliser une analyse détaillée sur cette expérience, nous mettrons juste en exergue les grands traits qui en font une exemplarité dans la littérature transitologique (I) après quoi il faudra exposer quelques critiques apportées (II).

I. UNE TRANSITION EXEMPLAIRE ERIGEE EN MODELE DE TRANSITION

En lui attribuant un caractère exemplaire et en l'érigeant en modèle de transition démocratique, les auteurs transitologues ne s'étaient surement pas trompés sur la réalité de la démocratisation espagnole. En effet plusieurs axes permettent d'expliquer la particularité exemplaire de la transition espagnole :

· au primo il faut avancer le fait que cette transition a constitué une rupture ou une alternative aux voies antérieures de passage d'un régime de dictature ou fermé à un régime démocratique. Car dans le passé le principe connu était celui d'une révolution qui réalisait une rupture brutale et donnait naissance à un balayage total du système précédent pour établir un nouveau système politique et même économique et parfois avec de nouveaux acteurs politiques (c'est le par exemple des révolutions française et américaine). Par contre la transition démocratique espagnole sera marquée par son caractère graduel, négocié et consensuel entre les anciens détenteurs du pouvoir et les autres acteurs politiques et sociaux longtemps écartés du pouvoir. Cela permit donc de conduire la transition sans contestation majeur, avec le maintien des anciennes institutions tout en changeant juste leur rôle et leur formes ;

· et Secondo, la primauté de la réconciliation, du progrès et de la modernisation dans les esprits des acteurs politiques espagnols fut donc un grand apport de cette expérience espagnole aux autres cas de transition qui étaient en cours dans le reste du monde surtout en Amérique latine. Cette sagesse dans la conduite de la transition espagnole s'expliquait dans les analyses transitologiques par la maturée de l'élite espagnole plus préoccupée par le retard que leur pays avait accusé dans son développement par rapport à leurs voisins européens, mais aussi par le fait qu'ils ne supportaient plus leur isolement du reste de cette Europe de l'Ouest qui construisait son marché commun. D'où pour eux la nécessité se posait de fermer et oublier définitivement la page sombre de leur histoire marquée par la dictature et les guerres civiles. Aussi ils devaient reconnaitre que le franquisme n'a pas fait que du mal mais aussi du bien. Au lieu donc de perdre leur temps sur un passé qui n'allait plus se refaire, il fallait chercher à développer le pays et répondre aux besoins fondamentaux des populations.

Ce passage exceptionnel des espagnols à la démocratie se matérialisera par la constitution de 1978 qui est restée en vigueur jusqu'à nos jours. Cette constitution mit en place un régime de monarchie constitutionnelle avec un Etat social démocratique, consacra le pluralisme politique et accorda une grande autonomie aux régions espagnoles. Aussi, on y trouve un roi avec des pouvoirs politique et symbolique, un président du gouvernement comme chef de l'exécutif et parlement avec deux chambres.

Ce succès politique sera couronné par une réussite économique entre 1975 et 2007 qui fit parler de « miracle économique espagnol». C'est donc dans ce contexte que le parcourt espagnol fut considéré comme un modèle duquel pouvaient être déduit des lois applicables aux autres Etats. Toutefois, tel n'est pas l'avis de tous les auteurs car bien que réussie, l'expérience espagnoles n'a pas manqué d'être critiquée.

II. LES CRITIQUES DE L'EXPERIENCE ESPAGNOLE

Aucune oeuvre humaine quelle que soit sa construction n'est exemptée de critiques, sinon comment songer à appliquer cette règle à un cas espagnol qui fait apparaitre ce pays aujourd'hui comme une démocratie authentique. C'est bien sûr cette règle qui veut que les choses ne soient pas vues juste dans leur apparence et ou dans leur description officielle qui sera appliquée au cas espagnol par d'une part les historiens et d'autre part les politologues. Ces différents points de vue sont développés dans un important article publié par Christian Demange60(*).

Dans cet article l'auteur souligne la critique de l'expérience espagnole tient au fait que la mystification de cette transition tant par les discours officiels que par ceux des médias eut pour conséquences le jet dans l'oubliette de l'histoire, des crimes commis sous la dictature franquiste à l'encontre du peuple et de tous les opposants, mais aussi la minimisation des luttes séparatistes.

Pour la première question, il s'agit d'un enterrement de la mémoire historique espagnole car lorsque l'on applique les concepts actuels de droits de l'homme à cette période, il se révèle sans doute le caractère antidémocratique d'un régime sur la base de laquelle la nouvelle identité espagnole a été fondée. Pour mener à bien leur transition les leaders espagnols de l'époque avaient jugé nécessaire de faire un saut sur le passé. Par ce fait, les combattants espagnols de la liberté (ceux qui se sont battus contre le fascisme) n'ont plus été réhabilités, les camps de concentration, les prisons de femmes, les bataillons disciplinaires de travailleurs.... furent ainsi méconnus de la jeune génération et laisser sans aucun jugement. C'est pourquoi depuis quelques années des mouvements sociaux représentant des familles de victimes ont commencé à réclamer justice. Il s'agit d'un passage à la démocratie qui semble saper la démocratie elle-même. La conséquence véritable de ces réclamations est la déconstruction du mythe fondateur de la réussite espagnole et les grands symboles qui unissent ce pays.

A cela, il faut ajouter les luttes incessantes d'indépendance ou d'une plus grande autonomie qui met ce pays en face d'un déchirement politique dont l'issue pourrait être son morcèlement. A ce titre, l'exemple des séparatistes basques de l'ETA reste marquant.

Cette situation conduit à s'interroger sur le niveau de consolidation de cette démocratie mais aussi à remettre en cause la fameuse thèse du consensus et de la négociation.

Nonobstant ces différentes tractations auxquelles aucun pays n'échappe aujourd'hui, l'Espagne reste l'objet d'une imitation surtout dans la plupart des pays du tiers monde particulièrement les pays d'Amérique latine : Argentine, l'Uruguay, le Chili mais aussi certains pays d'Europe de l'Est comme la Roumanie, la Russie etc....

Par ailleurs, si ces pays se sont inspirés du cas espagnols, ils ne manqueront pas de spécificités. C'est ainsi que dans le sous continent latino-américain l'expérience Chilienne sera aussi riche en terme d'objet d'étude d'où son étude dans les lignes qui vont suivre.

* 58 Samuel HUNTINGTON, Troisième vague (les démocratisations de la fin du XXe siècle), 1996, éd. Nouveaux horizons, préface.

* 59 wikipédia.fr : la transition démocratique espagnole.

* 60 Christian Demange, « La Transition espagnole : grands récits et état de la question historiographique », ILCEA, 13 | 2010, [En ligne], mis en ligne le 30 novembre 2010. URL : http://ilcea.revues.org/index874.html. Consulté le 14 avril 2011

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote