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Les transitions démocratiques en Afrique noire francophone. Réflexion sur le cas de la Guinée (Conakry )

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par Oumar KOUROUMA
Université Hassan II, faculté de droit de Mohammedia (Maroc ) - Licence fondamentale de droit public 2010
  

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PARAGRAPHE2 : L'AMERIQUE LATINE DANS LA TRANSITION DEMOCRATIQUE : l'exemple chilien

D'entrée, il convient de rappeler que le chili est un pays tricontinental c'est-à-dire ayant des portions de territoire sur trois continents à savoir : le continent latino-américain (qui a la plus grande partie, ce qui fait du pays un Etat d'Amérique latine), le continent antarctique et le contient océanique. Ce pays qui a pour capitale Santiago, est le plus développé du sous continent et le plus imprégné de la culture européenne61(*).

Après le coup d'Etat du 11 septembre 1973 qui renversa le président Salvador Allende, le Chili devait connaitre une nouvelle vie politique qui sera marquée par une dictature militaire fondée sur le libéralisme économique et dirigée par Augusto Pinochet. Ce dernier après avoir gouverné son pays d'une main de fer pendant plus de quinze ans décide d'organiser en 1988 un plébiscite pour reconduire son mandat pour huit nouvelles années. Comme résultat du plébiscite, le oui obtient 44, 01% et le non, soutenu par la coalition des opposants au régime, aura 55, 99%. Cet échec sera à l'origine d'une transition démocratique dont il convient d'évoquer brièvement les étapes (I) et la phase de sa consolidation (II).

I. LES ETAPES DE LA TRANSITION DEMOCRATIQUE CHILIENNE

En ce lieu il faut citer principalement deux étapes : le dépassement du passé dictatorial (A) et le revirement des partis de droite et de l'armée (B).

A. LE DEPASSEMENT DU PASSE DICTATORIAL : LA JUSTICE ET LA RECONCILIATION

Tout comme les espagnoles, les chiliens ont réalisé leur transition politique dans un climat de négociation, de consensus et de dialogue entre les principaux acteurs de la vie politique : la junte sortante, les partis politiques de gauche et de droite, les présidents civils démocratiquement élus et la société civile. Mais toutefois, au-delà de cet aspect, les chiliens ne se sont pas totalement tus sur les exactions commises par le régime militaire. Malgré qu'avant son départ le chef de la junte, Pinochet, ait mis en place en 1989 des instruments juridiques pour contrecarrer l'ouverture démocratique ainsi que les éventuelles condamnations qu'ils pouvaient faire objet avec ses partisans, les nouveaux hommes politiques de la transition ont désamorcé prudemment ces bombes. Ainsi après l'arrestation de Pinochet à Londres en 1990 et l'arrivée au pouvoir du président Patricio Aylwin lors de la première élection démocratique en 1989, les conceptions de ce passé très favorables à Pinochet commencèrent a changé. Une coopération devait s'ouvrir entre l'armée et la société civile. C'est dans ce contexte que sera mis en place en 1999, de la «Table pour le dialogue sur les droits de l'Homme»62(*) par le ministre de la défense Edmundo Perez Yom avec l'accord du président de la république et du Sénat. Cette table ronde visait donc à trouver un consensus sur les droits de l'Homme entre les militaires et le reste de la société. C'est pourquoi seront réunis autour de cette table, les représentants de l'armée et certains avocats des droits de l'Homme, excluant ainsi les partis politiques. Par cette table ronde régie par la règle de la confidentialité, les chiliens parvinrent tous à condamner leur antagonisme dans le passé afin de miser sur un avenir fonder sur le respect mutuel. Ceci amena les militaires à reconnaitre les violations de droits de l'Homme par la signature de documents. Ce qui facilita la résolution et la poursuite des cas n'ont encore traités. Même si cela ne permit le jugement de tous les crimes et violations de droits de l'Homme un grand pas était réalisé dans la réconciliation entre les chiliens et leur armée. Toutefois malgré cette évolution l'armée et les partis de droite restaient encore attachés au mythe de Pinochet avant de changer plutard.

B. LE REVIREMENT DE L'ARMEE ET DES PARTIS DE DROITE

Malgré touts les accusations horribles dont il faisait objet et son départ du pouvoir, Pinochet n'avait pas toujours été dictateur pour tous les chiliens. Ces exploits étaient toujours cités : tel que les progrès économiques que son pays avait connu dans les années 1977 jusqu'aux années 1980 : le miracle chilien. Mais ces éloges fondés sur une vie politique fermée seront oubliés lorsque la nouvelle donne politique la demandera. C'est ce qui semble se passé en 2004 lorsqu'un document intitulé « l'armée chilienne : la fin d'une vision, est publié par l'armée et où le général Juan Emilio Cheyre déclare : « l'armée chilienne a pris la dure mais irréversible décision et moralement inacceptable d'un passé »63(*). Cette grande décision lourde de sens annonçait la fin de plusieurs dizaine d'année de soutient de l'armée au général Pinochet. Dans le même contexte était publié un rapport sur la torture et les mauvais traitements effectué dans les prisons sous la dictature par une commission nationale mis en place par conformément aux décisions prises à la « Table de dialogue ».

A l'instar de l'armée, les partis de droite qui avaient longtemps soutenu le Général optèrent pour le revirement tant dans leur discours (demande de révision de la constitution, de jugements de tous ceux qui ont commis un crime etc...) que dans leurs idéologie (la rupture avec le pinochetisme : ultralibéralisme économique, moins de liberté etc...). Cc qui aboutit en 2005 à d'importants amendements de la constitution de 1980  par le Sénat : la réduction de six ans à quatre ans du mandat présidentiel, l'élimination du statut de sénateurs à vie et de sénateurs désignés, les commandants de forces armées et de la gendarmerie peuvent être changés par le pouvoir civil etc....

Ces changements fondamentaux devraient conduire à une unification idéologique et politique de tous les acteurs politiques en Chili tournés vers la démocratie libérale et les droits de l'Homme, afin de donner naissance à des comportements dignes d'un Etat démocratique. Marquant par ce fait la fin de probable de la transition, la Chili devait rentrer dans la phase de la consolidation.

II. LACONSOLIDATION DE LA DEMOCRATIE CHILIENNE

C'est dans l'esprit des progrès réalisés dans la transition que la consolidation va s'annoncer. Cette dernière, il faut le rappeler, signifie que les conduites des acteurs politiques et des citoyens soient déterminées par les institutions démocratiques (juridiques et politiques) mis en place. C'est elle qui se clôtura par les élections du 15 Janvier 2006 qui donneront gagnante la première femme présidente de ce pays. La réussite de ces élections et la personne qu'elles ont amenée à la magistrature suprême dénotaient de la maturité politique des chiliens. Cela s'explique par le fait que le choix d'une femme dans un pays aussi conservateur que le Chili est signe d'une rationalité politique. En plus cette femme de la seconde génération des victimes de la dictature, cela veut dire que la page est vraiment tournée.

Toute cette évolution sera couronnée par la mort du chef militaire (Pinochet) le 10 Décembre 2006. Ce qui permit aux chiliens de mettre son régime à l'oubliette. Cependant les actions ne cessent pas de en faveur de la réhabilitation des victimes. C'est ainsi que la journée du 30 Août de chaque année été décrétée pour commémorer la mémoire des disparus de la dictature.

La considération du Chili comme une démocratie n'est pas un discours fortuit en ce jour car la toute dernière élection en 2010 redonnait le pouvoir à la droite. Ce qui signifie quelque part que les dissensions semblent être en partie enterrées et l'alternance démocratique est pratiquée.

Toutefois au-delà de tous ces progrès qu'on ne saurait nier, il faut reconnaitre qu'une démocratie n'est pas une construction d'un jour, c'est pourquoi d'ailleurs le concept de consolidation fait objet de vive critique car prétendant à annoncer la fin d'un processus qui concerne pourtant l'éternité. Les démocraties se font et se refont tous les jours. Cela dit, il faut reconnaitre que la transition en Chili, tout comme, celle espagnole, crée un état d'esprit forgé sur l'oubli du passé (la socialisation). Mais si la démocratie voudrait dire aussi justice, l'authenticité démocratique de ce régime est en cause car incapables d'assumer son passé. Cela peut être une source de crise sociale et un blocus à la fin de la consolidation. C'est pourquoi dans ce pays aujourd'hui certaines familles de victimes du régime militaire continuent toujours de demander justice.

En conclusion de cette section, nous retenir que malgré leur spécificité, les transitions espagnole et chilienne ont en commun d'être conduites par des élites murs et soucieux du développement de leur Etat que de s'attarder sur le passé. Ce passé dont ils n'ont plus le désir de retrouver à en croire à leur détermination à renforcer leurs institutions démocratiques. Il ne s'agit plus pour eux de se lancer à la recherche d'une justice mécanique mais d'une unification des enfants d'une même nation.

Par ailleurs, la considération de ces expériences comme des modèles exportables peut être à l'origine d'un autre problème qui touche la portée épistémologique des instruments d'analyse transitologiques. Car bien qu'il y ait des traits généraux communs à toutes les situations de transitions, les particularités liées à l'histoire profonde des peuples et à la maturité des élites, à la culture restent des facteurs à ne jamais négliger. Ceci étant, une bonne compréhension du cas guinéen demanderait un exposé du contexte régional des pays d'Afrique noire francophone.

* 61 Selon son indice de développement humain qui est de 0,895

* 62 Nicolas Prognon, « Le Chili, une transition vers la démocratie aboutie ? », ILCEA, 13 | 2010, [En ligne], mis en ligne le 30 novembre 2010. URL : http://ilcea.revues.org/index907.html. Consulté le 11 juin 2011. (p7)

* 63 Ibid. p9

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle