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Technique et esthétique des photographies de la 7ème édition du festival de la photographie contemporaine de Bamako

( Télécharger le fichier original )
par Mélanie BEREHOUC
Université Paris III Sorbonne nouvelle - Master 1 conception et direction de projets culturels 2009
  

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CHAPITRE 3

La photographie en Afrique n'a pas attendue l'arrivée du festival de Bamako pour exister. C'est un art, comme nous l'avons vu dans le premier chapitre, très populaire et intégré dans les sociétés Africaines. Les studiotistes étaient en effet très sollicités pour immortaliser les événements de la vie. Cependant, aucun d'entre eux n'était considéré comme des professionnels puisque leur rôle était, non pas de créer de l'art contemporain mais plutôt de perpétuer une tradition d'un mode de représentation.

Néanmoins, avant la création du festival, plusieurs associations ont été créées dans le but de réfléchir sur le statut d'un « photographe professionnel ». À ce propos, nous pouvons citer la création au Nigéria, de la National Professional Photographers Association (NPAA) en 1947 et l'Association des Photographes Professionnels du Burkina-Faso (APPB) crée en 1978. Leurs objectifs étaient de proposer une aide technique aux photographes afin de professionnaliser le domaine.

Leurs actions, relativement faibles, ne permettaient pas de diffuser à une échelle mondiale, cette nouvelle production artistique. En 1994, les organisateurs des Rencontres souhaitent au départ révéler au monde une production artistique méconnue mais ce n'est qu'à partir de la 4ème édition qu'ils ont voulu permettre aux artistes Africains d'exposer à l'étranger et ainsi, d'être reconnus dans le monde de l'art.

Ce festival, encore jeune, va tenter de contrer la vision ethnocentrique du monde Occidental en facilitant l'accès à une production méconnue et ainsi jouer un rôle de diffuseur d'artistes. Ce faisant, nous verrons comment la réception des oeuvres va s'effectuer à l'étranger.

À l'échelle mondiale, les Rencontres de Bamako ont trouvé leur place dans le monde des festivals internationaux, cependant, nous devons nuancer nos propos et voir comment ce festival est vu de l'intérieur. Quelle place occupe t-il auprès de la population Africaine ?

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Comment ces photographies sont elles vus et surtout est-ce que les photographes sont enfin reconnus pour leur professionnalisme ?

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A) Diffusion et réception

1. Un festival diffuseur et révélateur de talents

Il y a près d'une quinzaine d'années, les Rencontres africaines de la photographie à Bamako faisaient découvrir au monde de l'image l'oeuvre de Malick Sidibé. Ces clichés ont depuis circulé dans le monde entier et l'artiste a été récompensé à Venise, en recevant le Lion d'or42 pour l'ensemble de son oeuvre. Cet exemple montre que les artistes du continent africain ont conquis peu à peu les grands circuits internationaux et que le festival joue un rôle de révélateur et non de créateur de talents.

« La biennale, pour nous photographes africains, c'est comme l'instance suprême, le moyen d'accéder au niveau international »43 explique Harandane Dicko, dans son entretien avec Afrique in visu. Effectivement, faire parti du festival pour un photographe c'est pouvoir exposer à l'étranger.

Le festival n'est pas qu'une série d'expositions. C'est avant tout un lieu d'échanges professionnels et une véritable fête populaire pour toutes les couches sociales du Mali et les visiteurs. Les nombreux partenaires maliens du festival, comme le Ministère de la Culture du Mali, la Maison Africaine de la Photographie du Mali et les mairies, ont décidé d'intégrer l'événement dans les rues, à la rencontre des populations et ainsi créer une émulation sociale autour de la biennale. Au cours du festival, des concerts, des défilés de mode et des spectacles divers animent les soirées. On y trouve également des conférences, des débats et des exposés qui permettent aux photographes de communiquer leur savoir-faire à ceux qui le souhaitent. Durant toute cette période, les professionnels et les visiteurs peuvent s'enrichir d'un art et d'une profession en constante évolution.

42 Cette récompense a été reçue le 10 juin 2007 lors de la 52ème Biennale d'art contemporain de Venise, pour l'ensemble de ses oeuvres.

43 Entretien avec Afrique in visu : www.afriqueinvisu.org

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À ce propos Pierro Men, qui a participé au 7ème Rencontre de Bamako, explique dans un entretien44, qu'il a « É toujours fait de la photographie par passion, je n'ai jamais considéré mes prises de vues comme un travail et une ambition autres que de me faire plaisir et de faire plaisir autour de moi É c'est peut être là ce que m'a apporté la Biennale de Bamako : de nouvelles rencontres, élargir ma famille photographique avec des gens issus d'horizons que je ne connaissais pas forcément É et puis me rendre compte que justement, malgré nos différences, nous sommes de la même famille : celle de la photographie É Ce type de rencontres est de toute façon encourageant : c'est cette passion qui nous fait nous rencontrer et nous faire sentir moins seul face aux difficultés de nos activités artistiques É »

Le festival n'est pas seulement un tremplin vers l'international, il permet aux photographes Africains de rompre leur isolement et ainsi de connaître les différents travaux de leur collègues.

***

Au niveau national, la création de ce festival à Bamako a eu pour conséquence la création de deux autres structures dans la ville, qui ont pour but de soutenir et d'accompagner les artistes au quotidien.

L'association suisse de coopération internationale Helvetas Mali a créé, en 1998, le centre de Formation en Photographie (CFP). Il s'agissait, pour l'organisation helvétique, de renforcer le secteur déjà dynamique de la photographie malienne en formant de plus en plus de jeunes pour une meilleure présence du Mali à sa propre biennale, tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. Jusqu'en 2004, Helvetas Mali qui gérait le CFP en est restée la principale source de financement. Depuis 2005, il a été créé une structure de droit malien pour poursuivre les actions d'Helvetas Mali : l'Association Cadre de promotion pour la Formation en Photographie (CFP). Le but de cette nouvelle structure, entre autres, est de garantir la pérennité des acquis dans un contexte d'autonomie dans la gestion générale du centre. Sans tutelle et condamnée à générer des ressources pour s'autofinancer afin de survivre, l'association CFP fait l'expérience de la recherche personnelle de financement pour la

"" Entretien avec Afrique in Visu.

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réalisation de ses propres projets aussi bien que pour le fonctionnement du centre de formation en photographie.

Les objectifs de cette association sont :

- d'assurer la promotion de la photographie à travers une formation de qualité (initiation

et perfectionnement),

- de favoriser la professionnalisation du secteur,

- de faciliter les rencontres et les échanges entre les professionnels de l'image.

Harandane Dicko, qui a suivi cette formation, explique à son sujet que « Ce centre m'a permis d'être photographe car j'ai pu suivre une bonne formation qui m'a permis d'atteindre mes objectifs mais je continue toujours d'apprendre. Il m'a surtout appris techniquement entre autres : le laboratoire, l'éditing, É »45

Cette structure permet effectivement de suivre une formation professionnelle afin d'obtenir le statut de photographe.

Avec un autre objectif, la Maison Africaine de la Photographie (MAP) a été créée en 2004 afin d'unifier la création photographique. Elle répond au statut d'un établissement public à caractère scientifique, technologique et culturel, bénéficiant de l'autonomie de gestion et d'un patrimoine propre affecté par l'Etat. De droit malien, avec cependant une vocation panafricaine affirmée, la Maison est au service de tous les opérateurs photographiques d'Afrique et d'ailleurs, sans exclusive. Elle abrite le siège de la direction générale des Rencontres Africaines de la Photographie. Sa mission consiste essentiellement en un travail de collecte, de conservation, de promotion et de diffusion des oeuvres du patrimoine photographique africain. Elle apporte son appui aux organisations et photographes professionnels, dont elle favorise les échanges aux échelons africain et mondial. À ce propos, elle est en train de créer un répertoire qui correspond à un outil d'organisation sur le paysage photographique pour identifier les photographes, studios et associations de photographes. Ce répertoire servira aux professionnels qui souhaitent découvrir les différents univers artistiques de leur voisin.

45 Entretien avec Afrique in Visu.

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***

Au niveau international, ce festival a un rôle de diffusion artistique. Au fur et à mesure des Rencontres, son objectif s'est affiné et les méthodes de diffusion se sont élargies. Les organisateurs invitent plusieurs professionnels occidentaux tels que, des commissaires d'expositions, des galeristes, des critiques d'art, des journalistes, etc. afin de créer une communication autour de l'événement. De nombreuses parutions découlent des Rencontres comme le catalogue du festival distribué dans plusieurs pays, des articles dans des revues comme Revue Noire ou Bamako-Culture, des entretiens diffusés sur internet (exemple : afrique in visu, africultures, actuphoto, etc.).

Toute cette communication va avoir pour conséquence deux changements pour les artistes : - des expositions itinérantes à travers le monde entier,

- des galeristes qui vont représenter des photographes et les exposer régulièrement.

En ce qui concerne les expositions itinérantes, Cultures France est devenue, depuis 2001, la référence. En effet, à l'issue de chaque édition des Rencontres Africaines de La Photographie de Bamako, des modules d'expositions, issus d'une sélection de photographies présentées dans la capitale malienne sont mis à la disposition des institutions muséales, centres d'art, centres culturels et des manifestations saisonnières.

Pour la 7ème rencontre, les responsables de l'événement ont décidé de composer trois expositions qui correspondent aux différentes demandes parvenues depuis maintenant huit années. Ces trois expositions sont composées comme suit, un module de 248 photographies, un autre de 126, et enfin, un module de 40 photographies destinées au réseau culturel français. Cette proposition a permis aux différents partenaires de faire leur choix en fonction de la surface de leurs espaces et des objectifs poursuivis par leurs différentes manifestations. Ces trois expositions ont été conçues de manière à respecter l'esprit et la thématique des 7èmes Rencontres.

À la fin d'une Rencontre, Cultures France va diffuser largement ces oeuvres pendant deux ans. Afin d'illustrer nos propos, voici quelques exemples de dates46 :

46 Dates et lieux tirés du site officiel de Cultures France.

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- 25 avril au 14 juin 2008 : Fès (Maroc) Les Rencontres internationales de la Photographie

- 16 mai au 10 juin 20008 : Yokohama (Japon)

- 8 juillet au 14 septembre 2008 : 39e édition des Rencontres d'Arles (France)

- 7 août au 30 septembre 2008 : Festival de la Luz, Festival de la photographie à Buenos Aires (Argentine)

Grâce à ces expositions et cette émulation médiatique, certains photographes vont travailler étroitement avec des galeristes. C'est le cas de Jodie Bieder, représentée par la Fifty One Fine Art47 en Belgique ou Samuel Fosso par la galerie Jean-Marc Patras48 située à Paris. Pour un Africain (ou tout autre artiste contemporain), le rôle d'une galerie est primordial puisqu'elle permet de soutenir l'artiste dans le monde de l'art et d'en assurer la promotion par divers moyens : expositions récurrentes dans le lieu, manifestations, foires en France ou à l'étrangers, prêt d'une oeuvre, diffusion de l'information, réalisation de document et d'affiches, mailing, etc.

Son rôle dans la société est important, puisqu'elle a la responsabilité de promouvoir l'artiste et d'alimenter le paysage culturel actuel et futur. Les oeuvres exposées sont ainsi soumises à une appréciation et une critique extérieure. Les ventes d'oeuvres sont le symbole d'une validation par le public du travail de l'artiste. L'artiste est ainsi conforté dans ses choix. L'art étant toujours soumis à une appréciation très subjective, il a besoin de cette confirmation. Même si on en parle moins, si elle est moins visible, plus privée, la validation du travail d'un artiste par l'acquisition de son travail est probablement la plus importante car elle est plus évidemment sincère (l'acheteur s'engage personnellement et en paie le prix) que la critique, la reconnaissance muséale ou institutionnelle. La galerie d'art contemporain joue donc un rôle clé dans le développement et l'avenir de la carrière des artistes qu'elle représente.

47 www.gallery51.com

48 www.jeanmarcpatras.com

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery