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Le Parlement et les engagements internationaux de l'état du Cameroun

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par Apollin KOAGNE ZOUAPET
Université de Yaoundé II - Master en relations internationales, option contentieux international 2009
  

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B- Le choix de la soumission au Parlement

La latitude d'opérer un choix se présente à l'Exécutif au moment de la négociation dans la forme de l'accord, de la modalité d'obtention de l'autorisation de ratifier et du moment de requérir cette autorisation.

S'agissant de la forme de l'accord, le droit international à côté des traités au sens étroit32 consacre la catégorie des accords en forme simplifiée. Ce sont des accords internationaux devenant obligatoires par la seule signature. Celle-ci remplit selon le professeur Ruzié une quadruple fonction : authentification du texte, précision du lieu et de la date, consentement des plénipotentiaires, force obligatoire33. Pour ce type d'accord, le traité est définitivement conclu dès qu'il est signé. Il n'est plus nécessaire qu'intervienne après cette signature un deuxième acte quelconque, que ce soit la ratification, l'acceptation ou l'approbation34. Or comme le relèvent les professeurs Nguyen Quoc Dinh, Patrick Daillier et Alain Pellet, aujourd'hui les traités en forme solennelle ne constituent qu'une catégorie, largement minoritaire, d'accords internationaux35. Le pouvoir Exécutif a donc la possibilité en optant pour ce type d'accords de soustraire à la procédure de ratification et donc de l'office de l'Assemblée nationale un certain nombre d'engagements.

En effet, la constitution camerounaise contrairement à celle de la France par exemple, ne contient aucune disposition relative à ces accords ; l'article 43 disposant juste que les traités et accords lorsqu'ils sont du domaine de la loi sont soumis avant ratification à l'approbation en forme

30 L'article 23-3 de la Loi fondamentale allemande dispose : « Avant de concourir aux actes normatifs de l'Union européenne, le gouvernement fédéral donne au Bundestag l'occasion de prendre position. Dans les négociations, le gouvernement fédéral prend en considération les prises de position du Bundestag » cité par « L'Assemblée nationale et l'Union européenne », Connaissance de l'Assemblée N° 9, février 1998, p. 181.

31 Ibid.

32 Selon l'expression de David Ruzié. David Ruzié Droit international public, Paris, Dalloz, Mémentos, 14ème édition, 1999, p. 23.

33 Ibid. p. 29.

34 Nguyen Quoc Dinh, Patrick Daillier, Alain Pellet Droit international public, Paris, LGDJ, 7ème édition, 2002, p. 143.

35 Ibid. p. 142.

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législative du Parlement. La ratification est-elle obligatoire dès lors que l'accord est du domaine de la loi ? Ou l'approbation du Parlement n'est requise q'une fois que le traité est soumis à ratification ? Dans tous les cas, le constituant camerounais aurait sans doute gagné en précision et en clarté en énonçant une obligation pour l'Exécutif de requérir une autorisation parlementaire pour les accords les plus importants.

Aux termes de l'article 36 alinéa 1 de la Constitution du 18 janvier 1996, le président de la République peut après consultation du président du Conseil constitutionnel, du président de l'Assemblée nationale et du président du Sénat, soumettre au référendum tout projet de réforme qui, bien que relevant du domaine de la loi, serait susceptible d'avoir des répercussions profondes sur l'avenir de la Nation et les institutions nationales. Il s'agit notamment « des projets de loi tendant à la ratification des accords ou des traités internationaux présentant, par leurs conséquences, une importance particulière ». Le président de la République dispose ainsi de la possibilité de soustraire le Parlement de la procédure de ratification lorsqu'il estime que celui-ci serait hostile à un accord international qui aurait l'appui du peuple. Cette hypothèse est possible lorsqu'en raison d'une différence entre majorité présidentielle et majorité parlementaire, le Chef de l'Etat nouvellement élu dispose de la sympathie des populations face à un Parlement qui lui serait hostile. Bien que cette hypothèse reste un pur cas d'école dans le contexte camerounais actuel et que le recours au referendum n'ait jamais été effectué pour une autorisation de ratification au Cameroun, il n'en demeure pas moins que le président de la République dispose d'une véritable option dans le choix de la modalité d'obtention de l'autorisation de ratifier.

Le pouvoir Exécutif même lorsqu'il décide de requérir l'approbation en forme législative du Parlement, dispose d'un pouvoir discrétionnaire dans le choix du moment. En effet, il n'existe aucune indication textuelle du moment où l'Assemblée nationale doit être saisie aux fins d'obtenir une autorisation de ratifier. Ce qui explique sans nul doute le long délai en moyenne observé entre la signature et la ratification. Les députés de l'Assemblée nationale s'en sont d'ailleurs plusieurs fois plaints en relevant « la période anormalement longue entre l'adoption de la convention et le dépôt du texte sollicitant de l'Assemblée nationale l'autorisation de ratifier »36 ou encore « pourquoi le Cameroun compte toujours parmi les derniers pays à ratifier les conventions ? »37. A

36 Rapport de la Commission des affaires étrangères sur le Projet de loi N° 751/PJL/AN autorisant le président de la République à ratifier la Convention sur l'assistance en cas d'accident nucléaire ou de situation d'urgence radiologique, adoptée le 26 septembre 1986 à Vienne, mars 2004, Inédit.

37 Rapport de la Commission des affaires étrangères sur le Projet de loi N° 752/PJL/AN autorisant le président de la République à ratifier la Convention sur la notification rapide d'un accident nucléaire, adoptée le 26 septembre 1986 à Vienne, mars 2004, Inédit).

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ces interrogations le représentant du gouvernement répondra en faisant valoir soit le caractère délicat et sensible du nucléaire qui nécessitait au préalable des larges concertations, ou encore le caractère scientifique du sujet qui « importait de bien comprendre et d'en connaître toutes les implications avant de les ratifier »38. Quoi qu'il en soit, l'Exécutif dispose d'un véritable pouvoir discrétionnaire pour la soumission de l'engagement international au Parlement et en cas d'autorisation de ratifier sur la prise d'effet de l'engagement.

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