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Le Parlement et les engagements internationaux de l'état du Cameroun

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par Apollin KOAGNE ZOUAPET
Université de Yaoundé II - Master en relations internationales, option contentieux international 2009
  

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Paragraphe II- La pratique de la diplomatie parlementaire.

La fonction diplomatique est celle par laquelle sont élaborées les normes de droit international public c'est-à-dire celles qui gouvernent les relations entre puissances étatiques. On y trouve évidemment l'ensemble du droit international conventionnel au sens strict, mais également les normes non conventionnelles en dérivant, à l'instar des actes unilatéraux des organisations internationales intégrées, de même que l'ensemble des règles formellement non conventionnelles non- écrites par lesquelles l'Etat est internationalement lié, la coutume et dans une certaine mesure

59 Ibid. pp. 156-164.

60 Cela peut s'expliquer également par l'argument qui consiste pour les membres du Gouvernement d'affirmer devant les députés qu'en ratifiant un traité, le Cameroun tiendrait ses engagements internationaux. Cet argument est juridiquement inexact parce que le Cameroun ne peut être tenu par un engagement que s'il est parfait c'est-à-dire ratifié ; en réalité l'engagement international ne naît réellement qu'une fois la ratification effectuée dans les formes prescrites par la Constitution. Toutefois l'on ne peut nier un engagement moral ou politique pris par l'Exécutif au moment de la signature, mais l'on peut également s'interroger sur la portée réelle d'un tel engagement devant l'Assemblée nationale.

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les principes généraux du droit61. Bien que traditionnellement attribuée à l'Exécutif, on note de plus en plus l'intervention du Parlement dans certains domaines et sous certaines conditions (A) même si la portée normative et obligatoire de ces énoncés interparlementaires reste très contrastée (B).

A- Une intervention de l'Assemblée nationale tolérée dans certains domaines.

Bien que certains auteurs aient proposé de limiter les précédents, éléments matériels de la coutume, aux seuls actes des agents diplomatiques, cette conception restrictive n'a pas été suivie par le droit international, et comme l'affirment les professeurs Nguyen Quoc Dinh, Pellet et Daillier, « les actes législatifs et administratifs peuvent aussi servir de précédents le cas échéant »62. Ainsi les prises de positions, déclarations et autres actes de l'Assemblée nationale peuvent établir une pratique, qui si elle est accompagnée d'une opinio juris, ferait naître une coutume d'où peut découler un engagement liant l'Etat du Cameroun. Le professeur Ruzié cite ainsi en exemple les lois internes portant sur des matières d'ordre international telles la mer, les nationalisations, les immunités ou encore la neutralité63. Toutefois, dans un contexte de « sacralisation de l'Exécutif (...) exact reflet du présidentialisme tropical »64 et où « les projets de loi ont toujours reçu et reçoivent rapidement l'appui de la majorité parlementaire acquise au Parti au Pouvoir alors que les propositions de lois non seulement sont rares, mais ne deviennent jamais les normes législatives au Cameroun »65, les actes législatifs sont très souvent ceux que l'Exécutif veut bien qu'il pose quand il ne les incite. L'intervention parlementaire n'a en réalité lieu dans ce qui est considéré comme le « domaine réservé » du chef de l'Etat, que dans les formes et les domaines déterminés par la présidence de la République comme l'illustre la pratique des groupes d'amitié.

Le groupe d'amitié est un groupe de parlementaires destiné à créer ou resserrer des liens d'amitié avec des parlements étrangers. D'un point de vue fonctionnel, on pourrait dire aujourd'hui qu'un groupe d'amitié est un instrument privilégié de la politique des relations internationales de l'Assemblée nationale et l'un des relais parlementaires de la politique étrangère66. En effet, avec soixante douze groupes d'amitié67, le réseau diplomatique de l'Assemblée nationale dépasse largement le cadre des pays avec lesquels l'Etat du Cameroun entretient des relations

61 Denys de Bechillon Op. Cit. p. 81.

63 David Ruzié Op. Cit. p. 51.

62 Nguyen Quoc Dinh et alii Op. Cit. p. 326.

64 Joseph Kankeu « Les missions du Parlement camerounais : regard sur une illusion », Juridis Périodique N° 73, janvier-février-mars 2008, p. 42.

65 Ibid. p. 45.

66 « L'Assemblée nationale et les relations internationales » Op. Cit. p. 60.

67 Voir annexe 2.

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diplomatiques. C'est parce qu'ils apparaissent comme des relais parlementaires de la politique étrangère, qu'au sein des délégations se trouve toujours un représentant du ministère des relations extérieures qui participe activement à la préparation des voyages officiels mais également à la détermination et au choix des sujets et questions à débattre.

Si l'Exécutif veille autant à la manière dont sont menées les relations interparlementaires, c'est parce que les résolutions qui y sont prises sans engager l'Etat au sens du droit international, n'en ont pas moins une certaine portée.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus