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La participation des populations dans la construction des équipements publics marchands financés par le Programme National de Développement Participatif (PNDP )

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par Loà¯c Bertrand BIANGO NYAMA
Université catholique d'Afrique centrale - Master 2008
  

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E. REVUE DE LITTERATURE

Dans cette partie il s'agira de faire le tour autant que possible des différents auteurs qui ont abordé la notion de participation ensuite nous allons montrer dans quel champ peuvent s'interpréter les différentes notions.

Le constat qui se dégage lorsqu'on fait une lecture cursive sur l'approche participative est que, sur cette question, les auteurs ont été très prolixes ; il existe donc une littérature abondante. On remarque aussi que deux thèmes sont fréquemment abordés lorsqu'on parle de l'approche participative. La première thématique aborde les questions relatives aux vertus, difficultés, obstacles ou limites de cette approche. La seconde thématique est relative aux questions méthodologiques et théoriques de l'approche participative. Par conséquent, pour la première thématique, Bara Gueye dans son ouvrage intitulé « Emergence de la méthode active de recherche et de planification participative : acquis, limites, et défis »31(*) fait un exposé sur les frontières ou limites, les vertus et les challenges de la Marp32(*) qui a pour objectif de se défaire des canons de recherche conventionnelle. Pour arriver à ces conclusions, il retrace le parcours de la Marp depuis sa création, qui selon lui est l'aboutissement de la volonté de considérer la paysannerie comme un ensemble cohérent ou mieux encore un système. Pour lui, la Marp a pour point focal, octroyer un peu plus de pouvoir aux populations dans l'élaboration des projets en leur donnant des outils leur permettant d'étaler les connaissances acquises, afin d'être un maillon essentiel dans le processus décisionnel. Il relève aussi que les objectifs de la Marp ne sont pas encore bien perçus par ses utilisateurs. Car, ceux-ci considèrent la Marp comme une panacée. Il termine en faisant le constat suivant : la Marp est devenu un outil à la mode qui s'utilise à tort ou à raison, même dans les projets ne faisant pas intervenir le renforcement des capacités des populations bénéficiaires. Bara Gueye, en mettant en relief l'ignorance des fondements de la Marp par les utilisateurs n'a pas tenu compte du fait que certains facteurs comportementaux et sociaux peuvent empêcher les utilisateurs de la Marp de produire les résultats attendus. Par contre, Gaspard Rwanyiziri dans ses travaux intitulés « Populations et aires protégés en Afrique de l'Est »33(*), présente d'abord les échecs du développement par l'approche top down. Il démontre que la seule approche capable de produire des résultats c'est l'approche participative ; Pour le démontrer il présente toutes les méthodes participatives qui ont abouti à l'élaboration de la Marp. Il commence par la Rapid Rural Appraisal (RRA) ou évaluation rurale rapide en français. Il démontre que cette méthode est issue de deux constats à savoir que les études exhaustives sont trop longues et comportent trop d'informations sans valeur et ensuite que les études préalables sont souvent classiques et faites très rapidement et de manière sectorielle. Il conclut pour cette méthode qu'elle doit être conduite dans un temps limité et par les équipes multidisciplinaires. Il parle ensuite de la Participatory Rural Appraisal (PRA) ou évaluation rurale participative en français. L'auteur évoque la pluridisciplinarité comme solution aux différents échecs de la Marp sans pour autant déterminer exactement le type de biais entraînant les échecs, par ricochet ne spécifie pas les différentes sciences auxquelles doivent appartenir les équipes pluridisciplinaires

Cette méthode pour lui consiste d'une part à informer les populations du démarrage du projet ; des objectifs de la manière dont elle doit intervenir ; d'autre part elle permet de connaître les populations, le milieu ; le contexte. Enfin il parle de la MARP comme étant un outil qui permet de créer la convivialité entre les initiateurs et les bénéficiaires car elle permet à tous les acteurs de se connaître et d'identifier ensemble les objectifs où chacun à son rôle à jouer. Il pense que l'objectif de la MARP est d'assurer une étude presque complète de l'environnement dans lequel va s'insérer le projet, et chaque séance doit être clôturée par un grand repas entre les gens d'en « haut » et ceux d'en « bas » pour discuter de long en large sur les thèmes non évoqués lors de la séance de travail. Mais il met un bémol quand à l'effectivité ou mieux l'utilisation de cette méthode sur le terrain. Car, pour lui, les besoins sont souvent variés quand à chaque paysan et il est souvent difficile de satisfaire tous les besoins. L'autre obstacle est lié aux initiateurs qui orientent de leur manière les souhaits des populations tout en considérant les consignes d'une vision mondiale prédéterminée des problèmes de développement.

Depuis un certain nombre d'années, on assiste à un réel phénomène de mode qui touche l'approche participative dans les projets de développement. En effet, les méthodes participatives ne sont pas nouvelles, car elles se sont développées dans le contexte des grands empires coloniaux. C'est le cas de la démocratie Athénienne où les membres de la communauté se regroupaient dans l'Agora pour prendre des décisions relatives à la survie de tout le peuple. Pendant cette période, la participation faisait office d'implication des populations, mais aussi, une technique de valorisation des compétences des populations locales. De nos jours par contre, l'évolution de l'environnement et du contexte c'est-à-dire la fin du monopole de l'Etat dans la sphère du développement, offre une nouvelle dimension à la participation. Il s'agit beaucoup plus d' « empowerment » des populations locales, mais également d'un paradigme nouveau du concept de développement basé sur, la décentralisation, le développement communautaire ou local, et la participation. C'est pour cette raison qu'il est intéressant de prendre la participation dans un contexte de décentralisation et de développement local.

Dans une étude intitulée « Décentralisation et développement local », Boutier présente l'approche comme panacée et montre comment les initiateurs des projets doivent procéder pour aboutir aux résultats escomptés. Il pense que la population possède la capacité innée de comprendre et de résoudre ses problèmes. Cette capacité à comprendre est issue de longues années d'expériences de terrain et que ces populations s'adaptent aux changements qui surviennent dans leur environnement. En effet on peut les considérer comme des acteurs privilégiés, en ce sens qu'ils font des choses très importantes à leur survie sans en avoir la preuve scientifique. C'est pour cette raison que leur implication est la condition sine qua non à la réussite des projets de développement. Il poursuit en disant que la participation doit être un processus interactif ; c'est-à-dire que les bénéficiaires doivent offrir volontairement leurs contributions. Cela peut être possible en leur permettant de s'occuper d'une des phases du projet. Les bénéficiaires peuvent s'occuper soit du suivi évaluation soit d'un autre volet du projet. Pour lui, de cette manière on a la chance d'aboutir à la réussite des projets de développement. Ici l'auteur semble définir la participation comme le moyen pour arriver aux résultats escomptés en supposant que la méthode va être utilisée dans le strict respect de la méthodologie. Or il s'avère que les décalages entre théorie et pratique sont énormes et n'aboutissent pas souvent aux résultats escomptés

Dans un ouvrage collectif rédigé par Hubert Gérardin et al, ils mettent en relief les avantages et le risque d'une instrumentalisation de la méthode participative comme une nouvelle conditionnalité pour les bailleurs de fond au financement des projets en Afrique. Dans l'ouvrage intitulé « Quels acteurs pour quel développement ? »34(*), les auteurs traitent du retour de la société civile dans les stratégies des organisations internationales et dans les administrations des pays en développement, les actions des intervenants dans les politiques de développement ensuite leur degré d'implication sans cesse croissant dans la gestion des questions sociales et environnementales. Dans cet ouvrage les auteurs font une lecture critique mais pertinente des méthodes des organisations internationales vis-à-vis de la participation de la société civile au développement. Les auteurs pensent que la participation est présentée comme une panacée par les organisations internationales, et posent le problème de l'implication des parties prenantes en termes de représentativité dans l'élaboration des projets de développement. Les auteurs mettent en exergue le paradoxe qui existe entre la participation considérée comme un processus d'apprentissage collectif entre les parties prenantes et la durée des projets ; cet apprentissage n'est possible que dans le long terme. Or généralement les projets sont mis sur pied sur le court terme soit entre trois ans et cinq ans. Pour eux, c'est ce paradoxe qui expliquerait le dysfonctionnement que l'on constate dans l'approche participative. Les auteurs se posent la question de savoir en quoi cette approche est participative si celle-ci est limitée à l'information et à la consultation des parties prenantes.

Les approches participatives faites de manière superficielles aboutissent généralement à des conclusions standards, qui ne sont pas souvent adaptées à la situation. La Marp est souvent utilisée pour obtenir des financements auprès des bailleurs de fond, cet aspect de la recherche de financement réduit la Marp au diagnostic initial et les conclusions auraient pu être élaborées sans le folklore et la mise en scène participative faite d'une manière rapide de l'étude de la situation locale. Il s'avère que l'utilisation des outils de la participation tels que formalisés sans tenir compte du contexte sociopolitique, tend à renforcer le pouvoir des élites locales qui parfois sont les personnes ressources, qui sont en contact avec les organismes de développement.

A la suite de cette première thématique on trouve les travaux relatifs aux questions théoriques et méthodologiques de la méthode participative.

Dans ses travaux intitulés « Les méthodologies d'analyse et de planification », Sellamna montre la difficulté qu'on éprouve à définir la Marp et présente les conditions dans lesquelles la Marp doit s'utiliser. Il présente ensuite les piliers de la Marp à savoir, le comportement et les attitudes des personnes extérieures ou les animateurs des ateliers. Ces comportements et ces attitudes doivent entraîner la facilitation et non la domination, les méthodes doivent être ouvertes et orientés vers le groupe cible et enfin, le partage d'informations, de nourritures, d'expériences entre les animateurs et les populations cibles est fondamental dans la réussite de l'approche participative. Après avoir énuméré les piliers, il parle ensuite des aspects saillants de la méthodologie. Ces aspects sont « passer la main », la visualisation et le partage. Par « passer la main », l'auteur entend le fait pour les animateurs d'encourager les participants à développer leurs capacités ; à cet effet, le rôle des facilitateurs se limitera à recueillir et à analyser les informations enfin de proposer les actions à entreprendre. Par visualisation et partage, l'auteur entend le fait pour les animateurs de communiquer à travers des aides visuelles au lieu de faire une communication verbale ; car dans la communication verbale les animateurs ont tendance à dominer. Il conclut en disant que si ces aspects sont bien respectés la participation des populations sera effective ; par contre il pense que la Marp tend au nombrilisme, car dans les Marp on accorde beaucoup d'attention aux problèmes locaux tandis que les aspects à plus grande échelle son facilement omis même s'ils sont très importants.

Alison Meares dans une publication au titre « Les gens au coeur des projets d'élevage en milieu urbain » pour sa part pense que la participation est souvent un thème de réflexion très discuté qu'elle n'est mise en oeuvre ou en pratique, voire comprise. Elle poursuit en disant que les objectifs visés par la participation sont souvent mal compris ou peu compris par les animateurs. La participation devrait viser la découverte des valeurs des personnes et à les expliciter ; elle devrait permettre aux participants d'acquérir des compétences et la motivation nécessaire pour remettre en question leur place économique, sociale et politique dans la société. Enfin pour Alison Meares, le processus participatif est difficile à mettre en oeuvre, prend du temps, mais finit toujours par porter des fruits.

Floquet et Mongbo dans une étude sur « les pratiques et métamorphoses des marpistes »35(*), les auteurs remettent en cause les conditions d'utilisation de la Marp qui nécessitent certaines exigences. Les auteurs relèvent que la pratique de la Marp dans un village est une situation comportant des enjeux politiques et sociaux énormes ; il est donc nécessaire que les animateurs aient une solide expérience en sciences sociales et dans les différents domaines techniques d'activités des populations rurales. Si les animateurs n'ont pas ces prés requis, et se mettent seulement à dérouler les outils de collecte d'informations, on risque d'aboutir à une collecte d'informations comprenant beaucoup de biais sur les différents thèmes abordés.

Dans la littérature camerounaise concernant l'approche participative on ne retrouve pas beaucoup d'auteurs qui ont abordé le thème sur la question méthodologique, mais plutôt pour démontrer l'importance de la participation. On peut citer les travaux de Sosthène Hervé Mouafo Ngatom intitulés « L'initiative PPTE et la lutte contre la pauvreté au Cameroun : une analyse sociologique ». Il démontre que la démarche participative dans la mise en oeuvre des initiatives de développement s'explique par deux principales erreurs commises par le passé : la non insertion dans les valeurs des communautés d'accueil des initiatives et la non implication de celles-ci dans la formulation, la planification et la réalisation desdites initiatives. Kegne Fodouop à son tour, dans ses travaux intitulés « Citadins et développements des campagnes du Cameroun »36(*) a fait état de l'implication des citadins au développement de leurs villages respectifs. Ici l'auteur démontre comment la participation des élites de l'Ouest Cameroun au processus de développement a eu des effets positifs sur la construction des ponts, des routes et autres. Cette implication se fait par le biais des associations en occurrence les comités de développement.

Néanmoins, les travaux de fin de cycle Master de Ngo Baya abordent la question de la démarche participative. Elle met en relief le fait que la démarche participative du PNDP est limitée par le manque des ressources capable de mener à bien les approches participatives pouvant aboutir aux résultats escomptés. Pour arriver à cette conclusion, l'auteur a abordé la démarche participative du point de vue de la préparation du processus, du déroulement du processus et enfin de la durée du processus.

Notre étude va s'intéresser de la méthode participative du point de vue de l'utilisation des outils de la méthode participative, de la sélection des facilitateurs exogènes et de la clôture de la démarche participative

* 31Bara Gueye, «  Emergence de la méthode active de recherche et de planification participative : acquis, limites et défis » in coopérer aujourd'hui N° 17, GRET, 2000.

* 32 Méthode accélérée de recherche participative

* 33Gaspard Rwanyiziri. , « Populations et aires protégés en Afrique », in CERDI, Dakar,2007.

* 34 Hubert Gérardin et al, « Quels acteurs pour quel développement ? », Karthala, Paris, GEMDEV/. 2005

* 35 Alain Floquet et Robert Mongbo, pratiques et métamorphose des marpistes : réflexion critique sur la production de la connaissance et de mobilisation pour l'action durant le processus de diagnostic/ évaluation participatif, in les enquêtes participative en débat, Paris, Karthala, 2000, page 221.

* 36Kegne Fodouop., Citadins et développement des campagnes du Cameroun, PUC, Yaoundé, 2003, page 77, 

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