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La prohibition des punitions corporelles et ses difficultés d'application dans les écoles publiques au Togo. Cas des écoles primaires publiques de l'Inspection pédagogique de Lomé- ouest

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par Kokougan Mawoussé SODJAGO
Université de Lomé Togo - Maà®trise 2011
  

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MOTS-CLES

Punition, punition corporelle, discipline, prohibition, système scolaire, violence.

INTRODUCTION

GENERALE

Toute société assure sa perpétuation au travers de l'éducation. L'éducation est donc le socle et le pivot de tout l'édifice social. C'est à juste titre que J. J. Natanson (1973 : 13) affirmait : « Si l'éducation n'est pas assurée, c'est la catastrophe. Tous les maux, d'ailleurs, viennent de l'absence d'éducation ou de la mauvaise éducation ». L'éducation est donc la nourriture de la société. Elle est à la vie sociale ce qu'est la nourriture à la vie biologique. Elle rend l'homme social, donc capable de vivre en société comme le signalait E. Durkheim (1966 : 90) : « L'homme que l'éducation doit réaliser en nous, ce n'est pas l'homme tel que la nature l'a fait, mais tel que la société veut qu'il soit ». Pour Kant (1981 : 37) « L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation ».

Mis à part ce rôle social, l'éducation assure le développement économique et sociopolitique de la société. Elle reste le levier de tout progrès économique, social, culturel et politique. Pour Joseph Ki-Zerbo (1992 : 458), « l'éducation est la locomotive du développement ». L'éducation crée un capital humain mis au service du développement de la société. Elle joue, par ailleurs un rôle intégrateur de l'individu dans le tissu social. En un mot, elle transforme l'homme.

Dans ce sens, l'éducation est un droit fondamentalement reconnu à tout individu. Puisque c'est elle qui favorise son épanouissement. Pour Ibn Habib Bawa (2008 : 2), « De nos jours, ne pas aller à l'école signifie ne pas acquérir les savoirs de base ». Conscient de ce rôle irremplaçable de l'éducation surtout scolaire, les Nations Unies ont défini dans le deuxième objectif du millénaire pour le développement (OMD) le droit d'accès à l'éducation pour tous.

Dans ce cadre s'inscrit le fameux plan de l'EPT. Au Togo, ce plan d'action national d'éducation pour tous (PAN/EPT) a été clairement défini à travers des priorités stipulées et conçues de façon concise. Disons que sur le plan quantitatif, l'éducation scolaire a été plus ou moins démocratisée. Mais, il est à noter que sur le plan qualité, elle n'est pas ce que l'on attend d'elle. C'est dans cette perspective que des conférences sont organisées pour assurer la bonne qualité de l'éducation (par exemple la conférence d'Addis Abéba en 1961, de Nairobi en 1968, de Dakar en 2000, etc.). Dans cette optique, nous voulons nous investir dans le chantier pour y apporter des perspectives amélioratives, si l'on peut nous permettre le terme.

Ce qui a le plus marqué historiquement, géographiquement et pédagogiquement l'éducation et que, paradoxalement l'on n'en parle pas assez -ou pas du tout- est la contrainte, laquelle se matérialise par la discipline et les punitions. Les punitions sont, en effet, un fait indéniable en éducation.

Cependant, on n'en parle pas assez. On feint d'ignorer ce débat en prenant pour évidents et vrais des préjugés, des idées arrêtées et bloquées. Or, « Education et liberté, discipline et autorité, sont des sujets classiques qu'un pédagogue [...] ne peut se dispenser de traiter » disait Natanson (1973 : 22). Pour notre compte, nous dirons que éducation et contrainte, punition et travail scolaire des élèves sont des sujets qu'un spécialiste de l'éducation ne peut passer sous silence. Notre étude trouve précisément ici une pertinence focale.

Nous partirons de l'école comme l'institution éducative prioritaire, puisque c'est elle qui fait l'objet de notre étude. L'école est après tout le miroir de la société. Toutes les pratiques sociales y trouvent leur écho. Ce qui sous-tend qu'on puisse étudier la société à travers l'école, ou mieux à travers son école. Si donc l'usage de la contrainte en éducation est « chose éminemment sociale », il a alors sa place dans « l'ordre des choses » à l'école.

L'école, telle qu'elle est organisée déjà renferme en son sein la contrainte : milieu clos, règlement intérieur, l'enfant comme une cire molle, etc. La littérature pédagogique est elle-même complice de l'usage répété des formules normatives comme : "il faut", "on doit", "tu dois", etc. Ces normes sont extérieures à l'enfant et assurent l'équilibre du groupe scolaire. Tout manquement à ces règles et normes est sévèrement réprimé au travers des sanctions ou punitions qui peuvent être prédéfinies ou non.

La punition est donc perçue comme un élément incontournable en éducation surtout scolaire. D'où le milieu scolaire devient un lieu où sévit une discipline infaillible avec les pratiques punitives comme support. Le dressage brutal, la correction corporelle ou morale, la surveillance étroite et l'exigence d'obéissance absolue sont donc des formes de sociabilité (ou de socialisation !) admises en éducation au cours des siècles.

L'histoire de l'éducation nous a permis de nous rendre compte des types de punitions pratiquées dans le milieu scolaire depuis l'antiquité.

Au VIème siècle avant J-C, il n'existait pas des textes officiels ou juridiques pouvant réglementer les punitions. On châtiait les enfants comme en prison avec l'idée que c'est le seul moyen d'obtenir d'eux une discipline chère à la réussite scolaire. Donc les punitions de toutes sortes étaient pratiquées.

Mais, au fil du temps, et avec le développement des pédagogies dites nouvelles, des critiques acerbes et virulents sont adressées au système de punitions qui est surtout perçu comme un système de violence. Le développement des recherches sur la psychologie de l'enfant et des thématiques comme éducation à la paix, éduquer sans violence, éducation conformément aux droits de l'homme ont permis de percevoir les châtiments corporels comme étant trop brutaux et trop oppressifs. Malgré cette perception, l'usage la « pédagogie noire » ou de la pédagogie des muscles persiste dans le milieu scolaire, surtout en Afrique Noire.

Ce n'est qu'à partir du XIXème siècle que l'on a assisté à un début d'abandon des punitions corporelles avec la publication des textes juridiques. En France, par exemple, en janvier 1887, les châtiments corporels étaient abolis par un arrêté ministériel.

Au Togo, déjà en 1975, la législation scolaire précise : « le châtiment corporel est interdit » (République togolaise, 1975 : 32).

Mais, malgré ces précisions de la législation et au grand dam de la réglementation, l'usage des punitions de tout genre reste patent, parlant et probant dans le milieu scolaire au Togo. Pour Saliou Sarr (2010), le président de l'Ecole Instrument de Paix au Sénégal (EIP-Sénégal), dans la plupart des écoles de la sous région ouest africaine, près de 80 % des enseignants infligent des châtiments corporels aux élèves.

La présente étude va s'atteler à déterminer les facteurs qui sous-tendent l'usage des punitions corporelles à l'école au Togo malgré son interdiction.

Par punition, nous entendons toute action capable de montrer à l'enfant une faute commise, de l'humilier afin de l'amener à se repentir. C'est donc une « action exercée » par un individu sur un autre. Dans le cas d'une punition scolaire, l'action est exercée par le maître qui incarne l'adulte. Sur ce, l'exécution d'une punition est un devoir pour l'élève. La punition est corporelle lorsqu'elle cause une douleur physique.

La littérature sur la question est hautement polémique. Certains auteurs pensent qu'on ne peut pas éduquer sans punir et d'autres pensent le contraire en insistant surtout sur la suppression des punitions corporelles jugées trop rudes et surtout inhumaines. Pour les premiers, les punitions aident l'élève à améliorer son travail scolaire et pour les seconds, elles inhibent le goût de l'effort et nuisent à l'élève.

Cependant, en nous engageant dans ce domaine, nous nous inscrivons dans une perspective améliorative du milieu et des pratiques scolaires. Notre étude ne vise donc pas à choisir entre une suppression systématique des punitions ou un maintien radical de celles-ci. Concrètement, nous allons mettre en lumières les raisons matérielles qui poussent les enseignants à user des châtiments corporels bien que ce soit explicitement interdit. Pour ce faire, nous allons partir des opinions des enseignants et des élèves, les vrais protagonistes en situation.

Cette préoccupation conduit inéluctablement à un certain nombre d'interrogations : pourquoi utilise-t-on la punition en éducation ? Peut-on concevoir une éducation sans punition ou peut-on éduquer sans punir? La punition peut-elle amener l'enfant à développer le goût de l'effort ? La punition amène-t-elle l'enfant à améliorer son travail scolaire ? Si les punitions surtout corporelles continuent par être pratiquées et ce, dans l'illicite (« le châtiment corporel est interdit », précise la législation scolaire) dans le milieu scolaire au Togo, c'est parce qu'elles ont un fondement.

De crainte de ne pas pouvoir élucider certains aspects du problème en n'adoptant qu'un point de vue sociologique, nous nous sommes proposé d'adopter un point de vue pluridisciplinaire. Et la littérature sur la question plaide en notre faveur. En effet, psychologues, philosophes, sociologues et pédagogues se sont sérieusement intéressés à la question.

Dans sa structure, le document comprend les différents chapitres d'un mémoire classique.

Le premier chapitre intitulé Problématique tente de poser et de justifier le problème tout en mettant l'accent sur notre connaissance documentaire concernant le sujet.

Le deuxième chapitre intitulé Méthodologie nous a permis de présenter les principales méthodes et techniques d'investigation utilisées.

Le troisième chapitre intitulé Présentation du milieu d'étude tente de décrire l'environnement où a lieu l'étude.

Le quatrième chapitre est intitulé Présentation, analyse et interprétation des résultats. Nous y avons présenté et analysé les résultats de recherche et dressé le lien entre ces résultats et nos hypothèses de départ.

Le cinquième chapitre est essentiellement consacré aux recommandations.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard