WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La prohibition des punitions corporelles et ses difficultés d'application dans les écoles publiques au Togo. Cas des écoles primaires publiques de l'Inspection pédagogique de Lomé- ouest

( Télécharger le fichier original )
par Kokougan Mawoussé SODJAGO
Université de Lomé Togo - Maà®trise 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.3- Vérification de l'hypothèse

Via cette recherche, nous nous sommes fixé comme objectif de passer en revue les raisons qui poussent les enseignants à pratiquer les PC tout en sachant que c'est interdit. Nous avons ainsi posé les hypothèses selon lesquelles les enseignants continuent à utiliser les PC parce qu'ils pensent que :

- Les PC développent chez l'élève le goût de l'effort ;

- Les PC amènent l'élève à développer la bonne conduite ;

- Les PC amènent l'élève à mieux travailler ;

- Les PC amènent l'élève à se ressaisir vite.

Par ailleurs, ils utilisent les méthodes pédagogiques traditionnelles

Il était question, en clair, d'évaluer les perceptions des enseignants concernant l'usage des PC. Au terme de la recherche, il convient de retenir que :

· La plupart des enseignants pensent que la punition développe chez l'élève l'aversion pour la paresse. 94,6% des enseignants pensent que les P.C. développent chez l'élève le goût de l'effort. Notre première hypothèse à savoir que pour les enseignants, les punitions corporelles développent chez l'élève le goût de l'effort, celui-ci ne voulant pas recevoir des coups est confirmée.

· 94,6% des enseignants pensent que la punition corporelle développe chez l'enfant la bonne conduite. Dans cet ensemble qu'est la bonne conduite se trouve des éléments comme la ponctualité (venir à l'école à l'heure), la régularité (ne pas sécher les cours), le respect pour l'enseignant (23,2%), le calme dans la classe (17,9%), la discipline (35,7%). Considérant ces données, notre deuxième hypothèse (Pour les enseignants, les punitions corporelles développent chez l'élève une bonne conduite) trouve sa confirmation.

· La grande majorité des enseignants pensent que l'élève améliore son résultat scolaire grâce aux punitions. Plus précisément 89,3% des enseignants pensent qu'il y a une relation entre les PC et le travail scolaire de l'élève. La grande majorité des enseignants affirment qu'ils utilisent les PC pour aider les élèves à améliorer leurs résultats scolaires. Notre troisième hypothèse qui stipulait que pour les enseignants, l'élève a plus peur des punitions corporelles et donc travaillent bien trouve ainsi sa confirmation.

· La grande majorité des enseignants pense que la punition corporelle est plus efficace parce qu'elle touche le physique et provoque une douleur immédiate. Et comme « nul n'aime la douleur », ceci amène les élèves à se ressaisir plus vite. Pour certains enseignants, les insultes et les réprimandes n'amènent pas les élèves à se ressaisir autant que les PC. Notre quatrième hypothèse (pour les enseignants, l'élève a plus peur des punitions corporelles et donc se ressaisit vite) trouve ainsi sa confirmation. Mais celle-ci doit être nuancée parce que certains enseignants reconnaissent, malgré tout, qu'il y a certains enfants qui même en présence du bâton n'arrivent pas à apprivoiser cette discipline chère à l'activité d'enseignement-apprentissage.

· 98,2% des enseignants ne communiquent pas à leurs élèves les objectifs des cours. Ce faisant, ils n'intègrent pas l'élève au coeur du processus d'enseignement-apprentissage. Ils se contentent de centrer l'enseignement sur eux-mêmes sans se soucier de la priorité de l'élève au coeur même de ce processus. Ils se situent ainsi dans une perspective traditionnelle de la pédagogie, ce qui explique leur usage des PC. Notre dernière hypothèse se trouve ici confirmée.

Concernant le volet théorique, nous allons faire le parallèle entre les résultats auxquels nous sommes parvenu et nos théories d'analyse. Autrement dit, nous dirons en quoi ces théories confirment ou infirment les résultats auxquels nous sommes parvenu.

En ce qui concerne la théorie systémique, nous avons posé les principes suivants :

- C'est le système social qui influence le plus le système scolaire ;

- C'est la méthode et les pratiques éducatives en usage dans la société qui sont utilisées à l'école.

Selon nos résultats, on est parvenu au fait que les enseignants se réfèrent à l'éducation qu'il avait reçu eux-mêmes tant en famille qu'à l'école influence dans leurs pratiques scolaires quotidiennes. Cela a marqué leur représentation sociale de la punition corporelle. Ainsi la plupart des enseignants pensent que la punition corporelle, du fait qu'elle provoque la douleur est plus efficace et amène l'élève à vite se ressaisir. Là, nous pouvons dire que ce sont simplement les perceptions que la société togolaise dans son ensemble a à l'égard des PC que ces enseignants transposent à l'école à travers leur pratique. Un enseignant nous confiait lors de nos enquêtes : « Nous Africains, avons été éduqués comme cela ».

Ensuite, on n'est pas encore parvenu à éradiquer les PC dans l'éducation familiale. C'est donc une pratique courante que de frapper son enfant à la maison. Alors comment convaincre les enseignants à ne pas l'utiliser à l'école quand, quotidiennement à la maison, c'est ce qu'ils utilisent ?

En ce qui concerne la théorie organisationnelle (stratégique) de Crozier et Friedberg, nous sommes parvenu aux principes suivants :

- Le comportement de l'acteur est actif. Même s'il est toujours contraint et limité, il n'est jamais totalement limité;

- Ce comportement a toujours un sens. Cette rationalité est liée, non à des objectifs clairs et explicite mais par rapport aux opportunités (contexte) et par rapport aux comportements des autres acteurs.

A la lumière de nos résultats, nous pouvons dire que bien que les enseignants soient au courant de la réglementation prohibant l'usage des PC et voient ainsi leur champ d'autorité limité, ils trouvent des circonstances pour en faire usage. Et ce, en fonction du comportement des élèves. C'est le cas, par exemple, lorsqu'un élève bavarde et trouble la classe quand l'enseignant fait son cours.

Etant donné que le comportement de l'enseignant a toujours un sens, c'est-à-dire motivé par des raisons qu'il puise dans sa représentation, les enseignants se fondent sur le fait que les élèves (les enfants) sont paresseux, irrespectueux, récalcitrants et têtus pour braver le règlement.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein