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La prohibition des punitions corporelles et ses difficultés d'application dans les écoles publiques au Togo. Cas des écoles primaires publiques de l'Inspection pédagogique de Lomé- ouest

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par Kokougan Mawoussé SODJAGO
Université de Lomé Togo - Maà®trise 2011
  

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4.2- Interprétation des résultats

A ce niveau, nous allons mettre en emphase les facteurs qui poussent les enseignants à user des punitions corporelles bien que ce soit explicitement interdit dans la réglementation. Autrement dit, nous allons donner un sens sociologique à nos résultats. A cet effet, nous dégagerons dans les parties qui suivront les grandes tendances en ce qui concerne les facteurs explicatifs de la non application de la prohibition des P.C. à l'école au Togo et en faire une analyse.

- Punition corporelle et goût de l'effort

A la lumière des résultats obtenus, la plupart des enseignants pensent que la punition développe chez l'élève l'aversion pour la paresse. 94,6% des enseignants pensent que les P.C. développent chez l'élève le goût de l'effort (confère tableau 13).

Pour les enseignants, « l'élève qui n'apprend pas ses leçons, ayant été puni une ou deux fois finira par se mettre au travail ». « Si l'enfant sait qu'il sera puni, il mettra du sérieux dans son travail ». « Certains enfants sont paresseux et c'est le bâton qui les réveille. Personne n'aime ce qui fait mal. Pour l'éviter, on s'efforce de bien faire ». Ce sont là quelques propos tenus par les enseignants pour justifier leur perception.

En ce qui concerne l'importance accordée par les enseignants aux PC dans leurs pratiques, 100% des enseignants confirment que celles-ci aident les élèves, soit à améliorer leur résultat scolaire, soit à se discipliner.

En somme, le goût de l'effort s'acquiert dans la douleur, diront les enseignants. Pour ces derniers, un maximum d'effort requiert la contrainte. Or, les PC sont le moyen le plus contraignant en éducation. Le fait que l'effet des PC soit immédiat leur confère une certaine efficacité que n'ont pas les punitions symboliques.

- Punition et conduite (comportement) de l'élève

94,6% des enseignants pensent que la punition corporelle développe chez l'enfant la bonne conduite. Dans cet ensemble qu'est la bonne conduite se trouve des éléments comme la ponctualité (venir à l'école à l'heure), la régularité (ne pas sécher les cours), le respect pour l'enseignant (23,2%), le calme dans la classe (17,9%), la discipline (35,7%).

A la lumière de ces constats, on déduit que le comportement de l'élève est visé durant ces pratiques, c'est ainsi que certains enseignants nous ont confié que « dans une classe où il ya du bruit et que l'enseignant prend le bâton, tout rentre en ordre, l'élève suit attentivement » ; « une société sans rigueur conduira au désordre et à l'anarchie » ; « si on tape des élèves pour une faute, au moins 75% se remettent, mais si on dit verbalement à peine 5 ou 10% (se ressaisissent) ». Ces propos nous renseignent sur l'univers idéologique de ces enseignants pour qui, les PC sont une panacée à l'indiscipline.

Sous l'angle de l'importance accordée aux punitions, 69,6% des enseignants pensent que celles-ci améliorent le comportement de l'élève. Pour ceux-ci, ils punissent les élèves pour éloigner d'eux « les égarements, la paresse et le laisser-aller ».

De ce qui précède, il ressort que dans l'imaginaire pédagogique, ces enseignants se représentent les PC comme un ingrédient nécessaire au modelage du comportement de l'élève. Alors qu'elles soient prohibées ou non, pour l'enseignant, c'est une ressource disponible et immédiate qui pourra lui permettre d'atteindre sa fin : transmettre aux élèves des savoirs.

- Punition corporelle et travail scolaire de l'élève

La grande majorité des enseignants pensent que l'élève améliore son résultat scolaire grâce aux punitions. Plus précisément 89,3% des enseignants pensent qu'il y a une relation entre les PC et le travail scolaire de l'élève. Voilà quelques propos justificatifs tenus par les enseignants. « Pour toute personne, il faut quelque chose qui fait peur pour bien travailler ». « Avec le bâton, l'enfant a peur et à la maison, il peut apprendre ses leçons ».

Concernant les raisons qui poussent les enseignants à user des PC, 19,6% des enseignants pensent que les élèves sont trop paresseux, en d'autres termes, ils sont de nature paresseux et n'apprennent donc pas leur leçons puis 35,7% affirment que c'est pour les aider à améliorer leur résultats scolaires, c'est-à-dire à fuir la paresse et apprendre leurs leçons. Si l'on cumule ces pourcentages, on arrive à constater que 55,3%, soit plus de la moitié des enseignants qui pratiquent les PC pour aider leurs élèves à améliorer leur travail scolaire.

En définitive, comme l'a affirmé Durkheim (1903), le travail ne peut se faire que dans un minimum d'organisation et de discipline. Et les PC sont justement au service du maintien de cette discipline. Une raison de croire que les PC sont efficaces pour pousser les apprenants à améliorer leur rendement scolaire. C'est aussi le lieu de souligner, par rapport aux travaux d'Alain, la conception de la nature de l'enfance par les enseignants interrogés. Pour ceux-ci, l'enfant serait paresseux de nature et quelques coups de bâton suffiront à la pousser au travail.

- L'univers pédagogique des enseignants qui n'obtempèrent pas

A la lumière des données, nous constatons que la grande majorité (98,2%) des enseignants ne communique pas aux élèves les objectifs du cours. En clair, les élèves ne savent pas ce qu'on attend d'eux, pourquoi ils font le cours et comment investir le cours qu'ils auront appris dans leur vécu. Leur souci est de « bûcher » les cours et les réciter lors des devoirs pour échapper aux punitions.

Notons que plus l'élève connaît les objectifs, c'est-à-dire le fondement de ce qu'il fait, plus il sait ce qu'on attend de lui et plus il s'investit pour satisfaire à cette attente. C'est là même un des grands principes des méthodes actives. En ne communiquant pas aux élèves les objectifs des cours, ces enseignants se situent dans la perspective de la méthode traditionnelle qui n'intègre pas l'élève au coeur du processus d'enseignement-apprentissage. Dans ce contexte, les évaluations sont des occasions pour piéger l'élève. Dans cette ligne de vue, la contrainte, l'autorité et la force sont les ressources immédiates dont dispose l'enseignant pour intégrer l'apprenant dans le processus d'enseignement-apprentissage.

Ensuite, 71,4 % des enseignants font les cours théoriquement sans se soucier de montrer concrètement aux élèves ce dont ils parlent. En utilisant des matériels concrets comme les cartes, les bâtonnets, des objets comme la potasse, le sodium, l'élève se représente mieux les concepts dont on lui parle. Il est donc judicieux de souligner, en considérant les résultats que nous avons obtenu, que la grande majorité des enseignants qui n'obtempèrent pas se situent dans une pédagogie traditionnelle. La non disponibilité des laboratoires ne favorisent pas les enseignants dans l'usage des matériels. Or, il est démontré que par le concret, l'élève comprend plus et donc s'intéresse à ce qu'on fait. Le non usage des matériels concrets peut entraîner l'ennui et le désintérêt au niveau de l'élève. Et ce sont ces états qui amènent aussi l'enseignant à chercher à intégrer l'élève de force ou de gré dans le processus éducatif.

En somme, les enseignants utilisent les PC parce que c'est ce qu'ils utilisent dans la société. Etant donné qu'ils l'utilisent, ils en ont une certaine représentation. La logique de l'usage des PC est simple : on utilise les PC parce que c'est comme ça qu'on éduque chez nous, parce que c'est avec elles qu'on éduque chez nous. Déthiouckh S. a résumé ceci dans une phrase aussi complète : « De l'avis de bon nombre de maîtres, le châtiment corporel fait partie intégrante de notre tradition éducative (africaine) ». (Déthiouckh Samba, 2009, in www.fimem-freinet.org). Et à Saliou Sarr d'ajouter : « En effet l'enfant africain est élevé dans une culture qui utilise le bâton comme une forme de punition, pour amener les enfants à apprendre et à s'instruire. Dès lors frapper un enfant est considéré comme un droit des parents et des enseignants ». Etant donné donc que l'école reproduit les structures et les relations sociales qui existent dans son environnement, elle admet aussi les châtiments corporels qui sont répandus dans la famille. À chaque période historique, on est surpris de constater un certain parallélisme entre l'importance des punitions corporelles utilisées dans les familles, et celles employées dans les écoles. ( http://web.me.com/jacornet/Site_1/Page_11.html., 3 févr. 2011).

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