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La problématique du politique dans " Démocratie et totalitarisme " de Raymond Aron

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par Théodore Temwa
Université de Yaoundé I - Diplôme d'études approfondies en philosophie 2008
  

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2- La suprématie controversée des Etats-Unis

Dans les médias comme dans les discussions, on parle désormais d'un monde multipolaire. Constat clair mais rejeté par le complexe de supériorité américain qui estime que nous sommes partis d'un monde bipolaire à la fin du second conflit mondial pour arriver à un monde unipolaire à la fin de la guerre froide. Les Etats-Unis ont régné en Maîtres sur la planète mais aujourd'hui, le monde multipolaire que R. Aron avait vu se dessiner semble se réaliser. La Russie se relève de ses décombres et entend se réaffirmer sur la scène internationale, des nouveaux « élèves » s'inscrivent dans la « classe des majors », l'Afrique prend petit à petit conscience d'elle-même et estime qu'elle a aussi son mot à dire. Toutes ces nouvelles donnes reconfigurent le monde.

Le jadis gendarme du monde est concurrencé dans ce rôle, subissant les coups de gueule de la Corée du Nord et de l'Iran, appuyés eux-mêmes par la Russie. On assiste en effet à la fin de la récréation russe, suivie d'une nouvelle coalition communiste.

Malgré la disette des années 90, la Corée a pu trouver de l'argent nécessaire au développement d'une industrie nucléaire de guerre, alléguant qu'il s'agissait en réalité d'une industrie nucléaire de paix, indispensable à la production d'énergie. Conformément aux habitudes démocratiques devant des telles menaces, les Etats-Unis proposèrent aussitôt à la Corée du Nord, au lieu d'exploiter sa position de faiblesse, de lui fournir, outre une aide alimentaire, des réacteurs nucléaires civils et du pétrole gratuit, le tout en échange de l'abandon par elle de toute industrie nucléaire militaire. Non moins conformément aux habitudes communistes, la Corée empocha les dons qui, classiquement, allèrent au confort des dirigeants et non aux besoins du peuple et travaillèrent de plus belle à leur bombe atomique, en secret, dans des lieux souterrains. Ils refusèrent les inspections à moins qu'on ne les payât pour les effectuer. De surcroît, ils menacent les Etats-Unis de les détruire et d'effacer une fois pour toutes l'Amérique de la carte du monde. Ce faux courage, relayé par l'Iran qui entretient sur fond de richesse économique le même scénario, semble payer au moment où les Etats-Unis sont pris dans le bourbier iraquien et l'enlisement afghan, et à l'heure où la politique guerrière de la frappe préventive ne fait plus l'unanimité au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. A partir du moment où le monopole de la violence n'est plus détenu par une seule entité, les inquiétudes augmentent et deviennent réelles.

La faiblesse actuelle des Etats-Unis vient précisément de leur incapacité de s'imposer au sein de l'Organisation des Nations Unies, le droit de veto étant partagé entre libéraux et communistes ; et le communisme n'est actuellement rien d'autre que de l'antiaméricanisme. Les révolutionnaires ne sont pas tous prosoviétiques, mais les révolutionnaires sont antiaméricains puisque le régime qu'ils ont abattu s'était de toute façon compromis avec l' « impérialisme ». Et c'est ainsi que la Russie se range de leur côté et est prête à les financer, à leur accorder son véto, pourvue qu'ils s'opposent aux Américains. L'ennemi d'un ennemi est un ami et dès qu'il est repéré, il faut lui prêter main forte et pouvoir ainsi se venger ne serait-ce qu'indirectement.

Le seul recours restant l'OTAN, les Américains s'y investissent maintenant grandement pour se repositionner, puisque l'Alliance Atlantique en tant puissance militaire est assujettie aux Etats-Unis qui la financent et la dirigent.

Ce nouveau paysage est celui d'une multiplication des occasions de conflits entre le Nord et le Sud, qui accompagne ce qu'il était convenu d'appeler le Tiers-Monde. Au-delà, c'est l'impact de la mondialisation sur les équilibres régionaux qui est mis en lumière. De fait, le conflit en ex-Yougoslavie, les tragédies du Rwanda et du Burundi, l'intervention en Somalie, l'intensification des conflits au Proche et Moyen-Orient, ont montré que la fin du système de Yalta était lourde de conséquences : explosion des nationalismes, multiplication des conflits, tensions Nord-Sud. A quoi s'ajoutent la prolifération nucléaire, et les tendances à substituer au conflit de systèmes idéologiques des conflits de civilisations. Ce sont là autant d'éléments qui, d'un côté, rendent précaire le nouvel ordre orchestré, et de l'autre le rendent plus nécessaire que jamais. Fallait-il laisser le monopole de la violence à l'« Etat » américain ou a-t-on bien fait de le partager pour violenter des minorités sous son regard impuissant ?

Aujourd'hui, les Etats-Unis sont loin d'être, comme beaucoup le pensent, l'unique superpuissance mondiale. Leur hégémonique politique, militaire, culturelle, financière et économique est contestable. Les principales firmes transnationales sont peut-être nord-américaines mais le monde est désormais une vaste manufacture où le made in USA n'est plus la seule mode. La jadis conservation de la haute main sur les nouvelles technologies est jugée de concurrence déloyale et passible de lourde amende. Le tout est couronné par une baisse vertigineuse de la monnaie (le dollar).

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