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Les ONG locales de développement et la question de pérennisation de leurs acquis dans la préfecture de Kankan ( Guinée).

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par Mamadou Sounoussy DIALLO
Université de Kankan ( Guinée) - Master II recherche en sociologie 2012
  

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CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHESE

SECTION 1 : PROBLEMATIQUE

Dans les pays développés d'Europe, du Japon et des Etats Unis d'Amérique, le secteur privé joue un rôle important dans le processus de développement et fournit les principaux moyens pour assurer une croissance équilibrée des différents secteurs de l'économie nationale. Ces nations ont réussi à initier et développer des mécanismes de suivi/évaluation et des stratégies pour pérenniser les acquis des ONG locales de développement (PNUD, 1999).

Ainsi les années 70 sont marquées par la bipolarisation du monde Est-Ouest. Après la victoire du Vietnam en 1975, le conflit en Angola, en Palestine et autres, voient certaines ONG européennes jouer un rôle de diplomatie informelle et de médiation, intervenant souvent parallèlement à des mouvements de solidarité et à des gouvernements. Aux Philippines, au Chili et en Afrique du Sud, par leur soutien à des acteurs locaux, elles ont jouées un rôle non négligeable dans le soutient aux populations. Durant les années 80 connaissent, on voit une croissance spectaculaire du poids des ONG et de leur reconnaissance. Elles représentent pour les agences gouvernementales de coopération européennes des agents privilégiés de sensibilisation du public, en particulier des écoles, à la problématique Nord-Sud.

Au milieu des années 80, en parallèle à la remise en question des modèles nationaux de développement, la Banque Mondiale découvre que les ONG sont des institutions plus proches des pauvres, moins chères, moins corrompues et plus efficaces que les canaux gouvernementaux traditionnels. Les ONG du Nord canalisent ainsi leurs moyens financiers vers les institutions locales dans le Sud qui connaissent à leur tour une multiplication impressionnante mais restent très dépendante de cette aide extérieure (BM, 2000).

Depuis les indépendances, le développement socio-économique de la plupart des pays de l'Afrique a été considéré comme prioritaire, parce que la mise en oeuvre des programmes centralisés a montré ses limites. En outre, la crise économique des années 1980 qui a augmenté la paupérisation des populations a montré qu'en plus des efforts de l'Etat pour assurer un développement socio-économique équilibré et durable, d'autres acteurs locaux tels que les organisations non gouvernementales, peuvent aussi agir dans la définition et la mise en oeuvre de l'action économique. Au-delà de leur implication dans le processus de développement, ces organisations contribuent à la promotion du dialogue entre le Nord et le Sud (OCDE, 1999)

L'émergence des ONG locales de développement en tant que nouvelle forme d'action organisée constitue une réalité concrète par rapport aux structures de solidarité clanique, aux coopératives, aux communautés religieuses et aux pouvoirs publics. Du coup, les ONG locales de développement sont devenues en Afrique, un instrument de médiation entre l'Etat et la population à la base; un passage obligé pour que la démocratie et la bonne gouvernance fassent jour et fonctionnent bien. Elles occupent une position stratégique, celle de monopole de médiation entre l'Etat et la population. L'étude du rapport entre l'Etat et les ONG locales de développement peut être un indicateur des tensions, d'une crise de légitimité ou du degré d'autonomie (OCDE, 2000).

Les ONG sont une association dont le but est de favoriser auprès des groupes sociaux les conditions d'accès à un processus de développement. Les ONG sont des institutions totalement privées qui, dans le cadre d'une convention avec le gouvernement, et /ou avec les institutions internationales exécutent des opérations de développement dans une zone restreinte (Diallo, 2010).

Ainsi nous pouvons distinguer plusieurs catégories dont la première est constituée des ONG de bienfaisance, de charité dont le programme sectoriel a peu d'impact sur la croissance globale des économies et le développement. La deuxième catégorie d'ONG se substitue aux sociétés nationales afin de libéraliser l'économie et favoriser l'initiative privée. Ces deux catégories insistent sur la notion de gestion de la fonction du développement. Les ONG peuvent être classées en trois catégories notamment:  

§ Les ONG de base qui sont généralement des groupements de paysans, pêcheurs, éleveurs et artisans. Ceux-ci définissent eux-mêmes leurs objectifs et fonctionnent uniquement sur des ressources locales ;

§ Les ONG de services qui fournissent des services aux communautés locales pour les aider à mobiliser les fonds nécessaires à leurs activités. Elles entretiennent des relations de travail avec l'Etat, les autorités locales, les bailleurs de fonds, les ONG étrangères et disposent généralement de personnel qualifié et restreint ;

§ Les ONG d'appui dont les services sont centrées sur les besoins des groupes de base, bénéficiaires potentiels de leur appui. Dans un pays donné, elles peuvent être des ONG étrangères ou des collectifs d'ONG locales de service ou encore des ONG spécialisées. Elles disposent d'un personnel qualifié suffisant, d'agents sur le terrain dans plusieurs pays et des budgets conséquents (Diouf, 1998).   

Dans le domaine de la mise en place et de la réhabilitation des infrastructures socioéconomiques de base telles que les écoles, les dispensaires, les routes et ponts, etc., les activités exécutées par les ONG permettent d'assurer la conservation du patrimoine et de faciliter l'accès des populations aux services sociaux de base. Grâce à ces structures, l'amélioration des conditions de travail et de vie se renforce. Toutes ces infrastructures permettent de désenclaver des localités, d'aider et favoriser la circulation des biens et des personnes, ainsi que d'établir une meilleure communication entre des populations voisines (BM, 1999). 

L'évaluation tente de traduire le plus ou moins grand degré de réussite de la politique publique à partir d'un certain nombre de critères : Un critère de cohérence qui permet de juger de l'adéquation des différents niveaux d'objectifs du programme entre eux et de l'adéquation des moyens mis en oeuvre ; Un critère de pertinence  qui vérifie l'adéquation des objectifs aux enjeux du programme ; Une analyse de l'efficacité revient à se poser la question de la conformité des `'effets propres'' de la politique au regard des objectifs fixés.

La question qui reste une source de préoccupations constantes demeure celle de la pérennité au niveau de ces ONG qui sont devenues des éléments incontournables du développement local. Parmi les questions qui ont été posées dans les discussions figurent celle de savoir dans quelle mesure la coopération technique et financière renforce les capacités existantes ou les dissipe ? L'adaptation ou l'adaptabilité de l'assistance technique à l'environnement auquel elle est appliquée, les raisons qui font que les actions exécutés par ces ONG avec succès l'appui des expatriés et puissent survivre après leur départ. De nombreuses initiatives créatives ont été mises en oeuvre dans le domaine du développement en Afrique, mais ont rarement pu être intégrées avec succès dans des programmes nationaux visant la continuité (Diallo, 2010).

En effet, la plupart de ces expériences n'ont pas survécu à l'enthousiasme des débuts, au tarissement du financement initial qui a été souvent fourni par l'extérieur ou au départ de leurs initiateurs. L'absence de politique nationale spécifique et de ligne budgétaire propre pour la généralisation des réformes conduit à une incohérence des actions menées par les diverses institutions (PNUD, 1999).

Malgré les progrès réalisés grâce aux diverses réformes entreprises, il est important de constater des faiblesses dans les pratiques nationales à assurer la pérennisation de ces réformes et innovations. Ces défis et contraintes constituent des facteurs qui abaissent la qualité des actions des projets de développement (Guylaine, 2000, cité par Diallo, 2010).

Ces faiblesses se retrouvent aux niveaux plus hauts comme aux niveaux plus bas des systèmes de gestion. Elles résulteraient en outre d'une vision stratégique, d'une répartition inefficace des ressources, de la médiocrité des processus de gestion financière et de la fragilité des systèmes de collecte et d'analyse des données sur les résultats du système et les pratiques en cours au niveau des ONG locales de développement (Ibid.).

En effet, dans la plupart des cas, la conception des ONG locales de développement et les politiques reliées à leur implantation sont souvent excessivement centralisées, donc ne sont pas en mesure de répondre correctement aux besoins locaux ; le fait que les informations ne soient pas systématiquement collectées et analysées gêne le processus de conception et de programmation effective des réformes et des innovations (BAD 2006).

Au Burkina Faso, par exemple la participation active des paysans a été le gage de la pérennisation des espaces aménagés. Constitués en groupements fonciers, les paysans proposent un périmètre aménager et déposent une caution symbolique d'engagement auprès de l'Etat. Ce travail commence, avec les paysans, par la construction de diguettes en terre, en suivant les courbes de niveau (Unicef, 1999).

Les organisations non gouvernementales ont connu, en l'espace d'une génération, une croissance rapide en nombre, avec peu de ressources. Elles interviennent dans de très nombreux secteurs soit à leur initiative, soit à la demande d'organisations internationales ou de coopération bilatérales (SNRP, 2007).

Pour combattre la pauvreté et la misère en développant une très grande variété d'actions (financement de programmes de développement, d'éducation, constructions...). Cependant la reconnaissance qui est accordée aux ONG ne saurait masquer qu'après la période faste qu'elles viennent de connaître, elles ont à consolider, voire redéfinir leur identité (Ibid.).

Après le 3 Avril 1984, l'Etat s'est désengagé en créant un environnement juridique et économique favorable à l'éclosion des initiatives privées. Une place de choix fut accordée au secteur privé, aux ONG et à la société civile dans le processus de développement. En reconnaissance du rôle crucial que les ONG ont prie dans le secteur informel de l'économie guinéenne et l'importance de disposer d'une politique d'intervention claire pour garantir un environnement institutionnel sûr et sain, que le Gouvernement de la République de Guinée a déclenchée sa stratégie nationale d'agrément des ONG en 1990 (Doumbouya, 2001).

L'histoire du milieu associatif Guinéen est marquée par la montée en puissance d'associations de base, qui ont évolué vers des structures coopératives, associatives ou des groupements d'intérêt économique et de structures d'appui ou de services, dites ONG, agissant dans l'intérêt de ces associations de base. Le désengagement progressif de l'Etat, et les conséquences en matière de baisse du recrutement des fonctionnaires, ont été, dans les années 90, un autre facteur d'extension et d'évolution des ONG (CNOSCG, 2002).

D'un côté, des services entiers de développement, jusque là assurés par l'Etat, devenaient des domaines possibles d'action non gouvernementale; d'un autre côté, un certain nombre d'élites, ne pouvant plus progresser via la fonction publique, voyaient dans les ONG une façon d'agir pour le développement, voire dans certains cas un tremplin pour une carrière publique ou professionnelle. Toute cette évolution a été regardée par les pouvoirs publics guinéens avec attention, mais aussi avec méfiance. Cette méfiance tenait au fait que la mouvance non gouvernementale était considérée a priori comme une opposition au pouvoir. Toute son action visant à mobiliser les ruraux et plus récemment les populations des quartiers urbains, apparaissait comme une entreprise d'attraction de l'opinion vers une opposition politique, dangereuse pour le pouvoir en place.

Dès lors, les ONG guinéennes ont tardé à être reconnues, et à être dotées d'un statut facilitant leurs interventions, à l'instar des ONG de la sous région et internationales qui avaient bien plus de facilités pour se faire délivrer toutes autorisations nécessaires, et accessoirement la détaxation systématique de leurs achats et importations. Les différentes mutations socioéconomiques intervenues en Guinée, ont placé ces ONG au centre des questions liées au développement socioéconomique participatif. Le pays, connaît des déficits vivriers importants, les produits de subsistance ne répondant pas aux besoins de consommation d'une population croissante (FAO, 1997).

Les disponibilités alimentaires varient selon les périodes de l'année. Les populations ne sont pas toujours en mesure d'acheter des biens alimentaires du fait de la faiblesse de leurs revenus et de l'expansion de la pauvreté chez la majorité. Les ressources disponibles sont mal utilisées en raison du recours à des technologies de production archaïques. L'avènement des ONG, des projets de développement au niveau national et local, obéit à une logique de partenariat entre l'État et les communautés, est une initiative qui participe à la mise en place d'une certaine dynamique (EIBEP 2002-2003).

Les disponibilités alimentaires varient selon les périodes de l'année. Les populations ne sont pas toujours en mesure d'acheter des biens alimentaires du fait de la faiblesse de leurs revenus et de l'expansion de la pauvreté chez la majorité. Les ressources disponibles sont mal utilisées en raison du recours à des technologies de production archaïques. Leurs résultats actuels pourraient être renforcés si, d'une part, certaines mentalités sont surmontées et, d'autre part, si les communautés, premiers bénéficiaires, sont effectivement associées à la conception, à la mise en oeuvre et au suivi des activités. La réussite de la pérennisation en dépend. Mieux, le recours ou la dépendance exclusive en vers les partenaires peut entraîner une faible appropriation du projet par l'administration dans le cadre de la pérennisation de nombreux acquis (Ibid. 2).

La grande majorité des ONG ont été crées à partir de 1990. Le taux d'augmentation des groupes associatifs depuis 1990 à nos jours est important. Toutes les associations de développement local partagent les mêmes objectifs principaux à savoir : la promotion du développement de la localité d'implantation.

Dans la préfecture de Kankan, les ONG jouent un rôle considérable dans le développement comme les petits métiers artisanaux, l'éducation, la santé, l'alphabétisation, la protection de l'environnement, la protection des enfants et des femmes et la réalisation d'infrastructures. Mais leurs acquis sont souvent sous-estimés, ou tout simplement méconnus. Les données montrent que la proportion des ONG existantes par rapport à la population totale de la préfecture est minime. Les données indiquent que les ONG constituent un peu moins de 5% de proportion couvrant la préfecture. (SERACO, 1995).

Les moyens dont disposent les Organisations non gouvernementales locales de Kankan proviennent de deux sources : Les moyens propres de l'association constituée du potentiel humain et de la mobilisation des ressources à la base et, les efforts déployés par le gouvernement Guinéen, les ONG locales de développement de la place mènent des activités dans des localités, ou elles sont peu ou pas connues en tant qu'acteur au développement. C'est dans ce cadre que cette étude vise à comprendre les problèmes auxquels les ONG locales de développement sont confrontées dans la pérennisation de leurs actions dans la Préfecture de Kankan. Pour saisir cette situation, quelques questions émergent, comme entre autres :

· Quelles sont les opportunités dont disposent les ONG dans le cadre du développement local ?

· Quels sont leurs moyens et méthodes de mise en oeuvre permettant aux communautés bénéficiaires de rendre pérennes les acquis?

· Comment ces communautés apprécient-elles ces acquis et se positionnent-elles dans le circuit du développement local?

De ce qui précède, il est opportun d'étudier la façon dont les populations utilisent/gèrent pour les générations futures les acquis mis à leurs disposition à travers les interventions des ONG dans le cadre du développement local à travers le renforcement de leurs capacités à la gestion, l'équité et la bonne gouvernance locale. La pérennisation des acquis constitue un réel problème. Nombreuses sont les réalisations des ONG locales de développement qui disparaissent dès après le départ ou le retrait du bailleur de fonds. Les acquis des ONG et projets de développement sont loin d'être pérennisés ce qui plonge la majorité de la population dans une situation critique des conditions de vie. Cela malgré les efforts d'assistance, de sensibilisation, de formation menée dans ces dernières années au niveau de la zone abritant les ONG locales (MARP réalisée en Décembre 2002).

Toute fois, les ONG évoluant dans notre zone d'étude ont du mal à assurer un maintien durable des objectifs du projet après le retrait de la coopération ou des bailleurs. En dépit des difficultés qu'elles connaissent dans la perpétuation des acquis. Elles ne contribuent pas, de manière positive, à la réalisation d'objectifs de développement de la base par manque de stratégies. Il est intéressant de comprendre les mécanismes, les facteurs internes et externes qui déterminent le non pérennisation des acquis des ONG locales en Guinée. Nous avons choisis le cas de Kankan, où d'après des observations faites sur le terrain ; on s'aperçoit que certaines ONG ont arrêté leurs activités ou ont connu un ralentissement de leurs activités avec l'arrêt du financement extérieur ou après le retrait des bailleurs de fonds (SERACCO 2008).

Les cas les plus frappants dans la Préfecture de Kankan sont entre autres les ONG AGAFEM, INADER, CENAFODE, l'Association BATE SABATI... qui ont exécuté des nombreuses actions qui ne sont presque plus visibles ou moins visibles sur le terrain. Il apparaît que le retrait du bailleur de fonds ou la réduction de son intervention pose le problème crucial des mécanismes de pérennisation des acquis des organisations de développement à la base (Archives OSC, 2010).

De là, une question de recherche émerge `' Quelles sont les logiques sociales qui déterminent la non pérennisation des acquis des ONG locales de développement dans la Préfecture de Kankan ?''

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984