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Dynamique des réseaux et des systèmes de communication des migrants sénégalais en France

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par Moda GUEYE
Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 - Doctorat de géographie 2010
  

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Chapitre 5. Internet au Sénégal et le Sénégal sur

Internet

Dans la morosité ambiante qui caractérise de manière générale le Sénégal d'aujourd'hui, avec une dégradation brutale des conditions d'existence de la majorité de la population liée aux difficultés rencontrées par presque tous les secteurs essentiels de l'économie, le pays parvient tout de même à se distinguer par un secteur des télécommunications moderne et performant. En d'autres termes, dans ce contexte de crise généralisée à tous les niveaux, le Sénégal a quand même réussi à se doter et à maintenir un secteur des télécommunications relativement dynamique, certainement l'un des plus avancés et des plus compétitifs en Afrique de l'Ouest. En Afrique, le Sénégal fait d'ailleurs figure de pôle position, avec cependant d'autres pays comme l'Afrique du Sud, le Maroc, etc. aussi bien au niveau des infrastructures Internet que des utilisateurs d'Internet. Ce dynamisme du secteur des télécommunications résulte non seulement d'une volonté politique forte entamée sous l'ancien régime socialiste et confortée par le régime libéral dit de l'alternance, mais ce dynamisme est aussi le fait d'une participation active à travers de nombreux projets de coopération de dimension internationale.

Après avoir connu des débuts relativement timides, Internet commence à se faire progressivement une place dans le paysage médiatique sénégalais. La présence du Sénégal sur Internet se traduit principalement par la création et la mise en ligne d'une part, de sites web de noms de domaine enregistrés .sn, et d'autre part, de sites web portant sur le Sénégal ou encore de sites web dont les hébergeurs se trouvent au Sénégal. C'est une présence qui se manifeste dans des secteurs divers comme l'administration, l'économie, la politique, l'éducation, la santé, la culture, la religion, le sport, les médias, etc.

Cependant il faut souligner, comme le fait remarquer Thomas Guignard encore une fois, qu'Internet a suscité un engagement sans faille avec un certain optimisme plutôt béat parfois, notamment de la part des autorités sénégalaises. Pour les nombreux apôtres d'Internet (les autorités sénégalaises et les institutions internationales en particulier), cette technologie est d'un côté la panacée qui va faire connaître au Sénégal le bond technologique tant attendu et, d'un autre côté elle est la solution miracle qui va arrimer le

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Sénégal dans cette nouvelle civilisation du troisième millénaire que d'aucuns qualifient de société de l'information. Néanmoins, même s'il convient de tempérer ces ardeurs ou cette ferveur autour d'Internet, force est de constater tout de même que cette technologie possède de nombreuses potentialités pouvant contribuer à améliorer, dans bien des cas, le quotidien des Sénégalais.

Nous verrons donc que l'insertion et le développement d'Internet au Sénégal ont été favorisés par une coopération multilatérale soutenue en particulier par les pays occidentaux constitués au premier plan par la France, le Canada et les États-Unis et par les organismes internationaux comme l'UNESCO, l'AUF, etc. Nous montrerons aussi que l'expansion d'Internet au Sénégal résulte d'une réelle volonté politique publique d'un État soucieux de parvenir d'une certaine manière à instaurer un minimum de service universel pour tous ses citoyens et ceci sur tout le territoire national. La libéralisation du secteur des télécommunications en 1993 va également inciter davantage l'opérateur historique, la Sonatel a faire preuve d'initiatives dans le domaine des investissements, des infrastructures et des équipements.

5.1 Historique et dynamique de l'Internet au Sénégal

C'est à la fin des années 1980, que l'Internet fait, de la manière la plus discrète, son apparition au Sénégal pour la première fois, notamment dans les milieux de la recherche scientifique. En fait, les premiers noeuds ayant permis au pays de se connecter au réseau mondial ont été implantés successivement, d'un côté par l'institut français de recherche pour le développement (IRD) dans le cadre du programme RIO (Réseau Intertropical d'Ordinateurs) et, d'un autre côté par l'institution des Nations-Unies spécialisée dans l'éducation, la science et la culture (UNESCO) dans le cadre du projet RINAF. On peut raisonnablement dire que le Sénégal a su développer au bon moment, c'est-à-dire dès les débuts de l'émergence d'Internet, des stratégies particulièrement avisées qui vont lui permettre par la suite de bénéficier des infrastructures et des services mis en place par les réseaux de coopération scientifique et technique sous la tutelle des pays du Nord.

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Cependant, comme le révèle Olivier Sagna99, c'est en réalité au cours du mois de mars 1996 que le Sénégal s'est véritablement connecté à cet espace de communication, d'information et de liberté que constitue le réseau Internet. La fourniture d'accès à Internet était alors assurée principalement par la société Télécom-Plus, filiale de l'entreprise publique de télécommunications, la Sonatel, et le cybercafé Métissacana100. Si l'on se réfère toujours aux travaux d'Olivier Sagna101, il apparaît que c'est plus particulièrement dans un contexte caractérisé d'abord par la libéralisation du secteur des télécommunications et la privatisation de la Sonatel et, puis par la mobilisation et la mise en place de nombreuses initiatives de la communauté internationale mais aussi de la société civile que le Sénégal va précisément faire son entrée dans l'ère de l'information durant la décennie 1996-2006.

Par ailleurs, comme l'avait auparavant constaté Thomas Guignard, on remarque que le paysage de l'Internet au Sénégal est encore caractérisé par une forte disparité géographique ou dichotomie entre Dakar, le pôle administratif et économique, assez correctement connectée (si éventuellement l'électricité ne fait pas défaut) et les autres régions du pays dont quelques unes semblent relativement bien branchées tandis que d'autres sont un peu encore à la traîne, voire parfois, pour certaines, complètement en marge de cette grande innovation technologique.

99 Sagna, Olivier. Les TIC et le développement social au Sénégal, http://www.unrisd.org, 2001.

100 Un des premiers cybercafés ouvert en Afrique, Métissacana (qui veut dire le métissage est arrivé en Bambara) a été créé par la styliste sénégalaise Oumou Sy et son mari Michel Mavros en juillet 1996. Situé dans le centre-ville de Dakar, au coeur du quartier administratif et des affaires, Métissacana offrait à sa clientèle des services multiples et diversifiés, allant de l'accès à Internet à toute une série d'activités culturelles et artistiques. Métissacana a joué indéniablement un rôle de premier plan dans la promotion, la diffusion et l'évolution de l'Internet au Sénégal. Selon Michel Mavros, Métissacana a arrêté ses activités d'Internet provider en mai 2002 pour « cause d'environnement hostile, entre d'une part, l'abus de monopole et la concurrence de la Sonatel/France Télécom et d'autre part, le laxisme de l'État en matière de législation et de réglementation du secteur ».

101 Sagna, Olivier. Le Sénégal dans l'ère de l'information (1996-2006). Sociétés africaines de l'information : illustrations sénégalaises. IVETCOM, 2008, vol. XXII n° 1-2, pp. 13-36.

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Carte 2. Carte administrative du Sénégal

5.1.1 La coopération internationale

Traditionnellement, le Sénégal est un pays très actif dans les projets de coopération et de partenariat internationaux. La coopération internationale est un domaine essentiel qui contribue, dans bien des cas, à pallier les nombreuses carences de l'État sénégalais. C'est dans ce cadre que des projets multiples ont été initiés avec divers acteurs (États, ONG et organismes internationaux) du Nord afin de permettre au Sénégal de bénéficier des innovations technologiques et de participer à la société de l'information ou de la connaissance. Ainsi, le Sénégal a pu donc bénéficier simultanément, dans le cadre de la coopération internationale, de nombreux programmes en faveur de l'insertion et de la diffusion des TIC en général et de l'Internet en particulier dans les pays pauvres. Parmi les divers programmes orientés vers les nouvelles technologies et initiés au Sénégal, il y a les projets RIO, RINAF, REFER, etc.

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5.1.1.1 Le rôle pionnier dès 1989 du réseau RIO

Le projet phare qui va jouer un rôle extrêmement important dans l'insertion et le développement d'Internet au Sénégal est principalement le projet RIO (Réseau Intertropical d'Ordinateurs) mis en place par l'IRD en novembre 1998. Selon Pascal Renaud de l'IRD, le RIO devait poser les jalons de la participation des pays de l'Afrique francophone en particulier « à la construction des réseaux de la recherche » et contribuer au rapprochement de la communauté scientifique internationale102. Son objectif visait donc à promouvoir et développer des échanges scientifiques entre des chercheurs évoluant dans des structures de recherche basées dans des pays en voie de développement avec leurs homologues dans les pays du Nord. Ainsi à travers les réseaux électroniques initiés dans le cadre de ce programme de recherche, l'IRD a pu relier la communauté scientifique d'une dizaine de pays d'Afrique francophone sub-saharienne à la communauté universitaire et scientifique internationale. Eric Bernard (2003) rappelle qu'ils seront sept pays africains à bénéficier des services du réseau RIO, notamment le Bénin, le Burkina-Faso, le Cameroun, la Côte d'ivoire, le Congo, la Guinée-Conakry, le Madagascar, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo. Il précise en outre que dans ce dernier, l'existence du RIO sera de courte durée, en raison de la fermeture du centre ORTSOM relative aux troubles politiques ayant secoué le pays. A la suite de son déploiement au Sénégal, le RIO va progressivement poser les bases de la diffusion de la messagerie électronique, d'échange de données et par conséquent d'une collaboration plus efficace entre des équipes de recherche implantées au Sénégal et leurs homologues dans certains pays du Sud et du Nord.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote