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Dynamique des réseaux et des systèmes de communication des migrants sénégalais en France

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par Moda GUEYE
Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 - Doctorat de géographie 2010
  

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développement local

Les apports des migrants au développement local sont des faits confirmés par les multiples projets et infrastructures mis en place dans les zones rurales d'origine. Selon Guillaume Lanly, « c'est le cas des associations de migrants sénégalais originaires de la vallée du fleuve Sénégal qui constituent l'un des premiers agents de développement dans cette région qui fait partie des zones les plus pauvres du Sahel occidental». Déjà en 1991, une étude réalisée par l'institut Panos auprès de 105 associations regroupant des ressortissants de cette région indiquait 334 réalisations diverses en un peu plus de 10 ans. (G. Lanly, 1998). Sur un financement total de 43,5 millions de francs CFA, les migrants avaient apporté 38,5 millions francs CFA de leur épargne et les ONG et autres bailleurs de fonds avaient donné 5 millions de francs CFA. (G. Lanly, 1998). Les initiatives sont souvent développées en fonction des besoins et des aspirations des communautés d'origine. Ce sont des actions habituellement centrées sur la construction d'infrastructures, la mise en valeur des ressources agricoles, pastorales et halieutiques et la préservation de l'environnement, avec l'implication de toutes les personnes concernées. Toutefois, Guillaume Lanly précise que « les initiatives des associations d'immigrés seraient condamnées à l'échec sans l'appropriation par les populations locales des projets ». Un des facteurs explicatifs du succès de ces associations repose sur le fait qu'elles soient parvenues à impliquer d'amont en aval les populations locales dans la mise en oeuvre et la gestion des projets de développement initiés en faveur des villages et

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de la région. (G. Lanly, 1998). La mobilisation locale a pu être obtenue grâce à la volonté des immigrés d'intégrer les villageois dans leurs actions afin qu'ils deviennent eux aussi acteurs de leur développement et, surtout, grâce à leur maîtrise de l'échelle locale qui confère aux associations de migrants un avantage certain sur les autres acteurs du développement.

Le développement local est lié à la recherche d'une méthode moins dirigiste, pour un système plus souple encourageant une mise en oeuvre et une gestion concertée des initiatives. C'est une approche qui privilégie une démarche volontariste et dynamique articulée autour de la mise en oeuvre de projets à l'échelon local. Pour Katalyn Kolosy, « c'est une approche volontariste, axée sur un territoire restreint, qui conçoit le développement comme une démarche partant du bas, privilégiant les ressources endogènes ». Dotées de leviers et de compétences plus solides, les régions s'associent à présent aux départements et aux communes pour intervenir, coordonner et jouer un rôle primordial dans l'aménagement du territoire dans un pays comme la France. Katalyn Kolosy observe que dans les faits, « la région s'affirme comme l'échelon de référence du développement industriel, de certains services, poste et transports notamment, comme niveau administratif de coordination et d'action ». Le développement local résulte donc d'une prise de conscience de la nécessité de mobiliser à la base l'ensemble des initiatives locales. Dans le développement local, la concertation et l'association entre les pouvoirs publics, la société civile, les entreprises, les groupes et les individus jouent un rôle majeur. Ce qui amène le BIT (bureau international du travail) à le considérer comme « un outil de consultation et de dialogue social dans lequel la participation de tous les acteurs, tant de la société civile que du tissu socio-économique s'avère essentielle ». En outre, il fait le constat que « plus le consensus sur les buts à atteindre sera large et les mesures de soutien étroitement coordonnées, et plus les stratégies de développement local et la mise en oeuvre de ces derniers seront un succès ».

Reconnaître les efforts fournis inlassablement par les migrants pour participer au développement des localités d'origine déshéritées revient précisément à les reconnaître comme des acteurs du développement là-bas à partir d'ici. En outre, cet apport collectif des migrants peut parfois entraîner des recompositions démographiques et territoriales non négligeables. Dans le but de capter pour leur localité la manne migratoire, les acteurs locaux tentent de mettre en place de nombreux micro-projets. De façon générale, les

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investissements des migrants sénégalais vers leur pays d'origine sont orientés exclusivement vers les secteurs de l'immobilier, du commerce et des services. Dans ses travaux consacrés aux investissements immobiliers à Dakar réalisés par les migrants internationaux, Serigne Mansour Tall (1994, 2009) montre l'engouement des migrants à injecter une partie des moyens financiers accumulés à l'étranger dans la construction d'une maison. Il démontre comment « les retombées indirectes de l'immobilier sont perceptibles à travers la relance des autres secteurs et son potentiel créateur de travaux à forte intensité de main-d'oeuvre164 ». En fait, « toute une kyrielle de nouveaux métiers dans le bâtiment et la construction bénéficie des retombées de la manne financière des émigrés » remarque-t-il fort justement. A ce titre, « les investissements immobiliers de l'émigré donnent un coup de fouet aux entreprises informelles du bâtiment ». La forte propension des migrants à investir dans le bâtiment et la construction témoigne de leur attachement à leur pays d'origine, mais aussi de l'importance du projet immobilier dans l'ensemble du projet migratoire. En effet, faute de pouvoir compter sur les structures défaillantes d'un État dont la boulimie foncière a pris des proportions insensées, les migrants prennent en charge individuellement, le plus souvent, le souhait affiché par de nombreux ménages sénégalais de disposer de leurs propres logements. Les investissements sont effectués d'abord pour la construction du logement familial, puis d'un logement destiné à la location. Parallèlement, Issa Barro constate que cet intérêt des migrants pour le secteur de l'habitat « s'oriente de plus en plus vers la création de petites et moyennes entreprises (PME) de construction immobilière »165.

9.1.1 Les TIC, alternative pour une nouvelle forme de coopération entre le Nord et le Sud ?

C'est un truisme que de faire remarquer que les pays du nord ont depuis longtemps, non seulement mis à la disposition des pays du sud des ressources financières, mais également ils ont procédé à des transferts de compétences et de connaissances dans le

164 TALL, Serigne Mansour. La migration internationale sénégalaise : des recrutements de main-d'oeuvre aux pirogues. In DIOP, Momar Coumaba (Dir.). Le Sénégal des migrations. Mobilités, identités et sociétés. Paris : CREPOS-Karthala-ONU Habitat/Hommes et sociétés, 2008, pp. 37-67.

165 BARRO, Issa. Émigrés, transferts financiers et création de PME dans l'habitat. In DIOP, Momar Coumaba (Dir.). Le Sénégal des migrations. Mobilités, identités et sociétés. Paris : CREPOS-Karthala-ONU Habitat/Hommes et sociétés, 2008, pp. 133-152.

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cadre de la coopération bilatérale ou multilatérale. La coopération internationale se manifeste dans des domaines aussi divers et essentiels pour les populations, tels que la santé, l'éducation, l'agriculture, l'élevage, la pêche, les nouvelles technologies... Et pourtant, en dépit de tout cela, les difficultés des populations ne cessent de croître. Car depuis longtemps, cette coopération d'État à État a fait preuve de son inefficacité, du moins pour ce qui concerne la large majorité des pays africains. Cette forme de coopération par le haut ne fait que le nid de la corruption et des enrichissements illicites, au détriment de l'amélioration des conditions de vie de la plus grande partie de nos populations. Plus généralement, les aides financières attribuées aux États africains n'arrivent aux destinataires que sous forme d'échos. Elles ont très rarement des effets positifs sur les conditions de vie des populations. En fait, ces aides sont la plupart du temps détournées en particulier par des responsables politiques en vue d'entretenir une clientèle politique et une certaine oligarchie maraboutique. Cette forme de coopération est révolue. Elle n'a fait que mener nos États dans une impasse.

Une nouvelle forme de coopération entre les pays pauvres et les pays riches est aujourd'hui possible grâce aux technologies de l'information et de la communication. Cependant, elle procède avant tout d'une véritable prise de conscience du rôle extrêmement important des acteurs non étatiques dans le développement des pays pauvres, notamment leurs populations migrantes, et d'une réelle volonté d'exploiter les nombreuses potentialités des TIC, en vue de l'avènement d'une forme de coopération impliquant davantage tous les acteurs d'en bas. Les dynamiques qui se développent sur Internet augurent d'une vraie coopération Nord-Sud construite dans l'exigence de transparence et de résultats à court ou moyen termes au bénéfice d'abord des couches sociales les plus défavorisées. L'essor des TIC exhorte tous les partenaires au développement à prendre en compte davantage les nombreuses potentialités que recèlent les diasporas et les technologies de l'information et de la communication.

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