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L'essor de la micro-assurance en Afrique : enjeux et perspectives.

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par Hubert DADEM GNIAMBE
Institut international des assurances (IIA) de Yaoundé ( Cameroun) - Cycle III  2010
  

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Paragraphe 2. L'insuffisance et l'inadaptation des systèmes de protection sociale

existants

Qu'il s'agisse de la sécurité sociale ou du marché de l'assurance classique, le continent africain est particulièrement mal loti quant aux possibilités offertes aux individus et aux ménages leur permettant d'accéder aux soins de santé et de garantir la sécurité de leurs biens et leur personne.

Au sortir du forum régional de la sécurité sociale pour l'Afrique organisé par l'Association Internationale de la Sécurité Sociale (AISS) à Kigali du 18 au 20 Novembre 2008, les participants ont constaté avec regret que 60 ans après la Déclaration universelle des droits de l'homme qui a consacré les soins de santé comme un droit fondamental, la majorité des africains reste dépourvue d'une couverture adéquate. Faisant le point sur la sécurité sociale en Afrique, l'Organisation Internationale du Travail relève que dans sa grande majorité, la population active en Afrique subsaharienne ne bénéficie d'aucun type de protection sociale. Il s'agit généralement des travailleurs du secteur informel. Ainsi, seulement 5% à 10% de la population active bénéficie d'une couverture sociale qui plus est partielle28(*). L'OIT note aussi une dégradation de la situation au cours des vingt dernières années. La plupart des économistes et des bailleurs de fonds pensaient, dans les années 1970, que le développement entraînerait automatiquement un essor du secteur formel (salariat) et une généralisation de l'assurance santé. Ces pronostics se sont révélés inexacts et on constate au contraire que dans la majorité des pays africains, l'économie repose sur un secteur informel hypertrophié. Seuls les fonctionnaires et autres salariés, qui représentent à peine 10% de la population active en moyenne sont couverts par les systèmes existants.29(*)

L'échec des politiques d'ajustement structurel a accru le côté informel de l'économie entre les années 1980 et 1990. Une étude du ministère français des affaires étrangères note à ce sujet qu'«avec la crise économique puis l'ajustement structurel, des problèmes administratifs, financiers et économiques graves sont apparus et ont fragilisé la situation de la protection sociale. Son coût a augmenté, tandis que le niveau de revenu et parfois le nombre de travailleurs du secteur public ont stagné et que, globalement, le nombre de salariés a baissé au profit des secteurs traditionnels et informels »30(*).

Le marché de l'assurance en Afrique ne fait pas l'exception et reste, à l'image de l'ensemble du secteur de la protection des biens et des personnes, à la traîne. En Afrique, le marché de l'assurance est à la fois hétérogène et étroit ; en dépit d'un taux de croissance d'environ 10% par an, il ne représente pas grand chose. Le marché de l'assurance dans le monde atteint 4 270 milliards de dollars US en 2008. l'Afrique en représente 1.3% (marché vie et non vie), la plus grande part étant représentée par l'Europe avec 41,1% devant l'Amérique (34%) et l'Asie (21,9%). Il faut d'ailleurs rappeler que l'Afrique du sud génère à elle seule plus de 91% des émissions du continent africain31(*) ; c'est dire que sans ce pays, l'Afrique ne rentrerait tout simplement pas dans les statistiques de l'assurance dans le monde. Ainsi l'assurance reste une activité marginale dans les économies africaines même si les professionnels qui animent ce marché difficile ne l'admettent qu'à mots couverts. La cotisation moyenne par africain est inférieure à 35 euros par an ( moins de 5 euros dans bon nombre de pays notamment de l'Afrique subsaharienne), quand elle est supérieure à 1000 euros par an en Europe et à 400 euros dans le monde.32(*)

Entre autres raisons de cette quasi inexistence de l'assurance classique en Afrique, on peut retenir l'absence de cadre juridique approprié non seulement pour encadrer une activité aussi complexe que celle des assurances mais aussi et surtout pour sécuriser les investissements privés. Il y a une quinzaine d'années, les pays de l'Afrique noire francophone empruntaient encore pour leurs activités d'assurance un cadre juridique obsolète datant de l'époque coloniale (loi française du 13 juillet 1930). Ce n'est qu'avec l'entrée en vigueur du code CIMA33(*) en février 1995 que le secteur des assurance s'est vu doté d'un cadre juridique moderne tenant en compte quelques spécificités locales. On peut aussi s'interroger sur l'adéquation des produits commercialisés eu égard aux besoins propres des populations africaines. En effet la grande majorité des produits d'assurance proposés en Afrique ont été conçus à l'origine pour le consommateur occidental. Ils ont par la suite été importés par les filiales de grands groupes internationaux s'installant en Afrique ou par les compagnies à capital africain qui, par aversion au risque ou par manque de compétence technique nécessaire, ont préféré copier des produits ayant fait leurs preuves sous d'autres cieux. Conséquence ces produits ne sont pas toujours adaptés ni aux besoins réels ni au portefeuille des populations africaines qui, pour la plupart , sont à faible revenu. Il fallait donc, pour que le secteur des assurances joue pleinement le rôle social et économique qui lui est reconnu depuis des lustres, repenser le concept et mettre en place les conditions favorables à un essor comparable à celui qu'il connaît dans les autres continents ; d'où le recours à la micro-assurance.

* 28 « le point sur la sécurité sociale en Afrique » par l'OIT ;disponible sur www.ilo.org/communication

* 29 Assane Fall-Diop, « Bataille pour la protection sociale en Afrique » disponible sur www.monde-diplomatique.fr

* 30 « Le risque maladie dans les assurances sociales, bilan et perspectives », Ministère des affaires étrangères, Paris ,septembre 2000.

* 31 « L'assurance africaine dans le mode (données 2004 à 2008) » ; FANAF/ Février 2010

* 32 « Afrique : le maillon faible » article disponible sur www.jeuneafrique.com

* 33 Code unique applicable aux Etats membres de la Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurances (CIMA)

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault