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Les enfants dans les attentats suicides: étude comparative de trois cas: Sri Lanka, Palestine, zone Afghanistan/Pakistan

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par Mélanie JOANNES
Institut catholique de Paris - Master 2 sciences politique, mention géopolitique et sécurité internationale 2011
  

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1.3.2.3. Le Pakistan et l'Afghanistan

Au Pakistan, il existe des camps où sont entrainés les enfants qui vont commettre un attentat suicide. Cependant, tous les enfants en ayant commis ne sont pas passés par là. C'est le cas d'un enfant de six ans issu d'un milieu pauvre dans la province de Ghazni, dans l'est de l'Afghanistan, dont les talibans lui auraient demandé de porter une veste d'explosifs et de la faire exploser près des forces de sécurité afghane. Afin de convaincre l'enfant, les membres du groupe terroriste lui auraient affirmé, selon les propos de l'enfant, que des fleurs jailliraient au moment où il appuierait sur le détonateur.111(*) Le jeune garçon n'était donc pas conscient de ce qu'il s'apprêtait à faire. Dans ce cas de figure, il n'a pas suivi d'entrainement avant le passage à l'acte. Nous avons pu trouver quelques autres cas similaires à celui-ci, cependant, les sources n'étant pas assez fiables, nous avons préféré ne pas les introduire dans cette étude. Il s'agissait également de jeunes garçons âgés de moins de dix ans et toujours en Afghanistan.

Dans d'autre cas, l'enfant subit un entrainement avant d'effectuer sa mission. Il est alors conscient de sa future action. Nous avons pu récolter un certain nombre d'informations concernant l'entrainement de ces futurs martyrs que nous allons pouvoir relater ici.

A l'arrivée au camp, les instructeurs, après leur avoir fait exécuter quelques tests, les séparent en trois catégories distinctes. Les plus intelligents deviendront informateurs, tandis que les plus forts physiquement deviendront combattants. Les futurs candidats au suicide sont ceux qui sont les plus manipulables. Les enfants faisant partie de cette catégorie vont être séparés des autres. Ils ont une place spéciale de part leur capacité à infliger des dommages importants à l'ennemi.

Les camps d'entrainements se trouvent généralement dans des écoles abandonnées ou bien des maisons prêtées par des sympathisants. Les zones dans lesquelles sont situés ces camps sont des endroits où le gouvernement n'a plus beaucoup ou plus du tout de contrôle. Ce qui permet au groupe de réduire les mesures de sécurité. On retrouve des adultes et des enfants à l'intérieur d'un même camp, l'âge des futurs kamikazes variant de 7 à 40 ans. Cependant ils sont séparés et suivent deux formations distinctes.112(*) Il y a un camp pour les juniors, allant de 7 à 15 ans et un autre pour les séniors à partir de 16 ans. On notera ici que l'âge de la majorité n'est pas défini de la même manière que dans le droit international. Dans un même camp, tous ne sont pas destinés à accomplir une mission suicide. La moyenne de personnes qui suivent la formation est de 30-35, cependant ce chiffre peut varier d'un cas à l'autre.

Pour ce qui est de la formation à proprement dit, nous avons à notre disposition plusieurs sources qui nous permettent de comprendre son déroulement. La formation comporte à la fois un volet théorique et un volet pratique.

En ce qui concerne, le côté pratique de l'entrainement, une vidéo subtilisée au groupe al-Qaeda en 2007 par les forces armées pakistanaises montre des jeunes garçons, tous mineurs recevant une formation sur la fabrication des bombes et la manière de mener une attaque explosive.113(*)

La formation théorique comporte de la lecture. On tente d'inculquer, par ce biais, la notion de revanche à l'encontre de ce que l'on fait subir aux musulmans. Un jeune homme, nommé Ishaq, âgé de 18 ans au moment de l'interview114(*), donne son témoignage après être passé dans un camp d'entrainement pour devenir suicide bombers. Ce camp était situé dans le sud du Waziristan. Il en est sorti par sa propre volonté. Dans son témoignage, Ishaq explique que les instructeurs attiraient particulièrement l'attention sur l'impuissance des musulmans dont les filles et les soeurs sont déshonorées par des non-musulmans en Irak et en Afghanistan. Le témoignage d'un autre adolescent qui passa également par un camp d'entrainement au Sud Waziristan pour commettre un attentat suicide puis qui se rétracta, met en avant l'accent mis par les hommes en charge de leur formation sur les femmes musulmanes qui se trouvent dans « les prisons des infidèles », selon leurs propres termes.

La licité religieuse de l'attentat suicide contre des non musulmans est systématiquement mise en avant, ainsi que contre leurs alliés non musulmans.

Afin de rendre convaincante l'existence du paradis après la mort en martyre, les formateurs racontent que les recrues qui sont passées à l'acte leur apparaissent en rêve pour leur dire qu'ils étaient désormais au paradis. Le contenu du discours sur le paradis est, comme dans le cas de la Palestine, basé sur une interprétation du Qu'ran assez répandue, et pas propre à l'exégèse salafiste, qui consiste à dire que l'enfant, ou l'adulte, entrera au paradis dès la détonation et y sera reçu par soixante douze vierges. Là aussi, soixante dix proches du martyr se verront accueillis auprès de lui et du Prophète après leur mort.

Comme dans le cas de la Palestine, les recrues visionnent les vidéos de préparation de leurs prédécesseurs. Les formateurs prennent soin de ne pas montrer les images de l'instant d'après l'attentat afin que la vision du carnage ne démoralise pas ces enfants.

Avant l'attaque, les enfants récitent des versets du Qu'ran afin de se motiver. Dans la zone Afghanistan-Pakistan, les enfants sont drogués avant de passer à l'action, afin de leur faire perdre le contact avec la réalité.115(*)

* 111 Afghanistan, Martin Bell reports on children caught in war, UNICEF, mis en ligne en octobre 2007, p.2

* 112 S.H Tajik, Insight into a Suicide Bomber Training Camp in Waziristan, CTC SENTINEL, mis en ligne en mars 2010 sur http://www.ctc.usma.edu/sentinel/CTCSentinel-Vol3Iss3

* 113Singer, Op. Cit., p.2

* 114 S.H Tajik, Op. Cit.

* 115I. Firdous, What goes into the making of a suicide bomber, The express Tribune, mis en ligne le 20 juillet 2010 http://tribune.com.pk/story/28976/what-goes-into-the-making-of-a-suicide-bomber/

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus