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Les enfants dans les attentats suicides: étude comparative de trois cas: Sri Lanka, Palestine, zone Afghanistan/Pakistan

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par Mélanie JOANNES
Institut catholique de Paris - Master 2 sciences politique, mention géopolitique et sécurité internationale 2011
  

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1.3.2.4. Analyse comparative

Nous retrouvons une caractéristique commune à tous ces groupes qui est la préparation psychologique de l'enfant avant l'attentat. Il faut tout de même émettre une nuance significative. Les talibans ont bien mis au point des camps d'entrainement pour former les recrues, mais dans quelques cas, il semble qu'aucune formation n'ait été dispensée à l'enfant avant que celui-ci opère sa mission. Ces enfants sont très jeunes et seraient trompés par les talibans. Pour les autres, qui sont conscients de leur geste, il s'agit d'éviter qu'ils ne se rétractent à la dernière minute. La crainte que l'enfant se rétracte est omniprésente dans chaque cas. Et cet élément n'est pas seulement lié à l'âge des recrues puisque nous savons que les groupes palestiniens et les talibans (peut être aussi le LTTE) procèdent de la même manière pour les adultes. Cependant, nous pouvons remarquer que les groupes palestiniens ne dispensent pas de formation physique particulière.

Nous remarquons également que tous les groupes utilisant des enfants dans les attentats suicides ont mis en place un entrainement type que nous avons pu retracer dans ses grandes lignes. Nous pouvons donc en déduire que ce phénomène fait l'objet d'une organisation spécifique et pensée par les leaders, ce qui lui ôte de facto son caractère marginal. Le Pakistan et le Sri Lanka particulièrement, par le biais de ses camps d'entrainement, a mis en place de véritables « usines » à fabriquer des kamikazes juvéniles.

L'entrainement des enfants est systématiquement séparé de celui des adultes. Les groupes reconnaissent, par ce biais, une spécificité propre à l'enfant qui les rend pleinement coupables des violations des droits de l'enfant.

En ce qui concerne le contenu de la formation, tous les formateurs ont recourt à l'exemple des ainés qui permet de les ancrer dans une lignée de héros et qui peut conduire à normaliser leur action. La notion de sacrifice est mise en avant par le biais des poèmes dans le cas du LTTE et du Qu'ran pour les autres cas.

Le point de divergence principale se situe dans le contenu même des différentes formations. Au Pakistan et en Palestine, l'accent est mis sur la vie après la mort. Chaque martyr va rejoindre le Paradis. Dans cette logique, les instants qui précèdent l'attentat sont consacrés à la prière. Tandis qu'au Sri Lanka, cette dimension est absente et les recrues, avant d'effectuer leur action, reçoivent « l'honneur » de partager leur dernier repas avec le leader du LTTE. Le plaisir n'est donc pas dans l'espoir d'une vie au Paradis après la mort, mais il est terrestre.

Conclusion

D'un côté, nous avons une guerre civile à caractère ethno-nationaliste au Sri Lanka. D'un autre, nous avons une guérilla dont l'objectif est l'élimination complète d'Israël et la mise en place d'un Etat Islamique de Palestine. Et enfin, il y a une guerre civile en Afghanistan contre un gouvernement soutenu par une coalition internationale perçue comme une force d'occupation par les talibans. Ces conflits ont une caractéristique commune : ils opposent des acteurs gouvernementaux à des acteurs non-gouvernementaux considérés par de nombreux pays occidentaux comme terroristes. Il s'agit de guerres asymétriques conduites par des organisations relativement bien structurées et soutenues par des financements extérieurs non négligeables. Leurs revendications sont avant tout politiques et territoriales. Les idéologies qu'ils soutiennent, leurs revendications, le contrôle sur des parties du territoire leur assurent un soutien, variable selon les cas, de la population. Il faut nuancer ce propos dans le cas du LTTE qui a vu sa popularité auprès de la population décliner dans les années 2000. Le LTTE se distingue aussi par les opérations d'envergure menées contre les forces indiennes et sri lankaise et qui s'inscrivent dans la lignée des guerres conventionnelles, qu'ils alternent avec des actions de guérillas.

Chacun de ces groupes, dans le cadre des guérillas menées contre les forces armées adverses se servent de l'attentat suicide comme moyen d'action violent. Dans le cas du LTTE, et dans une moindre mesure des talibans, cette tactique s'inscrit dans une stratégie globale dont le but est d'atteindre les objectifs fixés. En Palestine, l'attentat suicide est avant tout un acte visant à se venger de exactions commises par l'Etat hébreux, notamment les attaques ciblées et les frappes aériennes. L'idée de vengeance au nom des musulmans est un élément que l'on retrouve également au Pakistan et en Afghanistan mais dans une mesure bien moindre. Nous pouvons donc affirmer que les attentats suicides revêtent un caractère « émotionnel », tandis qu'au Sri Lanka, en Afghanistan et au Pakistan, il s'agit avant tout d'actes s'inscrivant dans une stratégie militaire globale.

Tous utilisent ou ont utilisé des enfants dans les attentats suicides. Nous avons relevé un élément notable quant à la période du conflit durant laquelle les enfants sont utilisés. Rappelons qu'au Sri Lanka, il semblerait que le recours aux enfants soit continu, ce qui n'est pas le cas dans les autres conflits où leur utilisation corrobore avec une intensification des combats. L'utilisation des enfants au Sri Lanka ferait donc partie intégrante de la stratégie globale du LTTE tandis que dans les autres cas, les enfants pourraient constituer une réserve permettant l'augmentation croissante de ces actions. Cependant, malgré la baisse de l'intensité du conflit en Palestine ces dernières années, il ne semble pas que l'utilisation des enfants dans les attentats suicides ait décliné.

En ce qui concerne le recrutement, les différents groupes étudiés ont des méthodes très différentes. Les jeunes palestiniens, semblent-ils, vont spontanément se présenter aux groupes armées dans le but qui leur soit confié une mission suicide. Dans les autres cas, la méthode coercitive semble être une composante importante de leur méthodologie de recrutement. Par contre, nous avons observé de grandes similitudes dans les entrainements suivis par les recrues avant le passage à l'action.

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