VI. LA POSITION SOCIOLOGIQUE
Les violences conjugales sont difficilement quantifiables.
Elles constituent encore un sujet tabou entouré dans la plupart des cas
par la « loi du silence ». Le grand problème est que
la femme victime de violence conjugale a honte de cette situation et fait tout
pour le cacher afin de se conformer à la perception qu'a la
société du mariage.
La société reconnait une certaine
prédominance de l'homme sur la femme. La violence subie par les femmes
découle essentiellement du statut inferieur octroyé à la
femme dans la société et dans la famille. En effet
L'inégalité et la discrimination peuvent être
considérées comme les causes profondes des violences à
l'endroit des femmes. Les relations entre les hommes et les femmes sont
rythmés par des normes et des règles sociales. Le problème
des violences subies par les femmes est un problème de rapport de force,
les femmes ont des rôles prédéfinies par la
société, qui les relèguent au second plan et en font des
victimes nées. Malgré son omniprésence, la violence
liée au genre n'est ni « naturelle »
ni « inévitable ».
La violence contre les femmes reflète des valeurs et
des normes ayant une spécificité historique et culturelle. Les
institutions sociales et politiques encouragent parfois la soumission des
femmes et les violences dont elles sont victimes. Certaines traditions et
pratiques culturelle particulièrement celles qui sont liées aux
notions de chasteté, sont parfois invoquées pour expliquer ou
excuser le traitement infligés aux femmes.
Des pratiques coutumières néfastes et
dépassées, un système de socialisation en marge de
l'évolution moderne, une mauvaise interprétation de la religion,
une société patriarcale fortement influencé par des
discours en déphasage avec la reconnaissance des droits humains des
femmes, des croyances profondément ancrées dans la
mentalité collective et selon lesquelles la femme doit une soumission
totale à son mari si elle veut la réussite de ses enfants, sont
entre autres des facteurs qui contribuent et même légitime la
perpétuation de la violence à l'encontre des femmes.
Le comportement d'une femme est en général le
reflet même de sa famille. Si une femme outre passe le rôle qui est
le sien, elle déshonore toute sa famille. La violence et les menaces
sont un moyen de contrôle et une sanction en cas de
« désobéissance ».La conception socio
culturelle est que la femme de même que ces enfants sont la
propriété du mari, ce qui conduit à une banalisation des
violences dont sont victimes les femmes.
Dans la société sénégalaise on
recommande parfois à l'homme en âge de se marier de choisir une
femme dont la mère est réputée comme étant une
bonne ménagère. C'est à dire qui a endurée et
surmontée des difficultés dans son foyer. Car on considère
qu'elle aura de bons enfants.
En général la société
sénégalaise incombe l'éducation des enfants, la
réussite de ces derniers et la survie du ménage à la
femme. Pour que ces enfants puissent devenir des exemples de réussite,
la femme dans son foyer doit être en mesure de supporter les mauvais
moments et se plier aux désirs de son mari.
La société a tendance à minimiser les
violences conjugales. Parfois certaines formes de violence ne sont pas
reconnues comme telle c'est le cas des violences verbales, morales,
psychologiques.
Déjà au moment de rejoindre le domicile
conjugale après le mariage, on dit à la femme de suivre les
prescriptions de son mari à la lettre, de supporter touts les fardeaux
que celui-ci lui fera porter (condition sinequanone si elle veut réussir
son mariage et avoir des enfants irréprochable). La
société limite le rôle de la femme dans son foyer. En effet
elle ressemble plus à une subordonner de son mari qu'a une
partenaire.
Dans la société sénégalaise
ancienne, les femmes peulhs mais aussi d'autres ethnies se faisaient tatouer la
lèvre inferieur en teinture noire ceci dans le but de dire à la
femme, qu'elle n'avait pas toujours droit à la parole et qu'elle devait
se taire le plus souvent à moins que son mari ne lui donne droit
à la parole. La femme ne participe pas à la prise de
décision même celle la concernant, elle ne participe ni aux
activités économiques ni aux activités politiques. Elle ne
devait s'occuper et prendre soin que du mari, de la maison et des enfants.
Ainsi il arrive des moments où la femme reste dans le
ménage et supporte pas parce qu'elle est toujours amoureuse de son mari
mais plutôt pour que ses enfants puissent être des modèles.
Car l'on dira que leur mère a souffert dans son ménage.
A cause de cette pesanteur sociale, la femme a du mal à
dénoncer les violences dont elle est victime. Elle prend toujours en
compte les réalités sociales, mais aussi la réaction de sa
famille et des autres membres de la société.
Même si l'ampleur du phénomène est
insuffisamment connue, il est constaté que le domicile conjugal est le
lieu où se sont déroulées ces trois dernières
années les pires formes de violences faites aux femmes : coups et
blessures entrainant souvent une incapacité, viol, abandon de famille,
violence morales et psychologiques, décès. Le couple peut
connaitre des cumuls de violences. La plupart des femmes tuées en 2009
étaient dans leur ménage.
CONCEPTION SOCIALE
REALITE
La violence conjugale est un problème d'ordre
privé. Personne ne devrait attaquer la « sainteté » de
la famille.
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Certains actes de violence sont de nature criminelle, qu'ils
se passent à l'intérieur ou à l'extérieur du
couple. Le fait de croire que la violence conjugale est privée condamne
les victimes à rester sous l'emprise de leur agresseur et rend plus
difficile l'intervention des autres; ce qui, par conséquent,
perpétue la violence. La violence conjugale est un problème
d'ordre social important.
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Les femmes provoquent. Elles poussent les hommes à la
violence.
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Personne ne cherche ou ne provoque la violence de l'autre.
C'est son comportement et lui seul qui en est responsable. Personne ne
mérite de subir la violence.
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Les femmes victimes de violence aiment cela, sinon elles ne
resteraient pas.
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Les femmes restent auprès de leur conjoint pour des
raisons variées et complexes. Elles espèrent changer l'homme
qu'elles aiment, croient à ses promesses, se sentent coupables de briser
le foyer, ont peur des menaces, n'ont pas les ressources sociales ou
économiques pour s'en sortir seules.
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Aider les femmes violentées ne sert à rien,
elles retourneront vers leur conjoint.
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Le fait de vivre le cycle de la violence à plusieurs
reprises rend souvent les femmes violentées ambivalentes, ne sachant
plus si elles doivent partir ou rester. Elles partent pour voir si elles
peuvent survivre en dehors de ces relations et reviennent pour voir si ces
relations peuvent changer. Ce processus évolutif permet aux victimes de
finir par résoudre leur situation et sortir du cycle de violence.
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Les hommes exerçant de la violence conjugale sont
violents dans toutes leurs relations.
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Les hommes qui sont violents envers leur conjointe ne sont pas
nécessairement des individus violents dans leurs relations sociales ou
au travail. Souvent, les proches ne veulent pas croire qu'ils utilisent de tels
comportements; ils peuvent être charmants et agréables lorsqu'on
les côtoie.
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Si l'homme suit une thérapie et règle son
problème de violence, tout va rentrer dans l'ordre et l'harmonie va
revenir au sein du couple.
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La thérapie porte uniquement sur le problème de
violence et ce n'est pas une cure miracle. Les conséquences et les
blessures occasionnées par la violence conjugale sur la victime ne
s'effacent pas par enchantement. Il est important que la victime se donne des
moyens pour panser ses plaies au niveau du corps, du coeur et de
l'âme.
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L'homme commettant des actes de violence envers sa conjointe a
un portrait type. Il est physiquement imposant et parle fort.
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L'homme commettant des actes de violence envers sa conjointe,
c'est monsieur Tout-le-Monde. Il peut provenir de tous les milieux, être
médecin ou chômeur, peu scolarisé ou très instruit.
Il n'y a pas de profil type.
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La violence conjugale est une maladie.
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La violence n'est pas une maladie. C'est un comportement
choisi par celui qui l'exerce pour dominer et contrôler l'autre. Il est
conscient des gestes qu'il fait, car il poursuit un but : tout contrôler
et décider.
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L'homme n'est pas le seul responsable de sa violence.
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Il est responsable à 100 % de ses comportements
violents. Il va cependant chercher à rendre sa conjointe responsable de
sa violence pour qu'elle ne le quitte pas et ne le dénonce pas.
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Après sa participation à une thérapie,
l'homme a réglé son problème de violence.
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La thérapie est une amorce de changement. Le conjoint
ayant des comportements violents peut changer dans la mesure où il veut
réellement changer et où il fournit des efforts soutenus. Pendant
de longues années, il devra poursuivre un travail personnel afin de
modifier ses comportements violents qu'il exerçait depuis des mois ou
des années.
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