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Auguste Sérieyw (1865-1949) biographie et approche de son œuvre.

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par Chantal BIGOT-TESTAZ
Lyon II - Maîtrise 1985
  

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PREMIERE PARTIE

BIOGRAPHIE

CHAPITRE I

1865-1897

A. UN ENFANT SANS TERROIR (1865-18885)

Auguste Sérieyx est né le mercredi 14 juin 1865 vers 7 heures moins le quart du soir à Amiens en Picardie. Il vient au monde au 29 de la rue Saint-Louis, actuellement rue Delpech, dans le petit hôtel particulier abritant les bureaux de la Direction de l'Enregistrement des Domaines et du Timbre dont son père, Victor Sérieyx était le Directeur. Amiens est une étape dans la carrière de fonctionnaire des Finances de ce dernier, affecté précédemment en Algérie.

La famille Sérieyx, citée dès le XVIIème siècle comme appartenant à la bourgeoisie du Limousin, est originaire de Donzenac, près de Brive-la-Gaillarde. Victor Sérieyx a un frère prénommé Eugène ; tous deux ont épousé deux soeurs venues de Lorraine, Pauline et Mathilde Schueler. Issus de ces unions arriveront à l'âge adulte quatre cousins germains que les événements, s'ajoutant à leur double lien de parenté, lieront profondément.

Ce bébé né ce 14 juin dut combler de joie l'attente de ses parents déjà âgés (Pauline Schueler a quarante ans en 1865) et déjà attristés par la perte de plusieurs enfants en bas âge. A son baptême, le premier juillet, il reçoit les prénoms de Jean, Marie, Charles, Camille et Auguste qu'il commente un par un dans son Livre de Raison. On apprend ainsi que l'usuel, celui d'Auguste, vient de sa marraine, dite tante Augustine et d'un grand-oncle, l'abbé Auguste Nanche qui aurait dû être son parrain, rôle finalement dévolu à Camille, le frère aîné âgé de six ans. Ce dernier fit de son mieux pour calligraphier sa signature sur l'acte de baptême1(*), ignorant, en ce jour de fête, combien cette responsabilité deviendrait effective quelques années plus tard. Parmi les souvenirs de la toute petite enfance, notons les jours où son père revêtait sa grande tenue (entre autres pour les visites impériales) et celui du grand-père maternel lorrain, un peu effrayant avec sa barbe et sa chevelure noires à soixante dix neuf ans.

En octobre 1869, la famille Sérieyx déménage à Lyon, au 33 de la rue Sala. Le chef de famille vient en effet d'être nommé conservateur des hypothèques de cette ville. Les Sérieyx y resteront six ans, période riche en souvenirs très divers parmi lesquels : l'incendie nocturne de l'appartement de la rue Sala, les obsèques solennelles du cardinal de Bonald avec la garnison disposée sur le parcours du convoi funèbre et les illuminations de Fourvière aux fêtes de l'Immaculée Conception.

C'est à Lyon que le jeune Auguste atteindra l'âge de raison. Quatre thèmes figureront de plus en plus régulièrement dans ses notes. Véritables pôles de toute sa vie, on les retrouvera désormais tout au long du Livre de Raison . un grand sens de la famille et des amis, un souci de l'actualité au sens le plus large, un profond attachement à la religion catholique, à sa liturgie, à l'ordre des Jésuites auquel la famille Sérieyx confie traditionnellement la formation de ses enfants et enfin, l'amour de la musique.

Sa mère, bonne pianiste, sera la première à le guider dans cette découverte : elle l'emmènera aux concerts de la place Bellecour et, dès l'âge de sept ans, lui fera donner des leçons de piano2(*). Son goût pour l'aspect théorique de la question apparaît très précocement. On en jugera par ces lignes correspondant à sa onzième année

J'obtiens de me le faire prêter [un traité d'harmonie ] et je n'y comprends pas grand chose, les exemples étant en clé d'Ut. (...) Les compositions commencent à se succéder rapidement. La fameuse Polka fait l'objet d'une discussion sur l'écriture des degrés chromatiques SI, LA #, LA  , que je prétends devoir écrire SI, SI b , LA.
Camille reçoit beaucoup de camarades et l'un d'eux, Joseph Jaillard, bon musicien, m'apprend le principe des accords de septième par tierces superposées et m'apprend les noms de la septième de dominante et de la septième de sensible. 3(*)

Le 16 mars 1875, Victor Sérieyx meurt des suites d'une double bronchite. La cérémonie funèbre a lieu en l'église d'Ainay. Il reste un récit détaillé de ces journées douloureuses prouvant combien elles ont marqué l'orphelin d'à peine dix ans. Ce deuil, et l'annonce, peu après, du « krach » bancaire qui absorbe le legs du grand-père Schueler, décédé la même année, vont restreindre le train de vie de la famille.

En été 1876, Camille part seul pour Paris chercher un appartement pour y préparer l'installation que l'on croyait alors définitive de Madame Sérieyx et ses deux fils. Ils y retrouvent de proches parents, entre autres, l'oncle et la tante Sérieyx-Schueler ainsi que leurs deux fils. L'aîné, William, né en 1866, devient, durant ces années parisiennes, l'ami intime d'Auguste qu'il restera toute sa vie. Les deux adolescents construisent ensemble un monde imaginaire tiré des personnages de Jules Verne en réussissant même à déchiffrer un cryptogramme au deuxième degré introduisant l'un de ses romans moins connu. : La Gandala.

Les deux cousins sont d'abord condisciples chez les Jésuites de la rue de Madrid mais de graves ennuis de santé, datant de Lyon déjà, compromettent de plus en plus le suivi de la scolarité d'Auguste. Son père s'était soigné des années durant par des cures à Allevard ; sa mère a souffert de pleurésies dont la dernière lui sera fatale. C'est un lourd héritage. I1 gardera toute sa vie une fragilité qui se manifeste dès l'enfance par de graves bronchites et plus tard par des crises d'asthme. Aussi, malgré tout l'intérêt de la vie parisienne4(*), l'impossibilité où se trouve Auguste de continuer la classe et la nomination de Camille comme receveur de l'Enregistrement dans le Tarn-et-Garonne, décident Madame Sérieyx à partir s'installer à Pau. Son fils cadet est certainement atteint, à ce moment là, d'un début de tuberculose et le climat du Sud-Ouest est vivement recommandé par le médecin.

Auguste a seize ans à son arrivée à Pau où il continue sa classe de rhétorique. Les séjours à Paris, à la belle saison, lui permettent d'aller au concert et à l'Opéra. " La musique tient une place de plus en plus grande dans mes préoccupations "5(*) et il se lie de préférence avec des musiciens susceptibles de l'aider à progresser. Parmi eux nous citerons les frères Lahovary, Constantin et Alexandre, originaires de Transylvanie, que le destin conduira à Montreux où Sérieyx les retrouvera bien des années plus tard.

Le 17 février 1884, Pauline Emilie Sérieyx-Schueler s'éteint à son tour. C'est une dure épreuve, certes, mais peut-être aussi l'aube d'une nouvelle tranche de vie plus libre pour Auguste. I1 relate au printemps de nombreuses randonnées en montagne, à pied ou à cheval, d'où cette constatation en juillet suivant : « Un échec au baccalauréat de philosophie paraît être la conséquence de ces méthodes de préparation »6(*). Il obtiendra son laisser-passer pour l'Université de Toulouse le 14 avril 1885, la veille du mariage de son frère Camille. Le nouveau couple s'installe à Cahors avec Auguste qui note pour la fin de cette année 1885, celle de ses vingt ans

A la fin des vacances, séjour à Paris au moment de l'entrée de William à l'Ecole Saint-Cyr le 28 octobre. (Première représentation de La nuit de Cléopâtre ). Retour à Cahors en novembre et installation dans ma grande chambre indépendante avec le nouveau piano Erard acheté à Pau (59 770 francs). Saison d'hiver très mondaine avec bals et soirées7(*).

* 1 Cf. vol II : document n°1 p.5

* 2 Cf. Vol. II : Document n° 2, p.6

* 3 Livre de Raison 1, pp. 19 et 21

* 4 On lit par exemple dans le Livre de Raison I p. 29 pour l'année 1881 : " C'est le moment où s'ouvre l'exposition d'électricité que je visite assidûment avec Camille : premier essai du vrai téléphone au Palais de l'Industrie et premier tramway électrique mû par transmission de force : On va de la place de la Concorde au Palais ".

* 5 Livre de Raison I p. 35

* 6 Ibidem p. 39

* 7 Livre de Raison p. 43

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon