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Contribution de la culture maraà®chère (échalotes et pommes de terre) aux revenus des exploitations agricoles dans la zone office du Niger : Cas de la zone agricole de Niono


par Awa Drabo
Université Paris-Sorbonne - Master 2 2017
  

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I.4.2.d. Le renouveau de la zone ON.

Outre ce caractère collectiviste et dirigiste de la production, la vente obligatoire de la production à l'État à des prix très bas marque le déclin du secteur. Le pays passe d'exportateur en riz à importateur au début des années 1970, entrainant ainsi une restructuration de l'entreprise étatique chargée de la gestion. Cela marque un véritable tournant dans la gestion de l'office.

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L'État se désengage alors, par le biais tout d'abord du Schéma Directeur du développement Rural (SDDR) en 1991, au profit des paysans qui progressivement sont tentés de produire plus, afin de répondre à des intérêts individuels. Cette restructuration a permis une indépendance et une libéralisation de la profession (ARPON III, 1996)

L'office du Niger se voit donc relégué uniquement à la gestion du foncier, à travers sa mise en valeur, à la gestion du réseau hydraulique et du développement durable du Delta intérieur du Niger, selon les Articles 1 et 2 du Décret N°2014-0896/P-RM de gérance des terres du réseau hydraulique, affectées à l'ON. Le décret justifie le principe pour l'État malien « d'en faire moins, pour faire mieux ».

Sur le plan de la production, les paysans se sont vus octroyer des terres suivant des conditions définies par l'Arrêté N°96-1695/DRE-SG du 30 Octobre 1996 du cahier des charges. Il s'agit notamment de terres à destination du maraîchage à partir du début des années 1980.

Autrefois bannis par l'Office du Niger qui se concentre sur la riziculture, le maraichage et les cultures de diversification se sont imposés de fil en aiguille comme des cultures de rente. La faiblesse des rendements du riz et le déclin progressif de la production ont permis leur émergence.

La production de fruits et légumes existe en effet en zone ON depuis la période coloniale. Même bannis, les exploitants n'ont pas hésité dès leur installation à mettre en place des jardins de case17. Ils étaient utilisés par les femmes pour produire certains « condiments » de leurs repas quotidiens. Au départ uniquement réalisée en période d'hivernage, la création de rigoles a permis l'arrosage en période sèche. Peu à peu, l'ON, sans l'accepter officiellement, en accordant des superficies pour sa pratique, la tolérait (Sogoba, 1996).

Progressivement, on est passé d'un jardinage pour l'autoconsommation à une activité commerciale : le maraichage, en raison des nombreux avantages comparatifs de la zone de l'ON, notamment :

· La permanence d'une source d'eau

· Le développement de centres urbains locaux, reliés par des voies de communication

17 Petite parcelle autour de la maison.

·

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Le désenclavement de Niono par une route bitumée entre Ségou et Niono (1984) permettant d'avoir des débouchés extérieurs

· L'arrivée massive des commerçants sur le marché de Niono (le dimanche) et de Siengo (le jeudi), permise par la libéralisation du commerce du riz en 1987. La zone ON est devenue une région très dynamique

· Le manque de travail des jeunes

· Une valeur ajoutée forte à l'hectare.

· Enfin, la volonté des familles de chercher des activités complémentaires à la culture du riz, qui à la fin des années 1970 entre en phase de déclin.

Ainsi, la production de fruits et légumes est tolérée, au point de réserver dans les années 1980, lors des aménagements des nouveaux villages comme Bagadadji km36 ou encore Foabougou, des parcelles de deux à trois hectares aux alentours de ces villages pour l'activité des femmes. C'est notamment le cas dans le cadre du projet Rétail pour la réhabilitation des terres dans le secteur Sahel (2 800 ha) : des superficies sont réservées par famille pour l'activité maraichère (Sol de maraichage) (Pasquier, 1996).

De ce fait, le maraichage rentre dans les considérations et les statistiques, et commence à n'être n'étudié qu'a partir du début des années 1980.

Enfin, au vu des nombreux atouts qu'elle offre, 1997 est l'année de la consécration de l'activité maraichère en zone ON. L'ON donne alors son accord pour que les cultures maraichères passent des parcelles hors casiers et de l'irrigation à partir des puisards, ou des calebasses dans des petites parcelles (2 à 3 hectares pour un village), réservées aux maraichages des femmes, à du maraichage au sein de parcelles aménagées. Ceci permet alors une augmentation des superficies mais aussi de la production et des rendements.

Cet accord officiel de l'ON à destination des cultures maraichères en contre-saison et à leur réalisation dans les parcelles découle des atouts qu'elles confèrent. C'est en effet une activité de contre-saison moins gourmande en eau par rapport à la riziculture et qui permet de meilleurs rendements pour la riziculture pendant la saison des pluies. C'est en ce sens que les redevances en eau se veulent à présent incitatrices à la culture maraichère. Aujourd'hui, la redevance est ainsi passée de 67 000 (102 euros) à 6 700 FCFA (10 euros) pour les cultures maraichères ; c'est certes

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le résultat du mécontentement des femmes, mais aussi et surtout d'une politique de l'ON pour encourager les exploitants à produire des spéculations en contre saison plutôt que du riz, pour minimiser la pression sur l'eau en période d'étiage dans un contexte de pluviométrie irrégulière et de plus en plus faible.

Ainsi, cette zone devint un espace très attractif, vecteur d'une multitude d'opportunités qui ne cesse d'attirer les maliens.

Cette diversification des activités agricoles présente également des enjeux pour le Mali, qui, dans sa quête de souveraineté alimentaire, peut voir dans cette pratique du maraichage une solution irréductible.

Le pays dispose de nombreux périmètres maraichers ; outre la zone de l'Office du Niger dont le bassin de Bamako (Baguineda, Samako), on trouve la zone de Bandiagara, mais aussi Sikasso qui est la première région maraichère du Mali. Toutefois, la zone de l'ON représente en termes de production maraichère une véritable « cité nourricière ».

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote